Ce dossier présente un travail de l'ENESAD (Établissement national d'enseignement supérieur agronomique de Dijon) et du WWF-France (World Wide Fund for Nature) sur les actions possibles en France et en Europe pour diminuer les importations de soja pour l'alimentation animale. L'apport en protéines est surtout assuré dans l'alimentation animale par les tourteaux de soja, d'où une production mondiale de soja croissante (hausse prévue de 60 % d'ici 2020). Or, la culture du soja, surtout nord ou sud-américaine, pose d'importants problèmes : déforestation, impacts sur les écosystèmes, la qualité de l'eau, le changement climatique, problèmes de santé, expropriation des petits propriétaires terriens, exode rural... En Europe, l'élevage intensif est basé sur l'association maïssoja, d'où une dépendance aux importations. Cette étude analyse, par grands types d'élevages, les alternatives possibles. Ainsi, l'autonomie alimentaire par les fourrages et le pâturage est possible pour les bovins en extensif. Les élevages bovins plus intensifs peuvent utiliser les tourteaux de colza et de tournesol, la luzerne déshydratée, la féverole, le lupin ou le pois protéagineux. Pour les volailles, s'il y a moins d'alternatives, la culture locale de soja reste possible. L'étude définit trois grands leviers pour agir : les institutions publiques (par le soutien à la désintensification des élevages, la sensibilisation des agriculteurs ou la réorientation forte de la PAC
), le secteur privé (par ex. par l'engagement à ce que le soja importé soit issu de cultures certifiées sans OGM et respectueuses de l'environnement
), les consommateurs (en particulier, par la diminution de la consommation de viande ou par une demande de traçabilité sur la nature de l'alimentation animale). La mise en place des préconisations faites ici pourrait permettre une diminution de 65 % de la consommation française de tourteaux de soja, avec d'importants effets positifs sur l'environnement.