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Auteur C. MINNAAR |
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Carotte biologique : quels critères de différenciation ?
C'est certain, l'agriculture biologique, par la qualité de ses produits, offre actuellement un intérêt croissant chez les consommateurs, les producteurs et les gouvernements, dans de nombreux pays. Mais qu'en est-il réellement de cette qualité ? Le point avec la carotte.
Etude comparative des qualités de produits issus de l'agriculture biologique et de l'agriculture conventionnelle : Exemple de la carotte
"Le projet animé par le GRAB depuis 1994, se propose de réaliser un ensemble d'analyses sur des carottes biologiques et conventionnelles, afin d'estimer les différentes qualités (hygiénique, gustative, nutritionnelle et globale) intéressant tous les acteurs de la filière, du producteur au consommateur. Dans cette étude, trois méthodes d'analyse ""globale"" de la qualité ont été utilisées : la cristallisation sensible, la biophotonique et la bioélectronique. Au-delà des résultats obtenus, cette étude ouvre des pistes de travail sur la qualité écologique des systèmes de production, en particulier sur le maintien du potentiel des sols, la protection de l'environnement et sur les méthodes d'évaluation globale de la qualité."
Qualités... en quantité !
La qualité des produits biologiques est un thème qui soulève bien souvent des passions. Il semble important aujourd'hui d'objectiver cette notion et de dépassionner le débat. Voici quelques éléments de réflexion, dégagés au cours d'une étude comparative des qualités de carottes issues tant de l'agriculture biologique que de l'agriculture conventionnelle. Une définition générale de la qualité est la suivante : "la qualité est l'ensemble des caractéristiques d'un produit ou d'un service qui lui confère l'aptitude à satisfaire les besoins de son utilisateur". La notion de qualité est donc relative à l'utilisateur du produit ou du service. Ainsi peut-on dégager une multiplicité de qualités en fonction de l'utilisateur. A titre d'exemple, sont données ici quelques définitions de qualités particulières : qualité agronomique, technologique, visuelle, hygiénique, gustative (ou organoleptique), nutritionnelle, écologique, éthique. La multiplicité des qualités peut être regroupée sur trois axes (en fonction de leur valeur) : usage (mesures quantifiables - ex : qualité agronomique, nutritionnelle...), attrait (par rapport à soi-même - ex : santé, goût...), symbolique (par rapport aux autres - ex : image, éthique sociale). Les produits biologiques sont généralement dits de meilleure qualité, mais certains points sont peut-être à nuancer. Christophe Minnaar propose une synthèse de l'étude bibliographique réalisée à partir de différentes études comparatives des qualités des légumes biologiques et conventionnels, en ce qui concerne les résidus de pesticides, les métaux lourds (sauf Cu), la teneur en nitrates, la qualité gustative, la qualité nutritionnelle. Pour la qualité nutritionnelle de la carotte, les études sont assez nombreuses ; l'hétérogénéité des résultats s'explique par la diversité des méthodologies utilisées. Parmi les méthodes "globales", il est intéressant de noter les résultats des tests de préférence alimentaire - (tests réalisés sur rats, lapins, oies) -, qui montrent que les animaux sont capables de distinguer les produits en fonction de leur origine (bio ou conventionnelle) et qu'ils préfèrent de manière très significative les produits biologiques. De plus, les animaux ne consommant que des produits biologiques ont une résistance aux maladies infectieuses et une capacité de reproduction supérieures aux animaux nourris en conventionnel. Soulignons enfin qu'aucun résultat ne fait état de l'impact du mode de production sur l'environnement et sur le tissu social (très important, par exemple, pour le consommateur néerlandais dont les motivations d'achat en bio portent, pour 30 à 40 %, sur la protection de l'environnement). En France, le consommateur de produits biologiques semble plus concerné par sa santé que par le miieu dans lequel il vit ; pourtant, à moyen ou à long terme, le maintien d'un environnement sain contribue directement à une bonne santé. Bien sûr, il faut s'en tenir à une image (et la réalité) d'une production sans usage de "produits chimiques de synthèse", mais il faut, coûte que coûte, déplacer le message sur la qualité de nos produits agro-biologiques, à savoir, d'une image "produit" à celle d'une image beaucoup plus globale. En clair, la bio "produit" de l'environnement, du paysage. Elle produit également du lien social, notamment grâce à des filières solidaires. Pour se placer sur le marché potentiel - estimé à 2,5 % du marché des produits agro-alimentaires - tout en conservant son éthique, l'agriculture biologique doit justifier les différentes qualités de ses produits, et être en mesure de les évaluer par des techniques simples lors de la mise en marché.