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Auteur P. BARRET |
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Du kolkhose à la bio-dynamie en Hongrie
Jardiner la nature
C'est un fait de société que la friche gagne du terrain. Elle menace un équilibre homme/nature mûri au fil des siècles. Faut-il pour autant la redouter et la condamner ? - Côté pile : la nature "recule" (intensification, travaux de draînage, arrachage des haies, retournement des prairies naturelles...). L'artificialisation excessive des écosystèmes est perçue presque unanimement comme une grave menace, notamment par les pollutions qu'elle engendre, - Côté face : la nature "revient" : l'abandon des terres les moins productives s'accélère, la friche gagne du terrain, surtout dans les régions montagneuses. Certains vivent l'avancée de la friche comme un véritable échec de notre civilisation ; d'autres, au contraire saluent le retour de la nature, c'est-à-dire de la forêt climatique, perçue pour la plupart de nos contemporains comme l'aboutissement ultime d'une nature idéale. On le voit, les positions sont contrastées. Les points de vue de : - Philippe Barret : Il est nécessaire de remettre en question certaines idées reçues. La forêt n'est pas toujours le nec plus ultra de la nature. Il existe bien d'autres milieux naturels d'une richesse égale ou supérieure, tels que les pelouses séchées sud-méditerranéennes (au nombre d'espèces élevé), les zones humides (marais, prairies humides, bords de rivières) très productives et d'une importance primordiale pour l'avifaune. Impossible de préserver ces milieux et leur biodiversité en l'absence d'élevage, d'extraction de tourbe, de récolte des genêts,... Aucun doute, la friche ne menace pas seulement l'homme : elle menace aussi la nature dans l'expression de sa diversité. Cependant, lutter contre la friche tous azimuts serait une grave erreur (surtout dans les régions où la forêt a presque disparu). Aujourd'hui, il faut valoriser les espaces abandonnés ou menacés ; réinventer de nouveaux rapports avec notre environnement, accompagner l'évolution des milieux naturels par des actions mesurées, respectueuses des écosystèmes en place. C'est là que se situent les 64 projets appuyés par la Fondation de France, dans le cadre d'un appel d'idées national intitulé "Territoires dégradés, quelles solutions ?", lancés en 1991. - Gilles Clément : Le discours qu'il tient est un plaidoyer pour la friche. Elle est un monde secret, inventif, dense, où l'homme oppose à la nature son incurable innocence : il découvre. Si la jachère est consentie et la friche ne l'est pas, c'est parce qu'elle fait désordre ; on parle de "laisser-aller". En réalité, cette énergie, tendue vers l'accession au climax, correspond à une véritable organisation, se déploie suivant une stratégie particulière où chaque individu joue un rôle dans le processus de transformation de la matière, dans la mécanique même de l'évolution, dans l'invention. Aller avec plutôt que d'aller contre, c'est mobiliser son énergie sur un rapport amical ; ce peut être la combinaison homme/nature qui aurait en charge l'organisation et le dessin des paysages agricoles de demain.