A quels contextes ou contributions le mouvement de la bio doit-il sa naissance ? D'où viennent ses principes et ses caractéristiques, quelles sont ses origines ? Aujourd'hui, face à la croissance de la bio, l'auteur estime que la société civile devrait plus que jamais redécouvrir ses fondamentaux et son ambition initiale. Des femmes et des hommes ont dénoncé, au cours de l'histoire, le péril d'une rupture du lien avec le vivant et les dangers potentiels d'une agriculture chimique et industrielle. Au XIXème siècle, alors que les conditions d'une agriculture qui ne prendrait plus appui sur le sol et sur la dégradation de la matière organique sont en place, Sir Albert Howard, ingénieur agronome et botaniste anglais, a fait figure de contestataire. Il a défendu l'humus et l'apport de matière organique, et a largement inspiré le mouvement de l'agriculture biologique. C'est dans un registre plus philosophique et spirituel que Rudolf Steiner a laissé son empreinte, en promouvant un ensemble de réflexions sur la sociologie, la pédagogie, la médecine et les arts, et en fondant l'anthroposophie, courant qui se base sur le dépassement de la vision matérialiste. En 1924, son "Cours aux agriculteurs" a établi les bases de ce qui deviendra l'agriculture biodynamique. Ehrendfried Pfeiffer, un de ses collaborateurs, a contribué à étendre l'influence mondiale du mouvement. La marque Demeter, qui en officialise les règles, a été déposée en 1932. Maria et Hans Müller, en Suisse, s'inscrivent dans la ruralité et le développement d'une agriculture de qualité dans un projet sociétal engagé dans l'éducation populaire. Hans Peter Rush se joint à eux, et ensemble ils mettent au point des techniques d'amendement en surface de matières fraîches, en précurseurs du non-labour
Dans la France de l'après-guerre, Raoul Lemaire et Jean Boucher valorisent une méthode de production sans engrais et pesticides chimiques de synthèse. En 1975, Masanobu Fukuoka, de culture japonaise, publie "La révolution d'un seul brin de paille".