Cet important dossier analyse, à travers treize articles, le phénomène des agrocarburants dans le monde. Après une présentation des principaux chiffres de production et de consommation d'énergie agricole, un tableau synthétique basé sur les données les plus récentes analyse dix filières de production de diesel végétal, d'éthanol et de biogaz à travers de nombreux critères relatifs à : leurs émissions de gaz à effet de serre, la pression qu'ils exercent sur la production alimentaire, leurs impacts sur la biodiversité, l'eau et le sol, et leurs conséquences pour l'économie locale et les droits de l'homme. Ainsi, le constat pour la production et la transformation en combustible de soja, colza, maïs et canne à sucre est accablant et l'espoir des carburants végétaux de deuxième génération ne pourra alimenter le puit sans fond de la consommation automobile. Même avec des progrès à ce dernier niveau, les agrocarburants resteront des solutions d'appoint, ceci d'autant plus en Europe qui a un potentiel très limité. L'analyse du tableau révèle cependant que le biogaz produit à partir de déchets organiques, les huiles usagées, dans une moindre mesure, la betterave à sucre sont meilleurs pour l'environnement et le changement climatique que l'essence et le diesel fossile. La piste du biogaz pour produire de la chaleur ou de l'électricité est ainsi évoquée dans quatre articles. Elle cumule en effet les avantages : réduction des émissions de méthane (puissant gaz à effet de serre), économies voire revenus pour les populations rurales. Si sa production est peu soutenue techniquement et financièrement en France, la Suisse vient de voter une politique de soutien très favorable aux petites installations et l'Allemagne compte déjà un village qui se chauffe et s'éclaire au biogaz agricole. Enfin, des exemples de production et d'utilisation locale de diesel végétal par des populations du sud au Mali et en Amazonie révèlent leur intérêt.