Dépouillements


Elevage biologique - Le mouton au programme
Reconnue viable en France et en Europe, l'agriculture biologique se développe et compte, avec les jeunes agriculteurs, de nombreuses installations. Les premières journées européennes de l'élevage biologique, qui se sont tenues au Lycée Agricole de Bonnefont à Brioude (Haute-Loire), accueillaient 350 participants. En france, l'Interprofession Bio s'est mise à la tâche, et propose huit Cahiers des Charges qui définissent une réglementation de la production. Des divergences apparaissent entre pays : si l'Argentine et l'Australie ont des règles voisines de celles de la France, en Belgique, en l'absence de règles nationales, c'est une Association privée (Biogarantie) qui détient le Cahier des Charges des animaux, avec des tolérances surprenantes. En Allemagne, il y a pléthore d'organismes pour contrôler le Cahier des Charges. En agriculture biologique, l'alimentation des ruminants repose essentiellement sur l'herbe, avec des pâtures à flore complexes dont le mélange idéal se composerait de 10 à 30 % de graminées, 10 à 30 % de légumineuses et 20 à 30 % maximum d'autres plantes. Deux éleveurs de l'Hérault montrent la valorisation des parcours (sous-bois) avec des ovins. Un essai sur l'infestation parasitaire au pâturage en Grande-Bretagne montre, d'après Davis Younie, Professeur à l'Université d'Aberdeen, qu'un état précarentiel du troupeau ovin en cuivre et en sodium a pu accroître la sensibilité des moutons aux maladies gastro-intestinales. D'après le vétérinaire Bruno Giboudeau, l'alimentation correcte est le premier facteur de santé des bovins : une alimentation biologique doit faciliter performances et adaptation, mais aussi favoriser les subtils mécanismes d'autorégulation et d'autoguérison des animaux. Alain Boutonnet (Vétérinaire) présente les principes de l'homéopathie vétérinaire. Enfin, le compost est un moyen de réduire les pertes et les quantités répandues, à condition d'employer un matériel spécifique.


Lozère : mouton et porc
Sur le Causse de Sauveterre, le Gaec du Recoux a pour objectif la vente directe des viandes ovines et porcines, ainsi que des fromages. Reconvertie officiellement en agriculture biologique, l'exploitation de Denis Seguin et de son frère compte aujourd'hui un troupeau de 840 brebis, produisant du lait, des agnelets et des agneaux lourds (50 %) en un agnelage par an, et 100 porcs engraissés annuellement jusqu'à 160 à 180 Kg de poids vif sur des parcelles munies d'abris collectifs. Les productions fourragères sont obtenues en grande partie sur l'exploitation de 105 Ha de SAU (prairies temporaires, triticale, orge, mélange orge/pois). La fertilisation des surfaces est réalisée à partir de compost. Le Gaec (2,5 UTH) possède un atelier de transformation pour le porc (en commun avec 4 autres éleveurs) : 80 % de ces porcs sont vendus en bio et 20 % en porcs fermiers. Les agneaux sont commercialisés auprès de bouchers vendant en AB. Dans ce contexte, le résultat courant évolue de 135 400 F en 1993 à 310 000 F en 1994, ce qui correspond au désir de Denis Seguin d'obtenir - à terme - un revenu correct avec les productions des divers élevages de l'exploitation.


48 Montbéliardes en Bio
Maîtriser les charges, respecter l'environnement sont les deux préoccupations au Gaec du Buisson. M. Fonton, avec ses 48 Montbéliardes produisant 3000 litres/an (auxquels il faut ajouter la consommation des veaux), réussit à obtenir une marge brute de 5849 F, absolument comparable à celle des exploitations conventionnelles de la région (5945 F). Pour cela : - Il produit des fourrages variés (prairies permanentes à mélange complexe, céréales et pois), - Il limite les frais d'hygiène vétérinaire par l'utilisation raisonnée de l'homéopathie et de la phytothérapie, - Il utilise le compost (10 à 15 Tonnes/Ha) et du lithotamne (200 Kg/Ha lors du semis des prairies). Ainsi,les charges de structure (2346 F, contre 3 777 F en moyenne en non-bio) ou opérationnelles (693 F contre 2 472 F en non-bio) permettent de conforter la marge.


Du lait bio en grand troupeau
Près de Séverac Le Château, 850 brebis produisent, depuis 7 ans, du lait biologique, sur un domaine de 381 Ha (dont 176 Ha de parcours) sur le Causse. En Gaec mère-fils, Xavier Aigouy a choisi l'option agriculture biologique depuis 1986. L'équilibre de l'alimentation des brebis a permis d'atteindre une production moyenne de 215 L de lait par femelle, une fertilité de 95 % avec un taux de renouvellement du troupeau compris entre 20 et 25 %, et un état sanitaire satisfaisant. L'assolement comporte trois cultures : blé, méteil (mélange de céréales secondaires), puis prairie temporaire avec céréale de printemps sous couvert, celle-ci étant retournée après 4 ans. Le blé se trouve valorisé à l'exportation sous contrôle d'Ecocert, à 1,80 F le Kg; le mélange blé/pois ou orge/pois est commercialisé à un prix de 1,40 à 1,60 HT le Kg. La fertilisation s'appuie essentiellement sur le compostage du fumier de brebis additionné d'un activateur à base de bactéries (1O Kg au M3). Le compost est épandu à la dose moyenne de 12 Tonnes à l'Ha à l'année. Les prairies sont constituées d'un mélange complexe comportant une dizaine d'espèces : luzerne, trèfle violet, trèfle hybride, fléole, les trois ray-grass, lotier, minette (du sainfoin s'ajoute en terres maigres). Avec 1060 agneaux produits (dont 200 pour le renouvellement) et le lait commercialisé, l'exploitation dégage un résultat courant de 365 OOO F. Ce qui fait dire à Xavier Aigouy : "le résultat est encore à améliorer". Cet éleveur entend diminuer les charges, notamment par une participation plus active à une CUMA dont il est le Président.


Un troupeau pour apprendre la bio
Seul Lycée agricole à posséder un troupeau ovin mené en agriculture biologique, le LEGTA de Brioude-Bonnefont a réussi sa reconversion. Sous l'impulsion de quelques enseignants, et d'un commun accord avec l'administration locale, il a été décidé de conduire en agriculture biologique un corps de l'exploitation de l'Etablissement : le Domaine du Chariol, entité qui a le mérite d'être indépendante et de posséder une taille comparable à celle des exploitations de la région. Cette reconversion s'étant effectuée à partir de Juillet 1992, il sera possible de commercialiser dès Juin 1995 des agneaux reconnus biologiques. Sur ce domaine de 55 Ha est conduit en élevage intensif (3 agnelages en 2 ans) un troupeau de 430 brebis de race Bizet produisant 2 agneaux nés par brebis et par an en moyenne, sans groupage des chaleurs ni insémination. Un Comité de pilotage, composé d'enseignants techniques et d'ouvriers d'exploitation, a fixé d'autres objectifs : - Harmoniser sol, herbe, animal, en tendant vers l'autonomie du domaine, en implantant des prairies temporaires à base d'espèces complexes, en supprimant la culture du maïs. L'alimentation des brebis est à base d'herbe, voire - pour l'hiver - d'ensilage d'herbe préfanée (dans la limite du cahier des charges), de foin, de céréales produites sur l'exploitation, et de tourteaux de tournesol bio acheté ; - Simplifier la conduite de la reproduction, qui passe à un agnelage par brebis et par an, à l'automne ou au printemps ; Sur le plan sanitaire, seule la vaccination contre la chlamydiose est conservée ; les traitements antiparasitaires ne sont plus systématiques (prélèvements coprologiques) et sont effectués au maximum deux fois par an. L'homéopathie a remplacé la seringue et le berger peut être fier d'avoir obtenu des résultats positifs dans la lutte contre les diarrhées des agneaux et sur des entérotoxémies. Des cures de chlorure de magnésium sont régulièrement réalisées. L'alimentation des agneaux à base de triticale non produit sur l'exploitation a des résultats corrects jusqu'au stade agnelet (22 à 25 Kg de poids vif), mais entraîne des croissances faibles ensuite. Les agneaux plus âgés présentent alors des carcasses plus grasses et une viande rouge. De plus, les agneaux trient en consommant le triticale et délaissent le pois. Un deuxième essai de même nature sera tenté, avec l'INRA de Theix, pour étidier une alimentation à volonté et une complémentation en oligo-éléments (Cu et Zn notamment, une carence s'étant révélée possible en ces deux éléments) La campagne s'est soldée par une baisse des coûts de production et un accroissement de la marge brute, qui est passé de 100 à 140 OOO F, d'après Elisabeth Delhermet, économiste au Lycée, qui trouve le résultat "rassurant" mais qu'il faudra "vérifier avec plus de recul si ce nouveau système d'exploitation fonctionne". Roger Passemard pense à mieux valoriser une partie de la production en 1995, en vendant des agneaux dans le circuit des produits biologiques auvergnats. Par ailleurs, a été créé le Groupement d'Intérêt Scientifique (GIS) Agrobio Auvergne - dont le siège est à Bonnefont - rassemblant des structures agricoles régionales concernées par le développement de l'agriculture biologique (organismes professionnels agricoles, enseignement, recherche, administration). Enfin, des modules en AB sont enseignés dans la plupart des filières de formation du complexe de Bonnefont, et un Certificat de Spécialisation en Agriculture Biologique a été mis en place au CFPPA.
Exemplaires
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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