- Titre :
- VIVRE LA VIGNE EN BIO, N° 87-88 - Janvier / Février 2011 - Bulletin N° 87-88
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/01/2011
- Année de publication :
- 2011
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


L'agriculture durable
Laurent VIDAL, Auteur ;
Jean-Yves MORGANTINI, Auteur ;
Benoist RIPAULT, Auteur
Le réseau CIVAM (Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural) est une fédération d'associations créée dans les années cinquante, avec pour objectif l'implication des agriculteurs et des ruraux dans le développement rural. Pour qu'une agriculture soit durable, il faut qu'elle respecte quatre grands principes de la déclaration de Rio : l'efficience économique, l'équité sociale, la protection de l'environnement, la culture et l'éthique. Par ailleurs, pour être durable, un système ne peut pas rester figé, mais doit être dynamique. Les principaux facteurs de production et de durabilité sont les suivants : le maintien de la biodiversité, la fertilisation et la fertilité du sol, la protection des cultures, la préservation des ressources en eau, la protection contre l'érosion, la préservation des pollinisateurs, la protection des animaux, des cultures et des bâtiments par les haies, l'abondance du gibier, la ressource génétique. Les retours d'expérience d'un groupe d'éleveurs de la Vendée et de la Loire Atlantique, ainsi que d'un producteur de blé de la Sarthe, engagés en agriculture durable, présentent les intérêts concrets de la remise en cause du modèle productiviste : la diminution des volumes de production, liée à une diminution des intrants, s'accompagne néanmoins de l'augmentation de la marge brute de l'exploitation, et d'une meilleure qualité de vie. Des actions de recherche menées par le CFPPA (Centre de formation professionnelle et de promotion agricole) du Pradel (07) portent sur sur les mutations du monde rural.


La traction animale dans les vignes
Valérie THERRIEN, Auteur ;
Claude SANDILLON, Auteur
Le tassement du sol est un problème majeur de la viticulture contemporaine (réduction de la capacité d'absorption de l'eau et des nutriments, diminution des échanges gazeux). Il a pour conséquence la fragilisation des plantes et parfois aussi l'érosion des sols. Certaines techniques pratiquées en agriculture biologique permettent d'améliorer les propriétés physiques du sol (aération, enfouissement de matières organiques, enherbement
). L'association PROMMATA (PROmotion d'un Machinisme Moderne Agricole à Traction Animale) a pour objet de réhabiliter les animaux de trait dans les activités de l'espace rural, et de proposer un matériel moderne adapté. La traction animale permet de réduire le compactage : l'attelage est moins lourd que les engins motorisés et ne produit pas de vibrations. Par ailleurs, le cheval produit de la matière organique qui peut être apportée au sol sous forme de fumier composté. PROMMATA a mis au point le porte-outils Matavigne, conçu pour les rangs de plus de 1,3 mètres. Un autre porte-outils, utilisé en maraîchage, est en cours de test sur vigne. La palette d'outils disponibles permet de répondre à tous types de configuration de terrain (présence de cailloux, pente, espacement des rangs, âge des ceps
). Le porte-outils est également équipé d'un buttoir pour travailler près du cep. Ce travail de précision nécessite néanmoins une bonne maîtrise du meneur et un animal à pas lent et régulier ! Malgré les bons résultats, il faut compter plusieurs années pour observer une amélioration de la structure des sols qui ont été compactés.


Vignes en bio-dynamie : le jus de raisins est-il différent ?
Jürgen FRITZ, Auteur ;
Miriam ATHMANN, Auteur ;
Aurélie TRUFFAT, Traducteur
L'institut de formation et de recherche de Geisenheim (Allemagne) a initié une étude comparative de jus de raisins entre les systèmes de culture biodynamique, biologique et intégrée. Trois méthodes d'analyse des forces formatrices ont été menées en 2006 : la cristallisation sensible de Pfeiffer, la méthode morphogénétique de Wala et la chromatographie circulaire de Pfeiffer. Ces méthodes d'étude ont permis de regrouper les échantillons par deux selon le mode de culture, sans aucune erreur. Elles ont aussi permis de caractériser « l'effet substance » et la structure végétative du jus de raisins en fonction du mode de culture. « L'effet substance » reflète l'intensité de la création de formes en fonction de la quantité de substance organique utilisée. La structure végétative est un signe d'exubérance du développement du végétal. La culture intégrée montre l'effet substance le plus faible, et des structures très chaotiques et végétatives. La culture biologique montre un effet substance faible, et des structures végétatives. La culture biodynamique sans silice de corne montre l'effet substance le plus élevé, mais des structures très végétatives. Enfin, la culture biodynamique, avec 3 ou 4 passages de silice de corne, montre un effet substance moyen à élevé, et pas de structures végétatives. Trois applications de silice de corne au stade préfloral, au début du stade de maturité, et à complète maturité donnent de très bons résultats sur la qualité du jus de raisins. Il est conseillé de ne pas en appliquer au moment du débourrement.


L'importance de l'agro-biodiversité
RESEAU DE SEMENCES D'EUSKADI, Auteur
Le réseau de semences d'Euskadi a été créé en Espagne, en 1996, et vise à mieux connaître les variétés locales, leur conservation, ainsi que les aspects juridiques liés à la réutilisation de ce matériel génétique. Des programmes d'échantillonnage ont été réalisés dans les fermes pour les variétés horticoles (dont le maïs) et les arbres fruitiers. D'autres seront mis en place pour les céréales. Toute information relative aux variétés locales est également collectée (donnée ethnographique
). Les échantillonnages réalisés ont montré que les variétés locales sont généralement destinées à l'autoconsommation, ou à la vente sur les marchés locaux. Par ailleurs, le maintien précaire de certaines variétés est mis en évidence. Une banque de semences a été créée en 2007, et des tests de germination sont en cours de réalisation. Pour éviter la perte de variétés, certaines semences sont mises en culture en champ (chez des agriculteurs, des bénévoles, ou sur des parcelles mises à disposition par la commune de Vitoria-Gasteiz). De même, une pépinière d'arbres fruitiers a été mise en place pour multiplier les variétés d'arbres fruitiers par boutures et greffons. Le réseau diffuse les résultats de son travail via différents outils de communication (distribution d'échantillons de semences, animation d'ateliers
). Il travaille également en coordination avec d'autres réseaux de semences européens.


Formations arborées et puits de carbone
Cédric LAURET, Auteur
Cet article rappelle la définition d'un puits de carbone, le fonctionnement du processus de la photosynthèse, et le rôle des formations végétales en phase de croissance forte dans le stockage de carbone. Malheureusement, la déforestation libère prématurément des quantités importantes de carbone, et les rejets de gaz à effet de serre sont toujours en augmentation. Il est donc important de mettre en place de nouvelles formes de boisement, notamment des parcelles d'agroforesterie et de nouvelles haies. Le potentiel de stockage de ces deux types de formations arborées est évalué dans un tableau, en fonction du type d'arbre (à croissance lente ou rapide), et de la densité d'arbres. Toutes les plantations ne sont pas efficaces et différents paramètres doivent être raisonnés (choix de la parcelle et de son précédent cultural, choix de l'essence plantée et de la durée de la rotation,
).


Biodynamie, viticulture et vinification
Jacques FOURES, Auteur
La culture en biodynamie est basée sur le maintien d'un équilibre de vie. Jacques Foures, vigneron nologue et formateur à Vini Vitis Bio, présente dans cet article les concepts de la biodynamie, fondée dans les années 1920 par Rudolf Steiner. Ce mode de culture en viticulture produit des vins colorés, qui se démarquent des vins qui sont, selon l'auteur, de plus en plus standardisés. La biodynamie prend en compte à la fois les influences terrestres et cosmiques. Par exemple, le calcaire et la silice, dont l'équilibre doit être maintenu par l'application de bouse de corne et de silice de corne, sont liés respectivement aux planètes infra-solaires liées à l'eau, et aux planètes supra-solaires liées à la chaleur. La mise en application des principes de la biodynamie permet de décompacter les sols et de réactiver rapidement la vie du sol. Pour obtenir le label Demeter qui certifie la biodynamie, il faut d'abord être certifié agriculteur biologique (trois ans de conversion), puis respecter le cahier des charges Demeter (deux ans de conversion), dont les principaux points sont rappelés dans l'article. La vigne étant une culture pérenne, elle ne peut pas être changée et le matériel végétal, sélectionné pour répondre aux contraintes conventionnelles, n'est pas forcément adapté à la biodynamie. Il faut donc faire au mieux pour s'approcher des bonnes pratiques
Un deuxième article est à suivre.


Travaux d'hiver en biodynamie
Jacques FOURES, Auteur
La taille de la vigne en biodynamie suit les prescriptions habituelles : respect de la vigueur de chaque pied, taille en sève ascendante pour éviter les maladies du bois, désinfection des outils, ramassage des sarments pour être compostés ou brûlés avant restitution à la vigne. Pour favoriser la vigueur d'une vigne, celle-ci doit être taillée en lune descendante. Au contraire, la lune montante calme la vigueur. Les nuds lunaires, périgées et nuds de planètes doivent être évités. Les grosses plaies de tailles sont enduites d'une préparation de bouse de vache, argile et décoction de prêle ou silicate de soude. Il est ensuite intéressant de pulvériser un badigeon sur la vigne, afin de développer l'immunité de la plante en recevant sur les plaies de taille une concurrence microbienne qui limite la prolifération des nuisibles. Deux recettes sont détaillées : l'eau d'endui, ainsi que la bouillie australienne.