- Titre :
- TRANSRURAL INITIATIVES, N° 408 - Juillet / Août 2011 - Bulletin N° 408
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/07/2011
- Année de publication :
- 2011
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Le soutien à la méthanisation se précise
Hélène BUSTOS, Auteur
Produire du gaz à partir des déchets d'une exploitation agricole (lisiers, fumiers, eaux de lavage des salles de traite, etc.), c'est possible, grâce à des biodigesteurs (pour une fermentation de ces matières en conditions anaérobie sans oxygène). Après fermentation, on obtient d'une part du gaz (entre 50 et 70% de méthane), et d'autre part un digestat qui peut servir de compost. Une centaine de ces biodigesteurs existent en France, toujours très en retard sur son voisin allemand. Le Grenelle de l'environnement a souhaité multiplier par 4 la production d'électricité issue de biogaz. Dans cet objectif, le gouvernement vient de publier un arrêté « fixant les conditions d'achat de l'électricité produite par les installations qui valorisent le biogaz ». Les tarifs de rachat augmentent de 5 à 12%, suivant qu'il s'agisse de grosses ou de petites structures de production : si la puissance est inférieure ou égale à 150 KW, le KWH est racheté à 13,37 centimes d'euros ; et à 11,19 centimes d'euros si la puissance dépasse 2000 KW.
S'inspirer des logiciels libres en biologie
Hélène BUSTOS, Auteur
Alors que le Sénat examine une proposition de loi relative aux certificats d'obtention végétale qui réduit les droits des agriculteurs à ressemer leurs récoltes, certains s'interrogent sur de nouveaux mécanismes à mettre en place, analogues à ceux du logiciel libre : « l'open source biologique ». Il s'agit de voir comment permettre aux paysans qui ont sélectionné, depuis des millénaires, des variétés adaptées à leur terroir de continuer à le faire et de pouvoir échanger librement leurs semences avec d'autres, tout en les excluant de tout brevet ou Certificat d'obtention végétale (COV). Un ouvrage collectif paru en mars 2011 développe ces propositions : « La propriété intellectuelle contre la biodiversité ? Géopolitique de la diversité biologique », paru aux éditions du CETIM, voir www.cetim.ch.
Des circuits courts en grandes et moyennes surfaces
Hugo BARTHALAY, Auteur
On connaissait les circuits courts entre producteurs et consommateurs. La marque « Le petit producteur » s'adresse, elle, aux circuits courts entre GMS et producteurs. D'abord de statut associatif, cette structure s'est ensuite constituée en société anonyme. Intermédiaire entre les paysans et les GMS, cette marque évite aux paysans de discuter en position de faiblesse vis-à-vis de la GMS. Elle a même obtenu des contrats entre la GMS et le paysan, où le paysan décide de la date de livraison, sans engagement sur les volumes à fournir. La marque « Le petit producteur » décline les produits en plusieurs catégories : haut de gamme, agriculture en conversion, agriculture biologique, direct production (des fruits et légumes produits à moins de 30 km du lieu de vente) et « je mange local » (moins de 160 km). Ce concept semble bien fonctionner, puisque la marque regroupe aujourd'hui environ 600 articles dans un millier de points de vente et concerne 450 agriculteurs, le tout pour un chiffre d'affaires de dix millions d'euros. Et après les fruits et les légumes, c'est bientôt la viande qui sera concernée.
Un projet d'abattoir spécial circuits courts
Emmanuelle MAYER, Auteur
Les circuits courts de produits carnés se heurtent souvent à l'absence d'abattoirs de proximité. Avec les mises aux normes de telles structures, les plus petits abattoirs ont en effet progressivement disparu. C'est le cas dans le Limousin, où tour à tour les abattoirs de Guéret, Eymoutiers et Gien ont fermé en 2007. Mais un collectif d'éleveurs et de bouchers, regroupés dans l'association Abattre et Valoriser la Viande en Limousin (A2VL), a le projet de remonter un abattoir de proximité, couplé à un atelier de découpe, un service de transport des animaux (vifs ou froids), et par la suite une structure de transformation. Après 4 années de réflexion, d'études de marché, et de démarchages auprès des collectivités, l'association a diagnostiqué un besoin et a des promesses pour 250 tonnes d'abattage et 90 tonnes en découpe, notamment pour des cantines scolaires qui souhaitent passer en bio ou en local. Elle espère récupérer prochainement l'abattoir d'Eymoutiers (400 000 euros de rachat) pour le mettre aux normes et créer la salle de découpe (350 000 euros de travaux).
Les multinationales se nichent dans l'équitable
Johanne VILLEGAS, Auteur
Une étude d'AVSF (agronomes et vétérinaires sans frontières) révèle que les multinationales tentent d'investir le secteur du marché équitable pour freiner l'autonomisation des producteurs. En effet, depuis la mise en place de filières équitables en 2003, plusieurs organisations de producteurs ont décidé de commercialiser directement leur production. Comment s'y prennent les multinationales ? En créant par exemple une fondation qui verse la même prime aux producteurs que dans leurs propres filières de commerce équitable (c'est le cas au Pérou pour la production de bananes). Mais comment les multinationales ont-elles pu pénétrer la filière du marché équitable ? Simplement parce que les critères du label Flo (Fair trade labelling organisations international) s'inquiètent juste du prix payé au producteur, et non de l'ensemble de la chaîne de commercialisation...
Les Amap, dix ans et maintenant ?
Hélène BUSTOS, Auteur
Les AMAP ont dix ans cette année et se portent plutôt bien : 1200 AMAP en France, qui concernent 200 000 consommateurs, pour un chiffre d'affaires global de 36 millions d'euros. Mais justement parce qu'elles se multiplient, les créateurs de la première heure mettent en garde : attention à la perte de l'éthique quand on change d'échelle. Car une AMAP ne se résume pas à un panier, mais plutôt à une façon « de recréer autour de la nourriture un espace commun, de recréer du lien, de faire société dans un monde de plus en plus atomisé », comme l'affirme Annie Weidknnet dans son livre "AMAP, histoires et expériences" (Editions Loubatières, 2011). Dans les 18 principes fondateurs recueillis dans une charte déposée à l'INPI, il ne faut pas en effet oublier que l'AMAP instaure une solidarité entre le paysan et le consommateur. Ce dernier lui avance annuellement tout ou partie de la valeur des paniers qu'il achètera dans l'année, et doit accepter les aléas climatiques. En Rhône-Alpes, Alliance PEC a monté un système participatif de garantie (SPG) pour assurer que producteurs et consommateurs évoluent ensemble et dans la transparence. La bonne nouvelle est que de plus en plus d'agriculteurs s'installent directement en AMAP, d'où la création, en Ile de France, de l'association Champs du possible.