- Titre :
- FOURRAGES, N° 208 - Décembre 2011 - Bulletin N° 208
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/12/2011
- Année de publication :
- 2011
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Une analyse historique et ethnobotanique des relations entre les activités humaines et la végétation prairiale
Carole BROUSSE, Auteur
L'ethnobotanique a été définie par André-Georges Haudricourt et Louis Hédin comme « la science étudiant les relations réciproques existant entre les hommes et les plantes ». Les prairies existent rarement sans les hommes qui les cultivent et en ont fait une surface à dimension économique, au-delà de ses autres fonctions : éléments du paysage, écrin écologique et superficie botanique. Dans cet article, l'auteur revient sur l'histoire de l'ethnobotanique et de la prairie, sur l'approche agronomique et la dimension des sciences humaines relatives aux prairies, ainsi que sur l'étendue et les évolutions des relations hommes-plantes.


Des plantes endémiques dans les milieux prairiaux d'Europe
Ines BRUCHMANN, Auteur ;
Carsten HOBOHM, Auteur
La Convention sur la Diversité Biologique (CDB) contre la destruction des habitats et l'extinction concomitante des espèces et des gènes a été signée par 178 États. L'Europe soutient les objectifs fixés de la CDB et les États membres se doivent donc de mettre en place une politique de protection de la biodiversité. Les espèces endémiques sont par définition spécifiques à certaines zones et font alors l'objet de suivis particuliers. En Europe, 8 types d'habitats ont été répertoriés (base de données EvaplantE) qui abriteraient 6 198 plantes vasculaires. La moitié de ces espèces sont présentes dans plusieurs États européens et nécessitent donc des mesures spécifiques de protection. En France, 1 383 espèces endémiques européennes et 93 espèces spécifiquement françaises ont été répertoriées. En ce qui concerne les espaces prairiaux, malgré leur faible superficie totale à l'échelle de l'Europe, ils abriteraient au moins 1 336 espèces endémiques. Face à la dégradation rapide de ces espaces, des mesures de protection sérieuses devraient être prises aux niveaux européens et nationaux.


Résultats et enseignements des recherches sur les surfaces en herbe et les systèmes herbagers dans le programme « Action publique, Agriculture, Biodiversité » (DIVA)
Jacques BAUDRY, Auteur ;
Alain PEETERS, Auteur
L'objectif du programme DIVA, lancé en 2000, est d'apporter des bases scientifiques pour la conception, la mise en uvre et l'évaluation de politiques régulant les relations entre agriculture et biodiversité. Dans ce contexte, il vise à financer et stimuler certains projets de recherche. Cet article synthétise les résultats des 15 projets sur les surfaces en herbe et les systèmes d'élevage, à travers lesquels le programme DIVA a pu faire avancer les connaissances dans divers domaines scientifiques et a fourni des éléments techniques et politiques pour construire des solutions. Il en ressort que, d'une part, les cahiers de charges des labels AOP devraient intégrer des critères relatifs aux biodiversités ordinaire et patrimoniale, et que d'autre part, les mesures agri-environnementales (MAE) ciblées sur un objectif précis ont démontré une bonne efficacité pour les prairies et parcours et devraient être plus largement appliquées.


Analyse de la mise en uvre des mesures agri-environnementales à obligation de résultat sur les surfaces herbagères
Sylvain PLANTUREUX, Auteur ;
Christine DE SAINTE MARIE, Auteur ;
Cyril AGREIL, Auteur ;
ET AL., Auteur
Avant 2007, la réglementation agri-environnementale des surfaces herbagères était basée sur des obligations de moyens à mettre en uvre. Face à un constat de résultats parfois très partiels de ces mesures, certains contrats peuvent désormais être passés sur la base de l'obtention de résultats. Dans cet article, deux mesures du programme DIVA sont analysées de leur genèse à leurs conditions de mise en uvre : la gestion pastorale et le maintien des prairies à forte richesse spécifique. Leur pertinence agri-écologique est également étudiée. Le bilan de ces mesures est plutôt positif, aussi bien d'un point de vue social, en laissant aux agriculteurs le choix des pratiques à mettre en place pour atteindre ces résultats, qu'écologique ou encore agricole. Pour les généraliser, il est aujourd'hui nécessaire de faire progresser la réglementation en vigueur, la concertation entre acteurs agricoles et environnementaux, et les connaissances techniques et scientifiques.


Préservation de la biodiversité par les éleveurs : atouts et limites de la mesure agri-environnementale « Prairies fleuries »
Baptiste NETTIER, Auteur ;
Laurent DOBREMEZ, Auteur ;
Claire SÉRÈS, Auteur ;
ET AL., Auteur
La mesure agri-environnementale (MAE) « Prairies fleuries » est une MAE à obligation de résultats. A l'inverse des MAE à obligation de moyens, elle n'impose pas de pratiques à l'agriculteur mais lui fixe un résultat à atteindre, qui concerne ici le maintien d'une diversité floristique. Cet article présente une étude réalisée dans le cadre du programme DIVA2 visant à comprendre les motivations des agriculteurs engagés dans cette mesure, les pratiques effectives mises en place ainsi que leurs connaissances sur les relations entre fleurs des prés et pratiques agricoles. Les éleveurs sont plutôt favorables à cette mesure à obligation de résultats qui n'impose pas de changement de pratiques et reconnaît donc leur savoir-faire. Ainsi, les prairies engagées sont déjà riches en fleurs, la MAE « Prairies fleuries » n'incite donc pas à la mise en place de nouvelles pratiques pour multiplier ces zones de biodiversité et constitue alors un outil de préservation de la biodiversité plutôt que de restauration de la biodiversité. En effet, sur certaines parcelles particulièrement sensibles aux aléas extérieurs (climatiques, gibier), la prise de risque de l'agriculteur qui souhaiterait s'engager sur une telle mesure peut lui paraître trop importante.


La gestion pastorale des milieux naturels : mise en uvre des MAE-t et gestion adaptative avec la démarche PATUR'AJUSTE
Cyril AGREIL, Auteur ;
Sébastien BARTHEL, Auteur ;
Jérémie BARRET, Auteur ;
ET AL., Auteur
La gestion pastorale de milieux naturels doit répondre à des enjeux de production agricole et de préservation de la biodiversité. Les méthodes de diagnostic pastoral, les démarches d'animation agri-environnementale et le contenu des plans de gestion sont autant d'éléments qui conditionnent la réussite des actions mises en place dans ce contexte. Cet article présente les résultats de deux études nationales et de l'implication des auteurs dans des situations de terrain concrètes, qui ont permis de dresser un bilan des mesures agri-environnementales territorialisées « Gestion pastorale » avec des propositions pour améliorer la pertinence technique des plans de gestion, et de proposer la démarche PATUR'AJUSTE. Cette démarche adaptative consiste à concevoir la conduite des troupeaux d'élevage sur des végétations naturelles en cherchant à lier leurs qualités agricoles et environnementales.


Mettre en débat la co-évolution de l'agriculture et de la biodiversité dans le paysage. Les apports d'une lecture saltus ager dans le Parc de Lorraine
Xavier POUX, Auteur ;
Jean-Baptiste NARCY, Auteur ;
Blandine RAMAIN, Auteur
La préservation de la biodiversité est une problématique universelle et fait aujourd'hui l'objet de politiques d'ensemble. Toutefois, sa gestion doit se décliner à une échelle territoriale cohérente pour être pertinente. Un processus de « territorialisation » de ces politiques est alors nécessaire. Cet article fait la synthèse d'un travail sur la dynamique des paysages à l'échelle du Parc naturel régional de Lorraine via la grille saltus-ager (saltus : espace ni cultivé, ni forestier, ager : espace cultivé). L'analyse de l'équilibre entre ces deux espaces montre qu'il est corrélé à l'évolution de la biodiversité associée à l'activité agricole, permettant ainsi une vision prospective. Cette illustration de la co-évolution de l'agriculture et de la biodiversité a ensuite fait l'objet d'un débat entre les différents acteurs concernés sur l'avenir de ce territoire et de sa gestion.


Une approche multi-échelles des arbitrages entre production fourragère et biodiversité dans un agroécosystème prairial
Rodolphe SABATIER, Auteur ;
François LEGER, Auteur ;
Félix TEILLARD, Auteur ;
ET AL., Auteur
Les mesures agri-environnementales, notamment celles à l'échelle de la parcelle, ne semblent pas suffisamment efficaces pour limiter la baisse de la biodiversité dans les paysages agricoles. L'étude présentée dans cet article avait pour objectif de quantifier d'autres échelles d'action dans le cadre d'un agroécosystème prairial exploité par des élevages bovins viande dans un agroécosystème prairial humide de la façade atlantique, le marais Poitevin. Trois échelles ont été étudiées : la parcelle, l'exploitation, et le paysage. Pour chacune, les interactions entre pratiques de pâturage ou de fauche et dynamiques écologiques de deux espèces d'oiseaux prairiaux (le vanneau huppé et le chevalier gambette) ont été modélisées. Les résultats montrent que la conciliation entre production et biodiversité dépend des interactions spatio-temporelles des différents modes d'exploitation, chaque changement d'échelle offrant de nouveaux leviers d'action. Ainsi, cette nouvelle approche de la gestion de la biodiversité en zone de production agricole ouvre de nouvelles perspectives pour améliorer la performance d'une agriculture multifonctionnelle.


Expliquer la végétation des prairies et des champs cultivés : l'importance de la dynamique des pratiques agricoles et de la mosaïque paysagère
Etienne GAUJOUR, Auteur ;
Catherine MIGNOLET, Auteur ;
Sylvain PLANTUREUX, Auteur ;
ET AL., Auteur
La diversité végétale des parcelles, en prairies ou cultivées, dépend des pratiques agricoles mises en place mais également des éléments paysagers qui les entourent. L'étude présentée dans cet article avait notamment pour objectif de quantifier l'influence relative de ces deux trajectoires, pratiques agricoles et paysages. Elle consistait en la caractérisation de la diversité floristique des parcelles étudiées par une double approche taxonomique et fonctionnelle, et ce sur 9 années. Le site étudié était la station expérimentale de l'INRA ASTER Mirecourt, convertie à l'agriculture biologique en 2004, et ayant donc subi des changements de pratiques et de caractéristiques paysagères importants au cours de l'étude. Les résultats mettent en avant que les pratiques agricoles vont avoir une influence à court terme sur la biodiversité floristique alors que l'évolution des éléments paysagers aura un impact sur le plus long terme. Ce travail devrait permettre d'améliorer les modèles prévisionnels de la dynamique de la végétation en intégrant plus de facteurs influents et d'améliorer la compréhension des processus écologiques impliqués.


Dynamique des paysages agro-pastoraux des Causses et biodiversité
Jacques LEPART, Auteur ;
Pascal MARTY, Auteur ;
J. FONDERFLICK, Auteur
Dans les régions d'élevage péri-méditerranéennes, on observe une progression des ligneux, notamment sur les Causses, entraînant la disparition d'un paysage culturel agro-pastoral inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Les risques sont la banalisation de paysages, certes construits par la main de l'homme mais remarquables, la multiplication des incendies de forêts et la perte de biodiversité par disparition d'habitats semi-naturels cruciaux pour certaines espèces. L'auteur se demande alors pourquoi l'on observe cette fermeture des paysages sur des zones où l'élevage se maintient et devrait donc limiter cette progression des ligneux, et il s'interroge sur les solutions qui pourraient stopper ou ralentir cette évolution. En effet, le pâturage à lui seul ne semble pas suffisant, l'utilisation des parcours étant trop irrégulière pour empêcher l'installation des ligneux. Aujourd'hui, sur les Causses, la conservation de paysages ouverts est un nouvel enjeu de l'agriculture locale qui doit prendre en compte ces nouveaux objectifs paysagers et naturalistes. Des solutions techniques existent mais elles doivent encore se construire et se développer en associant savoirs pratiques, savoirs techniques et savoirs théoriques.