- Titre :
- L'AGE DE FAIRE, N° 63 - Avril 2012 - Bulletin N° 63
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2012
- Année de publication :
- 2012
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Comprendre : Le bio peut-il nourrir le monde ?
Lisa GIACHINO, Auteur
La capacité de l'AB à nourrir le monde est actuellement au cur des débats et, dans ce contexte, les baisses de rendement liées au passage à l'AB sont souvent remises en cause. Pourtant, elles ne seraient pas si importantes que ce qui est parfois imaginé ou constaté. De plus, elles ne sont pas systématiques, en particulier à long terme, comme l'a montré Jeff Moyer de l'Institut Rodale, qui a comparé en conditions expérimentales, pendant 30 ans, des cultures de céréales et légumineuses en conventionnel et en bio. Selon une équipe de chercheurs de l'Université du Michigan, l'AB permettrait même un gain de rendement dans les pays du Sud. Il faut toutefois rester prudent face à ces résultats qui dépendent de nombreux facteurs : type de culture, région, année
Le temps est également un facteur clé, plusieurs années étant nécessaires pour que le système trouve son « rythme de croisière » après une conversion (changement de fonctionnement du sol, expérience de l'agriculteur
). Au-delà de la notion de rendement, l'AB présente d'autres caractéristiques intéressantes et notamment une plus grande régularité de la production, une plus forte densité énergétique des aliments, une économie d'intrants
Pour Jacques Caplat et Marc Dufumier, qui ont publié récemment sur le sujet, l'AB peut être suffisamment « intensive » pour nourrir l'humanité (association de plusieurs cultures sur une même parcelle
). Dans le scénario Agrimonde, l'Inra et le Cirad font également le pari d'une « intensification écologique » de l'agriculture.
Agir : Pierre Rabhi, l'écologie et le sacré
Mahdi M'KININI, Auteur
Après une évocation des origines de Pierre Rabhi, l'article revient sur le cheminement de cet homme qui, après avoir été ouvrier spécialisé, a fait le choix de la paysannerie. Avec sa femme Michèle, le couple s'est lancé dans l'élevage caprin dans les Cévennes ardéchoises, et a expérimenté l'agriculture biodynamique. Fort d'un savoir-faire, à partir de mai 68, le couple a accueilli des néo-ruraux. A la quarantaine, Pierre Rabhi est libéré de sa quête identitaire, grâce au philosophe Jiddu Krishnamurti. Il devient "paysan sans frontières". Au Burkina Faso, Pierre Rabhi crée, en 1985, Gorom-Gorom, un centre de formation en agroécologie ; fonde, par la suite, le Carrefour international d'échanges de pratiques appliquées au développement (Ciepad), avec l'appui du Conseil général de l'Hérault ; lance de nombreuses actions de développement à l'étranger. A la fin des années 90, le militant fonde Terre et Humanisme. Sur la ferme de Pierre Rabhi, se tiennent maintenant les équipes de sa fondation et d'associations qu'il a contribué à créer. Le militant reste préoccupé par les questions de la vie en communauté et de la gouvernance et sa principale activité est désormais celle d'un porte-parole car, pour lui, "...L'écologie a autant une dimension spirituelle que factuelle". En 2007, le Mouvement des Colibris est créé et, depuis octobre 2011, la campagne « Tous candidats » a proposé aux citoyens, dans le cadre de l'élection présidentielle, d'élaborer un programme collectif.
Comprendre : En France, à la recherche du juste prix
Lisa GIACHINO, Auteur
Au sein du réseau des Civam (Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural), des paysans, impliqués dans la vente en circuits courts, s'interrogent sur la façon de rendre accessible à tous une nourriture de qualité. Mais la question des prix, rarement débattue, n'est pas simple, comme en témoignent Jean-Claude Balbot, administrateur de la Fédération nationale des Civam, ou Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne. La question a été mise à l'ordre du jour de l'assemblée générale des Civam, le 3 avril 2012. Le coût de revient des produits agricoles diffère sur chaque exploitation et, pour fixer les prix, les paysans regardent essentiellement les tarifs pratiqués ailleurs et préfèrent souvent ne pas comparer leur rétribution avec leur temps de travail réel. Pour Philippe Collin, face à l'inexistance, pour les petits producteurs, d'une « marge de manuvre » sur les prix, c'est la part du budget consacré par les ménages à l'alimentation qui doit être questionnée
, et pour Jean-Claude Balbot, les paysans doivent se réapproprier ces questions pour faire des propositions...
Comprendre : Des plateformes "tout public"
Lisa GIACHINO, Auteur
La Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) Alter Conso a été créée en 2006, avec l'idée, pour Thomas Klein et ses associés, de démocratiser l'accès aux produits alimentaires de qualité. Alter Conso, implanté à Vaulx-en-Velin et Vénissieux, a mis en place une participation aux frais de fonctionnement variable selon le quotient familial. Cependant, la clientèle n'est pas forcément celle attendue par la coopérative, puisque les adhérents d'Alter Conso sont déjà sensibilisés aux questions d'alimentation. La coopérative emploie huit salariés, rassemble 46 producteurs, s'est fixé la limite de 800 adhérents et prévoit de « bloquer 50 places pour des personnes envoyées par les services sociaux ». Le projet de la coopérative s'est étendu à d'autres villes : Lyon, Saint Etienne (association De la ferme au quartier), Grenoble (L'équytable) et l'équipe de Thomas Klein « pense créer un pôle de formation pour proposer des outils clé en main aux porteurs de projets similaires ».