- Titre :
- REUSSIR FRUITS ET LEGUMES, N° 330 Spécial Bio - Juillet / Août 2013 - Bulletin N° 330 Spécial Bio
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/07/2013
- Année de publication :
- 2013
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Krotoum Konaté, directrice de l'ITAB : « Nous sommes en synergie avec les autres instituts »
Michel BRU, Auteur
L'ITAB, institut technique de l'agriculture biologique, a récemment obtenu la qualification d'institut technique, ce qui clarifie sa situation vis-à-vis des autres instituts techniques et va permettre de continuer à travailler en synergie et complémentarité avec eux. L'ITAB se caractérise par son travail en réseau, qu'il mène avec les acteurs de recherche - expérimentation intervenant en AB, ainsi qu'avec les autres acteurs de l'AB (formation, développement, interprofessions, groupements professionnels...). Suite à la qualification de l'ITAB, son programme de recherche développement va évoluer afin de mieux prendre en compte les priorités transversales : approches systémiques, interconnexion entre agriculture et écosystèmes, alimentation, santé, etc. Les résultats seront diffusés vers les acteurs notifiés en AB, mais aussi les conventionnels. Des commissions maraîchage et plantes pérennes existent à l'ITAB. Une convention de partenariat est en projet avec le CTIFL pour consolider les collaborations existantes. Enfin, l'ITAB s'impliquera dans le volet recherche du plan « Ambition bio 2017 ».


Une installation progressive pour se tester
Sophie CHAUVIN, Auteur
Christophe Renault est maraîcher bio à Hesloup (Orne), où il s'est installé progressivement, après avoir été conseiller en agriculture biologique à la Chambre d'agriculture de l'Orne. Il a d'abord été pluriactif pendant un an, avant de s'installer à temps plein sur une ferme déjà en bio. Il s'est installé sans aide et prêt JA afin d'être autonome. Il travaille seul ses 1,84 ha de SAU (dont 800 m² de serres tunnels) mais fait parfois appel à des travailleurs temporaires. La production est diversifiée et organisée en planches avec une rotation de quatre ans. Les légumes sont commercialisés via deux AMAP, soit 60 paniers, une cantine scolaire et un magasin spécialisé. Installé depuis trois ans, il espère atteindre la rentabilité souhaitée d'ici deux ans. Fort de son expérience, il peut maintenant suggérer quelques conseils à ceux qui souhaitent s'installer en maraîchage bio. Il préconise en particulier de ne pas sous-estimer la charge de travail.


Les essais en bio démarrent sous serre
Audrey DIBET, Auteur
La station d'expérimentation en cultures légumières (SECL) de Pleumeur-Gautier (22) est dédiée aux expérimentations en agriculture biologique. Elle dispose pour cela d'une serre multi-chapelle, à l'intérieur de laquelle sont conduits les essais. Ceux-ci visent à répondre à deux types de production légumière biologique : une production plus intensive, de type nord-européenne, avec une rotation tomate concombre et engrais verts courts en interculture, ou une production plus extensive et diversifiée intégrant périodiquement des engrais verts à cycle long. Les expérimentations portent notamment sur les dates d'entrée en production des tomates et des concombres, actuellement trop tardives par rapport aux produits d'importation. Pour cela, des tomates ont été plantées en janvier et protégées par un abri supplémentaire à l'intérieur de la serre. Cette année, étant donné les températures du printemps, l'entrée en production ne s'est pas fait à la date souhaitée, mais l'essai sera reconduit. En concombre, les essais portent sur le choix de variétés rustiques. Enfin, des essais de lutte biologique contre le puceron sur concombre ont donné des premiers résultats encourageants en utilisant les courgettes pour attirer, puis transférer les auxiliaires sur les concombres.


Biophyto sur le long terme
RÉUSSIR FRUITS ET LÉGUMES, Auteur
La station expérimentale maraîchère Biophyto, située dans les Pyrénées Orientales, fête ses vingt ans, l'occasion d'ouvrir ses portes et de tirer un bilan de vingt ans d'expérimentation. Patrick Marcotte, directeur du Civam bio des Pyrénées-Orientales et chargé de mission Sud&Bio Languedoc-Roussillon, explique que les dix premières années ont été consacrées à la comparaison entre agriculture biologique et agriculture conventionnelle, pour convaincre. Il y a eu ensuite de plus en plus d'essais sur les adaptations variétales et les itinéraires techniques afin de produire plus précocement sans chauffage, un défi relevé par la station : une technique de plantation sur couches chaudes de fumier a permis d'avancer de trois semaines la date de récolte des aubergines. Enfin, le programme d'expérimentation évolue maintenant vers une meilleure prise en compte des problématiques de la filière. L'enjeu est d'élargir la gamme tout en assurant les volumes de production. Un programme informatique de planification des cultures pour la vente directe a été mis au point. La station a répondu à un appel d'offre d'expérimentation sur la gestion de la biodiversité en arboriculture et maraîchage. L'objectif maintenant est de participer à la structuration des filières et de mettre au point des systèmes économiquement et écologiquement durables.


Dossier : Le verger de pommiers bio s'émancipe
Thierry RAMAT, Auteur ;
Michel BRU, Auteur ;
Nathalie RIVIERE, Auteur ;
ET AL., Auteur
La production de fruits et légumes biologiques ne cesse de se développer, après avoir doublé de surface entre 2009 et 2011. Ce dossier s'intéresse aux informations à disposition des arboriculteurs qui souhaitent produire en bio. Une expérimentation a montré qu'il est possible de concevoir un verger de pommiers bio à faibles investissements et rentable sur le long terme. Les arboriculteurs disposent maintenant d'un choix intéressant de variétés de pommes adaptées à l'agriculture biologique, en particulier les variétés résistantes à la tavelure. Ils peuvent aussi se tourner vers des variétés rustiques pour une commercialisation en circuits courts. Ces variétés résistantes ou rustiques sont présentées dans ce dossier. La conversion d'un verger en agriculture biologique peut se faire avant ou après plantation des pommiers. Les intérêts et limites de ces deux stratégies sont discutés.


La biodiversité fonctionnelle est sur les rails
Véronique BARGAIN, Auteur
La biodiversité fonctionnelle a fait l'objet d'une journée organisée par l'INRA et le CTIFL, à la station CTIFL de Carquefou (44), le 13 juin 2013. Les essais menés dans le cadre du projet Biodivleg ont montré que certaines espèces de staphylins et carabidés sont des prédateurs significatifs des mouches du genre Delia. Les staphylins semblent se diffuser activement dans la parcelle parce qu'ils y sont attirés tandis que les carabidés ne passent de la haie à la parcelle que si la haie est surpeuplée. Un essai est mis en place sur poireau pour tester l'efficacité de bandes et de patchs floraux en bordure de parcelle sur la régulation naturelle du thrips. Cependant, il reste difficile de savoir si les auxiliaires se sont réellement alimentés sur les fleurs ; des méthodes sont à l'étude sur ce point. L'utilisation de plantes pièges constituant une barrière autour des parcelles est aussi étudiée, tout comme les plantes répulsives et attractives. Des travaux menés à Agrocampus Ouest montrent que l'environnement paysager influence la colonisation des cultures de choux par la mouche du chou et la répartition des auxiliaires. L'augmentorium, une installation qui piège les ravageurs mais pas les auxiliaires, a donné des résultats intéressants à la Réunion.


Pas à pas vers la modernité
Véronique BARGAIN, Auteur
Eric Souffleux est maraîcher bio, installé depuis 2009 en Loire-Atlantique, sur 5,5 ha, dont 3 ha de plein champ et 2000 m² de tunnels. Il utilise la traction animale pour être moins dépendant du pétrole. Il produit ainsi une trentaine de légumes, de quoi alimenter 120 à 130 paniers vendus chaque semaine en AMAP. Il a appris peu à peu à travailler avec le cheval et avec des outils adaptés : deux kassines, un polynol et un bucher, des porte-outils permettant de travailler sur buttes sur différentes largeurs. Pour Eric Souffleux, la traction animale permet une meilleure maîtrise du désherbage, moins de compaction et de feuilles écrasées dans les passe-pieds. Il estime avoir augmenté ses rendements de 15 % la première année d'utilisation des chevaux. Le temps de travail est équivalent et la pénibilité n'est pas la même : il marche beaucoup mais n'a pas de torticolis, pas de secousses, pas de bruit, etc. De nombreuses améliorations seraient encore possibles en traction animale, mais il faudrait pour cela que des constructeurs s'y intéressent. Les outils et méthodes qu'il utilise lui ont été fournis par Prommata, une association qui aide les personnes souhaitant travailler en traction animale.


Des légumes et des arbres
Guy DUBON, Auteur
L'agroforesterie, une pratique qui consiste à associer des arbres et des cultures, existe depuis longtemps sous de nombreuses formes et pour toutes les cultures. Elle est actuellement reprise par de nombreux chercheurs, techniciens et agriculteurs dans le cadre du développement de l'agriculture durable. Nicolas Denard et Hélène Bardot, installés sur la ferme Canopée dans le Gers, ont l'objectif de cultiver ensemble arbres et légumes. Leur projet occupe trois hectares, dont 1,2 ha de surface maraîchère et 1200 m² d'abris. Les lignes d'arbres seront espacées de 20 m, avec un écartement de 5 m sur le rang et des petits fruits intercalés. Les maraîchers souhaitent forcer la concurrence entre les arbres et les cultures pour obliger les racines des arbres à descendre et à engendrer moins de concurrence hydrique avec les légumes cultivés sur billons. Les arbres devraient apporter de la matière organique, tempérer les à-coups climatiques, abriter une faune utile et apporter un revenu supplémentaire par leur production de fruits. Une « forêt comestible » devrait aussi être plantée. La ferme Canopée, fondée par Patrick Adda et Pierre Pujos, attend d'autres projets d'installation. En effet, il reste de la place pour plusieurs maraîchers et un paysan boulanger.


Azote or not azote ?
Vianney ESTORGUES, Auteur ;
Solenn PERENNEC, Auteur
Les producteurs bretons d'artichauts et choux-fleurs biologiques s'interrogent sur la nécessité de réaliser un apport de fertilisant en fin d'hiver. Des essais ont été réalisés sur ce thème chez cinq agriculteurs bio du Finistère. Sur artichaut de troisième année, l'apport de fertilisation en janvier a permis un gain de rendement significatif, se traduisant par un gain économique dans la plupart des cas. L'an dernier, le même essai sur artichaut de deuxième année avait montré une tendance favorable à la fertilisation, mais pas de différences significatives. Les apports d'azote en fin d'hiver sur artichaut sont bien valorisés car les courbes de minéralisation de l'azote et de mobilisation sont similaires. Concernant les choux-fleurs tardifs, l'apport de fertilisants organiques en fin d'hiver entraîne un surcroît de minéralisation en mars et avril, mais pas en mai et juin. De ce fait, cet apport n'est pas valorisé et n'a pas d'intérêt sur cette culture. Il est plutôt conseillé d'implanter les choux-fleurs après un précédent libérant beaucoup d'azote, par exemple une interculture de légumineuses, ou d'apporter des effluents de ferme en été. Ceci est suffisant pour obtenir les calibres moyens recherchés en agriculture biologique.


Une alternative au soufre et au cuivre
RÉUSSIR FRUITS ET LÉGUMES, Auteur
Les sucres sont expérimentés comme alternative au soufre et au cuivre dans différentes situations : pyrale du maïs et du melon, carpocapse de la pomme, mildiou de la vigne, etc. En pommier, les essais menés pendant cinq ans dans différents pays montrent une efficacité du D-fructose ou du saccharose allant de 20 à 60% par rapport au témoin traité. Le sucre peut aussi être utilisé pour améliorer l'efficacité d'insecticides biologiques ou chimiques, avec un gain d'efficacité moyen de 30%. En laboratoire, de bons résultats ont été obtenus avec du glucose et du tréhalose contre les nématodes et l'oïdium. L'efficacité des sucres serait due à leur rôle d'éliciteur, induisant des mécanismes de protection des plantes avant, pendant et après l'attaque. Le transfert de cette technique aux agriculteurs est étudié par une équipe de sociologues dans le cadre du projet Usage.


Pour optimiser les résistances variétales
RÉUSSIR FRUITS ET LÉGUMES, Auteur
Un modèle mathématique a été conçu pour mieux gérer les résistances variétales. En s'appuyant sur ce modèle, une parcelle d'un verger a été plantée avec un mélange de variétés en janvier 2012, en partenariat avec l'IFPC (Institut français des productions cidricoles). Le mélange s'effectue soit entre les rangs, soit sur le rang avec 3 ou 6 variétés. Les modalités ont été indiquées par le modèle et prennent en compte le niveau de résistance et les périodes de floraison et cueillette. Les variétés ainsi retenues ont été Judor, Dabinett et Douce de l'Avant pour les mélanges à trois variétés, complétées par Keramère, Bisquet et Avrolles pour les mélanges à six variétés. Les conclusions de l'étude sont attendues en 2015. Parallèlement, des travaux de recherche sur la sensibilité à la tavelure de deux mélanges de variétés sont en cours à l'INRA. Si les différentes études sont concluantes, l'IFPC envisage de proposer aux agriculteurs des mélanges variétaux moins sensibles à la tavelure et aux qualités organoleptiques reconnues.


Des alternatives au désherbage chimique
Gilles LIBOUREL, Auteur
Le système alternatif au désherbage chimique le plus pratiqué est la combinaison du travail du sol sur le rang et l'enherbement permanent entre les rangs. Le plus efficace reste la combinaison de plusieurs méthodes et outils, dans une optique à la fois de lutte contre les adventices et d'entretien du sol. L'entretien de la ligne de plantation du verger peut passer par l'utilisation de bâches tissées, le brossage du sol ou le maintien d'un enherbement permanent. Le travail du sol est la méthode la plus classique, à combiner avec l'utilisation d'engrais verts en réfléchissant les périodes de présence de l'engrais vert en fonction du risque de campagnol. Il est nécessaire de combiner différents outils de travail du sol. Les outils à disques peuvent travailler des couverts bien développés et brassent bien le sol. Les outils à lames sont les plus économes par passage et peuvent travailler rapidement. Le système de débuttage-buttage par versoir décavaillonneur et disques est un système plutôt économe en énergie et maintenance. Les outils rotatifs hydrauliques sont très performants, mais les plus gourmands en énergie par passage et les plus lents. Des critères de choix des outils sont donnés.


La bio a de l'ambition
RÉUSSIR FRUITS ET LÉGUMES, Auteur
L'agriculture biologique est en pleine expansion, avec des ventes toujours en croissance chez les opérateurs de fruits et légumes biologiques, malgré un contexte économique difficile. Pour le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, l'enjeu n'est pas seulement le développement de la production, mais aussi de la transformation, de la commercialisation et de la consommation. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles au bio local et de saison. En conséquence, la part des produits bio importés dans les produits bio consommés se réduit. La consommation et les volumes continuent à augmenter ; l'entrée du bio dans les grandes surfaces entraîne plutôt une baisse des prix. Cependant, on peut s'interroger sur l'avenir de l'équilibre entre l'offre et la demande : l'offre va continuer à augmenter au vu des surfaces actuelles en conversion, tandis que la croissance de la demande ralentit. L'APCA (Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture) insiste sur les besoins de recherche et d'aide pour l'agriculture biologique. La restauration collective est un moteur important de consommation de produits bio. Les principaux résultats du baromètre Agence Bio / CSA sur la consommation bio sont donnés. Au niveau européen, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont les principaux consommateurs de produits biologiques, alors que l'Espagne, forte exportatrice, consomme peu.


S'installer les mains dans l'eau
Guy DUBON, Auteur
Maud Vanlaer s'est installée dans l'Hérault pour produire de la spiruline, une algue microscopique appréciée pour sa valeur nutritionnelle et sa richesse en protéines. La spiruline est cultivée dans des bassins saumâtres peu profonds, sous serre et filets d'ombrage. Cette culture délicate demande un suivi journalier en période de croissance pour assurer une bonne maîtrise de la température, du pH et des éléments nutritifs. Dans de bonnes conditions, la spiruline peut augmenter sa masse d'un tiers par jour. L'eau des bassins est brassée en journée par des pompes, arrêtées la nuit. Ainsi, la spiruline remonte à la surface et forme une crème très épaisse qui est récoltée manuellement, puis pressée, déshydratée et conditionnée sous vide. La spiruline est ensuite commercialisée en direct dans deux boutiques paysannes locales. Cette vente directe devrait permettre à Maud Vanlaer de se dégager un revenu au moins égal au Smic. La spiruline lui a permis de s'installer sur peu de surface et avec un investissement modéré. Elle souhaite à l'avenir développer une culture de framboises biologiques.