- Titre :
- FOURRAGES, N° 215 - Changement climatique, prairies et systèmes fourragers (II) - Septembre 2013 - Bulletin N° 215 - Changement climatique, prairies et systèmes fourragers (II)
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/09/2013
- Année de publication :
- 2013
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Prairies et changement climatique
Jean-François SOUSSANA, Auteur
Le changement climatique est une réalité, confirmée par le 4ème rapport du GIEC. Les variables climatiques (température, pluviométrie et teneur atmosphérique en CO2) ont augmenté, avec un accroissement de la variabilité climatique et des extrêmes. Dans ce contexte, l'agriculture doit faire face à un double défi : lutter contre le changement climatique et s'y s'adapter. En France, l'agriculture est responsable de près de 20 % des émissions de GES et doit donc participer à l'effort de réduction des émissions, mais aussi stocker du carbone, économiser du fuel et produire de l'énergie à partir de biomasse. L'adaptation de l'agriculture au changement climatique nécessite des recherches coordonnées aux échelles nationale, européenne et internationale. La recherche sur les interactions entre changement climatique et prairie a progressé ces dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire pour bien anticiper les changements. Malgré la hausse du taux de CO2, la production des prairies n'augmentera probablement pas à cause du déficit hydrique estival plus important. L'évolution de la composition floristique des prairies permanentes modifiera la qualité des fourrages. Il sera probablement nécessaire d'adapter le choix des espèces et la gestion des prairies face aux extrêmes climatiques.
Contribution de l'élevage bovin aux émissions de GES et au stockage de carbone selon les systèmes de production
Jean-Baptiste DOLLE, Auteur ;
P. FAVERDIN, Auteur ;
Jacques AGABRIEL, Auteur ;
ET AL., Auteur
En France, l'agriculture est responsable de 18,8% des émissions de gaz à effet de serre, dont 10% liées aux exploitations bovines. L'élevage bovin est un fort contributeur aux GES, mais peut compenser jusqu'à 28% de ces émissions grâce au stockage de carbone. Le bilan entre les émissions de GES et le stockage du carbone par l'élevage bovin français est de 39,5 t CO2eq émis. Ces émissions sont dues pour 34% aux vaches laitières alors qu'elles ne représentent que 19% des effectifs bovins. D'après les analyses de cycle de vie, les systèmes laitiers émettent entre 0,5 et 0,8 kg de CO2eq par kg de lait produit et les systèmes allaitants entre 8,2 et 10,8 kg de CO2eq par kg de viande vive. Les émissions de GES par l'élevage bovin, et en particulier laitier, ont diminué de 15 à 20 % entre 1990 et 2010. La capacité de stockage de carbone des exploitations bovines dépend des changements d'usage des sols et des pratiques. L'évaluation des émissions et l'analyse des leviers d'atténuation à l'échelle de systèmes doivent également considérer les complémentarités entre filières viande et lait.
Impact économique du changement climatique sur l'alimentation animale et l'élevage dans l'Union Européenne
P. AGHAJANZADEH-DARZI, Auteur ;
P.-A. JAYET, Auteur
Les répercussions du changement climatique sur les productions végétales, et en particulier les productions fourragères, ont fait l'objet de nombreuses simulations. Cette étude propose d'aller plus loin en couplant les résultats d'un modèle de culture (STICS) avec ceux d'un modèle agro-économique (AROPAj) pour évaluer l'impact économique pour l'exploitation d'élevage. La marge brute agricole des pays européens augmente dans la majorité des scénarios climatiques testés. Le changement climatique induirait une augmentation de la part de terres allouées aux cultures fourragères, et une diminution des surfaces en prairies. On peut aussi prévoir, dans un futur lointain, une hausse des émissions de N2O liée à la consommation d'intrants. Cet effet pourrait être atténué par l'instauration d'une taxe sur les émissions d'origine agricole. L'adaptation des systèmes de production contribuerait fortement à la diminution de la surface de prairies, se traduisant par une hausse des émissions de GES.
Caractérisation du changement et de la variabilité climatiques en vue de l'adaptation des systèmes fourragers à base d'herbe
M. SAUTIER, Auteur ;
R. MARTIN-CLOUAIRE, Auteur ;
Michel DURU, Auteur
Afin d'adapter les systèmes d'élevage herbagers au changement climatique, des indicateurs ont été mis au point pour caractériser l'exposition de l'exploitation. Ces indicateurs sont basés sur la temporalité et la durée des saisons fourragères et sur le bilan fourrager. La caractérisation d'années fourragères permet de compléter cette approche. A l'avenir, on s'attend à un été et une fin d'hiver plus précoces, ainsi qu'un plus grand déficit d'herbe en été. Certains types d'années climatiques fréquents dans le passé ne se produiront pas ou peu dans le futur et inversement : les trois types d'années les plus fréquentes, qui représentaient 71 à 77% des cas dans le passé, ne représenteront plus que 20 à 53% des cas dans le futur. Il sera donc nécessaire de réajuster profondément les systèmes d'élevage. La représentation graphique des années fourragères est un outil pour faciliter l'adaptation des systèmes d'élevage, car elle permet de visualiser l'ampleur des adaptations nécessaires.
Systèmes d'élevage et changement climatique : perceptions d'éleveurs et stratégies d'adaptation aux aléas
J.-M. NOURY, Auteur ;
Simon FOURDIN, Auteur ;
Y. PAUTHENET, Auteur
Face à l'augmentation des aléas climatiques, les éleveurs développent différentes stratégies d'adaptation pour sécuriser la production de fourrages. Trois programmes de recherche, dans le Grand Ouest, le pourtour Méditerranéen et les Alpes du Nord, ont permis de créer une typologie de ces stratégies d'adaptation. On observe un gradient de stratégies d'adaptation : gestion de crise, modification de pratiques en année sèche, modification du système d'exploitation et enfin changement de système. La gestion de crise consiste à acheter du fourrage ou réduire la taille du cheptel pour faire face à une sécheresse. Les modifications de pratiques limitent l'impact d'une sécheresse : mobiliser les cultures à double fin et les surfaces peu productives, irrigation d'appoint, etc. Le système peut aussi être modifié, de manière à le rendre plus résistant : modification du système fourrager, intensification ou extensification des surfaces
Si l'adaptation ne suffit pas à assurer la pérennité de l'exploitation, les éleveurs introduisent une rupture dans leur système, comme par exemple la recherche de valeur ajoutée. Les enquêtes réalisées amènent à s'interroger sur l'efficacité et la durabilité de ces adaptations. De manière plus générale, l'accompagnement des agriculteurs dans les changements à venir est un point important.
Variabilité interannuelle des productions fourragères de 2000 à 2011. Analyse par région à partir d'observations en fermes
Jean DEVUN, Auteur ;
JC. MOREAU, Auteur ;
Michel LHERM, Auteur ;
ET AL.
Le suivi de 1196 fermes du dispositif des Réseaux d'Elevage entre 2000 et 2011 a permis de faire un état des lieux de la variabilité de la production fourragère, en relation avec le système de production et le contexte pédoclimatique. En première coupe, le rendement moyen des récoltes d'herbe est de 3,95 t MS/ha, avec des fortes variations entre filières (bovin viande, bovin lait et ovin viande). Les rendements respectifs de maïs ensilage et céréales d'automne sont de 12,4 t MS/ha et 57,3 q/ha. A l'échelle des exploitations, le rendement des prairies est nettement plus variable que ceux du maïs ensilage et des céréales. Les écarts de variabilité interannuelle des rendements entre les exploitations s'expliquent, en partie, par les grandes régions d'élevage (11 à 16%) et régions ISOP (près de 30%). Ceci est probablement lié au niveau d'aléas climatiques et permet de distinguer différents types de régions en fonction du niveau et de la variabilité des rendements.
Conception d'un système fourrager bioclimatique : la démarche initiée à Lusignan
Sandra NOVAK, Auteur ;
R. DELAGARDE, Auteur ;
Jean-Louis FIORELLI, Auteur
Face au changement climatique et à la diminution des ressources en énergie fossile, l'INRA de Lusignan mène un projet de recherche visant à concevoir et évaluer un système fourrager innovant. L'objectif est de concevoir un système laitier qui valorise au mieux les conditions du milieu, s'adapte au changement climatique tout en économisant les ressources en voie de raréfaction. Pour cela, une approche agroécologique est utilisée : associations et diversification d'espèces, recyclage de l'eau et des nutriments, utilisation des légumineuses et développement du pâturage. La diversification des ressources fourragères concerne à la fois les espèces herbacées et ligneuses, ce qui permet d'explorer un maximum de strates aériennes et souterraines grâce à des systèmes multi-étagés. Le pâturage permet de limiter la consommation énergétique, tout comme l'utilisation de plantes pérennes ou auto-ressemées. L'approche « système-expérimentation » a été retenue pour tester ce système fourrager. Des réflexions sur le choix des ressources fourragères sont également menées pour augmenter la période de pâturage sur l'année. Concernant le troupeau, la stratégie de reproduction et l'évolution génétique vers plus de rusticité sont des points abordés. Ce projet, nommé OasYs, a débuté en Juin 2013, par une phase de transition pour modifier le système initial.
S'adapter ensemble (éleveurs, conseillers, chercheurs) au changement climatique : enjeux et exemple du Rami fourrager®
Mathilde PIQUET, Auteur ;
Brigitte FRAPPAT, Auteur ;
Philippine GIN, Auteur ;
ET AL., Auteur
Le changement climatique impacte tous les domaines et les acteurs de l'élevage, ce qui nécessite de réinventer la gestion des élevages, le conseil et la recherche. En effet, les éleveurs doivent en permanence gérer l'incertitude, ce qui rend le pilotage des exploitations de plus en plus complexe. Le conseil doit s'adapter à cette évolution et nécessite le développement d'outils d'accompagnement collectifs, localement adaptés et combinant des connaissances de différentes natures. Le Rami fourrager est un outil sous forme de plateau de jeu qui articule des connaissances scientifiques et pratiques et s'utilise lors d'ateliers, après avoir été adapté au contexte local. Les ateliers se déroulent en trois phases : présentation de l'atelier, boucle de conception-évaluation et discussion collective. Cet outil est adapté pour réfléchir sur des systèmes assez diversifiés sur le plan des productions fourragères. Il permet d'avoir une discussion et une argumentation collective pour accompagner les éleveurs dans la recherche de solutions localement adaptées.
Quels outils pour évaluer des systèmes fourragers adaptés au changement climatique ?
Matthieu CAROF, Auteur ;
M. MARIE, Auteur ;
J. PAVIE, Auteur
Face au changement climatique, les éleveurs et les chercheurs sont conduits à imaginer de nouveaux systèmes fourragers adaptés. Pour mener à bien cette démarche, il est important de disposer d'outils pour évaluer les systèmes fourragers adaptés au changement climatique. Afin de bien choisir l'outil à mobiliser, six caractéristiques sont à prendre en compte : type de système, échelles spatio-temporelles, dimension de la durabilité à évaluer et critères associés, utilisateurs de l'outil, type d'information en sortie d'évaluation et capacité à générer des systèmes alternatifs. Une liste des outils existants est donnée, puis deux d'entre eux sont présentés plus en détail. EDEN s'appuie sur l'analyse de cycle de vie pour évaluer la durabilité d'exploitations agricoles. MCASTER évalue la durabilité de systèmes de production par agrégation multicritère. Cependant, peu d'outils évaluent spécifiquement le système fourrager, mais plutôt le système de production dans son ensemble ou l'exploitation agricole.