- Titre :
- BIODYNAMIS, N° 85 - Avril 2014 - Bulletin N° 85
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2014
- Année de publication :
- 2014
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Choisir entre rendement et qualité
Hugues DOCHE, Auteur
Hugues Doche est agriculteur en biodynamie en Dordogne. Il explique comment sa réflexion a évolué, grâce à la pratique, et grâce aux idées nouvelles impulsées par Alex Podolinsky, Australien. La formulation de la « loi de l'humus » par Pfeiffer, par exemple, a complètement modifié sa compréhension concernant le mode de nutrition de la plante : c'est dans l'humus seul, et plus particulièrement dans ce que Pfeiffer appelle "humus neutre colloïdal", que la plante peut épanouir sa "nature propre". Ce type d'humus ne peut se créer que si les conditions de vie du sol sont réunies : eau sans excès (drainage), air, chaleur. L'auteur apporte un certain nombre d'éclairages : loi de l'humus, solution colloïdale, transpiration et photosynthèse, systèmes racinaires, dégradation/organisation
Clé de voûte d'un ensemble de pratiques permettant la constitution rapide d'humus en abondance et jusqu'en profondeur, la biodynamie offre aussi, pour l'auteur, la possibilité de construire, pour tous les types de production, une "nouvelle sagesse paysanne".


Le citron
Joël ACREMANT, Auteur
Le Citrus lemonum ou Citrus medica tient une place importante dans la liste des végétaux comestibles. Originaire d'Inde, sa culture a ensuite gagné toute la région méditerranéenne. En agriculture biologique, c'est la variété « Primofiori » d'Espagne que l'on rencontre le plus souvent. La constitution du fruit est rappelée, ainsi que sa composition, non seulement la présence, bien connue, de vitamine C, mais aussi celle d'un certain nombre d'autres vitamines et minéraux. L'acide citrique qu'il contient, en parcourant le chemin de la digestion, est générateur d'alcalinité dans l'organisme et a un effet déterminant sur la rétention du calcium, selon les diététiciens. Son action antiseptique et bactéricide permet de lutter contre diverses maladies infectieuses, il renforce les défenses naturelles, fluidifie la circulation du sang, combat les lithiases urinaire et biliaire, exerce une action bénéfique sur le taux de cholestérol sanguin, etc. La liste de ses propriétés bénéfiques pour l'organisme est donc longue. Son essence, extraite par simple pression à froid de son écorce, et non par distillation à la vapeur d'eau contrairement aux autres huiles essentielles, permet de bénéficier des vertus du citron d'une autre manière. Les naturopathes préconisent de l'utiliser, entre autres, pour son action préventive et curative dans les cas d'infections virales et bactériennes, y compris en diffusion - toujours en respectant les précautions d'emploi liées à l'usage des HE. Le citron, en jus, offre également des possibilités d'usages domestiques, vétérinaires et cosmétiques. En cuisine, il est largement présent ; on utilise tant son jus que son zeste ou même son essence, pour élaborer des plats ou des boissons.


Renouveau de l'agriculture, renouveau de la société
Gauthier BAUDOIN, Auteur
Marc Desaules a donné, à l'occasion de l'assemblée générale du Mouvement de l'Agriculture Biodynamique, une conférence dont le résumé est présenté ici. Il examine comment se développe le processus d'intégration d'un mouvement de changement propre à renouveler la société. Selon lui, ce processus se fait toujours à travers l'économie, les relations marchandes, et les freins viennent en grande partie de ce que les consommateurs ne sont pas prêts à en payer le prix. Il s'appuie, pour expliquer sa pensée, sur le constat énoncé par Rudolf Steiner, selon lequel nos règles économiques suivent encore des principes développés dans un monde en expansion, alors que nous vivons dans un monde qui suit les lois d'un système clos. Pour Rudolf Steiner, il faudrait impérativement développer deux principes dans le monde économique, à savoir celui du « prix juste » et celui du « crédit personnel ». Un prix « juste » ne devrait pas se fixer librement selon le principe de l'offre et de la demande : le prix d'un bien devrait permettre au producteur de ce bien de satisfaire tous ses besoins jusqu'à ce qu'il puisse à nouveau fabriquer un autre bien. De plus, selon Marc Desaules, la réalisation de « vrais prix » crée le terrain propre à la créativité et au développement de chacun pour répondre aux besoins des autres. Aujourd'hui, alors qu'on assiste à une certaine paupérisation des travailleurs, sans véritablement changement en la matière, notre égoïsme risque de casser l'ensemble de l'humanité ; il faut donc trouver le moyen d'engager un cercle vertueux où tout le monde paye plus au bénéfice de tous. Concrètement, une ferme peut se protéger de cette tendance des consommateurs à vouloir payer moins en faisant preuve d'une totale transparence sur les besoins des producteurs afin de justifier les prix de vente. Le principe du « crédit personnel », lui, repose sur l'idée que l'argent est de « l'esprit réalisé dans la société », et que le prêt ne doit exister que pour permettre aux personnes qui ont des idées de financer leurs projets ; en conséquence, l'argent prêté devrait purement disparaître si l'idée n'était pas bonne. L'auteur propose une analyse détaillée des implications de ce principe. Puis il décline l'un et l'autre des deux principes à l'entreprenariat agricole, en racontant comment, concrètement, dans sa propre ferme en Suisse, il a adapté le cadre juridique de la SA Aubier pour le rendre compatible avec la dignité propre des actionnaires-agriculteurs, sur un modèle très proche de l'idéal de Rudolf Steiner.