- Titre :
- TRAVAUX ET INNOVATIONS, N° 211 - Octobre 2014 - Bulletin N° 211
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/10/2014
- Année de publication :
- 2014
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Alpes-Maritimes : « A Mouans-Sartoux, les élèves mangent 100% bio »
Agnès CATHALA, Auteur
Mouans-Sartoux est la première ville de plus de 10 000 habitants à proposer des repas 100% bio pour toute sa restauration collective (cantines scolaires, crèches, personnel municipal). Pour y arriver, la commune a créé une régie municipale agricole et embauché un employé chargé de produire les légumes. Le maire, André Aschiéri, très engagé dans les domaines de la santé et de l'environnement à l'échelle nationale, a largement contribué à la mise en place du projet. La ville a aussi signé la charte du Programme national nutrition santé. La progression du taux d'incorporation de produits bio dans les cantines a été rapide : de 4% en 1999, on est passé à 25% en 2009, puis 50% en 2010, et 100% au premier janvier 2012... sans augmentation du coût du repas. Au contraire, si « avec 20% de bio en 2008, les denrées alimentaires coûtaient 1,90 euro par repas, en 2013, ce coût est de 1,86 euro avec 100% bio ». Mais comment ont-ils fait ? L'achat d'un domaine agricole en 2010 par la commune a été déterminant. La commune est en effet à l'abri de la fluctuation des prix. Autre élément : la lutte contre le gaspillage, réduit en un an de 75%, grâce à des actions de sensibilisation. Les enfants participent à de nombreux projets pédagogiques liés à l'alimentation et vont aider dans le domaine communal. Les résultats sont analysés par l'observatoire de la restauration durable, mis en place en 2012. Ainsi, 66% des personnes interrogées indiquent qu'elles ont changé leurs habitudes alimentaires, grâce aux actions de sensibilisation autour des cantines. A noter que les enfants sont parfois moins enthousiastes, soulignant que les légumes sont trop présents dans les menus, et les goûters pas assez variés ! Un site Internet retrace cette expérience en proposant des fiches sur chacune des actions : http://restauration-bio-durable-mouans-sartoux.fr/


L'importance de l'organisation du travail dans les systèmes agro-écologiques
Marion VANDENBULCKE, Auteur
Pour étudier les changements de trajectoire des agriculteurs vers des systèmes agroécologiques, Benoît Dedieu, chercheur à l'Inra de Clermont-Ferrand, a monté le Réseau Mixte technologique (RMT) « Travail en élevage », où il creuse le lien travail/adaptation/innovation. Il est également chef du Département Sciences pour l'Action de Développement depuis 2012. Il détaille, dans cet article, ce qu'est un système de productions agroécologiques et les « hautes performances », et ce que cela induit pour l'éleveur. Si deux des trois critères de l'agriculture durable sont bien étudiés (performances environnementales et économiques), il n'en va pas de même pour le troisième : la performance sociale, car « il n'y a pas aujourd'hui de vision partagée des indicateurs d'évaluation de la dimension sociale de l'agriculture ». L'une des difficultés pour systématiser ces indicateurs est la singularité des fermes, toutes différentes les unes des autres dans leur conformation sociale, géographique, productive, etc. Du coup, le technicien agricole devrait être plus là pour accompagner le changement et diminuer la peur de l'inconnu que pour donner des recettes. Le chercheur affirme en conclusion que différents systèmes (conventionnels, alternatifs dont bio) peuvent coexister et même s'enrichir les uns les autres : l'agriculture de précision peut en effet apporter des données aux tenants de l'agroécologie... qui en retour fournissent aussi les critères pertinents à observer, puis modéliser.


Re-Sources : un programme de préservation de l'eau en Poitou-Charentes
Elsa EBRARD, Auteur
La Région Poitou-Charentes connaît de nombreux problèmes de pollution de l'eau par les nitrates et par les produits phytosanitaires, l'agriculture étant responsable d'une partie importante de ces pollutions. Devant l'augmentation continuelle de cette pollution, l'État en 2000, suivi par la Région en 2005, a mis en place le programme Re-Sources. Objectif : agir auprès des acteurs de terrain (collectivités, agriculteurs, habitants, industries...) pour limiter l'utilisation d'intrants. Avec des financements multi-partenariaux (État, Europe, Région, départements, agence de l'eau...), 45 millions ont été investis entre 2007 et 2013, dont 35 millions pour le développement agricole. Première étape : le diagnostic individuel d'exploitation, pour identifier les risques de pollution, tant du point de vue des itinéraires techniques, que du matériel et des produits utilisés. Puis, des mesures agro-environnementales territorialisées (MAEt) ont été proposées : gestion extensive des prairies, reconversion de terres arables en prairies, diminution de la fertilisation et des traitements pesticides sur les grandes cultures, et conversion ou maintien de l'agriculture biologique. Communes et industriels ont également été sensibilisés. Résultats : les concentrations en nitrates et pesticides ont tendance à se stabiliser sur les dix dernières années. Mais, il subsiste des pics de concentration, suivant les conditions climatiques. Un article (p.31-32) illustre ce programme, avec la description de deux contrats quinquennaux sur le territoire des plaines et vallées de Niort, avec la mise en place de mesures telles que les changements de pratiques agricoles, la structuration de filières biologiques et des mesures agro-environnementales. L'embauche d'un animateur agricole a facilité cette mise en place. Toutes ces actions ont eu des effets boule de neige (22 agriculteurs bio sur une SAU de 1496 ha). Cependant, à noter quelques freins à la mise en place de ces programmes : conjoncture de prix élevés des céréales (non incitatifs pour passer en bio), mesures vécues comme des contraintes par certains agriculteurs, fin des aides MAEt en 2012...