- Titre :
- CAMPAGNES SOLIDAIRES, N° 306 - Mai 2015 - Bulletin N° 306
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/05/2015
- Année de publication :
- 2015
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


La méthanisation : Une technique qui fait débat
Suzie GUICHARD, Auteur ;
Georges BARONI, Auteur ;
Jacques PASQUIER, Auteur
La méthanisation, qui consiste à faire se dégrader les matières organiques par des bactéries dans un milieu sans oxygène (anaérobie), avec la production, d'un côté, de méthane (CH4) ; et, de l'autre, du digestat, dans lequel on retrouve tout l'azote de la matière organique. Le gaz produit est transformé en électricité et chaleur ou injecté dans le réseau. Une tonne de lisier produit entre 7 et 16 m3 de méthane, alors que le maïs en produit entre 95 et 330 m3. Résultat : en Allemagne, où existent plus de 7000 unités de méthanisation (contre 200 aujourd'hui en France), 800 000 hectares sont cultivés (essentiellement en monoculture de maïs) uniquement pour produire du biogaz... au détriment donc de surfaces agricoles alimentaires... Et la ferme des 1000 vaches, en France, envisage de vendre le lait comme étant un sous-produit du biogaz, donc à des prix défiant toute concurrence. Par ailleurs, les trois articles de ces deux pages décrivent un rendement énergétique faible, une fois que toutes les dépenses énergétiques sont comptabilisées : depuis la production de la culture (si elle est spécifiquement réalisée pour le digesteur), le transport de la matière organique au digesteur, les pertes dans le méthaniseur (en moyenne de 2 à 4% de la production), le groupe électrogène qui fait tourner le méthaniseur, l'énergie dépensée pour aller ensuite épandre le digestat... Cela explique qu'il faille des subventions pour qu'un tel système se développe et que sur 45 sociétés dont les comptes ont été examinés, seulement deux soient rentables...


Mettre l'énergie au service d'une filière économique locale : Electricité Larzac solaire : autonome et solidaire
Sophie CHAPELLE, Auteur
Ce texte présente l'initiative de paysans du Larzac qui se mobilisent pour produire leur propre électricité. L'idée est de placer des panneaux photovoltaïques sur les toits d'une dizaine de fermes réparties sur six communes. L'énergie produite (336 MWh) serait vendue pour permettre, à terme, de restaurer le patrimoine bâti. Pour les rachats d'électricité, des contacts ont été pris avec Enercoop Midi-Pyrénées et EDF. Seul problème, l'investissement requis : 420 000 euros. Pour obtenir un emprunt auprès des banques, la Société civile des terres du Larzac (SCTL), maître d'uvre du projet, doit réunir 20% de cet investissement. Elle s'appuie pour cela sur un Fonds citoyen de l'association nationale « Énergie Partagée ».


Chauffage : Une filière bois-énergie au service de l'économie locale
Sophie CHAPELLE, Auteur
Le bois-énergie, issu notamment de l'entretien des haies, permet de produire de l'énergie à la ferme. L'exemple présenté dans cet article se passe aux confins de la Creuse, de l'Indre et du Cher, où des agriculteurs se sont organisés en SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) en 2011, pour conserver les haies, et pour en exploiter les résidus d'entretien. Cette SCIC, appelée Berry Énergies Bocages, associe particuliers, paysans et collectivités, donc du producteur au consommateur, en passant par les élus locaux, eux-mêmes utilisateurs dans leur chaufferie collective de bâtiments publics (comme à Neuvy-Saint-Sépulchre 1700 habitants -, où gendarmerie, gymnase, collège... sont raccordés à ce type de chaufferie). Comme il existait déjà une CUMA, l'investissement a été minime (seul le déchiquetage a été sous-traité à une autre CUMA voisine). 100 mètres de haies permettent de produire entre 30 à 50 m3 de plaquettes (une maison en consomme annuellement autour de 40 m3). A titre d'exemple, la ferme de 73 ha d'un des membres peut vendre 150 m3 par an. Par ailleurs, les adhérents de la SCIC ont mis en place une charte de défense des haies, où il est clairement stipulé qu'il est interdit d'arracher une haie à partir de laquelle on a fait des plaquettes que l'on a vendues.


Se réapproprier l'énergie
Sophie CHAPELLE, Auteur ;
Benoît DUCASSE, Auteur
Deux alternatives énergétiques sont décrites ici : l'huile végétale brute (HVB) et le petit éolien. Concernant l'HVB, depuis 2005, les paysans limousins adhérents de l'association Roulons vers (25 paysans dont 7 en bio) ont mis en place un atelier de pressage itinérant, constitué d'un trieur, d'une presse et d'un filtre, ainsi que quatre sites de pressage pour éviter de multiplier les transports. Ils pressent du colza ou du tournesol, soit issus de leur ferme, soit dont les graines ont été achetées. Au moment du lancement de l'association, les paysans ont en profité pour faire un comparatif de consommation énergétique entre cultures bio et non bio. Résultats : le rendement énergétique en bio est deux fois plus élevé qu'en conventionnel. L'huile produite est utilisée soit directement en carburant, soit, après décantation, en huile alimentaire. Les tourteaux sont utilisés pour l'alimentation animale, où la demande en tourteaux fermiers augmente. Mais face à la montée des prix des graines ces dernières années, un certain nombre d'adhérents ont préféré vendre leurs graines plutôt que de les triturer. Heureusement, la demande en huile alimentaire fermière augmente elle aussi, ce qui a permis de réorienter un peu le marché. Quant à l'éolienne paysanne, celle de la ferme de la Pignerie, en Ille-et-Vilaine, est présentée : auto-financée, auto-construite et auto-entretenue, et qui produit un quart des besoins de cette ferme (vaches allaitantes, poules pondeuses, brebis...). L'éolienne Piggott, dont il existe 150 modèles installés, a été montée en chantier participatif avec le soutien de l'association Tripalium (24 m de haut, 7000 euros). Avec les prix actuels de l'électricité, elle sera rentabilisée dans une dizaine d'années, mais la démarche est essentiellement militante, et tournée vers l'autonomie. Dans un 3ème article, Jean-Luc Bochu, de Solagro, conseille aux candidats à l'installation d'énergies renouvelables à la ferme, tout d'abord de se renseigner sur l'existence d'un plan régional de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAE), puis de faire un diagnostic de l'ensemble du système de production, car l'approche doit être globale (production, intrants, sol, biodiversité...). Et de se rapprocher des alternatives comme Enercoop et d'autres projets d'énergie citoyenne qui relient producteurs et consommateurs d'énergie.


Agroécologie : Un monde paysan en marche !
Chantal JACOVETTI, Auteur
Du 24 au 27 février 2015, 200 délégués d'organisations paysannes et de la société civile, venus de 45 pays, se sont retrouvés à Sélingué, au Mali, pour le Forum international de l'agroécologie paysanne. L'occasion de réfléchir et de réaffirmer quelques concepts autour de ce terme. L'agroécologie paysanne décrite dans ce forum se base sur les savoirs ancestraux et les échanges paysans, savoir-faire et savoir-être. Elle est une alternative crédible aux multiples crises actuelles qui résultent en partie de choix liés à l'agriculture industrielle et au libre échange. A l'issue de ce Forum, une déclaration finale a défini neuf axes stratégiques (promotion de l'agroécologie, partage des savoirs et connaissances, construction de l'économie locale... Déclaration complète sur www.cnop-mali.org). La coordination nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP-Mali), organisatrice de cet évènement, travaille depuis 2009 à diffuser l'agroécologie paysanne.


L'innovation ouverte au service de l'agriculture paysanne et biologique
Benoît DUCASSE, Auteur
Au sein de l'ADABIO, groupement d'agriculteurs bio du nord de Rhône-Alpes, la diffusion horizontale des techniques et outils de production est depuis toujours un leitmotiv. Si bien qu'en 2009, un salarié et un adhérent ont l'idée, concrétisée en 2011, de développer ADABIO Autoconstruction pour répertorier les innovations paysannes en matériel agricole, exclusivement en bio, et les reproduire en les améliorant. Le succès est tout de suite au rendez-vous, avec 350 usagers durant les cinq premières années. La structure évolue ensuite en Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), en 2014. Elle est rejointe par différents groupes d'acteurs lors de son AG 2015 : des particuliers, des personnes morales, comme la couveuse d'activité « Les Champs du possible », le GAB du Finistère, ou l'association Hippotèse, qui promeut la traction animale ; mais aussi par les clubs d'investisseurs Cigale, autour de l'économie sociale et solidaire. Lors de cette même AG, le choix est fait d'essaimer dans d'autres régions de France (il existe déjà une antenne en Bretagne), toujours au service de l'agriculture paysanne et biologique. Pour le moment, la SCIC compte sept salariés, mais elle a voté le doublement de son budget (le montant à 800 000 euros). On trouvera des exemples de tutoriels pour auto-construire son matériel sur : www.latelierpaysan.org