- Titre :
- CAMPAGNES SOLIDAIRES, N° 310 - Octobre 2015 - Bulletin N° 310
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/10/2015
- Année de publication :
- 2015
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Un bétail plus sensible au parasitisme
Rémi GORGE, Auteur ;
TRANSRURAL INITIATIVES, Auteur
Ce court article retranscrit simplement une parole d'éleveur, « des sentiments nourris d'échanges avec des collègues » comme le dit Rémi Gorge, éleveur caprin en bio à Montfroc, dans le sud de la Drôme. Il y possède, avec sa femme, un troupeau de 40 chèvres, sur 65 hectares, et ils fabriquent une centaine de fromages par jour qu'ils vendent au marché hebdomadaire à Aix-en-Provence. Rémi fait plusieurs constats : les colonies d'abeilles s'effondrent, alors qu'il y a assez peu de cultures dans la zone. Les cueilleurs de plantes lui rapportent que les rendements en huiles essentielles ont été divisés par deux ces dernières années. Enfin, ses chèvres sont plus sensibles au parasitisme et les chevrettes sont plus fragiles et grandissent moins vite. Même si on peut tenter de comprendre avec des vétérinaires ce qui se passe, nous dit Rémi, « S'adapter c'est sympa, mais ça ne suffira pas ».


Le baromètre ne suffit plus
Henri DOUBLIER, Auteur ;
TRANSRURAL INITIATIVES, Auteur
Ce témoignage sur le changement climatique est apporté par Henri Doublier, céréalier et arboriculteur bio depuis 45 ans sur une exploitation de 130 hectares à Vaux-Sur-Lunain, en Seine-et-Marne. Il produit du blé, de l'orge, de la luzerne, du colza, du lin, des pommes. Il raconte que, depuis la fin des années 90, il a vu changer le régime des pluies et les températures : « Avant, on avait un climat océanique avec des pluies venant du Nord-Ouest. Aujourd'hui, les vents viennent du Sud-Ouest, et même du Sud très souvent ». Il a aussi constaté une augmentation des températures, qui l'ont obligé à revenir au labour. En effet, dans ses parcelles sans labour, il a constaté une remontée des silex qui chauffent les cultures, jusqu'à les déshydrater. Il prône une agriculture avec des variétés adaptées à l'agroécologie et à chaque terroir, de l'agroforesterie...


Cultiver l'autonomie pour lutter contre le changement climatique
Hélène BUSTOS, Auteur
Sur le Massif Central, 2500 paysans organisés en réseau expérimentent et mettent en uvre des pratiques favorisant des systèmes de production plus économes et autonomes. Avec les réseaux Civam et Adear, ils ont créé le réseau Agriculture durable de moyenne montagne (ADMM), en 2009, pour « favoriser le développement de systèmes de production plus économes et plus autonomes sur le Massif Central ». Gestion de l'herbe, réduction d'intrants, pratiques vétérinaires alternatives, diversification alimentaire ou non alimentaire des fermes : les thèmes travaillés sont nombreux et les rencontres entre paysans multiples. Quel rapport avec le changement climatique ? « Sur notre territoire, on est très sensible à la sécheresse, et l'autonomie fourragère est au centre des préoccupations », détaille Maxime Vial, de l'Apaba, association pour la promotion de la bio en Aveyron. Avec l'Inra de Toulouse, ils expérimentent des systèmes avec des semences fourragères diversifiées, et ils réfléchissent aux adaptations possibles à la ferme. Dans le Cantal, Cant'Adear, partenaire de ADMM, se prépare à l'abandon du maïs et au passage à l'herbe. Les diagnostics énergétiques qui accompagnent ces expérimentations montrent que dans ces systèmes alternatifs, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont en moyenne de 1,9 tonne équivalent (teq) CO2 par hectare, contre 4,7 teq CO2 par hectare en moyenne française. La diminution de la production de GES est donc l'un des nombreux effets positifs de ces systèmes alternatifs. Plus d'informations sur www.agriculture-moyenne-montagne.org


Haute-Vienne : Changer de système d'élevage pour résister à la crise
LA LETTRE DES PAYSANS DU CANTAL, Auteur ;
CAMPAGNES SOLIDAIRES, Auteur
Ils reviennent de loin, puisqu'ils ont failli tout abandonner en 2009, lors de la crise du lait. Ce couple d'éleveurs de bovins lait, sur 66 hectares en Haute-Vienne a alors opté pour une transformation fromagère partielle, et une désintensification : ils sont passés, en quatre ans, de 720 000 litres de lait par an à 275 000 litres vendus en laiterie et 50 000 litres transformés en fromages commercialisés en vente directe. Ce résultat est le fruit d'une réflexion autour de ce qu'ils souhaitaient vraiment : un système de production plus simple, plus de temps libre, plus de revenus avec un salarié en plus, plus de qualité... (des encadrés chiffrés comparent les deux systèmes, en 2008 et en 2013). Ils se demandent encore pourquoi ils ont attendu si longtemps avant d'opérer cette « transition » et, dans la foulée, sont en train également de passer en bio.