- Titre :
- BIOFIL, N° 115 - Janvier / Février 2018 - Bulletin N° 115
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/01/2018
- Année de publication :
- 2018
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Denis Valentin, dans la Drôme : "Rien n'est jamais acquis"
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Lauréat des Talents Bio du salon Tech&Bio 2015, Denis Valentin est céréalier bio à Beausemblant, dans la Drôme. Il présente son exploitation de 98 hectares, ses pratiques culturales, et comment son expérience l'amène sans cesse à les faire évoluer. Sa rotation courte maïs-soja-blé est fréquente dans la région, où elle valorise bien l'eau en secteurs irrigués (rendements moyens respectifs : 101 q/ha - 32 q/ha - 52 q/ha). En dehors de ces secteurs, il implante du tournesol et parfois des luzernières. Les couverts constitués d'associations d'espèces (2 à 5 différentes) sont considérés comme des cultures à part entière. L'agriculteur a participé à un programme d'expérimentation de réduction du travail du sol, dont les résultats sur dix ans ne l'ont pas incité à poursuivre (forte pression des adventices). Le contexte local est favorable à la céréaliculture en bio : les conditions climatiques et l'irrigation permettent de bons rendements, le mistral diminue les risques de maladie en asséchant l'air. De plus, la présence d'élevages de poules pondeuses assure des débouchés locaux. Denis Valentin retrace également la création du Groupement d'Intérêt Économique et Environnemental (GIEE) AgribioTech Albon dont il fait partie, ses objectifs et l'acquisition de matériel en commun, dont des outils de binage guidés par GPS.
La luzerne fraîche pour fertiliser le blé
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
En partenariat avec le GIEE « Fertiliser le blé d'hiver par la luzerne fraîche », avec la coopérative Dijon Céréales et la Chambre d'Agriculture de Côte-d'Or, le GAEC Neuvelle, en agriculture biologique, expérimente l'apport de luzerne fraîche comme fertilisant. Pierre Robin, associé du GAEC, explique les objectifs de la démarche (réponse à l'absence ponctuelle de débouchés pour la luzerne, volonté d'éviter l'exportation des éléments fertilisants), l'itinéraire technique (2ème ou 3ème coupe ensilée, épandage sur chaumes de soja, avant semis de blé). La mise en uvre de l'essai se révèle toutefois compliquée : il faut réaliser simultanément la récolte de la luzerne, son épandage et l'enfouissement superficiel pour perdre le moins d'azote possible par volatilisation. L'essai va être poursuivi quelques années, afin de valider la technique et de vérifier son intérêt économique.
Soja dans du blé de printemps : "un demi-échec"
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
En 2016, le GAEC bio de Neuvelle, en Côte-d'Or, a expérimenté le semis de soja dans du blé de printemps. L'objectif était d'effectuer une récolte et demie dans la même année, soit 25 q/ha de soja, comme en culture pure, auxquels s'ajouterait une demi-récolte de blé. Frédéric Rossignol présente l'itinéraire technique de l'essai (variétés, dates, doses et écartements de semis...), en indiquant la difficulté de semer le soja exactement au milieu des rangs de blé, même avec un guidage par RTK du semoir semi-porté. Normalement, la récolte du blé se fait en premier, mais, suite aux aléas climatiques de l'année (printemps humide et froid), le soja a dépassé le blé. Ils ont pu être récoltés simultanément à la mi-septembre, avec un rendement global de 25 q/ha, composé à 80 % de soja et 20 % de blé.
Oiseaux, rongeurs... : Lutter contre les nuisibles
Cécile MARCUS, Auteur
Pigeons, choucas des tours, corbeaux, corneilles, mouettes, campagnols, taupes : des agriculteurs témoignent de nouvelles techniques mises en place pour limiter les dégâts des animaux sur les cultures. Au GAEC laitier Ollivier-Sparfel, un effaroucheur sonore éloigne les corbeaux et choucas des tours, avec 50 signaux différents possibles ; en alternance avec un canon à gaz. En lutte high-tech, Pilgrim Technology propose un drone imitant le faucon. Cet oiseau mécanique est déjà utilisé dans certains pays européens, et fait ses preuves autour des déchetteries, des pistes d'aéroports... Contre les taupes et les campagnols, un travail du sol superficiel à l'aide d'un déchaumeur à disque vertical semble suffisant pour faire baisser les populations, rapporte Renaud Blanchet, chargé d'études en Haute-Marne. Une autre solution, présentée par Florent Tixier, associé du GAEC du Bourgnon, dans le Puy-de-Dôme, consiste à réaliser un décompactage tous les trois ans dans les zones d'infestation raisonnable. Au delà de 200 individus par hectare, il y associe une stratégie de piégeage. Cette méthode de lutte fait aujourd'hui l'objet d'expérimentations menées par la FDGDon Puy-de-Dôme. Pour favoriser la prédation, le Ctifl de Balandran, dans le Gard, s'est penché sur l'efficacité des aménagements agroécologiques pour attirer des espèces auxiliaires (perchoirs à rapaces, nichoirs, mares...). Michel Jay, chargé du programme biodiversité à la station expérimentale, confirme leur importante fréquentation par la faune mammifère et avicole.
Hausse des volumes en lait de vache : Confiance et vigilance
Frédéric RIPOCHE, Auteur
En 2017, près de 600 millions de litres de lait de vache bio ont été collectés. Benoît Rouyer, directeur Économie et territoires au Cniel, explique que la consommation de lait bio a reculé, mais que celle des autres produits laitiers bio a augmenté. Les volumes de collecte sont détaillés pour l'année en cours. Malgré un rythme de conversions qui ralentit après des années de forte croissance, les opérateurs prévoient 900 millions de litres de lait bio en 2019 et un milliard en 2020. D'un point de vue économique, le prix du lait bio a continué d'augmenter, mais reste marqué par une forte saisonnalité (prix moyen annuel en 2017 : de 460 à 480 /1000L). Sur le marché, la demande est bien présente, mais Benoît Rouyer relève l'arrivée de nouvelles démarches de différenciation (axées sur le social, le local, et initiées en Autriche et aux Pays-Bas), qui sont à la fois une menace et une opportunité (vivier de futurs producteurs bio). Pour Éric Guihery, secrétaire national de la filière laitière à la FNAB et producteur bio en Mayenne, le principal enjeu à venir est le renouvellement des générations d'éleveurs (freins dus en partie au devenir incertain des aides au maintien et à la conversion). Enfin, un encart sur le beurre bio revient sur la récente pénurie.
Débats à l'APCA : Les défis de la bio de demain
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le bio, mode de vie ou réflexe sanitaire ? Quels sont les nouveaux enjeux économiques ? Face au changement d'échelle de la bio, l'APCA a organisé des tables rondes, le 30 novembre à Paris, en invitant des ONG, des associations de consommateurs, des agences de l'eau. Les différents acteurs ont apporté leur point de vue sur le rôle de l'agriculture biologique, notamment à l'échelle de la France. Pour Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la Nature et l'Homme, la bio est une alternative au système conventionnel, qui doit restée ouverte au plus grand nombre. La bio est un modèle porteur de valeurs, qui doit mener les autres secteurs à se poser les bonnes questions, exprime Étienne Gangneron, élu référent bio à l'APCA et président de la Chambre d'Agriculture du Cher. Florent Gulh, directeur de l'Agence BIO, replace la bio au cur de différents débats actuels de la société. Quant à Patricia Blanc, directrice générale de l'Agence de l'eau Seine-Normandie, elle rappelle les intérêts de l'agriculture biologique sur les aires d'alimentation de captages d'eau. Côté consommateurs, l'écart des motivations se resserre entre santé, environnement et recherche du goût. Selon Karen Montagne, socio-anthropologue et spécialiste des comportements alimentaires, il n'y a plus de profil type du consommateur bio. Étienne Gangneron conclut sur l'enjeu majeur que constitue le paiement aux agriculteurs des services environnementaux. Un encart est consacré à l'impact de la bio sur la santé, présenté par Emmanuelle Kesse-Guyot, épidémiologiste de la nutrition et co-investigatrice de l'étude Nutrinet-Santé.
Réglementation des plants fruitiers : Quels changements à venir ?
Frédérique ROSE, Auteur
Des modifications de la réglementation sur la commercialisation et la production des plants fruitiers sont en cours. François Warlop, du groupe de recherche en agriculture biologique (Grab d'Avignon), fait le point sur les principaux changements et sur l'avenir de l'arboriculture bio française. Désormais, les variétés vendues doivent être inscrites à un catalogue européen unique (Frumatis) avec déclaration d'un mainteneur officiel (inscription gratuite jusqu'à fin 2018). Cette dernière n'est pas obligatoire en deçà de 2 000 plants par variété, par pépiniériste et par an. Les nouvelles exigences sanitaires de la certification des plants destinés à l'export ne sont pas encore très claires. A propos de la production bio, François Warlop estime qu'à l'horizon 2035, les arboriculteurs bio devront acheter leurs plants certifiés et ne pourront plus bénéficier de la dérogation actuelle. Il préconise une organisation de la filière pour élargir le marché, aujourd'hui principalement destiné aux petits pépiniéristes. Deux pépiniéristes, Benoît Escande à Saint-Vite, dans le Lot-et-Garonne, et Sébastien Grange à Saint-Benoît, dans l'Aude, apportent leur témoignage sur la production en agriculture biologique. Alors que Benoît a cessé la certification sur son activité de pépiniériste (problèmes de gestion de l'herbe, accès au foncier, lutte contre les pucerons et maladies fongiques, et faible rentabilité), Sébastien, sur 0,6 hectare, fournit environ 4 000 scions par an. Ce dernier ne cherche pas à s'agrandir et incite même les arboriculteurs à produire leurs propres plants fruitiers bio.
Variétés résistantes : L'Occitanie déploie ses plants
Frédérique ROSE, Auteur
Le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) est, depuis longtemps, engagé dans le développement de variétés résistantes au mildiou et à l'oïdium (11 variétés françaises). Aujourd'hui, face à la dynamique de partenariats professionnels, scientifiques et techniques, en Occitanie, la Région annonce son soutien financier pour un plan de déploiement de ces cépages résistants. Eric Serrano, directeur de l'IFV Sud-Ouest, précise que le premier enjeu est de fournir aux professionnels les variétés résistantes déjà disponibles, le plus rapidement possible. Dix années étant nécessaires entre l'arrivée des sarments à l'IFV et leur mise en vente chez les pépiniéristes, le plan est également un moyen d'anticiper de nouveaux cépages (multiplication des premiers bois et tests). Une première phase de plantation est prévue en 2018, avec des variétés de l'INRA (Inra Resdur1 et Bouquet). Elles s'intègreront dans les réseaux de suivis et d'expérimentations tels qu'Oscar, annonce Loïc Le Cunff, du pôle national matériel végétal de l'IFV. L'analyse des marchés et une réflexion avec les ODG (organisme de défense et de gestion) et l'INAO seront essentielles car, pour le moment, ces vins ne peuvent pas être commercialisés sous label AOP. Des estimations prévisionnelles de la disponibilité en plants français des variétés résistantes sont fournies par le pôle national matériel végétal de l'IFV.
Conférence au Sitevi : L'appel de la biodynamie
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La biodynamie attire de plus en plus de vignerons : fin 2017, plus de 5 500 hectares et 430 viticulteurs étaient certifiés Demeter (soit 8 % des fermes viticoles bio). Lors de la conférence organisée par Biofil, durant le Sitevi, en novembre, à Montpellier, de nombreux questionnements et débats ont eu lieu. Pour Jacques Fourès, conseiller-formateur en biodynamie et nologue, c'est la qualité et le goût des vins qui l'ont d'abord convaincu. Aujourd'hui, président de l'association Aquitaine Biodynamie, il rappelle les fondamentaux de la pensée biodynamique, ainsi que quelques particularités (préparations à partir de corne, qualité du compost, emplois de tisanes et de cendres). Malgré un cahier des charges plus contraignant que la bio, ce système de production séduit des structures aux profils très variés. Quatre vignerons rapportent leur expérience : Christophe Piat, du Château Couronneau, à Ligueux, en Gironde (40 ha) ; Gilles de Baudus, à Narbonne (responsable culture de 550 ha pour les domaines Gérard Bertrand) ; Hélène Thibon, du Mas de Libian, à Saint-Marcel-d'Ardèche (24 ha), et Sylvère Coquereau, du Domaine du Chastelet, à Quinsac, en Gironde (7 ha). Pour eux, la biodynamie, c'est, avant tout, l'expression du terroir et le retour de l'agronomie.
Nutrition animale en Limousin : Moulin Beynel lance son nouveau site de production
Françoise FOUCHER, Auteur
Sur son ancien site de production, devenu vétuste, à Saint-Priest-de-Gimel, l'entreprise Moulin Beynel (groupe DFP Nutraliance) avait démarré, en 2009, une production d'aliments pour le bétail dédiée à la bio. En octobre 2017, Moulin Beynel inaugure sa nouvelle usine d'aliments bio : une ancienne meunerie, à Sadroc en Corrèze, acquise et transformée grâce à un investissement de 1,5 million d'euros. Ayant une capacité de 20 000 tonnes par an, l'entreprise ambitionne de tripler sa production d'ici cinq ans. Seule dans un rayon de 150 km, l'usine couvre une zone de chalandise limitée au Limousin et à ses zones limitrophes. Jean-Claude Floquet, directeur de Moulin Beynel, veut privilégier l'approvisionnement local. Lors de la visite des lieux, les éleveurs bio, le responsable filières animales de Biocoop et le président d'Interbio Nouvelle-Aquitaine ont apprécié la cohérence territoriale dans laquelle s'inscrit ce nouveau site de production.
Trituration de soja bio : Une nouvelle usine dédiée en Anjou
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Issu du partenariat entre le groupe Nutriciab (coopérative interdépartementale des aviculteurs du bocage) et la CAPL (Coopérative agricole des Pays de la Loire), un nouveau site de trituration de graines de soja bio vient de démarrer en Anjou, à Ambillou-Château. Baptisé Soleil de Loire, il compte produire, en 2018, près de 6 000 tonnes de tourteaux destinés à Aliments Mercier, fabricant d'aliments pour le bétail dédiés à la bio (majoritairement pour volailles, mais aussi porcs et ruminants). L'installation, entièrement automatisée, a nécessité un investissement de 2,5 millions d'euros. Pour l'instant, le soja bio provient, pour un tiers, de France et, pour deux tiers, du Togo. L'objectif est d'arriver à un approvisionnement français en totalité. Des procédures sont déjà mises en place dans l'usine pour garantir les origines de graines françaises imposées par Biocoop et Biolait. Le but est de construire une filière cohérente et de la pérenniser, précise Pascal Pageard, directeur général de Nutriciab. La CAPL travaille également au déploiement de la culture de soja bio en Poitou-Charentes et dans les Pays de la Loire, en mobilisant les semenciers.
Légumes frais et transformation : Poussée record à consolider
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La croissance record du marché des légumes frais bio attire de plus en plus de producteurs. En 2017, selon lAgence Bio, 542 nouvelles fermes cultivant des légumes en production principale se sont engagées en bio. Les analyses économiques sont rares sur cette filière. Une étude de lInsee, sortie en décembre 2017 sur les résultats 2013, dévoile des chiffres daffaires en production plein air de légumes bio un peu inférieurs à ceux du conventionnel. Cependant, comme les besoins en main duvre sont plus importants en maraîchage bio, lexcédent brut dexploitation (EBE) est de 3300 pour un hectare de légumes bio de plein air contre 2500 en conventionnel.
Nouvelle Aquitaine : Plus de 100 Territoires Bio Engagés
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Plus de 100 collectivités de Nouvelle Aquitaine ont reçu le label Territoires Bio Engagés, qui implique de disposer dau moins 8,5% de surface agricole bio ou dune part daliments bio dans les cantines de 20% minimum. Toutes les tailles de collectivités sont représentées, des plus rurales aux plus urbaines. Un forum, organisé les 5 et 6 décembre 2017 à Agen, a réuni ces collectivités. Pour aider à approvisionner les cantines avec des produits locaux, Interbio Nouvelle Aquitaine vient de lancer un portail Internet rassemblant loffre régionale. Par ailleurs, des obligations de contractualisations devraient être ajoutées à la marque Bio Sud-Ouest, utilisable dans cette région et en Midi-Pyrénées, afin de sassurer que lemploi de cette marque conduise bien à des relations équitables sur lensemble de la filière.
Pays de la Loire : 7 ans de recherche appliquée
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La journée du 11 décembre 2017, organisée dans les Pays de la Loire, a permis de mettre en avant les résultats de 7 années de recherche appliquée en agriculture biologique. Les conclusions des 56 projets présentés figurent sur le site de la Chambre régionale d'Agriculture. Lors de la journée, cinq thèmes transversaux ont été abordés : la diversité génétique en productions végétales et animales ; la protection des cultures ; sol - plantes nutrition ; lautonomie et lefficacité des systèmes délevage ; la qualité des produits.
Nouveau règlement européen sur l'agriculture bio : Feu vert pour le compromis
Gwénaël LEREBOURS, Auteur
Lentrée en application du nouveau règlement bio européen est prévue pour le 1er janvier 2021. Son champ dapplication sera étendu à des nouveaux produits : sel, laine brute, coton brut, cire, huiles essentielles, cervidés, lapins
Les éventuelles exceptions (dérogation de recourir à un ingrédient non bio en cas de disponibilité insuffisante par exemple) seront limitées dans le temps et appliquées à lensemble des opérateurs. La certification de groupe sera autorisée pour les petits agriculteurs. Les opérateurs à faible risque pourront nêtre contrôlés que tous les deux ans. Des mesures de précaution devront être prises par les opérateurs pour réduire le risque de contamination accidentelle par les pesticides. Par ailleurs, le nouveau règlement réaffirme le principe du lien au sol, excluant ainsi de lAB la culture en bacs. Cependant, les producteurs des Etats membres qui tolèrent actuellement cette pratique (Suède, Finlande, Danemark) pourront continuer à lutiliser pour une période limitée à 10 ans. Enfin, les produits importés provenant de pays reconnus par lUE comme ayant des règles et des systèmes de contrôle équivalents à ceux de lUE continueront de suivre la même procédure. Pour les autres, par contre, ils devront être strictement conformes au règlement européen.
Réformer ses poules sans les tuer : La course à léthique animale
Cécile MARCUS, Auteur
En février 2017, voyait le jour une start-up, Poulehouse, basée sur un concept totalement nouveau : faire en sorte que, à la fin de leur vie de pondeuses, les poules ne soient plus abattues, mais mises en refuge ou encore, à terme, gardées sur lexploitation (contre indemnisation du producteur). Les ufs sont alors vendus 1 euro luf. Le refuge va démarrer ses activités le jour en février 2018. Ces ufs sont commercialisés via le réseau Biocoop au rythme actuel de 15 à 20 000 ufs par semaine. Avec comme slogan sur les boîtes « Luf qui ne tue pas la poule », ce produit touche plutôt des consommateurs de grandes villes cherchant à avoir une démarche éthique dans leur acte dachat. Mais cette expérience grandeur nature pose des questions : sa viabilité, notamment économique, des questions concernant l'interdiction de l'épointage de Poulehouse, ou encore limpact possible sur les filières, même si elle a le mérite dinterroger et de mettre léthique au cur du problème.
En direct de lInao : Règles de production : y voir plus clair
Olivier CATROU, Auteur
La réglementation relative à lAB en vigueur est essentiellement produite par lUnion Européenne avec deux grands règlements : i) le règlement de base ((CE) n° 834/2017 du Conseil du 28 juin 2007) qui englobe les principes généraux de lAB (ex : le respect du bien-être animal) et des règles spécifiques (ex : prévention des maladies fondée sur la sélection des races et les pratiques d'élevage), et ii) le règlement de la Commission (CE) n° 889/2008 du 5 septembre 2008 qui regroupe des règles détaillées, dit aussi règlement dapplication (ex : règles fixant la préparation des aliments pour animaux). A cela, sajoutent, pour certaines productions non couvertes par les règles détaillées européennes, des règles nationales. En France, ces règles donnent lieu à un Cahier des Charges Français (CCF), qui complète donc la règlementation européenne. Pour les autres productions nentrant pas dans ces cadres (alpages...), un opérateur doit alors respecter les principes généraux et les règles spécifiques du secteur. Il pourra alors commercialiser ses produits en AB, après contrôle de lorganisme certificateur, en lien avec le Comité national de lAB (Cnab), le contrôle nétant pas facile en labsence de règles détaillées. Par ailleurs, des opérateurs peuvent aussi porter une demande pour faire enregistrer de nouvelles règles dans le CCF. Si la demande est jugée opportune par le Cnab, cela peut aboutir à une procédure dau moins 10 mois vers un nouvel avenant au CCF, avec parution dun arrêté.
Alimentation des volailles : Avifaf pour mieux formuler ; Julien Cesbron, éleveur utilisateur d'Avifaf : Valoriser ses ressources ; Le regard du fabricant d'aliments : "Notre rôle est d'améliorer l'équilibre des rations"
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Lautonomie alimentaire, en particulier protéique, est une question majeure pour les monogastriques en lien avec larrêt à venir (dernier report : 31 décembre 2018) de la possibilité dutiliser 5% de matières premières non bio riches en protéines. Dans ce contexte, deux projets CasDar, Avialim Bio (2011-2015) et Sécalibio (2016-2019) visent à apporter des solutions. Dans le cadre dAvialim Bio, il a été notamment développé un logiciel, payant et accessible en ligne depuis 2 ans, daide à la formulation de rations pour les volailles bio, de chair ou pondeuses : Avifaf. Très utile pour les éleveurs qui fabriquent leur aliment sur la ferme, il permet, par exemple, de consulter des valeurs nutritionnelles, de créer ses propres matières premières et mélanges, de consulter ou créer des programmes dalimentation pour des âges dabattage variables (jusquà 126 jours), doptimiser les coûts de production, daméliorer léquilibre des rations ou encore de calculer les quantités à produire ou de mieux réfléchir son assolement. Pour Julien Cesbron, éleveur bio dans le Maine-et-Loire, ce logiciel lui a permis de mieux maîtriser sa production et la consommation daliments et, du coup, doptimiser ses coûts alimentaires. Cependant, au-delà de cet outil, beaucoup reste à faire. Si des pistes comme les protéines liées aux insectes ou encore aux algues sont étudiées, il reste important, pour les producteurs, de diversifier leurs ressources sur leur exploitation, sans oublier le soja, même sil demeure difficile à cultiver selon les régions. Par ailleurs, les volumes de matières premières (maïs, soja, tournesol
) produits sont encore insuffisants pour répondre à la demande croissante, aussi bien en alimentation animale quhumaine. Les conversions en grandes cultures doivent perdurer, comme lexplique un fabricant daliments.
Au fil des salons... : Vu à Tech&Bio ; Vu au Space ; Autres nouveautés
BIOFIL, Auteur
Cet article présente brièvement plusieurs des innovations exposées à l'occasion des éditions 2018 des salons Tech & Bio (Drôme) et SPACE (Ille-et-Vilaine). Il s'agit : - de différents outils de désherbage mécanique ; - d'un applicateur de phéromones par paint-ball en arboriculture ; - de divers compléments alimentaires pour animaux d'élevage ; - d'un poulailler mobile ; - de prestations d'entrepreneurs de travaux agricoles ; - de plusieurs fongicides et activateurs de sol ; - etc.
Sival Innovation 2018 : Les lauréats et nominés
BIOFIL, Auteur
Une sélection de produits, matériels et services, compatibles avec l'agriculture biologique, parmi les lauréats et nominés du Sival Innovation 2018, sont présentés : - innovations variétales ; - protection des cultures et fertilisation ; - machinisme agricole et automatisme ; - serres ; - conditionnement et mise en marché ; - services et logiciels ; - développement d'une filière stévia bio et 100% française à travers une démarche collective.
Sival Innovation 2018 : A découvrir sur les stands
BIOFIL, Auteur
Lors du salon Sival 2018, une grande diversité d'entreprises ont exposé leurs produits et services, en grandes cultures, maraîchage, arboriculture et viticulture. Dans les stands exposants, on pouvait découvrir des innovations utilisées en bio, dans les domaines suivants : - protection des végétaux (biostimulateurs, bio-contrôle, filets) ; - fertilisation (apport de Bore) ; - machinisme agricole (bineuses, outils de désherbage, semoir, récolteuse électrique de jeunes pousses, système de télégonflage) ; - nouvelles variétés (potagères et florales, certifiées Demeter, spécialisées pour la commercialisation en circuits courts).
Dossier : Cultures maraîchères : Optimiser les fermes
Frédérique ROSE, Auteur
La demande en légumes bio continue daugmenter, ce qui est une bonne nouvelle pour les maraîchers en agriculture biologique. Cependant, il nest pas évident de disposer de semences de qualité en quantités suffisantes, de gérer la fertilisation et les nombreuses espèces différentes, de maîtriser les itinéraires techniques et de sorganiser pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Ce dossier aborde : - la filière vue par Charles Souillot, consultant en maraîchage biologique ; - la production de semences de carotte nantaise par Lucien Laizé, producteur-multiplicateur bio dans le Maine-et-Loire (tests de production en plein champ) ; - limportance de lergonomie et de lorganisation du travail en récolte et post-récolte pour se dégager du temps et moins se fatiguer, avec le témoignage de Christophe Jouault, maraîcher bio en Mayenne ; - le suivi de lévolution des fermes maraîchères bio normandes (association Bio Normandie) ; - la gestion de la fertilisation pour prévenir les maladies et les ravageurs (outil de suivi de la minéralisation Nitrachek et logiciel de calcul du bilan azoté Orgaleg) dans le cadre des groupes Dephy du Gab 44 et dAgrobio 35.
19ème Congrès mondial d'Ifoam en Inde : La bio en réponse à la crise écologique
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le Congrès mondial dIfoam a rassemblé, à Delhi (Inde), du 9 au 11 novembre 2017, près de 3000 participants, agriculteurs, scientifiques, conseillers, consultants, transformateurs, pouvoirs publics
venus de 110 pays. Avec plus de 600 000 fermes bio, lInde concentre le plus grand nombre dagriculteurs bio au monde, sur 1,5 million dhectares certifiés en 2016 (entre 0.7 et 1% de la SAU). Cest ce pays qui a inspiré langlais Edward Howard, un des pionniers de lagriculture bio. Cependant, la révolution verte indienne basée sur les engrais et les pesticides a fait des dégâts. Le soutien fédéral à la bio, démarré en 2002, a été réaffirmé lors du Congrès (objectif officiel : 14 millions dhectares en bio en 2025). Il peut sappuyer sur la démarche du Sikkim, petit État himalayen du nord de lInde, qui est totalement bio depuis 2016 sur ses 76 000 ha de SAU et qui vient dinterdire limportation de produits conventionnels sur son territoire. Plusieurs États du nord de lInde, peu touchés par lagriculture intensive, comptent suivre cet exemple. Mise en place en 2001, la réglementation bio indienne bénéficie, depuis 2009, dun système déquivalence avec la réglementation européenne, uniquement sur les produits bruts, qui se veut fiable malgré quelques failles. Un système participatif de garanties soutenu par lEtat fédéral, pour les petits paysans, est aussi opérationnel depuis 2015. Au cours de ce Congrès, la candidature française pour lorganisation de la prochaine édition a été validée, cette dernière se tiendra donc à Rennes en 2020.