- Titre :
- VOIX BIOLACTEE (LA), N° 90 - Décembre 2017 - Bulletin N° 90
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/12/2017
- Année de publication :
- 2017
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Dossier : La génétique en lait bio : Y a-t-il une génétique adaptée à la Bio ?
Alain GUIFFÈS, Auteur ;
Soizick ROUGER, Auteur ;
Caroline DOS SANTOS, Auteur ;
ET AL., Auteur
La plupart des éleveurs en bovins lait bio qui témoignent dans ce dossier souhaitent être le plus autonomes possible dans le pilotage de la génétique de leur troupeau. Ce dossier a pour objectif de : partager des informations, donner des éclairages, y compris scientifiques (INRA), sur les différentes façons d'envisager la génétique en bovins lait, selon les situations et les objectifs, et notamment dans le cadre d'une conversion. Au sommaire : - Le point de vue de Didier Boichard, chercheur INRA ; - Génétique et pâturage (FRCIVAM Limousin) ; - Brunes et fromage (GAEC de Chanac, 48) ; - Semences sexées : Le débat est ouvert ! (SCEA Grasteau, 72) ; - Utilisation de semences sexées en race jersiaise (GAEC des Jersiaises, 72) ; - Insémination par l'éleveur (IPE) (Norbert Peysi, 12) ; - Une reproduction 100 % naturelle (GAEC des Fontenilles, 21) ; - Allonger les périodes de lactation ? (GAEC Roz Voan, 29) ; - Comment adapter son troupeau à ses objectifs ? (EARL du Nid, 43) ; - Le croisement 3 voies pour s'adapter au changement de système (Stéphane Marloux, 15) ; - Les races à petits effectifs, quels enjeux ? (GAEC du Wern, 22) ; - Une agriculture capable de se perpétuer toute seule (EARL des Landelles, 27) ; - Acheter un troupeau adapté aux objectifs de système (Gauthier Fihue, 76) ; - Changement de système (SARL Côté Ferme, 16) ; - Toujours plus d'autonomie (GAEC des Pâquerettes, 42) ; - L'éleveur, gestionnaire de son élevage (échanges entre Olivier Mouton, du GAEC des Pâquerettes, et Olivier Vuillet, SARL VGRS (39)).


Fermebioscopie : GAEC Duthoit Philippoteaux
Angélique VOISINE, Auteur
Geoffroy Philippoteaux est producteur de lait bio (conversion en 2009). Sa ferme, en GAEC, se situe au croisement de 3 départements (Marne, Ardennes et Meuse), au pied des grands massifs forestiers dArgonne. La ferme compte 4 associés et 4 salariés. La surface pâturée est passée de 30 ha à plus de 180 ha en 10 ans. Cette année, les éleveurs testent le pâturage tournant. Au total, la ferme dispose de 280 ha, dont 220 ha en herbe. Le foin séché en grange et un mélange céréalier produit sur la ferme enrichissent la ration des 170 vaches laitières. Des croisements à partir de vaches holstein sont réalisés, en y introduisant de la brune et de la jersiaise. Adhérents de la Cuma de Condé, les associés cherchent au maximum à favoriser la mutualisation des moyens et du matériel. La polyvalence au sein du GAEC permet une grande autonomie dans les différents travaux entrepris en autoconstruction (bâtiments, toitures, terrassements, matériel
). Lautonomie est également atteinte en termes de production de chaleur et délectricité, grâce à une unité de méthanisation qui fonctionne depuis 2012. La capacité de séchage est importante, ce qui leur permet de proposer des services, comme le séchage de copeaux pour la SCIC Argonne. Le GAEC sest aussi lancé avec beaucoup denthousiasme dans la culture de plantes aromatiques et médicinales, sur lincitation de la société ADATRIS. Aujourdhui, ils sont partenaires et acteurs pour créer une filière PPAM bio dans leur région. Pour 2018, ils prévoient linstallation de panneaux photovoltaïques sur la grange de séchage
Pour eux, bio et économie circulaire prennent tout leur sens sur lexploitation.


Focus sur le lait bio au Québec
Clémentine ROBIN, Auteur
A l'occasion de son passage en France, Nicolas Mesly, journaliste agricole québecois, a été interviewé. Il dresse un portrait de la filière lait bio au Canada, et plus précisément au Québec, principale province productrice de lait bio dans ce pays. La plupart des fermes laitières bio se situent autour du fleuve Saint-Laurent (environ 114 producteurs). La demande en lait bio est très forte, notamment pour le lait de consommation et les yaourts. Le lait de vache bio y est essentiellement vendu en frais (pas de lait UHT), avec différents taux de matières grasses. Le gouvernement canadien attribue un quota national qui est ensuite réparti entre les provinces, qui attribuent à leur tour des quotas à chaque ferme, comme pour le lait conventionnel. Nicolas Mesly précise les grandes lignes du cahier des charges bio canadien. Il attire l'attention sur l'importance de la question du bien-être animal, qui est un des 6 volets du programme de certification (ProAction), ce dernier étant désormais obligatoire dans toutes les exploitations laitières.


La production de lait bio dans l'UE à la hausse pour répondre aux attentes
Jean-Marie POILVET, Auteur
En Europe, 4,4 millions de tonnes de lait bio ont été collectées en 2016, soit 2,9 % de la collecte de lait européenne. Dans l'ordre d'importance en termes de volumes produits, les 5 principaux pays européens producteurs sont l'Allemagne, la France, le Danemark, l'Autriche et le Royaume-Uni. A eux seuls, ils produisent 70 % des volumes. Le marché du lait bio est en forte progression, mais avec de fortes variations entre les pays. L'augmentation de la collecte de lait bio entre 2016 et 2018 en Europe pour l'ensemble des acteurs devrait présenter peu de concurrence directe des filières étrangères sur le secteur laitier bio français.


L'aide au report : un beau projet est né grâce à cette aide bien spécifique du programme Biolait
Cédric LEBLANC, Auteur
Cédric Leblanc est éleveur en bovins lait bio en Ille-et-Vilaine. Si, aujourd'hui, il peut élever une trentaine de vaches normandes et quelques races locales sur 28 ha avec un système 100 % herbe, livrer 170 000 litres de lait bio à Biolait et faire fonctionner un atelier poulets de chair bio, c'est en grande partie grâce à l'aide au report mise en place par Biolait. En effet, il avait trouvé une ferme en conventionnel, qu'il pensait acheter pour entamer l'étape de conversion dès l'installation, mais il s'est rapidement heurté à des contraintes qui auraient pu mettre son activité en difficulté. L'aide au report (500 par mois jusqu'à la livraison du lait) lui a permis d'assurer une rentrée d'argent pendant presque un an, de préparer son outil de production, de soigner ses génisses et de les préparer au vêlage. Il a maintenant pour projet de travailler sur l'autonomie en céréales, selon le cahier des charges de Biolait, et il envisage de créer un emploi sur sa ferme.


Du lait A2A2 standardisé, ultrafiltré, microfiltré ou transformé en UHT, quel intérêt ?
Christian BASTARD, Auteur
Le lait d'aujourd'hui subit, la plupart du temps, différents traitements physiques ou thermiques susceptibles de le dénaturer. Il est déstructuré, homogénéisé, décomposé en vue d'extraire ses différents composants. On extrait surtout la matière grasse, la caséine et le lactoserum, qui peuvent ensuite être valorisés dans d'autres industries. 99 % des laits subissent une homogénéisation à haute pression, qui provoque un éclatement total de la matière grasse et change son statut, ne permettant au lait pas d'être reconnu par notre système digestif. Cette action n'est pas la seule à rendre difficile la digestion du lait. Le lait UHT, chauffé pendant 3 à 5 secondes à une température de 135 à 170°C, voit ses flores microbiennes détruites et le calcium rendu indisponible. Les laits pasteurisés bio, qu'ils soient de vache, de chèvre ou de brebis, ne font guère exception. Ainsi, les politiques du zéro germe vont à l'inverse de la qualité du lait : les multiples agents utiles pour la digestion (anti-inflammatoires, immunostimulants, enzymes, mucines, lactopéroxydase), qui devraient normalement interagir pour que notre organisme profite de ces bienfaits, ont disparu. Les allergies au lait pourraient donc bien être avant tout une réaction à l'industrialisation du lait... De nouvelles technologies sont à l'étude (Hautes Pressions Hydrostatiques (HPH), pasteurisation douce à l'eau, inférieure à 72°). L'intérêt nutritif du lait de type A2A2 pour la santé est une piste, mais à condition qu'il soit issu de vaches en bonne santé, nourries à l'herbe et au foin, puis qu'il soit transformé en lait cru ou au maximum thermisé (<63°), transformé localement et collecté avant 60 heures de stockage en tank.


Le toastage de protéines : retours dexpériences et témoignages
Léopoldine DESPREZ, Auteur ;
Yann MARTINOT, Auteur ;
Dominique CLOUARD, Auteur ;
ET AL., Auteur
Toaster ses protéagineux (ex : féverole, lupin), technique qui vise à chauffer la graine à environ 120°, permet d'améliorer la conservation des grains, mais aussi et surtout daméliorer la valeur digestible des protéines. Ainsi, une plus grande part des protéines des grains nest plus soluble dans le rumen, mais digérable dans lintestin, doù une augmentation de la part protéique des rations. Ceci peut être un levier pour répondre à la question de lautonomie protéique des fermes, notamment en AB. Mais cela peut être au détriment de la digestibilité des fibres alimentaires, le rumen ayant besoin dun taux suffisant de protéines solubles pour assurer cette digestion. La technique du toastage des protéagineux doit donc être prise dans son ensemble : coût, apport supplémentaire effectif de protéines, qualité de la ration
Divers éleveurs en bovins lait, bio ou non, sintéressent à cette pratique en Normandie, en Vendée ou encore dans le Rhône et la Loire. Cet article reprend des résultats dessais menés par certains dentre eux, ainsi que des témoignages. Les avis divergent entre ceux qui souhaitent poursuivre lexpérience et dautres non. Les valeurs alimentaires obtenues après toastage peuvent être très variables, notamment selon la qualité du toastage, phase à bien maîtriser et pour laquelle beaucoup de points restent à améliorer. Les gains en termes de production peuvent aussi varier, selon notamment la qualité du fourrage. Daprès un éleveur, cette technique na d'intérêt économique que si elle permet une augmentation de la production dau moins 2 litres de lait par jour et par vache, ce qui nest pas toujours le cas.


Le maïs population Rencontres nationales et échanges de pratiques ; Le maïs population du 42 : plus qu'un groupe, une dimension sociale
Dominique CHOUIN, Auteur ;
Léopoldine DESPREZ, Auteur ;
Raymond PITIOT, Auteur ;
ET AL., Auteur
Au début des années 2000, notamment suite à un problème de contamination de semences de maïs par des OGM, des agriculteurs de Dordogne sengagent dans une démarche de sélection de maïs population sur leurs fermes. La dynamique sest développée et implique maintenant plusieurs groupes de producteurs en France. En 2015, sorganisait un réseau national. 2016 voyait les premières rencontres nationales sur le maïs population en Périgord. La seconde édition a eu lieu les 7 et 8 septembre 2017, en Loire-Atlantique. Cest lhistoire de cette dynamique et de leurs expériences au sein de leur collectif que décrivent Dominique Chouin, éleveur bio de Loire-Atlantique, et Raymond Pitiot, producteur dans la Loire. Les journées nationales, ainsi que le travail en groupe au niveau local, sont essentiels daprès ces agriculteurs : ainsi, le paysan se réapproprie son métier, les prises de décision sont confortées, lautonomie de décision ou encore lautonomie de lexploitation sont renforcées et le lien social devient fondamental.