- Titre :
- FOURRAGES, N° 235 - L'intégration cultures-élevage, un levier pour la transition agroécologique - Septembre 2018 - Bulletin N° 235 - L'intégration cultures-élevage, un levier pour la transition agroécologique
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/09/2018
- Année de publication :
- 2018
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Dynamiques passées des systèmes agricoles en France : une spécialisation des exploitations et des territoires depuis les années 1970
Céline SCHOTT, Auteur ;
Thomas PUECH, Auteur ;
Catherine MIGNOLET, Auteur
Depuis 50 ans, le "paysage fourrager" français a profondément évolué, accompagnant les mutations observées dans l'élevage et dans l'ensemble de l'agriculture. Une analyse fine met en lumière les causes et modalités de ces évolutions, et notamment de la régression des systèmes de polyculture-élevage. Les statistiques nationales permettent de suivre l'évolution régionale des productions dominantes des exploitations (OTEX), des cheptels et des surfaces (cultures, prairies). Entre 1970 et 2010, 68 % des régions agricoles ont vu leur OTEX changer, souvent en se spécialisant et en s'orientant vers les grandes cultures lorsque c'était possible. Cette période a aussi vu le nombre d'exploitations divisé par trois, l'élevage de ruminants se concentrer, les surfaces en prairies permanentes et légumineuses régresser alors que se développaient les surfaces en cultures et en prairies temporaires. Les évolutions des politiques agricoles, des marchés et des techniques (drainage, irrigation
) ont suscité ces changements, peu favorables à l'autonomie et à la durabilité des systèmes de production. En effet, certains de ces changements d'usage des sols et de pratiques agricoles ont conduit à des problématiques environnementales (érosion des sols et de la biodiversité, dégradation de la qualité des ressources en eau...) qui amènent aujourd'hui à les remettre en cause.
Intégration culture-élevage et autonomies fourragères et alimentaires : une approche exploratoire en élevage laitier dans le Pays de Caux
Alain HAVET, Auteur ;
L. PERRIN, Auteur ;
Brigitte REMY, Auteur ;
ET AL., Auteur
Le respect des normes environnementales dans les Aires dAlimentation de Captage conduit à sinterroger sur la place des prairies dans les assolements. Celle-ci est, par exemple, très variable dans les fermes laitières du Pays de Caux, en Seine-Maritime, selon les projets délevage des agriculteurs, conduisant à des niveaux d'autonomie alimentaire divers. La diversité de ces niveaux a pu être caractérisée à partir denquêtes de fonctionnement dans sept exploitations laitières, dont une en agriculture biologique, en zone de grandes cultures. Lintégration entre cultures et élevage est estimée au travers de plusieurs indicateurs concernant lutilisation des surfaces, lautonomie alimentaire du troupeau, ou encore lautonomie en fertilisation azotée des cultures. Pour lexploitation en bio, lautonomie alimentaire est un objectif prioritaire. Pour latteindre, léleveur a mis en place un assolement diversifié, avec beaucoup de prairies en rotation. Cela peut induire une baisse de la productivité, compensée ici par une meilleure valorisation du produit. Globalement, le passage d'une juxtaposition des cultures et des animaux (gestion séparée des ateliers) à une intégration plus poussée entre les deux ateliers se traduit par des objectifs de production laitière limités et la nécessité d'une bonne valorisation des produits animaux. Pour améliorer lautonomie, des pistes sont proposées pour cette zone : cultures intermédiaires, fourrages riches en protéines et échanges avec les voisins.
Interactions cultures-élevage et autonomie alimentaire dun troupeau laitier en agriculture biologique
Jean-Louis FIORELLI, Auteur ;
Jean-Marie TROMMENSCHLAGER, Auteur ;
Rémi LAVÉ, Auteur ;
ET AL., Auteur
L'unité ASTER de Mirecourt, dans les Vosges, a mis en place un système laitier biologique. Celui-ci présente une autonomie totale de l'élevage, assurée par des rotations culturales de 6 et 8 ans qui complètent l'utilisation des prairies permanentes. Les vêlages sont groupés en fin d'été et l'alimentation du troupeau est basée prioritairement sur le pâturage. La gestion combinée du pâturage et des stocks, sur dix campagnes successives (2006 à 2015), a été passée au crible. La période d'étude commence aux premiers vêlages, en août, et se termine à la rentrée en stabulation. Malgré une stratégie d'alimentation visant à maximiser la part d'herbe pâturée, la variabilité interannuelle du régime des vaches est forte. Le pâturage des prairies a assuré 60% de l'alimentation au cours de la période, 6 années sur 10. Les prairies semées à base de luzerne sont réservées aux récoltes de foin, sauf en cas de sécheresses estivales sévères au cours desquelles elles sont pâturées, les couverts intermédiaires et les fourrages conservés complétant la ration. La production laitière a ainsi pu être maintenue. L'alimentation du troupeau en maximisant la part pâturée implique une adaptation permanente au fil de la saison.
Richesse créée, rémunération et transformations du travail en systèmes laitiers économes et autonomes en agriculture biologique
Xavier COQUIL, Auteur ;
C. FRANCK, Auteur ;
Patrick VEYSSET, Auteur ;
ET AL., Auteur
Deux systèmes de production économes, autonomes et certifiés en agriculture biologique ont été conçus pas-à-pas sur linstallation expérimentale INRA ASTER-Mirecourt, dans les Vosges, de 2004 à 2015 : un système laitier herbager et un système de polyculture élevage laitier. Ils sont comparés via deux indicateurs économiques : la valeur ajoutée et le résultat social (rémunération du travail). En moyenne, le système herbager et le système de polyculture-élevage (sur respectivement 80 et 104 ha) ont permis de rémunérer 1,9 et 3,0 travailleurs (à 1,5 SMIC). L'analyse des résultats montre, pour les deux systèmes : i) une forte réduction des charges opérationnelles et de structure par rapport au système non économe qui leur précédait, ii) une très forte spécialisation économique sur le lait, iii) une transformation du travail des expérimentateurs et une réorganisation du partage des tâches au sein de l'équipe.
Des systèmes innovants et multi-performants fondés sur l'intégration culture-élevage
J.-P. CHOISIS, Auteur ;
Pierre MISCHLER, Auteur ;
Sonia RAMONTEU, Auteur ;
ET AL., Auteur
Localement, de nombreuses initiatives existent pour resserrer le lien entre cultures et élevage ; l'objectif est généralement d'accroître l'autonomie des systèmes et d'améliorer les performances économiques. Dans cet article, cinq témoignages, dont deux en agriculture biologique, présentent différents leviers d'intégration culture-élevage mobilisés par les agriculteurs. Les systèmes de polyculture-élevage décrits ont accru le couplage des ateliers cultures et élevage, en valorisant les échanges respectifs entre ces deux ateliers, dans leur exploitation ou à une échelle plus large. La présence de l'élevage permet des économies d'intrants (fertilisation des cultures par restitution des effluents et/ou introduction de légumineuses dans la rotation). Les cultures et ressources fourragères sont souvent diversifiées (rotations plus longues intégrant des légumineuses, des mélanges fourragers ; valorisation de couverts intermédiaires et de sous-produits des grandes cultures
). Cette diversité présente des avantages (pour la biodiversité, mais aussi pour élargir les circuits de commercialisation). Les éleveurs ont su tirer parti de cette complexité accrue pour mieux répartir la charge de travail.
Quels systèmes de polyculture-élevage demain, face aux enjeux de réduction d'usage de produits phytosanitaires ?
Philippe TRESCH, Auteur ;
Nicolas CHARTIER, Auteur
Comme les grandes cultures, l'élevage doit faire face aux mutations nécessaires pour arriver aux objectifs de réduction d'usage de 50 % des produits phytosanitaires fixés par le plan Ecophyto. Les filières bovines ont engagé une démarche d'anticipation de ces évolutions afin d'évaluer les incidences structurelles, économiques, sociales et environnementales de ces changements. Pour réduire l'usage des produits phytosanitaires dans les exploitations de polyculture-élevage, les changements ne se limitent pas aux pratiques agronomiques ; ils nécessitent de repenser globalement le fonctionnement des systèmes, en combinant diverses compétences (agronomiques, zootechniques et économiques) pour co-construire, avec les chefs d'exploitations, des systèmes économes, durables et qui correspondent à leurs attentes. Ces nouveaux systèmes sont globalement moins productifs, plus complexes et nécessitent une réorganisation profonde du travail. Leurs performances économiques sont peu modifiées et leurs performances environnementales s'améliorent. Chaque exploitation étant un cas particulier, les niveaux de réduction d'usage des produits phytosanitaires peuvent être très variables. Les résultats présentés dans cet article sont issus des travaux du projet Casdar PHYTOEL, qui s'appuie sur un réseau de 26 élevages bovins lait et/ou viande.
Analyse transversale de démarches collectives territoriales favorisant l'intégration de légumineuses fourragères. Focus sur le GIE de l'Esparcet
Céline CRESSON, Auteur ;
Marion CASAGRANDE, Auteur ;
Fabien VALORGE, Auteur
Malgré leurs atouts avérés (fixation d'azote, fourniture de protéines végétales et réduction de phytosanitaires), la production de légumineuses fourragères reste limitée en France. Néanmoins, des exemples d'actions collectives réussies dans l'Ouest et le Sud-Est montrent qu'il est possible d'augmenter la part de ces cultures dans les assolements. Plusieurs de ces démarches ont été étudiées dans le cadre du projet Casdar Luz'CO, porté par la FRCuma Ouest, afin d'identifier les motivations des acteurs et les facteurs de réussite : elles concernent des chantiers de culture/récolte, des outils de séchage, des partenariats éleveurs-céréaliers ou encore le partage d'expérimentations ou de formations. Malgré la diversité de ces groupes, des moteurs sont communs comme la recherche de résilience, d'autonomie protéique ou de gain économique. Les facteurs de réussite sont la proximité des agriculteurs, la taille et l'organisation du groupe, et une implication forte dans le fonctionnement du collectif. Ces résultats sont illustrés par un exemple qui montre aussi les freins au développement de telles dynamiques. Il s'agit du GIE de l'Esparcet, dans le Larzac et le Nord-Aveyron, qui réunit 21 éleveurs ovins et caprins majoritairement en agriculture biologique. Collectivement, ils cultivent du sainfoin dans l'Aude via une contractualisation avec cinq propriétaires fonciers, et achètent des fourrages sur pied à des producteurs céréaliers biologiques du Minervois.
Dynamix, un "jeu sérieux" pour concevoir des scénarios d'achat-vente entre céréaliers et éleveurs : une application en Ariège
Julie RYSCHAWY, Auteur ;
Anaïs CHARMEAU, Auteur ;
Aude PELLETIER, Auteur ;
ET AL., Auteur
L'intégration entre cultures et élevage à l'échelle du territoire, c'est-à-dire entre exploitations, est de plus en plus reconnue comme une solution prometteuse à la spécialisation des exploitations et des régions agricoles. Mettre en place des scénarios d'achat-vente d'alimentation animale ou de fumure entre agriculteurs se révèle néanmoins très complexe en matière d'organisation collective (logistique, gouvernance
). Une démarche de conception participative en cinq étapes, basée sur l'utilisation du jeu sérieux Dynamix, est présentée dans cet article. Son utilisation est illustrée avec deux collectifs d'agriculteurs en Ariège. Dynamix se base sur un plateau de jeu permettant aux agriculteurs de reconcevoir leur exploitation à l'aide de pions et de cartes représentant les produits et coproduits à vendre ou à acheter (céréales, foin, fumier
). Ensuite, les agriculteurs positionnent les pions sur une carte de leur territoire pour traiter des aspects logistiques. Les scénarios conçus à l'aide du jeu sont évalués grâce à un modèle de simulation permettant d'effectuer des bilans offre-demande de grains, fourrages et fumure échangés et une évaluation multicritère au niveau de l'exploitation et du collectif d'exploitations. Cette démarche pourra être facilement adaptée à d'autres contextes et à une utilisation en enseignement.
Des vaches laitières robustes : quest-ce que les éleveurs en disent ?
Émilie OLLION, Auteur ;
Fabienne BLANC, Auteur ;
Chantal CHASSAING, Auteur ;
ET AL., Auteur
La robustesse des animaux est un levier d'adaptation identifié dans le contexte de la transition agroécologique, dans la mesure où elle caractérise leur aptitude à maintenir des performances d'intérêt, dans des environnements variables. Il s'agit ici d'analyser comment les éleveurs de vaches laitières caractérisent et évaluent la robustesse de leurs animaux. Des entretiens conduits auprès de 39 éleveurs laitiers ont permis de mettre en évidence quatre définitions possibles de la robustesse d'une vache : - « qui s'adapte à son environnement et aux perturbations » ; - « solide avec du tempérament » ; - « économe et autonome » ; - « moins productive, mais qui dure ». Ces définitions se distinguent sur la base i) des caractéristiques phénotypiques mobilisées pour décrire les animaux (niveau de production, morphologie, docilité
), ii) de l'échelle temporelle mobilisée et iii) du rapport des éleveurs avec leur environnement de production (contrôle ou adaptation). Cette diversité de points de vue doit être prise en compte dans les échanges entre éleveurs et conseillers.