- Titre :
- BIOFIL, N° 120 - Novembre / Décembre 2018 - Bulletin N° 120
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2018
- Année de publication :
- 2018
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Boom de la viticulture bio : Une vague historique de conversions
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
L'année 2018 a été marquée par un record des conversions à l'agriculture biologique dans la filière viticole : 913 nouveaux engagements en dix mois (chiffre de fin septembre 2018). Le précédent record était de 729 conversions en 2009. D'après l'Agence BIO, cela est lié à une prise de conscience de plus en plus forte des dangers des pesticides et à la volonté croissante de répondre aux attentes des consommateurs, en demande de vins les plus naturels possible. C'est en Occitanie que ces conversions ont été les plus nombreuses, avec 325 nouveaux engagements, suivie par la Nouvelle-Aquitaine (+160) et la région PACA (+131). En Bourgogne-Franche-Comté notamment, les 53 nouveaux viticulteurs en conversion sont significatifs d'un réel changement dans la région.
Hauts-de-France : Terr'Eau Bio joue la proximité
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La seconde édition du salon Terr'Eau Bio s'est tenue le 13 septembre, sur le GAEC de la Petite Prée, dans l'Aisne. Plus de 450 visiteurs - élus, agriculteurs, étudiants, conseillers, transformateurs - s'y sont retrouvés pour échanger, entre autres, sur deux préoccupations fortes actuellement : la protection des ressources en eau et la construction de filières durables. Concernant ce deuxième point, la demande en lait bio dans les Hauts-de-France s'avère particulièrement importante. Les laiteries de la région l'estiment à 40 millions de litres de lait supplémentaires par rapport aux livraisons actuelles. La coopérative Ucanel cherche de nouveaux producteurs ayant une réelle fibre pour la bio et qui sauront maîtriser les techniques pour des conversions réussies et durables.
Massif central : Un fonds pour soutenir la bio
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Si le Massif Central a longtemps renvoyé l'image d'une zone agricole défavorisée, à cause de nombreux handicaps naturels, il présente à l'inverse de nombreux atouts pour répondre à la demande sociétale actuelle, notamment pour le développement de l'agriculture biologique : agriculture familiale, exploitations de tailles moyennes, diversité des productions, transformation à la ferme, filières de valorisation avec de nombreuses appellations fromagères, etc. C'est sur cette zone quuvre, depuis 1998, le Pôle Bio Massif Central. Cette association gère, chaque année, deux à trois projets de recherche-développement pluriannuels et multi-acteurs pour stimuler les performances des exploitations et filières biologiques du territoire. En 2018, après vingt ans d'existence, le Pôle Bio Massif Central lance un fonds de développement. Il en appelle ainsi aux investisseurs privés pour pouvoir continuer à agir efficacement. Trois priorités de soutien sont ciblées : une bio plus locale, une bio plus durable, et une recherche "boost".
La Terre est notre métier à Retiers en Ille-et-Vilaine : Dialoguer et inventer
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Les 26 et 27 septembre 2018, près de 8000 visiteurs se sont rendus au salon La Terre est notre métier, en Ille-et-Vilaine. Organisé à l'initiative de la Frab Bretagne et de ses Gab, ce salon est destiné à l'ensemble des acteurs de la filière biologique, de l'amont à l'aval. Ainsi, des innovations sont présentées et des partenariats se nouent. Pour Guillaume Riou, président de la Fnab, l'enjeu est d'accompagner le développement d'une bio de qualité, respectueuse de l'environnement, et destinée à tous. Un encart présente des témoignages sur le toastage.
Commerce équitable et local : Blé et ufs labellisés Agri-Éthique
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le label Agri-Éthique, créé en 2013, lance en 2018 son premier pacte bio. Ainsi, quatre acteurs du Grand Ouest se sont engagés mutuellement sur cinq ans : un producteur de blé bio, un producteur dufs bio, la minoterie Girardeau et la société La Boulangère, qui produit notamment des viennoiseries et des pains de mie. Pour le céréalier, cette contractualisation est très sécurisante, et permet de sortir de la logique de volatilité des prix. Pour les transformateurs, c'est aussi un moyen de sécuriser les approvisionnements et de soutenir l'agriculture locale. La Boulangère, dont le chiffre d'affaires atteint 300 millions d'euros, commercialise 21 références labellisées bio, dont 30 % porteront désormais le label Agri-Éthique.
Space à Rennes : Toujours plus dynamique !
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Au sein du Space, le grand salon des productions animales, dont l'édition 2018 s'est tenue du 11 au 14 septembre à Rennes, le stand bio prend de plus en plus de place. Il réunit une dizaine de structures présentes pour renseigner les visiteurs - éleveurs, entreprises, techniciens, étudiants, etc. Quatre conférences ont également été organisées à cette occasion. Deux d'entre elles concernaient plus particulièrement la filière Bovin lait. Des notions relatives à l'autonomie alimentaire et à la résilience de ces élevages ont été présentées, certaines étant issues des projets Casdar Optialibio et Résilait et du programme Reine Mathilde. La Frab Bretagne a aussi mené une étude ciblée sur la période de conversion des élevages laitiers et visant à identifier leurs stratégies d'évolution en lien avec leur vulnérabilité. En monogastriques, l'enjeu actuel de la filière, notamment en ufs et volailles de chair, est de faire face à l'explosion des conversions. L'autonomie alimentaire est là encore au cur des débats et plusieurs initiatives visent à développer l'approvisionnement français en aliments. Enfin, du côté des petits ruminants (brebis et chèvres), et en particulier pour les caprins, une augmentation des volumes laitiers est toujours nécessaire pour répondre à la demande.
Région Centre : Tomato Lab : "valoriser un trésor"
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En 1996, la collection de tomates du Domaine de la Bourdaisière, en Indre-et-Loire, est devenue Conservatoire national de la tomate. Aujourd'hui, plus de 700 variétés, anciennes et modernes, issues du monde entier et en majorité population, sont conservées. Le conservatoire utilise les techniques de l'agriculture biologique, mais sans la certification. En 2018, la plateforme Tomato Lab y a été créée, en partenariat avec l'association d'organisations de producteurs nationale Tomates et Concombres de France et la Recycleraie. Cette plateforme a pour missions de stimuler la recherche et les applications autour de la tomate et de l'ensemble des composants de la plante. En effet, les porteurs de cette initiative estiment que le potentiel des composés végétaux organiques et chimiques naturels de cette plante potagère est insuffisamment exploré et exploité, et que de nombreuses applications peuvent être imaginées dans les domaines de la santé, du textile, de la cosmétique, etc. Le Tomato Lab est destiné à l'ensemble des acteurs de la filière.
Salon La Terre est notre métier : Innova'Bio prime l'avenir !
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Chaque édition du salon La Terre est notre métier, organisé en Ille-et-Vilaine, est l'occasion de primer les lauréats du concours Innova'Bio, organisé par Agrobio 35. En 2018, pour la 8ème édition de ce concours, les trois premiers prix ont été attribués à Breizhou, la Ferme du Meunier et Yec'Hed Malt. Breizhou est une entreprise de conception et de fabrication de repas bio pour la petite enfance. Ses produits sont destinés aux structures d'accueil collectif : crèches, haltes-garderies, maisons d'assistantes maternelles
Breizhou, qui travaille actuellement avec deux maraîchers, devrait à l'avenir développer un partenariat avec Manger Bio 35 afin de sécuriser l'approvisionnement en produits locaux. La Ferme du Meunier s'est lancée dans la production de graines de pavot bio. Outre les graines, valorisées en boulangerie, de l'huile pour l'alimentation et la savonnerie et du tourteau pour l'alimentation animale sont produits. Yec'Hed Malt est une malterie artisanale 100 % bio et bretonne. C'était le chaînon manquant entre producteurs d'orge brassicole bio, brasseurs et distillateurs de la région.
Sommet de l'élevage : Une croissance à plusieurs facettes
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Comme partout en France, l'agriculture biologique continue son développement en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle est aussi de plus en plus visible au Sommet de lÉlevage, qui se tient tous les ans à Clermont-Ferrand. Toutefois, les organismes présents sur le stand bio collectif et les acteurs économiques de l'amont et de l'aval de la filière signalent quelques points de vigilance. D'une part, la suppression de l'aide au maintien dans la région et le retard dans le versement des compléments d'aides fragilisent la filière et mettent en difficulté nombre d'agriculteurs. D'autre part, le budget régional fléché vers la bio est principalement dédié à la technique et aux investissements, limitant ainsi l'aide nécessaire aussi pour le développement de filières cohérentes. La forte sécheresse de 2018 risque fort de ne pas arranger cette tendance. En encart, le dirigeant de Cizeron Bio, fabricant d'aliments, présente les résultats obtenus grâce à sa nouvelle technologie de valorisation de la protéine. En améliorant la qualité des protéines dans ses aliments, Cizeron Bio a pu réduire ses achats de soja de 800 à 67 tonnes par mois. Force Centre, organisation de production de volailles d'Axéréal Elevage, poursuit sa croissance en poules pondeuses et poulets de chair bio, en passant notamment par des contrats d'intégration avec les éleveurs. Enfin, Yves Chassany, président de la race Aubrac, témoigne de sa récente conversion à l'agriculture biologique et des atouts de la race Aubrac dans ce mode de production.
En direct de l'Inao : Barrières physiques : clarifier les règles
Sandrine THOMAS, Auteur ;
Olivier CATROU, Auteur
Dans le cadre de la protection des végétaux, des produits peuvent être utilisés en tant que barrières physiques. Ils créent un écran entre le végétal et ses bioagresseurs potentiels. Il peut s'agir de filets, voiles, mulchs ou autres films, mais aussi de substances actives, de substances de base, ou encore de matières fertilisantes. Jusqu'alors, ce terme n'était pas défini dans les réglementations, et un manque de précision pouvait conduire à l'utilisation de substances indésirables ou dans de mauvaises conditions. Ainsi, le ministère chargé de l'Agriculture et l'Inao ont lancé en 2018 une procédure nationale d'opposition : les opérateurs concernés ont eu un délai de deux mois pour se prononcer sur une liste de substances et produits utilisables en agriculture biologique établie par le Comité national de l'agriculture biologique (Cnab).
Le point avec Bureau Veritas : Guide de lecture : dernières mises à jour
Gilles BILLON, Auteur
Les dernières modifications du guide de lecture français relatif à la réglementation européenne sur l'agriculture biologique ont été validées par le Comité national de l'agriculture biologique en juillet 2018. Elles concernent : - les semences et le matériel de reproduction végétative, notamment pour les PPAM et les petits fruits et dans le cadre d'essais ; - le contrôle des points de vente collectifs de producteurs ; - l'interdiction des cultures en hydroponie et en aéroponie ; - la justification de l'usage de matières fertilisantes ; - des précisions sur les fertilisants autorisés.
Dossier : Vinifier et élever le vin : Entre procédés physiques et intrants
Frédérique ROSE, Auteur
Pour produire un vin de qualité, les techniques mises en uvre en cave sont essentielles, même si la qualité de la vendange reste prioritaire. Dans ce dossier, experts et vignerons apportent leur regard et témoignent. Stéphane Becquet, animateur conseil des Vignerons bio Nouvelle-Aquitaine et en charge de l'nologie à l'Itab, fait le point sur les enjeux de la vinification et de l'élevage de vins bio, ainsi que sur les nouveaux intrants et techniques autorisés par la réglementation ou en cours d'étude. Si les vins sans soufre (SO2) se multiplient, il reste difficile de se passer totalement de cet intrant, en particulier pour certaines couleurs de vins et certains cépages. La bioprotection, comme alternative, est à l'étude. La non-utilisation de soufre semble aussi favorable au développement du goût de souris, un défaut rappelant l'odeur de cages de rongeurs mal entretenues. Les laboratoires Dubernet étudient les mécanismes chimiques responsables du développement de ce défaut afin de mieux les comprendre et tenter de trouver des solutions. A travers leurs témoignages, un nologue d'Occitanie et un vigneron du Maine-et-Loire expliquent leurs démarches et techniques pour limiter le recours au soufre (bioprotection, maîtrise de la température et du taux d'oxygène dissous, macération carbonique).
Fabrication d'aliments pour animaux : Sanders lance une production en Bretagne
Ermeline MOURAUD, Auteur
Sanders a inauguré une nouvelle unité de production daliments pour bétail bio, à Grâces, dans les Côtes d'Armor. Cette entreprise poursuit ainsi le développement de sa marque daliments bio Alinat en simplantant en Bretagne. La conversion de cette usine arrive en complément de louverture de différents sites dédiés à lalimentation animale bio : un partenariat de fabrication avec les Établissements Aurouze a été établi en 2013 et recouvre la moitié Sud de la France ; lusine Sanders Nord-Est, basée à Rethel, dans les Ardennes, a également été adaptée pour le bio en 2017 ; et une unité dédiée à la trituration de graines de soja bio a été installée dans le Sud-Ouest. L'objectif de Sanders est de maximiser lapprovisionnement de céréales et doléo-protéagineux bio, sans recourir aux importations, pour garantir une traçabilité sans failles. En tout, 3.65 millions deuros ont été investis dans cette filière. Concernant le site de Grâces, la fabrication daliments conventionnels a été arrêtée en juillet 2017. Les bâtiments ont ensuite été nettoyés, puis modernisés (150 000 dinvestissement), et la production daliments bio a pu commencer en septembre 2017. Le site fonctionne avec quatre personnes (contre douze auparavant) et a produit 13 000 tonnes daliments fin 2018. Il a cependant une capacité annuelle de 120 000 tonnes.
Ted : Robot viticole de Naïo Technologies : Repenser le désherbage
Frédérique ROSE, Auteur
Après un an de test dans les vignes du domaine expérimental de lIFV de Gaillac, le robot de désherbage mécanique Ted de Naïo Technologies commence à être fonctionnel. Il a effectué sa première démonstration en juillet 2018. Ce robot est constitué de lames interceps (Vitimeca) et de doigts Kress (Kress-Kult de diamètre 70 cm). Le but étant de garder un cavaillon meuble avec des outils qui nécessitent peu de puissance. Lajout dun petit versoir (Boisselet) est en cours. Ce robot de 800 kg ne peut pas tracter les mêmes outils quun tracteur, mais il présente dautres avantages : il peut effectuer plus de passages sans tasser les sols et passer assez rapidement après la pluie. En 2018, seize ventes de partenariat sont prévues. Les ventes sont réparties dans toute la France et ont pour objectif de conduire à un travail en co-construction pour identifier les améliorations à apporter. Pour linstant, il sagit uniquement de vignes larges sur terrain plat, mais léquipe travaille encore sur une adaptation du robot sur vigne étroite et dans des pentes allant jusquà 30 %. Afin de limiter la charge mentale liée son utilisation, Naïo souhaite que le robot transmette ses anomalies directement à la société pour décharger lutilisateur.
Nouveautés
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Cet article présente onze nouveautés qui ont été exposées au salon La Terre est Notre Métier ou au Space. 1 - Lentreprise Thomas Plants propose des plants de betteraves fourragères certifiés bio au stade cinq feuilles sous forme de minimottes. 2 - La coopérative Deshyouest, spécialisée dans la déshydratation de luzerne bio, permet à ses éleveurs adhérents de récupérer leur fourrage sous forme de granulés ou en balles de brins longs. Elle fournit également des semences, ainsi que des analyses fourragères. 3 Éric Juncker a créé une machine de récolte dite fractionnée pour la luzerne et le trèfle violet. Elle sépare les tiges, les feuilles et les parties terminales ; ces deux dernières peuvent alors être déshydratées ou fermentées (elles sont alors nommées massaï). 4 Eilyps a créé un mélange « prairie pharmacie » composé de plantes riches en tanins condensés pour mieux valoriser lazote soluble et réguler les parasites gastro-intestinaux. Les semences du mélange « prairie pharmacie » sont à ajouter à un mélange de base et coûtent 130 /ha. 5 Valorex, transformateur spécialisé en cuisson-extrusion, a mis au point le process Prodival afin daugmenter la digestibilité des protéagineux (gain de 30 % en volailles et 50 % chez les ruminants). 6 Bionature présente ses compléments alimentaires et engrais foliaires obtenus par macération et dynamisation de mélanges de plantes et doligoéléments. La majorité de sa gamme est certifiée bio et est utilisable pour toute espèce animale et toutes cultures. 7 Bio 3 G a mis au point deux nouveaux produits : le Pré Digest (bloc à lécher visant à optimiser la digestion des fibres, des glucides et de lazote) et lactivateur de sol Orga Sol Tonic. 8 Le produit Rumi NFE est destiné aux élevages laitiers herbagers et vise à améliorer la dégradation de la cellulose. Il a été agréé bio en 2018. 9 Deltavit sadresse aux éleveurs bio du groupe CCPA en leur proposant plusieurs produits, dont Delta Pastus pour améliorer la transition à lherbe et Delta Fibrae pour augmenter la digestibilité des rations. 10 Lodi Group propose de nouveaux contenants pour sa terre de diatomée en 5 kg et 20 kg. 11 Caribou TG offre une large gamme de compléments alimentaires à utiliser principalement autour des périodes de mise-bas, de reproduction et de démarrage des jeunes.
Variétés de blé : Faire le bon choix
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Depuis le 1er juillet 2018, le blé tendre est soumis au statut « hors dérogation », cest-à-dire quil est obligatoire dutiliser des semences biologiques et quaucune dérogation nest possible. Il bénéficie dun large choix variétal et loffre en bio sest étoffée ces dernières années : 26 variétés en 2012 contre 39 en 2018, et de nouvelles variétés bio devraient être inscrites dici un à trois ans. Linscription de nouvelles variétés fait suite notamment aux travaux du réseau de criblage variétal de céréales bio, créé en 2000, qui regroupe 40 partenaires et intervient sur une cinquantaine de sites dessais. Toutefois, certaines variétés sont toujours utilisées de manière préférentielle : les dix premières variétés représentent 57,5 % des surfaces. Elles diffèrent suivant les régions : Tengri, Wiwa et Atlass dominent dans lOuest ; Tengri, Capo et Adesso dans lEst ; Renan et Hendrix dans le Sud-Ouest. De manière générale, les blés dhiver sont privilégiés, excepté dans lOuest et sur la bordure maritime Nord, où les variétés alternatives et de printemps sont répandues pour leur capacité à rester propres en raison de leur cycle court. Lassociation de différentes variétés est également de plus en plus courante. Dans un encart, le témoignage de Bruno Papa (céréalier bio depuis 2000 dans le Tarn-et-Garonne) apporte plus dinformations à ce sujet. Enfin, pour Laurence Fontaine, responsable du pôle grandes cultures de lItab et animatrice du réseau de criblage variétal, la campagne 2018-2019 est charnière pour le blé bio : les surfaces et lintérêt des obtenteurs augmentent, mais il existe des incertitudes quant à la disponibilité de semences bio alors que le statut hors dérogation rend donc obligatoire leur utilisation.
Gestion des adventices : Entre tolérance et lutte sans merci
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Les témoignages de quatre céréaliers bio sur la gestion des adventices sont recueillis dans cet article. Ces agriculteurs ont pour point commun de vouloir préserver leur sol, mais leur tolérance face aux mauvaises herbes diffère. Pierre Bujos est en bio depuis 1998 et cultive 207 ha dans le Gers. Pour lui, la lutte contre les adventices est secondaire et passe après la préservation de ses sols (leur érosion provoque des dégâts considérables dans sa région). Son objectif est de semer et de revenir uniquement pour la récolte. Pour cela, il limite le désherbage mécanique et joue sur les couverts végétaux, l'assolement et les successions culturales. La propreté des parcelles est inégale suivant les années et les cultures, et son système suscite des réactions diverses chez les autres céréaliers (même en bio). Toutefois, il convient à Pierre puisquil est viable économiquement et répond à son objectif premier de protection des sols. Au contraire, au GAEC du Couayroux (125 ha de cultures), également situé dans le Gers, Alain et Didier Daguzan apportent une grande importance à la lutte contre les adventices. Leur premier levier est la rotation et le second est le travail du sol, notamment au cultivateur en période estivale afin de lutter contre les chardons. Ils effectuent plusieurs passages doutils pour le désherbage mécanique : houe rotative, bineuse, herse étrille. Ils pratiquent également le désherbage manuel (en moyenne, cinq jours par an à deux personnes pour 60 ha de blé). Ils ne voient pas cela comme une contrainte mais plutôt comme une occasion de mieux connaître leurs parcelles. Julien Taton est installé en Saône-et-Loire depuis 1998. Seul sur 130 ha, il doit également assurer la transformation de ses céréales en farine et les livraisons, ce qui lui laisse peu de temps pour ses cultures. Sa gestion des adventices est intermédiaire entre tolérance et lutte sans merci. Son exploitation est en sans labour et il ne pratique pas de faux semis (trop chronophages), ni de déchaumages (jugés inutiles). Limpact des adventices est, pour lui, à relativiser suivant les espèces. Pour le blé, il trie parfois la folle-avoine et la valorise en graines à germer auprès d'un éleveur. En ce qui concerne le soja, même avec des adventices, le rendement est de 10 à 15 q/ha, ce qui est suffisamment rémunérateur avec les prix actuels.
Fertilisation des cultures légumières : Tester la luzerne fraîche
Frédérique ROSE, Auteur
La station expérimentale en maraîchage de Bretagne Sud (SEHBS) expérimente, depuis 2015, lapport de luzerne fraîche pour fertiliser des cultures légumières. Lobjectif est de limiter les intrants puisque les maraîchers bretons ont de plus en plus de difficultés à se procurer de la matière organique. Les expérimentateurs ont tout dabord voulu quantifier la biomasse produite par la luzerne et regarder la coïncidence entre les moments de fauche de la luzerne et la mise en place de la culture légumière. Les résultats révèlent que la luzerne peut se faucher en mai, juillet et septembre, ce qui est assez cohérent avec les périodes de plantation. Un mètre carré de luzerne produirait en moyenne 70 à 80 unités dazote, soit 210 unités par an avec les trois coupes, ce qui est suffisant pour fertiliser la même surface de légumes. Une fois fauchée à laide dun tracteur tondeuse muni dun bac récupérateur, la luzerne a été immédiatement épandue car elle monte très vite en température. La fauche doit donc être réalisée une semaine avant les plantations. Les trois années de test ont montré que les cultures à cycle long (poireau, céleri) offrent les mêmes rendements quelles soient fertilisées par cette technique ou par un engrais du commerce. En revanche, les cultures à cycle court (blette, épinard) présentent une baisse de 30 % de rendement. Leur cycle est sûrement trop court pour que la luzerne ait le temps de se minéraliser, dautant plus quen étant implantées en automne, ces cultures sont fertilisées par la troisième coupe de la luzerne qui est plus lignifiée et se minéralise plus lentement. Le compostage de la luzerne est une solution envisagée pour gagner en souplesse dutilisation, mais beaucoup de questions restent à résoudre.
Confusion sexuelle contre Tuta absoluta : Un nouveau moyen de lutte à combiner
Frédérique ROSE, Auteur
Il existe plusieurs leviers pour lutter contre Tuta absoluta (papillon ravageur de la tomate). Depuis juillet 2018, un nouveau produit basé sur la confusion sexuelle, Isonet T, a été homologué en France pour les tomates sous abris. Le Civam 66 la testé en le combinant à dautres moyens de lutte. Deux tunnels ont servi à lexpérimentation : un témoin et un avec de la confusion sexuelle, qui ont tous les deux reçu dautres moyens de lutte (plants traités au spinosad, feuilles minées enlevées à la plantation, lutte biologique, filets anti-insectes installés sur lextérieur des ouvrants, traitements au Bt). Lapplication des phéromones sest effectuée à laide de 1 000 diffuseurs par hectare (600 HT). Il est important de saturer lair le plus tôt possible (au plus tard le même jour que la plantation) pour éviter que le ravageur ne se développe, sinon la confusion sexuelle peut être inefficace. Une différence a bien été constatée entre les deux serres au niveau des feuilles affectées : mi-juillet, 60 % de plants ont été attaqués dans la serre témoin contre 5 % dans la serre avec confusion sexuelle. Cependant, même si seulement 5 % des fruits sont infestés, lattaque des feuilles diminue la photosynthèse et peut altérer la vigueur et la santé des plants. Les résultats dun test complémentaire effectué en PACA sont également disponibles dans un encart.
Implanter des bandes fleuries : Le rendez-vous des auxiliaires
Frédérique ROSE, Auteur
Le projet EcoOrchard (2015-2018) porte sur limplantation de bandes fleuries en vergers. Il se concentre plus particulièrement sur le rôle de ces dernières dans la régulation du puceron cendré et du carpocapse. Pour cela, six partenaires, de différents pays européens, ont installé des bandes fleuries dans des vergers. Ces vergers ont ensuite pu être comparés à dautres n'ayant pas de bandes fleuries. Un mélange de 38 espèces (dont 30 dicotylédones et 8 graminées) a été sélectionné selon de nombreux critères. Certaines de ces espèces, telles que l'achillée millefeuille ou le cumin des prés, sont prioritaires pour attirer les auxiliaires. Même si les résultats sont variables suivant les pays, neuf auxiliaires (coccinelles, chrysopes, syrphes, forficules
) sont significativement plus présents dans les arbres situés à proximité de bandes fleuries. Une réduction de 14.9 % de fruits abîmés par le puceron cendré a dailleurs été observée dans ces vergers. Limpact sur le carpocapse est plus limité et difficile à constater : cet insecte volant est très mobile et sa phase sous forme duf est courte. Des conseils sont également apportés en fin darticle pour réussir limplantation et lentretien de ces bandes.
Viticulture et arboriculture : Zoom sur quelques nouveaux produits et matériels
BIOFIL, Auteur
Sur invitation du magazine Biofil, cinq fabricants de matériels destinés à larboriculture ou à la viticulture ont présenté leurs nouveautés ou spécificités. 1 Gendre conseil présente ses plaquettes en Ferobide (matériau composite en carbure-acier) à souder. Elles permettent de limiter lusure de pièces de matériels de travail du sol. 2 M.M.Environnement a mis au point un nouveau système de désherbage à la vapeur deau, le K12V-AVM, spécialement conçu pour les vergers et les vignes. 3 Pulvérisation S21 a créé une nouvelle version de turbine inversée silencieuse sur un pulvérisateur destiné aux vergers à hauteur importante. 4 Sabi Agri présente sa gamme de tracteurs (tracteur et tracteur-enjambeur) électriques ALPO. A partir de 800 kg, ces modèles embarquent 50 chevaux électriques pour une autonomie de 8h et se chargent en 1h30. 5 Vitivert a élaboré un mélange pour couvert végétal pluriannuel. Il contient une grande diversité despèces pérennes, rustiques et robustes, et peut sadapter aux zones difficiles et à lhétérogénéité dune parcelle.
Produire du lait de vache en hiver : Trouver les bonnes stratégies
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Si le lait produit en hiver peut être intéressant car vendu plus cher, il est aussi plus coûteux à produire. Il faut donc bien raisonner sa stratégie, tout en tenant compte de limpact des aléas climatiques (retard de pousse au printemps, sécheresse, pousse d'automne aléatoire
). Ces aléas peuvent impacter la quantité et la qualité des fourrages et des aliments produits ou encore imposer, en cours de saison, une consommation des stocks prévus pour lhiver. Chaque système est unique et la stratégie à développer dépend de ses objectifs, des ressources disponibles sur la ferme ou encore de la main duvre et du matériel présents. Pour l'été 2018, très sec, diverses solutions ont été mises en place par les producteurs : ensilages de mélanges céréaliers prévus initialement pour faire du grain, implantation de couverts, type RGI, colza, chou pour prolonger le pâturage ou encore ensilages de maïs plante entière. Dans tous les cas, la base est une herbe de qualité. Cependant, face à la variabilité de cette herbe en volume et en qualité, on peut diversifier les fourrages ou jouer sur la flore des prairies. Le maïs peut être un plus pour la ration hivernale, mais sans excès pour ne pas utiliser trop de correcteur azoté. Le report de stock est un atout important et il faut aussi veiller au nombre (ex. : un renouvellement de 25 % semble un bon objectif). Deux éleveurs bio, l'un dans la Manche et lautre dans les Vosges, témoignent de leurs choix. Gildas Gédouin utilise du maïs, de lenrubanné et de la betterave dans la ration hivernale, avec des graines de soja toastées et il garde le foin pour les génisses et les vaches taries. Alain Gérard privilégie des rations dhiver à base de fourrages secs et de céréales. Des approches différentes liées aux potentiels de leur exploitation mais aussi à leurs objectifs : le premier sinvestit dans lOP Seine et Loire qui axe sa démarche qualité sur une alimentation 100 % origine France ; le second sintéresse au cahier des charges « Lait de foin », qui exclut tous aliments fermentés.