- Titre :
- BIOFIL, N° 121 - Janvier / Février 2019 - Bulletin N° 121
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/01/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Occitanie : Le Lot relance les PPAM
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Dans le Lot, quelques producteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales s'investissent dans lorganisation de la filière bio. Dans les années 50, ce département était un producteur important de PPAM (notamment de lavande), mais ces productions ont périclité dans les années 70. Depuis quelques années, cette filière renaît avec une cinquantaine de producteurs, dont une trentaine en bio. La conduite en AB ne pose pas de difficulté technique majeure mais requiert de solides connaissances. Aujourdhui, les PPAM sont surtout recherchées pour la production dhuiles essentielles qui est exigeante en qualité, qualité que lon retrouve dans la production bio. Cependant, les producteurs valorisent essentiellement leur production en circuits courts et ne répondent pas aux circuits longs, faute de volume. Un travail de concertation essaye de réunir les différents acteurs de cette filière afin de faire émerger les besoins individuels et collectifs. Ces échanges ont notamment pu faire ressortir un besoin en plants de lavande bio et ont abouti à la mise en place de plusieurs formations. Les élus soutiennent également le développement de cette filière avec un appui financier aux organisations agricoles uvrant pour sa structuration.


Bretagne : Les Greniers bio d'Armorique changent d'échelle
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Lassociation Les Greniers bio dArmorique, créée en 2005 par Gérard Le Goff, a adopté le statut de coopérative en juin 2018. Ce statut de coopérative va permettre à ses membres de vendre directement leurs céréales et ils ne dépendront plus de leur partenaire historique (Agrobio Pinault) qui se chargeait des opérations de stockage, triage et livraison. Les Greniers bio dArmorique comptent 48 adhérents répartis sur la Bretagne et sur quelques départements limitrophes. Ils reçoivent ainsi les céréales de près de 500 ha, avec une dominante davoine nue. Depuis lan dernier, une partie de lhuile de colza (20 000 L) et la farine de blé noir (15 tonnes) sont commercialisées en grandes surfaces sous la charte "Paysans dici", créée par la Scop Ethiquable. Cette dernière travaille avec onze groupements de producteurs dans une démarche de commerce équitable nord-nord. Grâce à ses initiatives, la coopérative Les Greniers bio dArmorique a remporté la quatrième place du concours Innovabio 2018. Elle souhaite également se démarquer sur le marché du bio en affirmant ses valeurs et en durcissant les standards de la bio (proscrire la mixité des fermes et lutilisation de paille ou de matières organiques issues du conventionnel).


Assises de l'Agence Bio : « Pour une stratégie alimentaire cohérente »
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le marché bio français est en pleine période de mutation et réclame une forte mobilisation des territoires. La présentation dOlivier De Schutter (de lIpes-Food : panel international de 28 experts sur les systèmes alimentaires durables), lors des Assises de lAgence Bio en novembre 2018, appuie cette transition. Pour lui, lagriculture bio devient de plus en plus complexe : dune production respectueuse de lenvironnement et de la santé, elle soriente vers une démarche sociétale plus large, visant un accès pour tous, des rémunérations équitables et une volonté de re-territorialiser la production. Olivier De Schutter précise que la France est en avance avec la loi dAvenir 2014 et ses Projets Alimentaires Territoriaux. Dailleurs, 82 % de la population française se dit favorable à une réorientation des subventions vers lagriculture bio et paysanne. Les attentes sont également fortes au niveau mondial. Par exemple, le Pacte de Milan, qui vise la mise en place de politiques alimentaires urbaines durables, a été signé par plus de 180 villes des cinq continents. Changer de système agroalimentaire multiplie les défis. Olivier De Schutter plaide pour une politique alimentaire commune au sein de lUnion Européenne et cela passe, pour lui, obligatoirement par une modification de la PAC.


Diversifood en congrès à Rennes : Cultiver la biodiversité et la qualité de nos aliments
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lagriculture intensive a réduit le choix des espèces et variétés cultivées. Lun des nouveaux enjeux de la sélection est de puiser dans les ressources végétales oubliées. Le projet de recherche Diversifood vise à enrichir la diversité des plantes cultivées et à accompagner leur ancrage jusque dans leur transformation agroalimentaire. Ce projet est basé sur une recherche participative à l'échelle européenne. Au bout de quatre ans, ses résultats ont été présentés, à Rennes, en décembre 2018. Il a permis dapprofondir les démarches initiées dans le cadre dun programme précédent (Solibam), qui avait visé à redémarrer lexploration de ressources semencières in situ inexploitées dans de nombreux pays. Ainsi, Diversifood a assuré la gestion collective de lévaluation, la sélection et la valorisation en produits agroalimentaires de ressources génétiques oubliées. Actuellement, linscription de semences population au catalogue européen pose encore problème (en matière dhomogénéité et de stabilité). Toutefois, en vue de préparer la nouvelle règlementation bio européenne, une autorisation spéciale permet la mise en marché de certaines « populations hétérogènes ». En Europe, les initiatives de sélection participative sont nombreuses et prometteuses. Par exemple, un projet mené en Italie (Toscane et Sicile) a sélectionné deux blés population et a abouti à la création dune filière estampillée dune licence libre regroupant agriculteurs, boulangers et consommateurs.


Filière grandes cultures bio de l'Ouest : Besoin en qualité et volumes
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Deux enjeux majeurs sont ressortis de la conférence sur la filière grandes cultures bio de lOuest : combler le déficit de production (il est actuellement plus difficile de produire que de vendre les productions végétales biologiques) et améliorer la qualité. Pour ajuster loffre et la demande, Thomas Jullien, de Coop de France, et Carine Maret, de lUfab (leader national en nutrition animale bio), plaident pour la contractualisation des cultures. De son côté, Pierre Le Bris, producteur bio dans le Finistère (association de producteurs « De la terre à la bière »), insiste sur le fait que la contractualisation ne doit pas aboutir à une intégration comme en conventionnel. Hormis la sécurisation de lapprovisionnement, les initiatives mises en place pour améliorer la qualité des grains ont également été évoquées : Agrobio Pinault (entreprise qui collecte des céréales et produit des ufs bio) conduit un travail de repérage et dévaluation de nouvelles variétés bio, notamment autrichiennes, et Terrena (coopérative céréalière) a développé des formations spécifiques pour ses adhérents bio. Dans tous les cas, ces différents organismes para-agricoles constatent que les acheteurs sont de plus en plus exigeants et que la qualité, dans la filière, doit être laffaire de tous les maillons de la chaîne : du producteur au transformateur.


Coopératives mixtes : A l'ouest, du nouveau
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Dans louest de la France, la bio se développe fortement. Cet article présente les stratégies de trois coopératives mixtes (Triskalia, Sodiaal et Agrial) qui développent leur part de bio. Chez Triskalia, le conseil dadministration a voté pour développer et structurer la filière bio et en faire un levier de croissance. Cette démarche vaut aussi bien pour le lait de vache, la viande de porc, la production dufs que pour les volailles de chair. Une filière de légumes bio a déjà été mise en place depuis plusieurs années par leur filiale Gelagri. Chez Sodiaal, une cinquantaine d'éleveurs bretons produisent 30 millions de litres de lait bio. Pendant la conversion, Sodiaal maintient une aide de 30/1000L auxquels sajoutent 12 à 13 euros grâce à un beurre fabriqué pour la marque « Cest qui le patron ?! ». De plus, la coopérative a sorti, en 2018, de nouveaux produits bio (fromage râpé au lait cru, briques de lait chocolaté). Chez Agrial, 750 producteurs sont certifiés bio et 150 sont en conversion. Ce sont essentiellement des producteurs laitiers (actuellement, 300 éleveurs pour 150 millions de litres) ou des producteurs de pommes à jus et à cidre. Pour atteindre ses objectifs de production bio, la coopérative recherche des producteurs principalement en lait (avec un objectif de 200 millions de litres en 2025) et en légumes, et un peu en viande bovine.


Protection des plantes et des cultures : Les éliciteurs : des vaccins pour les plantes ?
Anna DUPLEIX, Auteur ;
Laura BEDOURET, Auteur
De nombreuses recherches sont effectuées sur les éliciteurs ou SDP (Stimulateurs de Défense des Plantes), cest-à-dire sur les substances impliquées dans le déclenchement des mécanismes de défense des plantes. Le congrès Natural Products and Biocontrol a permis de faire le point des connaissances et de leur utilisation pour la protection des végétaux. Ces produits devraient permettre de réduire lutilisation de pesticides, même bio. Larticle commence par proposer une définition des SDP, expliquer leur fonctionnement général et mettre en évidence leurs différences avec la catégorie des produits biostimulants. Un point est ensuite fait sur lutilisation des SDP en France, sur leur efficacité et sur les produits autorisés dans le marché français (ils sont au nombre de 27, mais tous ne sont pas autorisés en bio ; un tableau récapitulatif permet de synthétiser leurs caractéristiques dutilisation). Enfin, deux focus sont réalisés : un sur lutilisation des sucres en maraîchage contre divers ravageurs (Sweet Immunity) et lautre sur lemploi de cerevisane contre le mildiou dans la vigne.


Le paradoxe de la Pologne : Demande en hausse, cultures en baisse
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La bio et en particulier la biodynamie se sont très tôt développées en Pologne (entre 1920 et 1940). En 2013, ce mode de production a atteint son paroxysme avec 670 000 ha pour 26 700 exploitations. Depuis, il ne cesse de diminuer et il est tombé à 20 256 exploitations certifiées en 2018. Ce recul sexplique en grande partie par des aides à la conversion et au maintien moins attractives que dautres mesures agro-environnementales (la Pologne a fait le choix de privilégier des mesures plus faciles à mettre en place que la production bio). De plus, lagriculture polonaise repose principalement sur des structures familiales de semi-subsistance : 40 % des exploitations bio ont moins de 10 ha. Le système fiscal, les exigences sanitaires et la peur du collectivisme liée au passé empêchent les producteurs de transformer à la ferme. Sans valorisation suffisante, ils nont pas dintérêt à se convertir ou à se certifier bio. Pourtant, la demande en produits bio est croissante dans les villes, notamment en produits transformés. Cet écart entre loffre et la demande aboutit à un paradoxe : la Pologne exporte 70 % de sa production et importe 70 % de sa consommation.


Fruits à pépins : Retour à la normale
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Les fruits à pépins (pommes et poires) bio retrouvent des conditions de production plus normales après deux années aux conditions climatiques difficiles. Malgré le boom des surfaces converties en bio (un tableau récapitulatif permet de faire la comparaison entre 2017 et 2018), la croissance des volumes reste contenue. En pommes, la production bio a atteint 83 000 tonnes, soit 6 % de la production nationale et 3 000 tonnes de plus par rapport à 2017. En deuxième et troisième années de conversion, cependant, la production a fait un bon avec 22 500 tonnes. Dun point de vue prix de vente, le marché des pommes bio en début de campagne a été actif en raison de labsence de stock. Pour les pommes en conversion, la tendance est inverse à cause des volumes importants. Certains arboriculteurs craignent quelles ne soient pas plus valorisées qu'en conventionnel. En poires, les volumes augmentent aussi : 17 400 tonnes (13,6 % de la production nationale) en bio et 8 000 tonnes en deuxième et troisième années de conversion. Pour ces productions, le calendrier de mise en marché est très important pour échelonner les ventes et éviter les chutes de prix. Il est donc fortement conseillé de stocker les variétés qui se conservent bien.


Le point avec Certipaq : Les dernières évolutions
Gwénaël LEREBOURS, Auteur
Avec la parution du règlement dexécution (UE) 2018/1584, plusieurs évolutions de la règlementation européenne bio sont applicables depuis le 12 novembre 2018. En matière de fertilisation des sols, la chaux résiduaire de la fabrication de sucre, à partir de betterave ou de canne à sucre est maintenant autorisée, tout comme la xylite (à condition que cette dernière provienne dune activité minière). Pour les produits phytopharmaceutiques, les substances actives Allium sativum, Cos-Oga, Salix spp. cortex et hydrogénocarbonate de sodium sont désormais autorisées. Le phosphate diammonique est autorisé mais seulement en guise dappât pour le piégeage. Pour léthylène, désormais, seules les utilisations en intérieur en tant que régulateur de croissance végétale peuvent être permises. Lautorisation dutiliser du cuivre a été renouvelée pour sept ans mais les doses autorisées ont été réduites : 4 kg/ha/an et 28 kg/7 ans. En élevage, la dérogation en poules pondeuses pour lintroduction de poulettes conventionnelles de moins de 18 semaines partiellement élevées en bio (alimentation et prophylaxie) est maintenue, tout comme lincorporation dau maximum 5 % de protéagineux non bio dans la ration des monogastriques. En apiculture, lhydroxyde de sodium est autorisé pour le nettoyage des ruches. En aquaculture, faute de cholestérol biologique, les crevettes peuvent être élevées avec du cholestérol non bio. Concernant les denrées alimentaires, les micronutriments (minéraux, vitamines, acides aminés
) sont autorisés uniquement si leur emploi dans ces denrées alimentaires est une obligation légale.


En direct de l'Inao : Pisciculture : une filière jeune et originale
Olivier CATROU, Auteur ;
Natacha DELAFOSSE, Auteur
La pisciculture bio est un secteur encore jeune. La France en a été la pionnière en créant un cahier des charges au début des années 2000 alors quil a fallu attendre 2010 pour quun règlement soit créé à léchelle européenne. De 700 tonnes en 2007, la France est passée à 3 500 tonnes en 2018 et elle est le leader européen de la production de truites bio. Cet article, rédigé en lien avec lInao, met en avant les points spécifiques de la réglementation bio. Les pisciculteurs doivent mettre en place un plan de gestion durable qui inclut aussi bien limpact de la production sur son milieu naturel que la gestion des prédateurs. Lorigine des animaux est également contrôlée : les animaux doivent être biologiques et issus despèces locales. Une dérogation est possible pour lintroduction de reproducteurs non bio et les prélèvements en milieu sauvage sont strictement encadrés. En matière de conversion, cette dernière ne sapplique pas aux poissons mais aux infrastructures. La mixité est acceptée mais les lots d'une même espèce doivent être séparés dans le temps et dans lespace avec des règles strictes. Le bien-être animal, la qualité des eaux, ainsi que lalimentation doivent également respecter des mesures spécifiques. Un encadré présente linterview de Marine Levadoux, directrice du Cipa (interprofession française des poissons daquaculture), sur la place du bio dans la filière piscicole française.


Antoine Gueidan, apiculteur et référent Fnab : Où en est lapiculture bio ? ; Pratiques de lapiculteur : Miser sur la force des abeilles ; Cire : Limiter les risques toxicologiques
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Ce dossier sur lapiculture bio comprend trois articles. Antoine Gueidan est apiculteur bio en centre-Alsace. Il est également référent professionnel pour la FNAB et a participé à la rédaction dun guide (publié par la FNAB et lAda Aura) sur la toxicologie de la cire. Il dresse un état des lieux sur lapiculture bio en France : bilan de la récolte 2018, sensibilité de cette production aux aléas climatiques, causes de mortalité des abeilles, gestion du varroa, technicité de lapiculture bio et prérequis avant de sy lancer. Antoine présente ensuite la conduite de son rucher. Après une brève description de son parcours (il a démarré en 2002 avec quelques ruches, certifié bio depuis 2008 et il compte maintenant entre 120 et 150 ruches) et de la conduite globale de son rucher, il détaille certaines de ses pratiques : division de ses essaims, élevage de reines, sélection massale, stratégie de lutte contre le varroa. Le dernier article porte sur le guide concernant la qualité toxicologique de la cire. Limportance et limpact de la qualité de la cire sont tout dabord décrits. Larticle sattarde ensuite sur les initiatives de quatre apiculteurs. Elles visent soit à effectuer eux-mêmes le gaufrage de leur cire et ainsi sécuriser sa qualité, soit à miser sur des abeilles plus bâtisseuses.


Betterave à sucre chez Joël Auger, en Eure-et-Loir : Des débuts prometteurs
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
En Eure-et-Loir, Joël Auger, céréalier à la tête de 256 ha et converti au bio depuis 2000, sest lancé en 2018 dans la culture de betterave à sucre bio. Il dresse un bilan de sa première campagne. Joël Auger a choisi dinclure cette chénopodiacée car elle présente des avantages à la fois agronomiques (casse le cycle des adventices dautomne, bon précédent à blé, valorise bien lirrigation présente sur la ferme) et économiques. Il la implantée sur quatre hectares, dans un sol limono-sableux moyennement profond avec une bonne portance au printemps, dans lesquels il avait préalablement semé un couvert de trèfle dAlexandrie et de cameline. Litinéraire technique est détaillé. Il couvre de limplantation du couvert à la récolte de la betterave (travail du sol, désherbage mécanique, traitement contre loïdium et la cercosporiose, irrigation). Le rendement a atteint 61 t/ha de betteraves à 16 % de sucre, ce qui satisfait entièrement lagriculteur. Un tableau permet dapporter des données technico-économiques sur la culture (charges partielles et produits). Les propos de Pierre Lesage, responsable agronomique chez Cristal Union, sont également recueillis et établissent un bilan plus large de cette première campagne en bio avec 26 producteurs bio du Bassin parisien Sud.


Ferme d'Alzetta en Corse : Vers le meilleur équilibre possible
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Martine et Daniel Hervet sont installés en maraîchage près de Porto-Vecchio (Corse), depuis plus de 40 ans. Ils cultivent plus dune centaine de variétés sur 1,5 ha en AB avec certaines pratiques biodynamiques. Bien que la ferme soit localisée dans un cadre idyllique, le climat est plutôt extrême et complique la production, notamment le vent. Ils ont mis en place plusieurs pratiques pour gérer les adventices (paillage, robot de désherbage Naïo, microtracteur, âne, désherbage manuel, bâches en plastique) et essayent de limiter leur utilisation de bâches en plastique, mais leur sol hydromorphe les oblige à planter sur buttes à 20-25 cm de hauteur. Les fourmis leur posent énormément de problèmes. En 2013, ils avaient réussi à les atténuer grâce à des pratiques biodynamiques plus amplement décrites dans larticle, mais ces dernières prennent du temps. Leurs stratégies de lutte contre la virose et le mildiou sont également détaillées. Les maraîchers commercialisent lintégralité de leur production en vente directe en misant tout sur la qualité pour se différencier de la concurrence. Martine et Daniel Hervet sont en constante évolution et envisagent de réduire le nombre de variétés afin de remettre des engrais verts dans leurs rotations.


8èmes Assises de l'oléiculture bio : Huiler les itinéraires techniques
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Loléiculture bio sest envolée en région PACA entre 2014 et 2016 mais, depuis, les conversions restent timides. Pourtant, les moyens de lutte contre la mouche de lolivier se multiplient en agriculture biologique : insecticide à base de spinosad (synéis appât), barrières physiques minérales (argile, talc, carbonate de calcium), filets, barrière biologique (champignon pathogène Beauveria bassiana). Lutilisation de plantes hôtes est également testée pour attirer des auxiliaires de culture. Cependant, des difficultés persistent chez les oléiculteurs. LAfidol (association française interprofessionnelle de lolive) a mené une étude technico-économique auprès de six exploitations bio en PACA afin de mieux cerner leur fonctionnement. Elle révèle que les oléiculteurs les moins interventionnistes sont ceux qui dégagent le moins de résultats, et que la vente directe nest pas forcément synonyme de plus-value. Lirrigation est un atout à condition de bien la gérer et de la combiner au travail du sol pour favoriser un système racinaire étalé et profond. La fertilisation et la gestion de la matière organique sont également importantes : il est recommandé de viser un taux en MO supérieur à 2 %. Les engrais verts sont à privilégier, mais il faut veiller à les détruire avant une concurrence hydrique trop importante.


P. Loridat producteur de myrtille en Haute-Saône : « Je recherche la qualité »
Frédérique ROSE, Auteur
Philippe et Annemieke Loridat sont producteurs de myrtilles bio, aux pieds des Vosges, depuis 1991. Ils cultivent treize variétés anciennes et gustatives afin notamment dassurer une meilleure résistance aux aléas climatiques et aux ravageurs. Ils misent tout sur la qualité de leurs fruits : ils commercialisent les meilleurs en vente directe et transforment les fruits qui ne répondent pas à leurs critères de qualité. Ils fertilisent leurs parcelles avec un amendement organique type 3.3.3 + 4 et irriguent au goutte-à-goutte. Leur gestion des ravageurs et des maladies repose principalement sur la biodiversité (ils pratiquent lenherbement pour favoriser les auxiliaires). Pour savoir sils doivent traiter au Bt les variétés les plus sensibles aux chenilles verte, ils effectuent des préfloraisons forcées : ils coupent des rameaux et les font fleurir précocement en intérieur afin de vérifier si le ravageur est présent ou non. Ils arrivent plutôt bien à gérer la Drosophila suzukii, même si elle reste présente dans leur parcelle, et ils refusent de traiter au spinosad. En cas de trop forte pression, la petite taille de leur exploitation leur permet de ramasser tous les fruits rapidement et de les transformer. Leur système de production est gourmand en main duvre : ils emploient l'équivalent de dix salariés locaux à plein temps sur leur 4,5 ha pour une production de 40 tonnes.


Extraits végétaux : Comprendre leur fonctionnement
Frédérique ROSE, Auteur
En viticulture biologique et biodynamique, les extraits végétaux sont de plus en plus utilisés, notamment contre le mildiou. Ils présentent lintérêt davoir une forte biodégradabilité et, comme ils sont composés de nombreuses molécules, ils ninduisent pas de résistance chez les ravageurs. Les préparations à la ferme sont plus ou moins efficaces comparées à des produits formulés, mais elles permettent de gagner en autonomie et de se réapproprier un savoir botanique. De plus, leur toxicité est faible à nulle. Il est encore compliqué de comprendre leurs modes daction. Par exemple, il est difficile de savoir si un extrait végétal a un effet fongique, fongistatique ou de stimulation des défenses. De nombreuses questions restent également à résoudre sur leur utilisation (durée de laction, effet de la dilution, quelle synergie avec le cuivre
). Dans tous les cas, les extraits végétaux sont conseillés par rapport à lutilisation dune molécule. Cest ce qua illustré lune des expériences du Grab dAvignon en 2003 : une tisane de saule à 0.14 µmol/L a le même effet contre le mildiou quune solution à 7 mmol/L dacide salicylique. Les chimistes parlent dun effet « quenching » : une stimulation liée à un ensemble de molécules.


Vu à Vinitech
BIOFIL, Auteur
Cet article décrit six innovations transférables à l'agriculture biologique vues à Vinitech. 1 - La première concerne la sécurité de la taille avec une amélioration du procédé Wireless anti-coupure de la société Infaco : un système de sécurité lié au sécateur empêche la lame de se refermer au contact des doigts. 2 - En matière de tri et de segmentation de la vendange, la société Socma a présenté le Densibaie, une machine favorisant le tri des baies suivant leur densité (qui reflète leur maturité). Elle est utile en cas de vendange hétérogène ou pour des cuvées premium. 3 - Pour améliorer lefficacité énergétique des chais, la société Lamouroux propose le logiciel E2 qui, suite à linstallation de capteurs et lidentification des objectifs du vigneron, est capable de produire des algorithmes pour réduire la consommation dénergie. 4 - Concernant la pulvérisation (de bioproduits en AB), la société Diimotion propose un système dinjection directe qui permet de moduler les doses de manière instantanée et induit un arrêt de la pulvérisation en absence de feuillage. 5 - Contre le mildiou et loïdium, Joufray-Drillaud propose un stimulateur de défenses des plantes homologué en bio depuis octobre 2018 dont la matière active est le Cos-Oga. Il ne se substitue pas au cuivre mais aide à réduire les doses (20 à 40 %). 6 - Biodisac présente ses manchons de protection de pieds de vigne 100 % biodégradables à base de pin : ils nont pas besoin dêtre ramassés, nentraînent aucune pollution, mais nécessitent un tuteur afin déviter quils ne se recroquevillent.


Couverts végétaux inter-rangs : De multiples atouts à creuser
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lintérêt des couverts végétaux en inter-rangs pour les PPAM n'est plus à prouver. Toutefois, il reste des questions sur les manières de les utiliser et de les optimiser. De nombreux essais sont en cours à la fois pour identifier les espèces à privilégier, pour essayer de limiter leur effet concurrentiel avec les PPAM et pour améliorer leur implantation et leur destruction. La plupart de ces essais ont pour objectif final de lutter contre des bio-agresseurs, notamment contre la cicadelle Hyalesthes obsoletus, qui est vecteur du phytoplasme du Stolbur (il provoque le dépérissement des pieds de lavande et de lavandin). Daprès des essais menés en 2009 par le Crieppam (Centre interprofessionnel dexpérimentation en PPAM), limplantation de couverts entraîne une chute de 50 % des symptômes, quelle que soit leur composition. Depuis 2017, un projet multipartenarial en région PACA tente didentifier les espèces à privilégier (en pur ou en mélange). Un autre essai est en cours à la coopérative SCA3P, sur lutilisation de la coriandre. Les résultats de la première année de ces essais sont détaillés. Un encart présente les matériels adaptés aux PPAM pour le semis et la destruction des couverts.


Du grain au pain : Des outils efficaces pour le tri
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Morvan Le Coz et Pascal Faes sont tous deux paysans-boulangers bio dans les Côtes dArmor. Leurs pratiques respectives, du champ à la transformation des grains, sont comparées. Ces deux fermes sont constituées de 20 ha. Les agriculteurs y cultivent du blé, du petit et du grand épeautre, du seigle et du sarrasin. Au champ, Pascal Faes se différencie de Morvan Le Coz par larrangement quil a trouvé avec un éleveur voisin pour effectuer des échanges agricoles (fumier, foin...). Il fait également appel à un entrepreneur pour effectuer sa moisson. Ces deux agriculteurs passent la totalité de leurs céréales dans un prénettoyeur afin déliminer les déchets légers. Morvan Le Coz trie chaque semaine le grain dont il va avoir besoin grâce à un trieur-alvéolaire quil a construit lui-même avec lAtelier Paysan. Pascal Faes utilise le nettoyeur-séparateur de sa Cuma et a construit une brosse à blé avec lAtelier Paysan afin de favoriser le retrait des poussières et des mycotoxines. Ils se sont tous deux équipés dun moulin type Astrié en meule de pierre en granit, dun four en briques réfractaires et panifient à la main dans un pétrin en hêtre. Pascal Faes effectue quatre journées de panification par semaine avec, chaque jour, une fournée de 80 kg. Morvan Le Coz fait deux fournées de 95 kg par jour dans son four et ce, deux jours par semaine.


Andermatt, le savoir-faire suisse : Le plein de solutions
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Andermatt France est la filiale française du groupe Andermatt Biocontrol basé en Suisse. Ce groupe fait partie du trio de tête des entreprises indépendantes proposant des solutions de biocontrôle. Son chiffre daffaires, actuellement de 53 millions deuros, a triplé depuis 2015. Son premier produit homologué date de 1987, il est leader mondial des baculovirus et est le seul à développer une R&D sur ces derniers en Europe. Sa filiale française a été créée il y a cinq ans et elle est implantée dans les Pyrénées-Atlantiques. En 2014, elle a obtenu ses deux premières autorisations dérogatoires pour son produit fongicide dorigine naturelle Curatio (toujours en attente dhomologation) et pour son insecticide dorigine naturelle NeemAzal (homologué depuis décembre 2018). Fin 2014, son insecticide Capex était homologué. Depuis 2016, elle propose sur le marché trois baculovirus : en trois campagnes, la part de marché dAndermatt France sur ce segment est passée de 15 à 55 %. Avec son accord exclusif de distribution des produits issus de sa maison mère et avec un accès aux produits des autres filiales du groupe (telles que Biofa et son fongicide Vitisan), Andermatt France se targue de proposer des solutions pointues et efficaces.


Vu sur salons : Nouveautés élevage
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Cet article présente huit nouveautés dédiées à lélevage. 1 Olmix, entreprise spécialisée en biotechnologie marine, renforce son offre utilisable en bio (UAB) : capteur de mycotoxines à intégrer à la ration, stimulateur de digestion des ruminants, soutien aux fonctions respiratoires, renforcement des défenses naturelles
2 Porman rajoute le produit Top Clean à sa gamme animale. Cest un produit à large spectre pour redynamiser les ruminants affaiblis autour de la période de vêlage. 3 Herbonis (société suisse) propose le complément de ration Pambonis, destiné aux poules pondeuses et aux truies. Il supplémente en vitamine D, en calcium et en phosphore pour augmenter la fertilité et limmunité. 4 Lechevestrier a sorti Ruminat, une offre minérale et complémentaire à base de coquilles marines, diffusée sous forme de sacs ou de seaux à lécher pour aider à gérer les troubles digestifs et métaboliques des ruminants. 5 Nor-Grape BPO (By Pass Organic), de Nord-Feed, est utilisé en complément dans les rations avant vêlage chez les vaches laitières pour augmenter leur immunité et le taux dimmunoglobuline dans leur colostrum. 6 France Mélasses est le seul fabricant de mélasse certifiée bio (actuellement issue de cannes à sucre provenant de Thaïlande ou du Paraguay). Lentreprise est attentive à lémergence de la production de betteraves bio en France. 7 Bonilait a mis au point un nouveau produit dallaitement destiné aux veaux, agneaux, chevreaux, de la naissance au sevrage. Il est en cours de certification bio. 8 Lassociation Segrafo Ouest, tournée vers le séchage en grange des fourrages, porte le projet de STG (Spécialité Traditionnelle Garantie) Lait de Foin qui est reconnue par lINAO.


Sival Innovation 2019 : Les nominés au concours
BIOFIL, Auteur
Le Sival, salon dédié aux innovations végétales, a eu lieu à Angers du 15 au 17 janvier 2019. Parmi les innovations, Biofil a sélectionné des produits, matériels et services compatibles avec lagriculture biologique. Les caractéristiques de chacun dentre eux sont présentées. Biofil a retenu des innovations variétales en melon, vigne, châtaigne et chou de Milan. Dun point de vue intrants, protection des cultures et fertilisation, les produits identifiés sont : un nouveau système de lâchers dauxiliaires sous serre ; un bio fongicide utilisable en production légumière, arboricole ou viticole ; un système de screening rapide des principaux pathogènes de cultures spécialisées ; un terreau motte bio et écoresponsable. En matière de machinisme, les matériels suivants ont été sélectionnés : une canne chauffante pour maintenir les vins à température et maîtriser leur fermentation ; un prototype du tracteur TractElec 100 % électrique destiné au maraîchage et aux PPAM ; une effeuilleuse pneumatique pour pommiers ; un système de guidage. En solutions pour la production : des porte-bouquets biodégradables destinés à la production de tomates ; des équipements pour le travail en hauteur en arboriculture ; une marque regroupant des variétés de diversification ; des plantes aux saveurs surprenantes ; un sécateur au système anti-coupure. En matière de logiciels, ceux retenus permettent : détablir un diagnostic pour lirrigation, de piéger automatiquement les insectes, de renseigner sur les caractéristiques de la flore spontanée, de suivre la production de semences, de gérer la vigne, de mesurer lhumidité.


Sival : À découvrir sur les stands
BIOFIL, Auteur
La revue Biofil a effectué une sélection d'innovations quil était possible de découvrir lors du salon Sival (15 au 17 janvier 2019). Ces innovations concernent, soit du matériel agricole (travail du sol, désherbage mécanique, pulvérisateur, automoteur, enjambeur électrique, distributeur dengrais), soit des équipements (serres, machine et ingrédients pour thé à compost), des produits de protection des cultures utilisables en AB (UAB) (fongicide, insecticide, lutte biologique, biostimulant, produit de biocontrôle, activateur de sol), des innovations variétales (oignon rouge, chou chinois, aubergine, courgette, panais, courge), ou encore des logiciels pour la gestion de la production. Ces innovations peuvent, soit être spécifiques à la viticulture, au maraîchage, à larboriculture ou aux PPAM, soit être utiles pour plusieurs de ces productions.


Dossier : Légumes de plein champ : Faire face au boom de la demande
Frédérique ROSE, Auteur ;
Jean-Martial POUPEAU, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le marché des légumes de plein champ biologiques fait face à une demande croissante, notamment de la part des transformateurs, que l'offre peine encore à couvrir. Dans un tel contexte, il convient de rester prudent afin d'assurer un développement pérenne de la filière : gestion de l'arrivée massive de nouveaux volumes, accompagnement des agriculteurs, etc. Dans ce dossier, Mathieu Conseil, responsable du pôle maraîchage et légumes de l'Itab, revient sur les grands sujets d'actualité de la filière. Pour assurer la maîtrise du développement de la filière, la planification est un outil primordial. Côté technique, les principales difficultés à redouter sont celles liées au climat et à ses variations extrêmes, point sur lequel l'agriculteur n'a pas de prise. Par ailleurs, des améliorations sont à noter du côté de l'accompagnement technique, de la disponibilité en semences bio et de l'agroéquipement, même si de nombreux progrès sont encore possibles. Dans la suite de ce dossier, deux producteurs témoignent : - François-Xavier Durand, céréalier dans les Landes, qui a commencé à cultiver des légumes de plein champ bio en 2010 ; - Didier Leprêtre, installé dans le Cher, sur 171 hectares, et fournisseur de légumes bio de plein champ pour le groupe D'Aucy depuis 2008. Du côté des transformateurs, le groupe Uniproledi, dans le Lot-et-Garonne, présente son fonctionnement et le développement de sa filière bio. Un encart présente l'assistant de récolte automatisé et évolutif développé par un agriculteur de Seine-et-Marne et la start-up Ponchon.


Thierry Legris, dans les Yvelines : Un assolement en évolution
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Installé dans les Yvelines, Thierry Legris cultive 145 ha. La conversion de l'exploitation à l'agriculture biologique s'est faite progressivement, entre 2001 et 2006. Les premières années, l'agriculteur a conservé une rotation courte, intégrant pour deux tiers des cultures d'hiver et pour un tiers des cultures de printemps. Toutefois, malgré des opérations de désherbage mécanique répétées, la pression des adventices est très vite devenue problématique, notamment avec de fortes présences de folle-avoine, de gaillet et de vulpin. Afin de renverser la tendance, Thierry Legris a apporté plusieurs ajustements à son assolement et à ses pratiques, et ce, de manière la plus adaptée possible aux différents types de sols qui constituent son parcellaire : introduction de la luzerne, semis du blé uniquement derrière des légumineuses (luzerne, lentille, féverole) ou parfois derrière une association pois fourrager-triticale, etc. La présence de maïs dans l'assolement, culture d'été relativement facile à conduire dans les conditions pédoclimatiques de l'exploitation, permet également de lutter contre la folle-avoine en cassant le cycle de l'adventice. Thierry Legris s'est par ailleurs essayé aux techniques culturales simplifiées mais sans succès.