- Titre :
- LA LUCIOLE, N° 22 - Décembre 2018 / Janvier 2019 - Bulletin N° 22
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/12/2018
- Année de publication :
- 2018
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Intensifier sa production pour gagner en efficacité
Mehdi AÏT-ABBAS, Auteur
Le maraîchage diversifié bio-intensif sur petite surface se développe. Lionel Tixier et Guilhem Boyer, les deux associés du GAEC du Bon Repos à Thiers (63), le pratiquent. Ils cultivent 1,1 ha et ont un saisonnier à plein temps de juin à octobre. Leur objectif est de ne pas dépasser la moyenne de 45 h/semaine en se dégageant un revenu décent. Leur efficacité repose sur deux techniques clés : loccultation « productive » et les associations de cultures. Loccultation est une technique de désherbage courante mais les deux associés la rendent productive en lappliquant aux cultures sur toile tissée. Par exemple, la mâche est semée derrière une culture de melon sur toile tissée, en veillant à ne pas travailler le sol pour ne pas faire remonter les graines dadventices. Ainsi, la mâche ne nécessitera quasiment pas de désherbage manuel (mâche, carotte, panais, radis, betterave, pois et haricot sont automatiquement semés avec cette technique). Ils pratiquent aussi lassociation de cultures : deux, voire trois légumes aux cycles complémentaires sont cultivés sur une même planche. Les associations pratiquées au Bon Repos sont détaillées dans larticle (ex : concombre + haricot nain, avec semis direct des haricots 15 jours avant). La culture principale est celle au cycle le plus long. Elle est implantée avec un espacement standard. Les cultures secondaires (cycle court) sintercalent dans ces espacements et sont récoltées avant quelles n'engendrent une concurrence néfaste sur la culture principale.


Les secrets d'un verger en permaculture
Fleur MOIROT, Auteur ;
Céline VENOT, Auteur
Une conférence sest tenue sur les vergers en permaculture à lINRA de Gotheron (Drôme), en novembre 2018. Stefan Sobkowiak, biologiste et arboriculteur québécois, est venu présenter les quatre grands principes de son verger en permaculture : 1/ respecter le trio N-Fr-Fr, soit un arbre fixateur dazote (Févier dAmérique, Olivier de bohème) pour deux arbres fruitiers sans jamais que des arbres de la même espèce ne se touchent ; 2/ cultiver des strates autour des arbres plantés (arbustive, vivace, grimpante) ; 3/ aménager le verger en allées par période de maturité pour faciliter la tâche au consommateur (vente directe) ; 4/ diversifier les espèces et les variétés. LINRA de Gotheron a aussi présenté le projet ALTO « verger zéro phyto ». La conception de ce verger expérimental devait répondre aux trois besoins suivants : gérer les bio-agresseurs, partager des ressources entre les arbres et pouvoir circuler aisément dans le système. Ce verger compte de nombreuses espèces et est implanté en cercle avec de nombreux éléments favorisant la biodiversité (ex : mare). Le GRAB a également exposé les résultats du projet SMART (Systèmes Maraîchers en Agroforesterie : création de Références Techniques et économiques) sur la biodiversité, sur les interactions entre les arbres et les cultures, ainsi que sur la faisabilité économique. Enfin, lOasis SérendiP a expliqué son système de production : cette exploitation de 6 ha sur terres très sableuses est conduite en permaculture. La nature des sols fait que la thématique de leau est le fil conducteur de ce système.


Filière laitière en Auvergne-Rhône-Alpes : vers des démarches « bio + » ?
Marianne PHILIT, Auteur
En Auvergne-Rhône-Alpes, deux opérateurs en production laitière biologique (SODIAAL Union Sud Est et Biolait SAS) ont décidé de mettre en place des démarches éthiques innovantes. Chez SODIAAL Union Sud Est, 12 % des points de collecte sont en AB. Cette coopérative sest engagée dans une réflexion éthique sur la bio avec Coop de France. Elle travaille aussi sur ce sujet au sein de son COPIL BIO SODIAAL. En plus de développer des produits bio (lait bio, lait infantile bio, emmental au lait cru bio), SODIAAL sest engagé dans une démarche beurre bio « Cest qui le patron » qui a permis aux éleveurs en conversion de toucher entre 7 et 11 supplémentaires aux 1000 L. Aujourd'hui, en Auvergne-Rhône-Alpes, Biolait représente 259 fermes, soit 58 millions de litres. En 2014, à l'échelle nationale, lors de l'assemblée générale, les adhérents ont voté la Démarche Qualité Biolait (DQB). Plusieurs engagements forts ont déjà été pris sur la santé animale, la diminution des impacts environnementaux et lautonomie alimentaire. En 2016, ils ont voté lobligation pour les aliments achetés dêtre 100 % origine France et larrêt de la mixité des fermes adhérentes.


Auto-construction de petit matériel en PPAM : Retour sur un temps déchanges
Céline VENOT, Auteur
Une journée sur le thème de lauto-construction a regroupé 14 producteurs de PPAM de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Jura. Leurs principales attentes concernaient le matériel de récolte et des pistes pour les opérations de battage des plantes à petites feuilles. Pour échanger autour de ce thème, les participants étaient épaulés par Grégoire Wattinne (Atelier Paysan), Thibaut Joliet (paysan-formateur au lycée de Montmorot) et Arnaud Furet (conseiller PPAM-ADABio). Cette journée a permis de mieux cerner les besoins et de générer des échanges en sappuyant sur des photos et des vidéos de matériels auto-construits déjà existants. Plusieurs éléments en sont ressortis : il existe de nombreuses pistes pour le matériel de récolte, mais moins pour le battage/sassage. Certaines fois, lacquisition dune machine peut remettre en question le choix d'une culture selon que celle-ci est compatible ou non avec une implantation en mono-rangs ou en planches (ce qui peut faire évoluer les rotations et les méthodes de gestion des adventices). La discussion autour de lintérêt de la mécanisation est aussi à nuancer car certains producteurs soulignent le fait que la récolte reste un plaisir et quils nenvisagent pas de la mécaniser.


Des pistes pour la réduction et la substitution du cuivre en viticulture
Fleur MOIROT, Auteur ;
Arnaud FURET, Auteur ;
Julia WRIGHT, Auteur
Cet article propose une synthèse des résultats de différents essais visant à tester d'éventuelles alternatives au cuivre en viticulture bio. Un tableau synthétique permet de connaître les intérêts et les limites de chacune de ces préparations ou pratiques innovantes (polyphénols issus de sarments de vigne, phosphanate de potassium et de dissodium, cépages résistants, rayonnement UV, absinthe/armoise/menthe poivrée/saule blanc, bourdaine, prêle des champs, Prév B2, huile essentielle de tee trea, fructose, lithothamne, vinaigre, chitosan, Trichoderma harzianum). A noter que, parmi les alternatives à base dextraits végétaux, la modalité la plus efficace reste celle où le traitement est associé à une dose réduite de cuivre (100 à 150 g/ha). Les alternatives les plus utilisées par les vignerons restent la décoction de prêle, le vinaigre, le fructose combiné à de lhydroxyde de cuivre, et la décoction de bourdaine (qui nest cependant pas autorisée actuellement).


Varroa destructor : un problème unanime contre lequel les apiculteurs peuvent agir même en AB !
Cloé MONTCHER, Auteur
Introduit il y a une quarantaine dannées en France, Varroa destructor a maintenant colonisé toutes nos régions, exceptée lÎle dOuessant. Le premier moyen de lutte, visant à détruire les essaims infestés, sest révélé inefficace. Il nexiste toujours pas de méthode miracle mais plusieurs moyens de lutte sont toutefois intéressants. Après avoir décrit le cycle du varroa ainsi que son impact sur une colonie, cet article insiste sur limportance de létape de comptage de ce parasite. Elle permet dévaluer au plus juste le taux dinfestation avant de décider dintervenir ou non, en saidant des seuils critiques nationaux. Les différentes méthodes de comptage sont brièvement décrites : langes graissés au fond des ruches, méthode du sucre glace, congélation, désoperculation directe. Les traitements utilisés en AB sont ensuite présentés. Ils reposent sur trois principes actifs : le thymol, lacide formique et lacide oxalique. En parallèle de ces traitements, il est également possible de mettre en place des pratiques particulières pour réduire le nombre de varroas et créer des périodes sans couvain qui entraînent naturellement la mort du varroa. Ces pratiques se basent sur les cycles biologiques du varroa et de labeille. Il en existe quatre principales : le retrait du couvain mâle, la création dessaims, le retrait du couvain couplé à la création dessaims et lencagement des reines. Larticle détaille plus amplement les impacts de ces pratiques sur la colonie et le parasite.


La lentille Blonde de Saint Flour, née des sols de la Planèze
Lise FABRIÈS, Auteur ;
Alexia DELTREIL, Auteur
Dans les années 50, la lentille sétendait sur plus de 2000 ha. Abandonnée dans les années 60, la production de lentilles Blondes de Saint-Flour (variété FLORA, choisie pour ses qualités organoleptiques) a été relancée en 2002 dans le Cantal, et plus particulièrement dans la Planèze. Elle couvre actuellement 75 ha, dont 11 ha en bio. Une association interprofessionnelle a été créée, qui compte 3 producteurs bio. Sylvain Rispal, lun dentre eux, voit dans cette production une diversification intéressante qui ne demande pas dinvestissement lourd et assez peu de travail entre le semis et le cycle de végétation. Pour la commercialisation, les producteurs de lassociation ont créé la SARL Lentille Blonde, certifiée pour pouvoir transformer les lentilles bio. Elle permet de faire une commande groupée de semences certifiées non traitées (la variété FLORA nexiste pas en bio, il faut donc demander une dérogation). Après la récolte, les lentilles sont vendues à la SARL qui les trie puis les commercialise. Les producteurs peuvent aussi commercialiser directement leurs lentilles grâce à un système de rétrocession par lequel les agriculteurs peuvent récupérer leurs lentilles triées et empaquetées. Ils ont également décidé dinitier des travaux pour obtenir une AOP et sont à la recherche de producteurs bio dans la zone.