- Titre :
- BIOACTUALITES, N° 2/19 - Mars 2019 - Bulletin N° 2/19
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/03/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Le machinisme agricole en mode do-it-yourself
Christian HIRSCHI, Auteur
Trois producteurs bio de la région genevoise partagent leur passion pour lautoconstruction de machines agricoles. Laurent Burgisser (suisse) cultive principalement danciennes variétés de froment et de tournesol. Il a créé une roulotte dotée dun moulin à céréales et dune presse à huile, mais aussi une « petite récolteuse » à semences pour les prairies naturelles d'intérêt botanique qui est en réalité une motofaucheuse modifiée permettant de récolter les graines sans avoir à faucher. Jean-Pierre Jaussi (suisse) est un fervent partisan du semis direct et il essaie de construire des machines ne travaillant que superficiellement le sol. Par exemple, il a développé un semoir automoteur à partir dun enjambeur viticole qui lui permet de mettre en place son soja en semis direct. Matthieu Dunand (français) est un des trois associés de la ferme maraîchère « Pensée Sauvage ». Membre actif de « LAtelier Paysan » (coopérative dautoconstruction), Matthieu Dunand construit une grande partie des machines de lexploitation à partir des plans disponibles en « open source ». Au-delà de pouvoir adapter les machines à la technique de planches permanentes développée sur la ferme, lautoconstruction permet de créer, selon lui, un réseau déchange et de partage.


Relever le défi de la betterave sucrière
Christian HIRSCHI, Auteur
En Suisse, le marché de la betterave sucrière bio est très demandeur puisquà ce jour, 90 % des betteraves sont importées dAllemagne. Cette culture est intéressante (154 CHF/t pour un rendement moyen de 68 t/ha), mais risquée en bio du fait dune difficile régulation des adventices. Pour réussir la culture, le sol doit être bien préparé, notamment en effectuant des faux semis au préalable afin que les surfaces soient le plus propres possible au moment du semis. Pour la suite, deux choix techniques sont envisageables. Le premier est de réaliser un semis très dense (8 cm entre les plantes) et une intervention manuelle précoce pour éclaircir la culture et sarcler sur la ligne. La deuxième méthode vise à restreindre les interventions manuelles, gourmandes en main duvre, en misant sur des semis en place avec des étrillages et des sarclages fréquents. De nouvelles pistes restent à explorer. Actuellement, des essais de culture sous plastique biodégradable sont en cours en Allemagne et des bineuses autoguidées permettant de sarcler les betteraves apparaissent sur le marché.


Le lait de sa propre herbe
Katharina SCHEUNER, Auteur ;
Aline KÜENZI, Auteur
En Suisse, plus de deux tiers de la surface agricole est occupée par des cultures fourragères. Selon les estimations, un quart des exploitations délevage pourraient adopter la pâture intégrale mais très peu le font actuellement, car cette méthode est exigeante. La pâture intégrale a besoin dêtre professionnalisée d'autant plus que Bio Suisse a inscrit, dans le cahier des charges 2022, que plus aucun aliment fourrager bio ne pourra être importé pour les ruminants. La pratique de la pâture intégrale commence au printemps par du surpâturage afin de stimuler le tallage des graminées et dhabituer les animaux. Vient ensuite un important travail de planification des pâtures afin de faire correspondre les besoins en fourrage du troupeau à la production des prairies : taille des surfaces, durée et intensité du pâturage, ouverture des pâtures (au moment de la hauteur idéale de lherbe), heure de conduite des vaches au pâturage, etc. Une planification optimale nécessite plusieurs années de travail et dadaptations en fonction des observations réalisées et peut aussi être adoptée en pâture partielle pour les systèmes qui ne peuvent pas développer une pâture intégrale (éloignement des parcelles). Dautres paramètres peuvent influencer la réussite du système, comme la sélection du type de vaches et ladoption de vêlages saisonniers qui permettent de faire coïncider le besoin maximal de fourrages avec la forte croissance de lherbe et ainsi de limiter le coût daffouragement. Le producteur laitier bio Christof Widmer témoigne de son expérience en pâture intégrale et notamment de lintérêt économique (revenu de 43 CHF/heure, contre 26 CHF/h en ferme bio de plaine) et sur le temps de travail (2370 h, contre 3600 h).


Pâturage et allaitement à la mamelle : Nouvelle méthode dengraissement
Claudia SCHNEIDER, Auteur
En Suisse, en élevage laitier bio, bon nombre de veaux quittent lexploitation avant dêtre sevrés afin dêtre engraissés en conventionnel car le prix du lait bio est élevé et celui des veaux bio de boucherie plutôt bas. En effet, le prix à labattage dun veau bio est faible et saisonné. Pourtant, ce genre de pratique ne semble pas correspondre aux valeurs de la bio. Aussi, Bio Suisse, en collaboration avec la Coop et le FiBL, a lancé un projet dengraissement des veaux suivant deux règles principales : les veaux doivent aller au pâturage et doivent pouvoir prendre le lait directement à la mamelle. Le but est donc dégaliser les fluctuations saisonnières de l'offre de veaux prêts pour l'abattage et daugmenter loffre générale de la viande de veau afin daugmenter le prix à labattage. Les veaux du projet seront payés au-dessus des prix actuels du bio. Les veaux livrés en 2018 avaient une moyenne dâge satisfaisante à 171,1 jours et un poids mort moyen de 123,8 kg, mais la couverture de graisse était trop souvent insuffisante, notamment pour les nouveaux producteurs. Les résultats montrent que, dans ces conditions, lengraissement des veaux peut être une source de revenu et que cela permet déconomiser des heures de travail pour le producteur (tétée des veaux).


Contre la faim dans le monde : Affourager de lherbe aux bovins
Christophe NOTZ, Auteur
La proportion de céréales à destination de lalimentation animale représentait un tiers de la production mondiale totale en 2007. En Suisse, les surfaces de céréales fourragères se sont amenuisées et les importations de concentrés ont atteint plus de 80 %, en bio, en 2007. A grande échelle, ce phénomène a contribué à augmenter les prix sur le marché mondial et des émeutes de la faim ont éclaté dans certains pays. Dans ce contexte, une étude avait été lancée par le FiBL : « Feed no Food », soit « Naffouragez pas de denrées alimentaires ». Dans plus de 70 fermes bio, lapport en concentrés a été diminué de 25 % en 3 ans et les résultats sont concluants car aucun effet négatif na été notifié, mis à part une légère baisse de productivité de 0,7 kilo de lait par kilo de concentré économisé. Aujourdhui, les choses ont changé et les importations ne représentent plus que 36 % (en Suisse, en 2018). Néanmoins, les délégués de Bio Suisse ont voté une diminution à 5 % de la proportion maximale de concentrés dans laffouragement des ruminants pour 2022 (contre 10 % actuellement).


Tuer les poussins : Il ny a pas encore dalternative praticable
Claudia FRICK, Auteur
En Suisse, lensemble des acteurs de la bio, dont Bio Suisse, cherchent une alternative viable à labattage des poussins mâles de poules pondeuses. À ce jour, cette pratique est encore autorisée en bio mais soulève des questions déthique. Des alternatives voient le jour, mais aucune nest encore valable à court terme. La première possibilité serait lengraissement de ces « frères coqs » bien quils soient plus petits et plus maigres que les poulets de chair. Aussi, le secteur de la transformation serait sollicité afin dadapter ses outils. Les fermes Demeter et quelques fermes Bourgeon ont déjà lobligation dengraisser au moins un « frère coq » par poule pondeuse. Une seconde alternative serait dadapter la race. En effet, les poules à deux fins pondent certes un peu moins, mais lengraissement des mâles est satisfaisant. La Coop est déjà engagée dans cette démarche et vend les ufs et les poulets de cette race. Enfin, une troisième alternative serait le tri des ufs après détermination du sexe. Le but serait de pouvoir déterminer très tôt le sexe des embryons afin de ne pas faire éclore les ufs mâles. Mais cette possibilité questionne, car, à ce jour, le cahier des charges Bio Suisse interdit le spermasexing en bovin. En attendant de trouver une solution viable, Bio Suisse compte sur le soutien des consommateurs pour faire valoir ces alternatives.