- Titre :
- BIOFIL, N° 122 - Mars / Avril 2019 - Bulletin N° 122
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/03/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Pays de la Loire : La Vergne mise sur le collectif
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Lancienne ferme thérapeutique de la Vergne, située en périphérie de la Roche-sur-Yon, est devenue un tiers-lieu coopératif qui a permis linstallation de plusieurs producteurs bio. Suite à larrêt dactivité de lancienne ferme, un collectif dhabitants et dassociations a acheté cette dernière (avec laccord de la Safer) afin de mettre en place des activités en lien avec une économie sociale et solidaire. Deux ans après cet achat, la ferme de la Vergne compte 250 sociétaires et a pris la forme dune Scic. Lagriculture biologique est lun des projets phares de ce lieu coopératif. Sur les 23 ha, 16 ha ont permis daccueillir une association dinsertion nommée « le potager extraordinaire » qui compte 2,5 encadrants et une dizaine de salariés en insertion. Cinq producteurs bio (maraîchage, PPAM, fruits rouges) ont également pu sinstaller. Une soixantaine de bénévoles sont également investis dans lentretien du lieu et du magasin. Ils apportent également leur aide pour des travaux conséquents (montage dune serre, remise en état du système dirrigation
). Dautres projets sont en réflexion, toujours en lien avec la production ou lalimentation : une plateforme de compostage partagée avec une légumerie bio voisine et la reconversion dun ancien bâtiment en halle artisanale incluant une conserverie.


Provence-Alpes-Côte dAzur : Cantines bio sans surcoût
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Dans les Alpes-Maritimes, les cantines de Mouans-Sartoux (10 000 habitants) servent des repas 100 % bio depuis 2012, ce qui représente aujourd'hui 150 000 repas par an. La volonté de sorienter vers une alimentation bio, de qualité et durable a émergé dans les années 90. 85 % des légumes viennent de la régie municipale agricole, soit 25 tonnes de légumes produites par trois agriculteurs salariés (la mairie avait préempté sur 6 ha au nord de la ville pour lutter contre la pression foncière). Le pain est fabriqué par un boulanger du village, le miel est produit par des apiculteurs du département et les autres produits proviennent de grossistes (principalement Naturdis). Ainsi, 70 % de la totalité des achats sont régionaux. Le passage au 100 % bio sest effectué sur quatre ans et les coûts matière restent maîtrisés, avec 2,04 /repas. Cette maîtrise est surtout rendue possible par une réduction de 80 % du gaspillage alimentaire : pesée quotidienne des restes, ajustement des quantités adéquates à cuisiner, individualisation des portions (par exemple, les fruits sont servis par quartiers et aucun gramme nest jeté). Le passage au bio na pas nécessité dinvestissements spécifiques. Toutefois, pour aller plus loin, la municipalité sest dotée de nouveaux fours (pour cuire plus vite et laisser plus de temps à lépluchage) et de matériel de surgélation (pour surgeler le surplus de production).


Sival, salon du végétal à Angers : La bio est partout !
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La montée en puissance de lagriculture biologique sest encore confirmée lors de lédition 2019 du Sival à Angers. Les producteurs engagés ou intéressés par la bio ont pu trouver des inspirations, des conseils et des renseignements sur le pôle bio qui a regroupé les organismes professionnels du Grand Ouest (Cab, Interbio, Chambres dAgriculture, groupements de producteurs
). Des producteurs bio étaient aussi venus témoigner sur des stands. Des informations sur les différentes productions biologiques en Pays-de-la-Loire en 2017 sont apportées dans l'article : les résultats sont bons dans les élevages laitiers mais plus fragiles dans les systèmes allaitants car ces derniers reposent sur des systèmes extensifs qui dépendent plus des aides. En grandes cultures, les résultats ont diminué à cause des mauvaises récoltes. Au contraire, lEBE reste stable en viticulture et en maraîchage. Une amélioration est même à noter en maraîchage avec la stabilisation des cours et une professionnalisation des exploitations.


La bio dans le monde : Une poussée encore inégale
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Selon la 20ème édition du rapport du Fibl et dIfoam, la bio poursuit sa croissance à l'échelle mondiale. Sa surface atteignait près de 70 millions dhectares en 2017, soit 1,4 % des surfaces cultivées, ce qui représente une hausse de 20 % par rapport à lannée précédente. Cette forte augmentation sexplique en partie par un bond des conversions en Australie avec 8,5 millions dhectares supplémentaires. Le nombre de producteurs à léchelle mondiale est également en hausse, avec une augmentation de 5 %. Il est estimé à 2,9 millions : lInde domine avec 835 000 agriculteurs bio, suivie par lOuganda (210 350 agriculteurs bio) et le Mexique (210 000 agriculteurs bio). Presque un quart des surfaces bio et plus de 87 % des producteurs se trouvent dans des pays en développement avec des marchés émergents. Les deux tiers des surfaces bio sont consacrées aux prairies pour de lélevage extensif. Les terres cultivées sont également en progression (+ 11 %) et couvrent 12 millions dhectares.


Semences et plants potagers : Vers la fin des dérogations
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Actuellement, en AB, les semences et plants potagers sont très souvent soumis à dérogation. Cela signifie quil est possible dutiliser des semences et plants conventionnels non traités. Cependant, la nouvelle réglementation européenne bio 2018/848 supprime ce système dérogatoire et impose lusage total de semences et plants bio en 2035. En France, la filière (coordonnée par le Gnis et lInao) souhaite raccourcir ce délai au plus tôt possible. Certains semenciers ont déjà anticipé cette nouvelle règle. Près de 25 espèces potagères sont déjà disponibles en hors dérogation (HD). Au contraire, dautres acteurs, comme Loïc Bouchet, responsable des ventes France chez Clause (dont la gamme non traitée sapplique uniquement aux espèces dérogeables), dénoncent une distorsion de concurrence entre pays : les semences non traitées (mais non bio) et les plants issus de ces graines, produits dans dautres pays tels que lItalie ou lEspagne, seront moins chers et continueront dêtre vendus en bio en France. De plus, la production HD pose encore quelques problèmes techniques, surtout pour les plantes bisannuelles. Lexemple de la carotte nantaise, mise en HD depuis janvier 2018 par le Gnis, est plus amplement détaillé, ainsi que celui de la courgette. En complément de cet article, les propos de trois distributeurs sont recueillis : ceux de Cyriaque Crosnier Mangeat, co-fondateur et co-dirigeant dAgrosemens, qui propose une offre exclusivement bio ; ceux de René Richert, PDG de Prosem et Ducrettet, qui sest lancé lannée dernière dans le bio et propose plus de 600 variétés ; et enfin, ceux de Jérôme Crenn, responsable produit de Thomas Plants, qui produit des plants bio.


2es Rencontres des grandes cultures bio : Un défi, consolider loffre
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Les secondes Rencontres des grandes cultures bio ont eu lieu le 22 janvier 2019, à Paris. Elles ont mis l'accent sur les moyens de consolider l'offre, tant au niveau quantitatif que qualitatif. L'enjeu est de répondre à lessor du marché de lalimentation bio. Malgré lenvol des surfaces en 2017, la filière peine à satisfaire la demande en meunerie et en alimentation animale, et elle narrivera pas à être autosuffisante à court terme. Le recours aux importations savère donc indispensable. La sécurisation de ces dernières passe par la mise en place dun système de contrôle interne performant (stockage intermédiaire, analyse déchantillons, méthode HACCP, audits fournisseurs
). Lenjeu est de montrer que le système de contrôle établi par les organismes certificateurs va au-delà de lobligation de moyens. Les questions de stockage et de triage du grain bio présentent également un véritable enjeu afin de préserver ses qualités technologiques et sanitaires. Pour cela, il est nécessaire de stocker des récoltes saines, sèches et propres, de respecter des mesures sanitaires (nettoyage, désinsectisations préventives) et, si besoin, davoir recours à des actions curatives avec de la terre de diatomée. La ventilation, pour descendre la température du grain en dessous de 12 °C (seuil à partir duquel les insectes ne se développent plus), est aussi un facteur de réussite. Les choix variétaux ont également été abordés lors de ces Rencontres : loffre sélargit, dautant plus quà lhorizon 2025, les semences et plants utilisés devront obligatoirement être bio, en prévision de lapplication du règlement bio européen UE 848/2018 qui fixe larrêt des dérogations dici 2035.


Millésime bio, La Levée de la Loire et les autres : Les salons des vins bio semballent
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Début 2019, lenvol de la demande française et internationale en vins bio a dopé laffluence des salons professionnels spécialisés (Millésime bio, La Levée de la Loire
). En janvier, Millésime bio a confirmé sa place de leader international des salons des vins bio avec 1 200 exposants (soit 200 exposants supplémentaires par rapport à lannée précédente) et 6 200 visiteurs professionnels. Ce salon a aussi accueilli une nouvelle zone réservée à la bière, au cidre et autres spiritueux bio. 78 % des acheteurs potentiels étaient français. La semaine suivante, en Anjou, le duo La Levée de la Loire et salon Demeter ont réuni 324 exposants, en parallèle du Salon des vins de Loire. De plus petits salons sont aussi fortement courus : Biotop, Affranchis, Le Vin de mes amis


Millésime bio : Le cuivre au cur des débats
Frédérique ROSE, Auteur
Lors du salon Millésime bio, la problématique du cuivre a alimenté les échanges durant plusieurs conférences et différents points de vue sont ressortis. Jacques Carroget, viticulteur dans le Muscadet et secrétaire général viticulture FNAB, insiste sur les conclusions de lEsco (Expertise scientifique collective) menée par lINRA : pour linstant, il nest pas possible de se passer du cuivre même si les doses ont cependant été largement réduites. Il ressort également de cette étude que des alternatives sont déjà bien utilisées par les viticulteurs, et ce depuis plusieurs années. Michel Gendrier, viticulteur dans le Loir-et-Cher, aborde la piste des cépages résistants, ainsi que le risque de contournement des résistances et de leur spécificité parfois sur une seule maladie. Patrick Guiraud, président de Sudvinbio, confirme que les vignerons utilisent tous les moyens mis à leur disposition pour lutter contre le mildiou. Il sinterroge également sur les taux de cuivre dans le sol : sont-ils si élevés ? Lun des objectifs du plan cuivre de la FNAB est dailleurs de réaliser des analyses de sol à grande échelle pour évaluer la teneur en cuivre réelle des sols viticoles. Eric Chantelot, directeur de lIFV Rhône-Méditerranée et expert national Ecophyto, rappelle que lEfsa a identifié des risques pour la santé des travailleurs dans l'utilisation du cuivre et que cela peut induire le port obligatoire dEPI (équipement de protection individuel phytosanitaire) en post-délai de rentrée.


Le point avec Ecocert : Guide de lecture : ce qui change
Stéphane LEROYER, Auteur
Une nouvelle version du guide de lecture du cahier des charges bio, datée de décembre 2018, est parue sur le site de lInao. Les précisions et modifications apportées par cette nouvelle version sont résumées dans cet article. Pour les productions végétales, elles concernent : les préparations autorisées à base de substances naturelles comme biostimulants, lutilisation des semences fermières autoproduites (C1, C2, bio), la définition de la période végétative des fraisiers pour lobtention des stolons pour les pépiniéristes. En élevage, des précisions sont apportées sur la définition « délevage industriel » dans le cadre de la gestion des effluents, et sur linterdiction des tunnels daccès aux parcours pour la production de volailles. Les dernières modifications concernent lapiculture. Des informations sont apportées sur les éventuelles sources de contamination dans la zone de butinage ; sur la possibilité dutiliser de la soude caustique (hydroxyde de sodium) pour nettoyer et désinfecter des cadres et des ruches ; sur la possibilité davoir recours, sous certaines conditions, à de la cire dopercule non bio.


En direct de l'Inao : Restauration commerciale : réforme du cahier des charges
Serge JACQUET, Auteur
Le bio est régi par la réglementation européenne pour la quasi-totalité de la filière, à lexception notamment de la restauration collective. Le choix de l'exclure a récemment été conforté par le nouveau règlement (UE) n° 848/2018. Cependant, en France, il existe, depuis 2012, un cahier des charges qui définit les règles applicables à la restauration hors foyer, à caractère commercial, qui utilise des produits bio. Ce dernier est encore très peu connu. Il peut actuellement sappliquer à trois catégories de restaurants : Cas 1 restaurants avec seulement une ou plusieurs denrées ou ingrédients alimentaires bio ; Cas 2 - restaurants proposant des plats et menus bio ; Cas 3 - restaurants bio (au moins 95 % de leurs ingrédients et denrées doivent être bio). Toutefois, après six années dapplication, le bilan est mitigé puisque seulement 200 restaurants sont certifiés alors que de nombreux établissements revendiquent des produits et menus bio en dehors du cadre de la certification. Ce constat a incité le Cnab à lancer une réforme de ce cahier des charges. Une étude a identifié et analysé les principaux freins à la certification. Elle a conduit à la simplification des cas 1 (en supprimant lobligation de notification des produits bio) et des cas 2 (en créant une certification « Quantité produits » basée sur le pourcentage de produits bio achetés). La dernière étape avant lhomologation de ce nouveau cahier des charges est une procédure dopposition qui permet de recueillir les avis des personnes potentiellement concernées par ces changements.


Dossier : Alternatives au labour
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Le labour est de plus en plus délaissé en agriculture biologique au profit de méthodes alternatives (TCS, strip-till, semis direct sous couvert). Le défi à relever est de taille : il faut continuer à maîtriser le salissement des parcelles et à conserver une dynamique de minéralisation. Ce dossier, constitué de six articles dont cinq sont des témoignages dagriculteurs, apporte quelques exemples et données techniques en lien avec cette problématique. Joseph Pousset, agriculteur bio depuis 1979 et en sans labour depuis 1991, auteur et conseiller agricole, est tout dabord interviewé sur sa vision du labour et sur le concept dagriculture de conservation. Les différentes raisons qui poussent de nombreux agrobiologistes à ne plus utiliser le labour sont ensuite décrites, ainsi que les difficultés que cela entraîne. Le troisième article est consacré au groupe déchanges TCS en bio, créé en 2017 en Vendée. Julien Guéneau, agriculteur appartenant à ce groupe, décrit ses pratiques. Vient ensuite le témoignage de Frédéric Barbot. Il cultive 360 ha en bio en Indre-et-Loire. Son système repose sur un travail du sol superficiel et sur une forte présence des légumineuses. Michel Roesch, agriculteur basé dans le Bas-Rhin et converti au bio depuis 2009, explique comment il arrive à poursuivre le travail du sol simplifié quil a initié en conventionnel. Il décrit aussi limportance des couverts végétaux pour améliorer la fertilité de ses sols. Enfin, Philippe Nouvellon et Luc Devienne exploitent 200 ha dans le Tarn (dont 40 ha en conversion bio). Ils ont arrêté de labourer suite à la baisse de fertilité de leur sol, mais, malgré plusieurs ajustements de leurs itinéraires techniques, leurs rendements ont décroché.


François Rigondet, dans le Cher : 17 ans de recul en non-labour
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
François Rigondet exploite 236 ha en grandes cultures dans le Cher. Il a entamé sa conversion bio en 2002 et la étalée sur cinq ans (conversion dun cinquième de la surface chaque année). 60 % de ses terres sont des sols argilo-calcaires lourds et profonds (délicats à travailler) et 40 % sont des rendzines superficielles (qui tolèrent les erreurs de travail du sol). Cette dichotomie facilite létalement des travaux mais complique les choix des assolements. François Rigondet nutilise pas de rotation type, mais seulement des successions culturales bien réfléchies. Selon lui, lun des points essentiels à respecter pour choisir ses cultures est lalternance stricte des époques de semis (hiver et printemps). Le choix est ensuite guidé par le salissement de la culture précédente et par une connaissance fine de la malherbologie. Bien que située en zone vulnérable, lexploitation nimplante pas de couverts car les sols gras ne ressuient que sils sont exposés aux éléments durant lhiver (lexploitation bénéficie dune dérogation possible dans ce département). Labsence de labour est quasi-systématique et a eu pour bénéfice de diminuer les carences en manganèse sur blé et tournesol liées à loxydation du sol. La charrue a été remplacée par une machine à bêcher (modèle Bechamatic). Pour le désherbage mécanique, François Rigondet utilise une bineuse, une herse étrille et a auto-construit une écimeuse.


La pomme de terre : Des enjeux multiples ; Samuel Gohier, dans le Maine-et-Loire : Les gains du monorang
Frédérique ROSE, Auteur
Le marché de la pomme de terre bio en circuit long est en augmentation. En 2018, les rendements ont été fortement impactés par la sécheresse (chute de 14 % par rapport à 2017). Selon Fabris Tréhorel, gérant de la Scic Douar Den en Bretagne, les variations de rendement entraînent surtout des difficultés commerciales : comment faire si les volumes ne sont pas honorés ? Et que faire en cas de surplus ? Le mildiou reste la maladie phare à combattre. La création de variétés résistantes reste lune des principales alternatives au cuivre. Frédérique Aurousseau, responsable scientifique de création variétale au Comité Nord Plants, rappelle quil est nécessaire de continuer à traiter des variétés résistantes pour limiter leur exposition aux pathogènes et ralentir les phénomènes de contournement. De plus, il ne faut pas oublier que lacceptation des nouvelles variétés par les consommateurs est toujours un défi. Comme il est difficile davoir tous les critères de sélection sur une même variété, il est important de les hiérarchiser. Selon Fabris Tréhorel, la résistance au mildiou doit maintenant passer avant les qualités de présentation. Vient ensuite le témoignage de Samuel Gohier, maraîcher diversifié en Maine-et-Loire qui cultive de la pomme de terre sur 2000 m2 en monorang. Cette technique lui permet de gérer plus facilement le mildiou, doptimiser le suivi de la culture et de diminuer le temps de main-duvre.


Punaises phytophages des tomates, aubergines et choux : Chercher les bons moyens de protection
Frédérique ROSE, Auteur
Dans le cadre du projet Impulse, le Ctifl et ses partenaires étudient différents moyens de lutte contre les punaises phytophages. Ces dernières peuvent engendrer jusquà 90 % de perte de récolte et restent un verrou en agriculture biologique. Les scientifiques ont tout dabord cherché à améliorer leurs connaissances sur la biologie de linsecte. Ils se sont ensuite penchés sur la recherche dauxiliaires de culture. Suite à des expérimentations, Trissolcus basalis a été identifié comme un parasitoïde de la punaise Nezra viridula. La stratégie visée est celle de la lutte biologique par introduction dauxiliaires, mais il reste à déterminer les doses et fréquences optimales des lâchers. Nabis spp a également été retenu. Il sattaque au stade L1 et L2 des punaises, mais son comportement avec les autres auxiliaires et son innocuité sur la plante restent encore à étudier. Des essais ont également permis de tester lefficacité de filets anti-insectes : globalement, les dégâts causés par les punaises étaient moins nombreux sous filet (même si une légère recolonisation a été observée en été) et une augmentation du rendement a été constatée. Lintérêt de la technique reste à confirmer et celle-ci devrait certainement être associée avec dautres moyens de protection. Des plantes pièges ont aussi été testées en plein champ (chou chinois, moutarde, colza). Cependant, la présence de larves a été observée dans ces plantes qui peuvent donc devenir une source de contamination. Très peu de connaissances sont disponibles sur ces plantes pièges, et de nouveaux essais sont programmés avec des ajustements.


Produire des pommes à cidre : Miser sur les variétés anciennes
Frédérique ROSE, Auteur
Dans lOrne, Dominique et Nathalie Plessis cultivent 22 ha de vergers de pommes à cidre convertis en bio depuis 2008. Ils utilisent une grande diversité de variétés anciennes quils ont implantées par blocs variétaux (réfléchis afin de faciliter la pollinisation car certaines variétés sont diploïdes et dautres tétraploïdes). Parmi les variétés anciennes, certaines sont très tardives, ce qui présente de nombreux avantages : elles débourrent en mai après les gelées tardives et à la fin du cycle de projection de la tavelure, et elles atteignent le stade C a posteriori des vols danthonomes. Sur le reste du verger, Dominique et Nathalie utilisent entre 0,8 et 1 kg/ha/an de cuivre associé à du soufre en trois ou quatre passages (ils sautorisent quelques taches sur les fruits mais restent vigilants car un arbre affecté est moins résistant face aux autres ravageurs). Grâce à une forte biodiversité, la gestion des maladies et des ravageurs est bien maîtrisée. Ils ne tondent que deux fois par an pour favoriser les auxiliaires et ont installé des nichoirs à mésanges, des nichoirs à insectes, ainsi que des perchoirs à rapaces. Pour gérer le carpocapse, ils traitent une fois avec le virus de la granulose fin juin, les mésanges soccupent ensuite du reste. Grâce aux auxiliaires présents avec les nombreuses fleurs, la lutte contre le puceron est quasi nulle. Lanthonome reste le principal souci sur les variétés non tardives. Pour évaluer sa présence, ils réalisent des frappages quotidiens en saison et effectuent deux passages à demi-dose de spinosad. A terme, ils aimeraient trouver une alternative à ce produit.


Colloque plants bio : Ouvrir le débat
Frédérique ROSE, Auteur
A linitiative de la Fnab et de la Coordination agrobiologique des Pays de la Loire, le colloque sur les plants de vigne bio de janvier 2019 a réuni une centaine de participants (viticulteurs, pépiniéristes, techniciens, représentants des administrations). Actuellement, la majorité des plants sont issus du conventionnel et beaucoup de viticulteurs se contentent de ce système puisquil faut trois ans avant que le plant ne rentre en production (soit le temps dune conversion). Toutefois, avec la révision du règlement bio, ils auront pour obligation de se fournir en plants bio dici 2035. Lobjectif de ce colloque était que tous les acteurs concernés par ce changement échangent sur leurs contraintes respectives. De nombreuses questions ont ainsi été soulevées : Quelle est la définition dun plant de vigne bio ? Quels sont les critères de qualité attendus ? Faut-il continuer la multiplication clonale ou revenir à la sélection massale ? Quelle réglementation spécifique compatible avec les normes techniques et sanitaires en vigueur ? Globalement, les blocages réglementaires concernent principalement la gestion de la flavescence dorée, notamment pour les pépiniéristes et les viticulteurs en périmètre de lutte obligatoire (PLO). Un autre verrou est la dose de cuivre à respecter, plus problématique en pépinière. Le Cnab, via sa commission semences et plants, a déjà travaillé sur ce sujet et a pu apporter quelques propositions pour un futur cahier des charges spécifique à la production de plants de vigne bio.


Associer des espèces tropicales : Lablab et cowpea pour gagner en qualité de fourrage
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Le GAEC de la Pâture, basé en Loire-Atlantique, a associé du lablab (également appelé dolique dEgypte) à son maïs ensilage et du cowpea (ou niébé) à son sorgho. Lobjectif de ces associations est de pallier le manque dazote dans les rations de leurs 60 vaches Normandes et de produire davantage de biomasse. Cette ferme, en biodynamie, exploite 99 ha. En 2018, 4 ha étaient réservés au maïs ensilage et au sorgho fourrager et ont servi de test avec lajout de ces deux légumineuses tropicales. Ces dernières se servent du maïs et du sorgho comme tuteurs pour se développer. Pour le semis, elles ont été mélangées aux semences des céréales à raison de 15 kg/ha pour un surcoût de 50 à 60 /ha. Le semis a été réalisé le 1er juin 2018, à 111 kg/ha pour le mélange maïs-lablab et 170 kg/ha pour le mélange sorgho-cowpea. Pour chaque association, la présence des espèces est irrégulière sur le rang, ce qui est probablement lié à une aspiration inégale des graines lors du semis, ainsi quaux dégâts des corbeaux et des taupins. Toutefois, la couverture reste bonne. Les ensilages ont été récoltés le 8 octobre et ont donné 9 t/ha de MS. Un tableau permet de connaître leur qualité (UFL, PDIN, PDIE, PDIA). Globalement, ils sont de meilleure qualité que ceux obtenus avec des cultures pures. Lassociation sorgho-cowpea a une bonne valeur énergétique et une valeur protéique satisfaisante, mais le maïs-lablab est un peu juste en énergie.


Valoriser le lait de chèvres poitevines : une fromagerie au cur de la ferme
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Dans les Deux-Sèvres, trois associés ont créé le GAEC « Il était une ferme » en 2014. Cette ferme en polyculture-élevage, conduite en AB, se diversifie avec ses deux ateliers de transformation : un en boulangerie et lautre en fromages de chèvre. Deux des associés (Clément Vinatier et Nicolas Boutin) soccupent du troupeau de 72 chèvres et de la fromagerie. Ils ont choisi la race Poitevine qui est rustique et bien adaptée au système pâturant. Son lait présente également des qualités fromagères intéressantes avec des taux butyreux et protéiques élevés. Une chèvre Poitevine primipare donne entre 300 à 400 L de lait par an, et une multipare entre 500 et 600 L. Les chèvres pâturent sur 31 ha et les rations sont adaptées aux différentes phases de lactation. De mars à juin, les associés traient deux fois par jour, ce qui stimule le développement mammaire et, à partir de juin, ils passent en monotraite. Chaque année, le GAEC transforme 1 000 L en yaourts, 10 000 L en tommes et 20 000 L en fromages lactiques. Neuf types de fromages lactiques sont fabriqués à partir du même caillé, les différences organoleptiques seffectuent suivant la hauteur du fromage et son affinage. Le tout est commercialisé en vente directe ou sur d'autres circuits courts. Les différentes étapes de transformation pour obtenir ces produits laitiers sont plus amplement détaillées dans larticle et quelques repères économiques sont donnés.


Solevial et Unicor dans le Sud-Ouest : Lusine daliments bio sagrandit
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Solevial, fabricant daliments pour bétail, renforce sa capacité à produire des aliments bio en modernisant et en agrandissant lusine de La Canourgue en Lozère. Solevial regroupe, depuis 2013, les outils industriels et commerciaux de trois coopératives : Unicor, Qualisol et Invivo. Le site industriel de La Canourgue est exploité en bio depuis 2009 par Unicor. Lusine rénovée produit aujourd'hui plus de 10 000 tonnes daliments contre 3 500 tonnes il y a trois ans. Ce site produit une gamme de 300 aliments destinés principalement aux bovins et aux ovins (en production laitière et allaitante), ainsi quaux caprins. Unicor privilégie lapprovisionnement local, dautant plus que certains opérateurs de la filière lait, comme Biolait, imposent un aliment 100 % dorigine française. Parmi ses 5 000 adhérents, Unicor compte 450 producteurs bio, majoritairement situés dans lAveyron et la Lozère. Face à une demande en lait bio en hausse de la part des transformateurs, cette coopérative a lancé le programme daccompagnement Laits 3 Bio. Ce dernier est soutenu par lAgence Bio et vise à développer et à structurer la production laitière bio en élevages bovin, ovin et caprin.


Sival 2019 : Des innovations à tester
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Parmi les allées du salon Sival qui sest tenu à Angers du 15 au 17 janvier 2019, treize nouveautés destinées à la protection des végétaux et utilisables en AB ont été relevées. Lentreprise Biodevas va changer sa gamme de produits biostimulants : elle va diminuer son offre de produits et les rendre plus polyvalents. Lentreprise Vertal, spécialisée dans la stimulation du vivant et le ralentissement du vieillissement des cellules, propose différents produits à destination des végétaux, du sol, des animaux ou encore de leau. Lentreprise Alltech a obtenu de nouvelles AMM Matières fertilisantes et supports de cultures pour trois de ses produits biostimulants. Certis a mis au point un nouveau fongicide à base de Bacillus amyloliquefaciens subsp. destiné à de nombreuses cultures maraîchères et arboricoles. IF TECH, spécialisé dans les produits favorisant les mycorhizes, a obtenu une AMM Matières fertilisantes et supports de cultures en 2018. Sofrapar présente trois nouveaux biostimulants (pour céréales, vigne et maraîchage) à base de lipopeptides. Proxalis a créé un effaroucheur à oiseaux basé sur plusieurs effets déclenchés de manière aléatoire (détonation, lancement de leurres mimant le vol dun rapace, cris doiseaux en détresse). Aqua Phyto propose un système de filtration deau afin dobtenir un pH optimal pour pouvoir préparer des bouillies de traitement ou répondre aux besoins des animaux en élevage. Water Hoe a tout juste lancé un désherbeur vapeur tracté pour vigne et arboriculture. Etralm, spécialiste du désherbage thermique, a mis au point un module spécifique pour désherber les flancs de buttes. Bechamatic a revisité son épampreuse à fil pour larboriculture. Agrithermic a mis au point une serre solaire (Solah) avec hydro-accumulation pour permettre au végétal de supporter les nuits froides. Enfin, Grégoire Agri présente son interface de guidage pour bineuse maraîchère qui permet dintervenir seul tout en réduisant leffort physique.


Semences grandes cultures : Nouvelles variétés
BIOFIL, Auteur
Six semenciers et distributeurs fournissent des informations sur leurs offres variétales adaptées à la bio. Agri Obtentions a récemment inscrit trois nouvelles variétés de blé tendre dhiver à la liste A du Catalogue officiel français (deux variétés panifiables et une variété biscuitière). Lentreprise Lemaire Deffontaines vient détoffer son réseau dessais grâce à trois sites dexpérimentation supplémentaires. En 2017, elle avait inscrit trois variétés appréciées en AB : une de grand épeautre, une de blé dhiver barbu et une dorge de printemps. Partner & Co propose un maïs à grains cornés-dentés (maïs hybride à trois voies) pour les zones semi-précoces. Ce dernier peut être récolté aussi bien en ensilage quen grains. Saatbau propose des variétés de soja précoces à haut rendement. Leur taille élevée et leur insertion haute des premières gousses facilitent la conduite en bio. Lentreprise Thierry Hache propose deux nouvelles variétés dans le cadre de la démarche Grainoble® en filière tracée bio : une de blé meunier et une de triticale précoce. Top Semence est lun des pionniers de la sélection du pois chiche en Europe. Il a déposé six variétés en 2017 avec des résistances variétales intéressantes en agriculture biologique.


Nettoyage, tri et stockage des grains : Précision et modularité
BIOFIL, Auteur
Cinq constructeurs et distributeurs fournissent des informations sur leur offre déquipements pour le nettoyage, le triage et le stockage des produits céréaliers. Agriconsult distribue, installe et entretient des installations basées sur le triage optique des grains. Agromatic est spécialisée dans la fabrication déquipements destinés au contrôle de la température des céréales stockées en cellules ou à plat. Denis a créé un nouveau nettoyeur-séparateur qui nettoie des céréales à un débit de 10 t/h, des semences à raison de 2 t/h et qui trie des produits mélangés à raison de 10 t/h. Dorez a conçu une station mobile de nettoyage, triage et séparation de cultures associées. Elle peut trier jusquà cinq fractions (en comptant les écarts de tri). La société FAO présente sa nouvelle gamme de cribleurs rotatifs. Ces derniers ont été retravaillés pour faciliter les réglages et avoir plus facilement accès à leur maintenance.


Systèmes mixtes délevage : Ovin-bovin : quels bénéfices ? ; Simon Coste en Haute-Loire : Se compléter à tous les stades
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Quels peuvent être les apports de la mixité Ovins-Bovins ? Des réponses sont apportées à travers deux focus, lun sur le projet Salamix piloté par lINRA dans le Puy de Dôme et le second sur un élevage bio de Haute-Loire. Salamix conduit une étude en AB depuis 2015, basée sur le suivi multicritère de trois systèmes conduits entre 1000 et 1300 m daltitude, lun en bovins, lautre en ovins et le dernier en ovins-bovins. Le but est notamment d'identifier lapport de la mixité despèces pour la production de viande finie au maximum à lherbe. Les premiers résultats montrent une plus-value du système mixte pour la production dagneaux sans apport de concentré. En effet, la complémentarité dans les choix alimentaires des deux espèces amène à réduire les refus, et à avoir une herbe pâturée de meilleure qualité. On observe aussi une baisse du parasitisme. Au final, le système mixte permet dobtenir des agneaux lourds, abattus entre 17 et 18 kg à environ cinq mois, (soit jusquà un mois plus tôt que pour le système spécialisé) avec un niveau dengraissement satisfaisant et sans recours au concentré. Simon Coste, éleveur bio, conduit un troupeau mixte de brebis Noires du Velay et de vaches Limousines sur 80 ha, dont 40 ha de prairies permanentes et de parcours. Pour lui, la mixité permet doptimiser le potentiel herbager, et ce, tout au long de lannée, en tenant compte des besoins et du comportement alimentaire différents des deux espèces. La mixité est aussi un atout pour la vente, les bovins apportant de la souplesse avec plusieurs périodes de vente dans lannée.