- Titre :
- BIOFIL, N° 123 - Mai / Juin 2019 - Bulletin N° 123
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/05/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Interdiction des effluents issus d'élevages industriels : Les enjeux de la définition
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Les agriculteurs biologiques doivent faire face à un réel déficit de fertilisants organiques biologiques et ont donc parfois recours à des effluents issus d'élevages conventionnels, avec parfois peu d'informations sur leurs conditions de production. Ce déficit est d'autant plus fort que de nombreuses exploitations en grandes cultures se sont converties à l'AB ces dernières années. Le cahier des charges européen n°889/2008 autorise l'utilisation de tels intrants en précisant toutefois que les effluents issus d'élevages industriels sont interdits en bio. Or, si la définition d'"élevage industriel" est ici essentielle, notamment pour rendre la bio plus cohérente, le guide de lecture français ne l'avait jusqu'alors pas établie. C'est désormais chose faite. La définition adoptée par le Cnab (Comité national de l'agriculture biologique de l'Inao) le 13 décembre 2018 est la suivante : "Sont considérés comme des élevages industriels, au sens de l'annexe I du RCE 889/2008, les élevages de porcs sur caillebotis ou grilles intégrales et les élevages de volailles en cages". Le débat reste malgré tout houleux sur cette question : - d'une part, parce que cette définition suscite encore de nombreuses critiques (à noter qu'elle varie d'un pays européen à l'autre) et qu'elle prive les agriculteurs biologiques d'un grand nombre de sources actuelles de fertilisants ; - d'autre part, parce que sa date d'application, au 1er janvier 2020, est jugée trop rapide. Ainsi, de nouvelles réunions professionnelles étaient prévues pour permettre un nouveau vote au Cnab sur cette question le 11 juillet 2019.


Recherche de l'Inra : Accompagner le changement d'échelle
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Dans un contexte d'extension de l'agriculture biologique, notamment en France, avec des surfaces qui ont plus que triplé en dix ans, l'Inra et ses partenaires ont fait le choix de renforcer leurs efforts de recherche sur ce mode de production. Ainsi, un métaprogramme dédié à la bio et une unité mixte technologique UMT-Si bio, en lien avec l'Itab, ont vu le jour en 2019. Les questions de recherche que pose ce changement d'échelle de l'AB sont nombreuses. Certaines d'entre elles ont été abordées lors du Salon de l'agriculture 2019, dans le cadre d'une conférence. Elles portent notamment sur le bouclage des cycles biogéochimiques. En effet, la philosophie de la bio vise à s'appuyer sur les processus écologiques, et il faudra à l'avenir veiller à assurer des coûts de production acceptables pour les producteurs malgré une moindre disponibilité et des coûts potentiellement plus élevés des effluents (demande croissante). L'usage des terres cultivées pourrait lui aussi être profondément modifié, et entrer en conflit avec une productivité qui risque fort d'être amoindrie. Des pistes ont d'ores et déjà été évoquées par l'Inra. Cinq leviers majeurs ont notamment été identifiés pour permettre un développement de la bio qui assurerait la couverture de nos besoins alimentaires : limiter les pertes et gaspillages, réduire les autres utilisations de terres agricoles, augmenter les surfaces cultivées, adapter les régimes alimentaires et augmenter la productivité.


Dossier : Produire des fruits : A la recherche d'alternatives !
Frédérique ROSE, Auteur ;
Alex SICILIANO, Auteur
Pour répondre à la demande croissante des consommateurs en fruits bio, acteurs de la recherche et du développement se mobilisent face à un enjeu fort : innover pour faire face aux maladies, ravageurs et aléas climatiques tout en trouvant des alternatives aux produits phytosanitaires. A travers un tour d'horizon de la filière, Claude-Eric Parveaud, référent arboriculture à l'Itab et expérimentateur en arboriculture et viticulture au Grab, souligne les principaux risques techniques que la filière doit affronter. Plusieurs projets sont en cours, aux échelles européenne et nationale, par exemple sur les stratégies de contrôle sans pesticides des ravageurs du pommier, sur la création variétale de pommiers adaptés à la bio, ou encore sur des alternatives au travail du sol. Du côté de lInra de Gotheron, cest la reconception des vergers qui est à létude avec un objectif zéro phyto. Cest ainsi un verger circulaire, associant pommiers, arbres fruitiers à noyau et autres fruitiers, zones de biodiversité dont une mare au centre , et une haie double multi-strates en périphérie, qui a été implanté en 2018. Deux arboriculteurs bio partagent leurs pratiques à travers des témoignages : - Bruno Payan, dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui utilise des engrais verts dans ses 20 ha doliviers ; - Jean-Yves Fillatre, dans la Manche, très impliqué dans la sélection participative en pommiers avec lassociation Novafruits et qui introduit des animaux dans ses vergers (volailles, porcs).


Implanter et entretenir la luzerne : Les 40 ans d'expérience de Guy Menon ; Tour de France des pratiques
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
La luzerne s'est fait une place incontournable dans les champs bio. Elle est en effet régulièrement utilisée comme tête de rotation, permettant d'allonger les rotations et d'enrichir le sol en azote. C'est notamment le cas chez Guy Menon, céréalier dans le Gers, en agriculture biologique depuis 2001 et qui cultive de la luzerne chaque année depuis son installation en 1977. Il sème la luzerne en fin d'hiver, en association avec de l'avoine, de l'orge, ou encore du tournesol. La légumineuse restera alors en place pendant trois ans et demi, et permettra de réaliser 2 à 4 coupes par an selon les conditions climatiques. Le foin est revendu à des éleveurs de bovins, caprins et ovins. Le principal point faible de cette culture est la forte exportation de phosphore et de potasse qu'elle induit, nécessitant généralement des opérations de fertilisation sur les cultures précédentes et suivantes. Dans un second article, quatre conseillers ou directeurs d'usines de déshydratation apportent leurs éclairages techniques sur cette culture : Comment l'implanter ? Comment gérer le salissement ? Quels apports réaliser pour compenser les exportations de potasse et de phosphore ?


Normandie : Eau de Paris : la bio pour protéger la ressource
Frédéric RIPOCHE, Auteur
A Rueil-la-Gadelière et Beauche (Eure-et-Loir), à une centaine de kilomètres à louest de Paris, un agriculteur en conventionnel souhaite vendre ses 240 ha de terres tout en continuant de les exploiter. Son exploitation se situe sur lune des aires dalimentation des captages de la ville de Paris (les sources de la Vigne). Lentreprise publique Eau de Paris a ainsi acheté 81 de ses hectares. Lopérateur de leau a pour objectif de réduire à long terme le risque de nitrates et de pesticides dans leau potable. Lagriculteur a accepté de convertir une partie de ses terres en bio selon le bail rural environnemental proposé par lopérateur de leau. Bien que lactivité laitière, avec 60 vaches et robot de traite sur 160, ha reste en conventionnel, ce changement est accueilli comme un challenge stimulant pour cet agriculteur dont la conversion en bio nétait pas dactualité. Après quelques réussites comme celle-ci, Eau de Paris espère quun effet catalyseur se dessinera car, sur les 22 000 ha de SAU traversés par les sources de la Vigne, moins de 3 % sont en bio.


Cerfrance compare systèmes bio et conventionnels : Les atouts de lapproche système
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le réseau Cerfrance amorce une réponse à la question de la rentabilité dune conversion à la bio au travers de lanalyse et de la comparaison des données économiques des fermes bio et conventionnelles adhérentes. Globalement, les résultats moyens sont supérieurs en bio. Létude Cerfrance Adheo, réalisée sur 2009-2016 dans lEst de la France, met en balance des résultats de fermes à peu près similaires. Les analyses montrent que les exploitations biologiques sont plus petites (134 ha/174 ha), avec davantage de main duvre (2,4 UTH/1,8 UTH), avec une valeur ajoutée plus importante et plus stable et un EBE (excédent brut dexploitation) sensiblement supérieur. Ainsi, bien que les agriculteurs bio soient davantage endettés, ils ont plus les moyens de lassumer. Les indicateurs économiques observés exposent des fermes bio globalement en meilleure santé, mais le passage à la bio ne peut toutefois pas sauver les situations difficiles.


Nouvelle-Aquitaine : Des labels pour se démarquer
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En Nouvelle-Aquitaine, les labels Territoire bio engagé et Établissement bio engagé séduisent de plus en plus. Au 1er avril 2019, on dénombre 115 collectivités locales et 28 établissements labellisés (soit 60 300 repas quotidiens). L'exemple de Poitiers est notamment présenté : la ville a réussi à atteindre 26% de denrées bio dans ses repas ; 70% des achats bio sont issus de filières locales. Si le prix est plus élevé, il est atténué par le choix des menus (plus de légumineuses...) et les stratégies anti-gaspillage.


Trophées de lExcellence bio : Prime pour lavenir !
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Chaque année, lAgence BIO et le Crédit Agricole récompensent un producteur et un transformateur-distributeur pour la qualité de leur projet et leur développement vertueux. En 2019, les lauréats sont La ferme des Cochets et lHerboristerie Créole. La ferme des Cochets a pour objectif de préserver une vaste zone de prairies humides dans le Marais breton. Sa singularité tient dans le partenariat établi avec une association de producteurs, une association de consommateurs et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Une mention spéciale a été donnée à Lîle aux fruits, ferme urbaine permacole située en plein cur dAmiens, autour de laquelle gravitent de nombreux projets fédérateurs et pédagogiques. En Martinique, dans leur exploitation lHerboristerie Créole, Rémi et Séverine Asensio cultivent et transforment des plantes locales à destination de la pharmacopée française en s'assurant au préalable que leurs sols sont exempts de chlordécone. Leur projet met en valeur la biodiversité martiniquaise. Enfin, dans cette seconde catégorie, une mention spéciale est attribuée à Unebio, pour la filière porc transparente, équitable et de qualité mise en place avec Auchan.


Guillaume Riou, président de la Fnab : « Gare à la conventionnalisation de la bio »
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Guillaume Riou, président de la Fnab, réaffirme les valeurs défendues par les paysans bio du réseau et les lignes rouges à ne pas dépasser. Dans cette interview, il rappelle les deux principales pratiques mises en cause dans la bio qui sont le chauffage des serres et lutilisation deffluents délevages industriels sur des cultures bio. Il évoque ensuite les moyens de lutter contre la conventionnalisation de la bio au travers notamment du développement de lautonomie (renforcement des échanges entre éleveurs bio, culture dengrais verts, développement de la polyculture-élevage, etc.) et propose des perspectives.


Lemploi et la formation : une force pour la bio
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lors de son assemblée générale 2019, la Fnab s'est penchée sur lemploi et la formation. Nadou Masson, productrice bio dans lOise et présidente de Bio en Hauts-de-France, expose la problématique du manque de salariés qualifiés qui devient un frein à la conversion. Pourtant, le secteur agricole bio est un vivier demplois. Alors que lemploi agricole recule, en 2017, il a progressé de 13,7 % dans les fermes bio. Selon lAgence BIO, les fermes bio proposent 59 % de postes en plus que le secteur conventionnel. Cette rencontre a aussi permis de faire le point sur les conditions nécessaires à la création demplois et sur les compétences requises, afin de faciliter laccès aux emplois dans les exploitations bio. Cest en ce sens que Nadou Masson a signé un contrat avec des établissements scolaires.


En direct de l'Inao : Mixité : est-elle possible en production végétale ?
Olivier CATROU, Auteur
Selon larticle 11 du règlement n°834/2007, « lensemble dune exploitation agricole est géré en conformité avec les exigences applicables à la production biologique » ; or, la mixité entre production biologique et non biologique est tout de même possible sous certaines conditions. En production végétale, la mixité est possible sur des parcelles séparées et pour des espèces différentes ou des variétés distinguables notamment après la récolte (forme, couleur, etc.). Ceci, afin déviter le risque de mélange de production. Pour trois cas particuliers, des dérogations peuvent être délivrées par lInao : des variétés semblables en culture pérenne dans le cas dune conversion, la production de plants ou de semences et dans le cadre dun programme de recherche ou denseignement. Cette mixité des exploitations impose un renforcement des contrôles. Gaëtan Sirven, responsable Certification bio (Ecocert), explique les enjeux liés à la mixité et comment ils sont intégrés dans l'analyse de risque. Cependant, la mixité reste intéressante puisquelle permet une transition en bio plus progressive.


Les avantages du triage : « Un levier contre les adventices et contaminants »
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
En bio depuis 2010, le GAEC familial de la Ferme de Prie Dieu, dans le Lot-et-Garonne, dispose de 450 ha en grandes cultures. Afin de limiter les interventions culturales, les cultures sont conduites en association. Les débouchés du GAEC en vente directe sont possibles grâce à une installation de triage et de stockage pouvant accueillir jusquà 1000 tonnes. Après récolte, les grains sont dépoussiérés, puis stockés temporairement. Par la suite, un triage efficace (par changement dalvéoles) permet de séparer les grains, mais aussi déliminer des adventices et des contaminants. Un encart est consacré aux attractifs utilisés contre la bruche de la féverole.Des pièges artisanaux reproduisant les odeurs des gousses mais aussi des fleurs sont à lessai à l'INRA avec des premiers résultats encourageants.


Chauffage des serres : À la recherche du compromis
Frédérique ROSE, Auteur
Le chauffage des serres en agriculture biologique est un sujet sensible et qui divise. De ce fait, le vote du Comité national de lagriculture biologique (Cnab) concernant lencadrement de ces pratiques a de nouveau été reporté. Dans le nouveau règlement européen qui entrera en vigueur au 1er janvier 2021, le chauffage des serres restera toléré. Mais la question de la compatibilité avec la bio se pose, spécialement au niveau de trois fondamentaux : le respect des cycles naturels, de la saisonnalité et de lusage responsable dénergie. En parallèle, certains acteurs français craignent la concurrence européenne en cas dinterdiction de production en serre chauffée en France. Pour la Fnab et le Synabio, cet argument ne tient pas puisquactuellement les légumes importés ne proviennent pas de serres chauffées et que lutilisation de ces serres en France entraînerait au contraire une concurrence aux productions de saison. George Guézénoc (président de la commission bio du Cerafel) indique que le chauffage des serres diminue la pression fongique, et, par conséquent, lutilisation de traitements, mais quil faut tout de même faire attention aux dérives pour respecter les valeurs de la bio.


Biofach, salon mondial à Nuremberg en Allemagne : Adapter sa stratégie à l'export
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lédition 2019 de Biofach, salon international de la bio, sest déroulée en février, à Nuremberg, en Allemagne, et a réuni des exposants d'au moins 98 pays. Ce salon a été loccasion de faire ressortir les préoccupations quant à ladoption de la nouvelle réglementation bio européenne applicable au 1er janvier 2021. Lobjectif de cette réglementation est de maintenir la crédibilité et la durabilité de la filière bio. Plusieurs conférences ont abordé les points sensibles tels que la mise en place de la conformité. Actuellement, beaucoup de producteurs bio sont implantés dans les pays tiers et les questions liées au contrôle et à la traçabilité sont récurrentes. Néanmoins, une période de transition, pour la conformité, est prévue jusquen 2025 pour éviter de pénaliser les petits paysans.


20 ans de rencontres Formabio : Des formations reconnues
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Formabio, réseau national sous légide de la DGER (Direction générale de lenseignement et de la recherche), vise à accompagner les établissements de formation agricole afin de développer l'agriculture biologique. Bien que, depuis 20 ans, la bio intègre les formations agricoles, son enseignement reste encore minoritaire. En lien avec la demande croissante de personnels qualifiés spécialisés en bio, les centres de formation doivent mieux adapter leur offre. Aujourd'hui, sur les 113 formations présentant des modules bio, 85 possèdent la reconnaissance de la DGER (habilitation via Formabio). Cette habilitation se fait sur trois ans et six conditions sont nécessaires, allant de lenvironnement de létablissement à son implication dans les manifestations bio. Lobjectif serait datteindre 150 formations habilitées en 2022. Pour leur 20ème édition, les rencontres Formabio regroupaient les acteurs impliqués dans la bio et se déroulaient dans un établissement agricole de la Charente travaillant à la reconnaissance bio de son BPREA. Ces rencontres sont loccasion de mettre en avant limportance des formations bio et dapprofondir les connaissances afin de les adapter au mieux.


Oléagineux, protéagineux et légumes secs : Faire sauter les verrous
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Proleobio, groupe de travail national sous légide de lItab et de Terres Inovia (Institut technique de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre), dresse un état des lieux des filières oléoprotéagineuses bio. Dans le Sud, 80 % de la collecte doléoprotéagineux est représentée par le soja et le tournesol. Dans le Nord, 60 % des volumes sont constitués de pois, féverole et lupin. Selon létude de Terres Univia (Interprofession des huiles et protéines végétales) parue en mars 2019, la demande saccroît en soja (+27 % en 2018/2019 pour lalimentation animale), en tourteaux pour lalimentation animale, ainsi quen colza et tournesol pour le marché des huiles. Concernant les protéagineux, les volumes peinent à décoller malgré une forte hausse en 2017-2018 pour la féverole. Selon cette même étude de Terres Univia, des améliorations de structuration de la filière oléoprotéagineuse sont nécessaires, notamment au niveau de la gestion des mélanges de grains issus de cultures associées, à faibles volumes par espèces (lentille verte-blé par exemple).


Commerce équitable France : « Une convergence entre bio et équitable »
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Marc Dufumier, président de Commerce équitable France, affirme quil existe une réelle convergence entre bio et équitable. Effectivement, en 2018, plus de 50 % du chiffre daffaires des produits estampillés Commerce équitable dorigine France concerne des produits bio. Pour les filières internationales, cela représente 84 %. La démarche française semble encore assez timide. Cependant, pour Marc Dufumier, le rapprochement entre bio et équitable devrait saccélérer. Il insiste sur la complémentarité du label Commerce équitable pour la valorisation sociale et éthique des produits certifiés bio. Une étude, sortie en janvier 2019, analyse les démarches de deux organisations de producteurs et permet de mettre en avant le rôle du commerce équitable dans la transition écologique. Les deux principaux effets positifs qui en ressortent sont la stimulation à la conversion et lamélioration de limpact environnemental au-delà du label bio. Le collectif des acteurs du commerce équitable souhaiterait une reconnaissance publique des labels privés de commerce équitable, ainsi quune protection du mot « équitable » afin den éviter lusage abusif.


Entretien avec Ludovic Billard, président de Biolait : « Fair for Life, en phase avec notre projet collectif »
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Ludovic Billard, président de la SAS Biolait, explique le fonctionnement de la société et précise les valeurs du projet collectif. Les volumes collectés par Biolait continuent daugmenter chaque année et atteignent 30% de la collecte nationale en 2018. Un des points forts de l'entreprise : la contractualisation tripartite collecteur-transformateur-distributeur. Ces partenariats représentent actuellement 20 % du volume collecté, et font partie des objectifs de développement de la société. Une des ambitions de Biolait étant de démocratiser la bio, les partenaires sont diversifiés (Biocoop, Super U, Auchan, Mac Do). Les contrats signés sur 5 ans mettent en avant un développement équitable et solidaire et garantissent un prix rémunérateur aux éleveurs. En 2018, le prix moyen payé aux producteurs était de 450 /1 000L et prenait en compte toutes les actions menées par Biolait. Toute la collecte nest pas valorisée en bio afin de consolider la filière en évitant la baisse des cours (refus de vendre en-dessous d'un certain prix). Moins de 5 % du lait en 2018 a ainsi été écoulé en conventionnel ou en AOP. La récente labellisation Fair for life est un plus pour illustrer la démarche de Biolait et porter ses valeurs.


Journées techniques intrants de lItab : Focus sur les substances naturelles
Frédérique ROSE, Auteur
Les Snub (substances naturelles à usage biostimulant) et les biostimulants sont deux intrants utilisés en bio mais à ne pas confondre. Ils sont rattachés à la réglementation des matières fertilisantes et supports de culture. Cependant, leurs compositions, leurs utilisations et leurs réglementations diffèrent et évoluent. Une Snub ne peut notamment pas contenir de micro-organismes, contrairement aux biostimulants. Du côté de la protection phytosanitaire, 20 substances de base ont été approuvées par la Commission Européenne. Au total, 16 sont désormais utilisables en bio. Dautres substances naturelles sont en cours d'homologation.


Le point avec Bureau Veritas : Importations, Brexit, abattages
Gilles BILLON, Auteur
Quelques points réglementaires ont fait lobjet dévolutions récentes : - Les contrôles renforcés aux importations pour les produits bio (en ciblant certaines productions provenant de pays ciblés) ; - Les contrôles additionnels fixés par la Commission Européenne pour les pays exportateurs et les importateurs ; - Le guide douanier pour préparer les entreprises au Brexit ; - La défense dapposer le logo de production biologique sur des produits issus danimaux ayant été abattus selon un rituel sans étourdissement préalable.


Régis de Martrin, en Haute-Garonne : Transformer, pour assurer le revenu
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
En bio depuis 20 ans, Régis de Martrin cultive 117 ha de terres hétérogènes à faible potentiel : 73 ha de sols en « boulbènes », limono-sableux, caillouteux et à caractère hydromorphe, ainsi que 44 ha de sols argilo-calcaires sur un terrain pentu. La mise en place d'une rotation type est difficile en raison de cette hétérogénéité. Régis a donc plusieurs astuces permettant de viabiliser son exploitation : - Associer le blé et la féverole pour limiter lapport dengrais organiques ; - Mettre en place une succession luzerne-blé-lin pour favoriser un sol propre et un taux de reliquats azotés élevé, et donc un meilleur rendement ; - Transformer sur lexploitation, du blé en farine et du pois vert en pois cassé. La farine étant vendue aux boulangeries, les variétés de blé (Florence-Aurore et Izalco CS) sont choisies en fonction de leur qualité boulangère. La transformation en farine permet de valoriser trois fois plus le quintal de blé. Concernant le pois vert, il est dépelliculé pour être transformé en pois cassé, puis il est expédié à la société Alliance Seeds pour un passage au trieur optique. Il est ensuite livré à une PME locale et vendu sous la marque Karine & Jeff. La valorisation par la vente de pois cassé est de trois à quatre fois supérieure. Régis a aussi implanté 2 ha dhélichryse qui seront vendus pour produire de lhuile essentielle.


Serres mobiles : Désintensifier et produire 14 mois dans lannée
Frédérique ROSE, Auteur
Jérôme Dehondt, maraîcher bio en Maine-et-Loire, et Maët Le Lan, responsable de la SEHBS (station expérimentale en maraîchage de Bretagne Sud de la Chambre dAgriculture), expérimentent des serres mobiles depuis deux ans. Le déplacement des serres a pour but daméliorer la durabilité des systèmes maraîchers bio. Lintérêt agronomique est la régénération des sols. En déplaçant les serres, la terre est de nouveau soumise aux intempéries et à plus de contact avec la biodiversité. Cette méthode permet aussi un tuilage des cultures. Par exemple, les cultures dautomne-hiver peuvent être implantées en plein air en septembre alors que la serre continue de couvrir les cultures dété. La serre peut ensuite être déplacée avant les premiers gels. Dans les deux cas, du temps de production est gagné par lagriculteur, puisquil na pas à arracher pour pouvoir planter une nouvelle culture. Dans son expérimentation, La SEHBS compare la serre mobile avec un tunnel fixe de même dimension. Les premiers résultats montrent que, selon les conditions météorologiques, le rendement nest pas meilleur en serre mobile mais que cette méthode permet de planter une culture de plus. Il apparaît aussi une diminution de la présence dadventices. Néanmoins, dun point de vue pratique, les serres mobiles sont un équipement particulier encore peu développé et dont la manuvre est compliquée.


Congrès du Mouvement de la viticulture biodynamique : Rythmes, plants, calcium-silice
Cécile MARCUS, Auteur
Lédition 2019 du Congrès du Mouvement de la viticulture biodynamique sest déroulé du 28 février au 1er mars 2019, en Gironde. Les acteurs du monde viticole biodynamique se sont réunis pour témoigner et enrichir leurs pratiques. Plusieurs sujets ont été abordés : - Linfluence des rythmes lunaires sur la germination ; - La réappropriation du métier de pépiniériste et les essais actuels ; - Les étapes vers la biodynamie ; - Lutilisation du calcium et de la silice en biodynamie ; - Lutilisation de la prêle des champs et du chêne pédonculé contre les maladies.


Légumes et fruits transformés à la ferme : Valoriser les surplus
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Le Gaec Champs Libre sétend sur une cinquantaine dhectares en Haute-Vienne. En polyculture-élevage, la ferme, en bio, regroupe un atelier bovins viande, des cultures de légumes, de porte-graines et un élevage équin, avec une grande partie en biodynamie. Depuis 20 ans, un atelier de transformation est installé afin de valoriser les légumes en surplus. Les légumes sont cultivés sur 2,5 ha en plein champ et sous six serres. Corinne Seignez soccupe de latelier de transformation avec une méthode de fabrication et une organisation bien rodées, notamment en suivant les saisons. Tout est vendu en circuits courts. Cet atelier rapporte 14 000 par an, soit moins de 10% du chiffre daffaires de lexploitation. Mais son rôle est avant tout déviter les pertes et il permet aussi dapporter des temps de partage et déchange.


Vu au Sival 2019
Frédéric RIPOCHE, Auteur
En janvier 2019 a eu lieu le SIVAL, salon du végétal. Une dizaine de matériels présents au salon sont décrits dans larticle : - Marguerite, le désherbeur en acier monté sur bineuse, de Badalini ; - Le désherbeur thermique, de Bailly constructeur ; - Lévolution dAnatis, robot agricole connecté pour les cultures maraîchères de Carré ; - Le semoir enjambeur pour vigne étroite, d'Eco-Dyn ; "Ecosatelyt", la gamme doutils de binage intervenant sous le rang de vigne, et la planteuse vigne et arbre dotée dun système GPS, de Léger Viticulture ; - RollN Sem, le destructeur de couverts et qui peut être couplé avec un distributeur de graines sur roue libre permettant datteindre les creux, de Comin Industrie ; - Les tracteurs électriques Alpo, de Sabi Agri ; - SteamR, le désherbeur vapeur de Simon ; - La lance de désherbage électrique de Stecomat ; - Lautomoteur pour les travaux du sol K3-136 R, de Steme ; - La récolteuse électrique de jeunes pousses mini de Terrateck.


Annuaire Biofil des fournisseurs de lagriculture bio 2019-2020
BIOFIL, Auteur
Dans cette édition 2019-2020 de lannuaire des fournisseurs de lagriculture bio, Biofil répertorie les coordonnées de fournisseurs de : - Matériel (équipements délevage, matériels de culture, transformation et stockage, constructions, économies dénergies, protection des plantes) ; - Services (organismes certificateurs et de contrôle, laboratoires d'analyses, organismes institutionnels et de développement de la bio, instituts techniques, stations dexpérimentation/recherche, interprofession nationale, conseils indépendants, diffusion, agriculture connectée, évènements, banques/assurances) ; - Agrofournitures (élevage, semences et plants, protection des plantes, fertilisation) ; - Aval/débouchés (collecte et stockage, transformation, groupements de producteurs) ; - Formations (initiale par voie scolaire, par apprentissage, pour adultes, dans lenseignement supérieur, autres).


Travail simplifié et couverts broyés et mulchés : « Technique aboutie »
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Installé à Lannes dans le Lot et Garonne, Daniel Ligneau conduit son exploitation de grandes cultures bio en travail simplifié, depuis presque 10 ans. Il décrit son itinéraire technique. Après un mélange céréalier ou méteil, il implante, début octobre, un couvert (féverole/avoine noire/pois fourrager). Au préalable, un travail superficiel du sol est effectué, via quelques passages de déchaumeur ou cultivateur à pattes doie, et 20 m3/ha de compost de fumier de vaches et poulets sont apportés. En fin dhiver, le couvert est broyé et mulché à 5-10 cm afin de fournir de lazote et de la biomasse au sol. Une tonne par hectare dengrais organique est apportée, puis un semis de soja ou de maïs est effectué un mois après le broyage du couvert. Le maïs est irrigué durant lété. Depuis 5 ans, Daniel Ligneau mène des essais de semis direct sous couvert avec du maïs et du soja irrigué. Le couvert est le même, soja et maïs sont implantés avec un semoir Sola Prosem après roulage du couvert, puis les inter-rangs sont roulés à nouveau après semis. La réussite de la technique est inégale et labsence de travail du sol engage le rendement des cultures suivantes. En 2018, le rendement de maïs était de 25 q/ha, contre 50 en travail simplifié. Sur soja, la différence était plus faible avec un rendement de 32 q/ha, contre 36. Daniel Ligneau affirme que les racines dun couvert ne remplaceront jamais le travail du sol.


Diversifier en volailles de chair multi-espèces : La biosécurité renforcée ; Diversifier en volailles de chair multi-espèces : Poulets, pintades, oies et canettes
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Depuis le passage de la grippe aviaire il y a 3 ans, les obligations en matière de bio sécurité se sont renforcées dans les élevages de volailles. Patrick Baloche, vétérinaire, fait le point (sources d'information, mélanges d'espèces et d'âges, sas sanitaire...). Dans la Vienne, la famille Clerc, en GAEC comptant quatre personnes, conduit une exploitation en AB caractérisée par une forte diversification dateliers. Ainsi, sur 110 ha (moitié herbe, moitié céréales), la ferme compte un troupeau de 170 brebis viande, une vingtaine de vaches laitières et des veaux de lait, des poules pondeuses et une production annuelle de 10 000 volailles de chair. Ces dernières sont à 70/75 % des poulets, suivis des pintades, puis oies et canettes. Toute la vie de ces volailles se passe sur la ferme, même labattage. 40 % de la production est vendue (prête à cuire) sur le magasin de la ferme et le reste en partie dans dautres magasins de producteurs. Le système est bien rodé et laccent est mis sur la propreté, la prévention, le pâturage et une alimentation simple avec une autonomie en céréales de lordre de 80 %. Depuis trente ans que ces éleveurs pratiquent labattage et à cause de la charge trop lourde liée aux contrôles, ils ont fait évoluer leur abattoir agréé CE en tuerie ou établissement dabattage non agréé, chose possible vu quils vendent leur production dans le rayon maximum imposé de 80 km. Au final, le retour de ces producteurs sur leur parcours est positif, même si « devoir être bon partout est aussi épuisant, gourmand en heures et en main-duvre ».