- Titre :
- BIOFIL, N° 124 - Juillet / Août 2019 - Bulletin N° 124
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/07/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Chiffres de l’Agence Bio pour 2018 : L’année de tous les records
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
L’année 2018 a connu de nombreux records concernant l’agriculture biologique. Selon l’Agence BIO, la surface en bio a augmenté de 17 % pour atteindre deux millions d’hectares, soit 7,5 % du territoire français. La part des fermes en bio a dépassé les 10 %, avec 41 600 exploitations. Cette croissance concerne toutes les régions et toutes les filières, mais une évolution particulière est à noter pour les grandes cultures (+ 31 %), les légumes (+ 24 %) et les fruits et la vigne (+ 20 %). Ces augmentations devraient permettre une réduction de l’approvisionnement extérieur à l’avenir. Dans la filière, le nombre de transformateurs, distributeurs et importateurs a aussi progressé. La consommation bio a augmenté de 15 % en 2018 et représente près de 5 % des achats alimentaires, soit 9,7 milliards d’euros. Florent Guhl, directeur de l’Agence BIO, explique que l’amélioration de la disponibilité et de la visibilité sont des facteurs favorables. En distribution, on note un poids important des GMS qui représentent 49 % des ventes, soit une augmentation de 22,6 % par rapport à 2017. La vente en magasins spécialisés augmente aussi, mais dans une moindre mesure (+ 7,7 %) ; de même pour la vente directe (+ 12, 8 %) et les artisans / commerçants (+ 10,3 %). Enfin, les ventes en viandes bio se sont accélérées, avec une augmentation de 21 % en un an.
Pays de la Loire : L’appel de la diversification
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Le 23 mai 2019, s’est tenu le Rallye Grandes cultures bio. Environ 200 personnes se sont ainsi retrouvées au Gaec de la Vergnaie, en Vendée, pour échanger, notamment sur le thème de la diversification avec l’atelier « Diversifier son assolement ». Avec 3 400 ha bio en 2019, la Cavac, entreprise coopérative, développe la collecte d’espèces de diversification (chanvre, légumes et haricots secs, légumes industrie, avoine blanche, épeautre et lin). Les légumes secs sont vendus en GMS sous la marque Grain de Vitalité. Les lentilles et les pois chiches ont du succès alors que, pour les haricots verts, le marché est déjà mature. Des marges brutes sont annoncées allant de 1000 €/ha (pour la lentille, l’épeautre et l’avoine) à 3000 €/ha (pour la betterave rouge ou le brocoli). Cependant, de telles cultures requièrent de la technicité et de la réactivité afin de pouvoir satisfaire les exigences industrielles. Pour l’obtention de contrats, la présence d’irrigation est requise pour certaines cultures (haricot, chia, quinoa, etc.). La Cavac est très active en matière de recherche et développement, notamment afin de mettre au point de nouvelles productions en bio.
Occitanie : Les atouts de la contractualisation
Frédérique ROSE, Auteur
« L’engagement durable des acteurs, une condition pour la réussite des filières bio » était le thème de l’AG d’Interbio Occitanie (IBO), le 6 juin 2019. Le développement des contrats entre producteurs de fruits et légumes et transformateurs est un enjeu de l’association. Plusieurs entreprises régionales témoignent de leurs expériences. Pro Sain, conserverie bio, fonctionne avec des contrats pluriannuels et offre des primes de 10 €/t de tomates pour fidéliser ses producteurs. La coopérative Qualisol collecte des céréales et oléoprotéagineux en bio et en C2. Chaque année, elle s’engage sur un prix d’achat avant le semis. Depuis 2016, Qualisol développe le commerce équitable en partenariat avec la Scop Ethiquable. Ethiquable s’engage sur un prix pour trois ans, établi en concertation et en toute transparence, de façon à ce que 40 % du prix payé par le consommateur revienne au producteur. La Scop reverse aussi une prime de développement à la coopérative, que Qualisol affecte aux GIEE qu’elle suit.
Philippe Henri, nouveau président de l’Agence BIO
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Agriculteur depuis 22 ans et en bio depuis son installation, Philippe Henri, élu au titre de la Fnab, est devenu le nouveau président de l’Agence BIO. Associé sur sa ferme, co-fondateur d’une coopérative céréalière bio (Probiolor), acteur de la création de l’usine d’aliments "Sica Est Ali Bio" et représentant des producteurs bio à l’Agence de l’Eau, Philippe Henri est un partisan des démarches collectives. Au-delà des challenges environnementaux, Philippe Henri fait, du revenu et du bien-être des agriculteurs, une priorité, et compte notamment sur la contractualisation dans la filière.
Séminaire international de l’Agence BIO : Une bio pour tous plus équitable
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le séminaire international de l’Agence BIO s’est tenu le 18 juin dernier. A l'ordre du jour de cette journée, les discussions en cours sur la prochaine Pac dont la filière bio attend beaucoup, notamment pour le financement d’actions de préservation de la biodiversité, selon Philippe Henri, nouveau président de l’Agence BIO. Le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) confirme le déclin de la biodiversité, qui est une menace pour la sécurité alimentaire. Plusieurs autres sujets ont été abordés au cours de cette journée, comme l’instauration de flux internationaux plus vertueux, la présentation d’initiatives en bio, le respect des conditions de travail, la bio accessible à tous, etc. Au Sénégal, Ibrahima Seck, coordinateur de la Fenab, témoigne du fait que sa fédération arrive à vendre une partie du bio au même prix que le conventionnel, pour rendre les produits bio plus accessibles, malgré le fait que la bio ne bénéficie d’aucune subvention dans son pays. Catherine Closson, quant à elle, a réalisé une étude « Transition écologique et progrès social » visant à faciliter l’accès à l’alimentation bio, notamment pour les précaires. Florent Guhl, directeur de l’Agence BIO, estime que le bio hard discount pour les populations les plus fragilisées n’est pas la solution à long terme. Rendre les prix plus abordables passe aussi par la hausse des volumes, avec les risques d'industrialisation qui y sont liés.
Élevage porcin : Les nouveaux projets de Bio Direct
Frédéric RIPOCHE, Auteur
La production de porcs non castrés est un nouveau projet de Bio Direct, qui répond en partie aux attentes sociétales sur le bien-être animal. La difficulté de cette méthode est liée à l’odeur présente dans la viande de porcs non castrés, attribuable à de nombreux facteurs (génétique, âge d'abattage, alimentation, etc.). Cette méthode de production entraînera un surcoût pour le consommateur en raison des tests à réaliser pour la détection des odeurs et de la part de viande qui sera écartée, à valoriser dans d’autres circuits. Bio Direct travaille actuellement sur une gamme « porc bio santé » à base de graines de lin et d’antioxydants. Ce groupement cherche à se différencier à travers ce type de projet face à d'autres cahier des charges calés sur le socle européen. Antoine Forêt, président de Bio Direct, précise que le choix de Bio Direct a toujours été le haut de gamme.
Culturales 2019 dans la Vienne : La bio se fait remarquer
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Suite à l'augmentation de 31 % des conversions bio en grandes cultures en un an (selon l’Agence BIO), le salon Culturales 2019 (5 et 6 juin 2019) s’est fortement ouvert à l'agriculture bio avec notamment la présence d’un Village bio. Ce village, entièrement dédié aux techniques bio, s’est animé autour de quatre thèmes (systèmes de culture multi-performants, gestion des adventices, fertilisation et fertilité des sols, stockage des grains), illustrés par des stands, des micro-parcelles, des témoignages de céréaliers bio, etc. Dans les nouveautés, la variété Adriatic en blé biscuitier a été présentée, ainsi que de nombreux matériels : la houe rotative Rotaking, la bineuse Phoenix de BC Technique, le mulcheur à stelles Stell-Air, la bineuse à bielles inversées Binov, le rouleau hacheur Treffler TSW.
LFDays de la Ferme digitale : Créer des synergies positives
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
À Paris, la troisième édition des LFDays (7 mai 2019) a réuni une fois de plus start-up, grands groupes agricoles et agroalimentaires, personnalités politiques et syndicales, investisseurs et agriculteurs. Le thème était la transition agricole. L’agriculture est entrée dans l’ère du digital et de nombreuses innovations en Agtech et Foodtech ont été exposées. Pour la Ferme Digitale, cette révolution agricole qui passe par le numérique doit se mettre au service de l’environnement. La Ferme Digitale est une association qui regroupe une trentaine de start-up et entreprises, du secteur de l’économie agricole à celui du big data, en passant par celui de l’approvisionnement. Cette mixité permet de créer des synergies entre les entreprises. Selon Florian Breton, co-président de la Ferme Digitale, la dynamique du numérique est lancée et permettrait d’optimiser le métier d’agriculteur, mais les levées de fonds sont encore trop faibles. Qu’ils soient en bio ou en conventionnel, des agriculteurs sont maintenant présents sur YouTube pour partager leurs techniques et leur métier.
Medfel : Une place à côté des autres labels
Frédérique ROSE, Auteur
Sur la 11ème édition du Medfel, salon international de la filière fruits et légumes, la filière bio a continué sa percée, tout comme d’autres démarches de qualité telles que le zéro résidus de pesticides (ZRP). Le ZRP, basé sur une obligation de résultats, semble trop focalisé sur l'aspect santé en négligeant l'environnemental. Il pourrait cependant être associé à la bio ou aux produits en conversion bio. Blue Whale, premier exportateur français de pommes, est impliqué dans les deux démarches. Alain Vialaret, directeur général de la structure, affirme que les deux démarches ne sont pas opposées et que chacune a ses consommateurs potentiels. Pour la commercialisation des pommes bio, la société a créé l’association Élément Terre bio, dont le cahier des charges impose notamment certaines variétés afin de garantir une bonne qualité gustative aux consommateurs. Par ailleurs, l’entreprise Téranéo, coopérative de fruits et légumes, teste le traitement des pêches et des nectarines bio à l’eau chaude, dont les résultats indiquent une conservation allongée de 3 à 4 jours.
Le point avec Certipaq : Où en est la réglementation bio 2021 ?
Gwénaël LEREBOURS, Auteur
Le nouveau règlement européen n°2018/848 relatif à la production bio et à l’étiquetage des produits bio entrera en vigueur le 1er janvier 2021. Parmi les modifications, il est à noter : - La certification bio possible pour de nouveaux produits (sel, liège, laine, coton brut, cire, peaux, huiles essentielles, cervidés et lapins) ; - La commercialisation des semences et autres matériels de reproduction végétale issus de « matériel hétérogène biologique » possible ; - La mise en place de bases de données pour la commercialisation des semences et animaux bio ; - Le renforcement des mesures de précaution dans le but d’éviter les contaminations ; - La certification de groupe pour les petites exploitations ; - L’espacement des contrôles de certification dans certains cas ; - L’obligation d’être certifiés selon la réglementation européenne pour les produits bio importés ; - La fin de certaines dérogations. Ce règlement sera complété par des actes secondaires afin de préciser certains sujets. À ce jour, les règles de production des volailles ont beaucoup fait débat.
Micro-doses de sucre : Quel effet contre Tuta absoluta ?
Frédérique ROSE, Auteur
Tuta absoluta est un ravageur de la tomate. Des moyens de lutte existent, comme la confusion sexuelle, l’introduction d’auxiliaires, la mise en place de filets... mais la lutte contre l’insecte doit encore être renforcée. Dans le projet Casdar Sweet, coordonné par Innophyt, c’est l’effet de micro-doses de sucre comme activateurs de défenses de la plante qui a été testé, notamment contre Tuta absoluta. Selon les premiers résultats, la stratégie optimale semble être : saccharose 1 g/l + fructose 1 g/l en complément du traitement Bt ; une piste intéressante pour affiner la protection contre ce ravageur.
Culture du poivron chez Michel Tamisier, dans le Vaucluse : Un itinéraire bien rodé
Frédérique ROSE, Auteur
Michel Tamisier, maraîcher bio dans le Vaucluse, partage l’itinéraire technique de sa culture de poivron. Chaque année, il achète 2 000 plants qu’il greffe et produit en moyenne sur 1 200 m² sous serre. Le greffage, plus le choix de la variété Almuden, sont faits dans l’objectif de sécuriser la production. Pour la plantation, Michel s’arrange pour qu’aucune solanacée ne soit produite au même endroit à moins de 5-6 ans d’intervalle. L’engrais vert est broyé en août-septembre et l’irrigation est maintenue pendant l’hiver pour garder un niveau d'humidité satisfaisant. En janvier-février, le travail du sol est achevé et les poivrons sont plantés fin mars, tous les 40 cm, dans un premier temps dans des petits tunnels en raison des nuits encore froides. Une fois les tunnels enlevés, l’aspersion complète l’arrosage au goutte-à-goutte pour aider le poivron à s’ancrer. Des cannes sont plantées tous les deux mètres et les plantes attachées au fur et à mesure pour une conduite en buisson. Les bourgeons situés en dessous des principales branches sont retirés. Contre les pucerons, Michel Tamisier utilise des auxiliaires Aphidius lâchés dès l’enlèvement du tunnel (vers le 15 avril) et toutes les semaines jusqu’à la momification des pucerons. Pour le reste, la culture n’est pas trop touchée, mais Michel Tamisier a tout de même mis en place des bandes fleuries qui permettent d’héberger les auxiliaires. La récolte commence mi-juin.
Développer la filière noisette : Un élan malgré les difficultés
Frédérique ROSE, Auteur
La production de noisettes bio en France est faible avec une demande pourtant très forte. Selon l’Agence BIO, elle représente 345 ha, dont 192 ha en conversion. Un élan est présent. Ainsi, en Nouvelle-Aquitaine, une augmentation de 23 % du nombre des producteurs a été relevée entre 2017 et 2018 dans la région. Avec pour objectif de développer la filière, un groupe de travail a été lancé en 2018, regroupant producteurs, porteurs de projets, coopératives, transformateurs et metteurs en marché. Un des problèmes majeurs à l’heure actuelle est le balanin. Ce ravageur, lié à 80 % des pertes, est toujours non maîtrisé malgré de nombreuses expérimentations (nématodes entomopathogènes, pièges, spinosad, quassia...) menées par l’association nationale des producteurs de noisettes (ANPN). L'ANPN travaille, depuis quatre ans, avec un entomologiste à la recherche d’un produit de biocontrôle. Les essais continuent en 2019 (perturbateurs olfactifs, glu sur le tronc, implantation de strates herbacées, utilisation de phéromones, etc.). Fabrice Dessagne, producteur bio, présente son exploitation et témoigne de l’irrégularité des attaques de balanin. Pour tenter de lutter, il entoure son verger de variétés sauvages et favorise des coques dures (variété ou apport de décoction de prêle), plus difficilement percées par le ravageur.
Flavescence dorée : De nouvelles pistes de recherche
Frédérique ROSE, Auteur
À ce jour, trois leviers sont connus pour se protéger contre la Flavescence dorée (FD) en viticulture : l’implantation de ceps indemnes, l’arrachage des pieds symptomatiques et l’application des traitements obligatoires. Au-delà des vignes cultivées, des réservoirs possibles comme les vignes abandonnées ou les repousses de porte-greffes nécessitent aussi d’être surveillés, car le risque de contamination est élevé. En Aquitaine, l’arrêté national de 2013, qui stipule qu’en cas de maladie, le pied doit être arraché, est appliqué à la lettre et beaucoup de cas sont recensés dans les vignes abandonnées. Au bord de la Garonne, un groupe de travail a repéré des larves sur 6 à 80 % des vignes sauvages ou abandonnées selon les sites. Les repousses de vigne pouvant se trouver sur des terrains privés, les particuliers y sont sensibilisés. Le projet Risca tente d’évaluer comment les cicadelles se déplacent, de la friche à la culture, afin d’adapter une protection phytosanitaire. Une autre voie étudiée est de rendre la cicadelle « inoffensive » en l’empêchant de transmettre le phytoplasme à l’origine de la maladie (action sur l'ARN de la cicadelle). D’autres pistes de recherche sont en cours, comme la confusion vibratoire pour empêcher les cicadelles de communiquer, ou encore la sensibilité variétale. Face au temps que représente la prospection dans les vignes, l’école d’agronomie de Purpan travaille à l’utilisation de caméras multi-spectrales pour détecter les symptômes.
Gaec Le Jeloux, dans le Morbihan : Le défi : vivre à trois sur 42 ha
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Après l’abandon de l’élevage en 2010, le Gaec Le Jeloux, dans le Morbihan, ne travaille plus qu’avec seulement 42 ha de cultures. Pour en vivre, il a fallu mettre en place des cultures à forte valeur ajoutée et obtenir une bonne maîtrise de ces cultures. La maîtrise du salissement est un des points les plus importants et passe par l'adoption de cultures nettoyantes comme le haricot de conserve, mais aussi par de nombreuses actions de désherbage allant jusqu’au désherbage manuel. Pour nourrir les sols, le Gaec utilise un compost de déchets verts local, dont la matière est collectée auprès de particuliers et d'entreprises de paysagistes (environ 600 t/an), puis broyée par une ETA, ce qui leur permet d'économiser 2 €/t par rapport au même produit acheté dans le commerce. La rotation type de cette exploitation est sur 4 ans : pommes de terre, blé, maïs-grain et haricots, avec environ 11 ha pour chaque sole. La culture phare est le plant de pomme de terre car elle assure 60 à 70 % du revenu. Le retour de cette culture tous les quatre ans peut sembler court, mais Yann Le Jeloux explique qu’il ne tamise pas le sol et évite donc la déstructuration associée à des risques accrus de maladies. La lutte contre les maladies et les ravageurs est d’ailleurs importante pour le Gaec. Des interventions sont effectuées contre le mildiou, le rhizoctone, les taupins, les doryphores, etc. Mais le risque est toujours présent. Enfin, en hiver, des couverts d’avoine et de seigle sont implantés avant les cultures de printemps.
Associer les espèces : Des gains multiples
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Gilles Le Guellaut cultive 27 ha en grandes cultures bio dans le Morbihan. Son objectif principal est la préservation de la qualité des sols. Pour éviter au maximum de perturber le sol, il ne réalise aucun faux-semis, ni désherbage mécanique, et n’intervient pas entre le semis et la récolte (à part quelques passages manuels). Son astuce contre les adventices : associer un maximum d’espèces comme la lentille, le lin et la cameline ou encore ajouter du trèfle blanc qui sert de couvert jusqu’à l’automne. Le blé noir, la luzerne ou encore le chanvre sont également implantés en tant qu’espèces étouffantes pour les adventices. Les cultures associées permettent aussi de limiter la fertilisation et favorisent l’autonomie. Enfin, Gilles Le Guellaut est très attentif et choisit ses cultures et ses couverts en fonction des adventices présentes.
Baisse de la teneur des sols en phosphore : Entre vigilance et inquiétude
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Régis Hélias, ingénieur régional pour l’Occitanie chez Arvalis-Institut du végétal, alerte sur la baisse des niveaux de phosphore dans les sols en grandes cultures. Ses inquiétudes reposent sur les analyses de sols de ces 10 dernières années, et des études montrent qu’en bio, les teneurs sont encore plus faibles. Les agriculteurs ont du mal à s’en rendre compte car les effets agissent sur le rendement mais à long terme. Le problème semble plus grave en bio, car les conventionnels apportent plus de déjections animales (plus accessibles), ainsi que du super-phosphate (interdit en bio). Les phosphates naturels, autorisés en bio, ont une efficacité très lente. Pour lutter contre la baisse de la teneur des sols en phosphore en bio, Régis Hélias propose un meilleur suivi des analyses de terre et l’apport d'amendements (composts de déchets verts...). Charlotte Glachant, responsable de l’équipe bio de la Chambre d’Agriculture d’Île-de-France, souligne que ce phénomène est moins alarmant dans sa région, du fait de son passé de terres sur-fertilisées. Elle se questionne tout de même sur le sujet, notamment sur le lien entre la teneur en phosphore et le rendement des cultures. Des essais ont été lancés. Enfin, selon Charlotte Glachant, les risques de carences en potasse sont plus préoccupants.
Pâtés, viande fraîche ou séchée… : Tout est bon dans le cochon bio
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
À la ferme bio de la Vacherie, dans les Deux-Sèvres, Étienne Gautreau s’occupe de la production (veaux, vaches, porcs) avec l’aide d’un salarié à mi-temps tandis que Claire Bastien s’occupe de la transformation et de la gestion administrative. 11 porcelets arrivent tous les deux mois à la ferme et sont engraissés à la ferme avec un méteil produit sur place. Ils sont élevés pendant 7 à 8 mois. La transformation des porcs occupe Claire une semaine par mois. 4 à 8 porcs sont emmenés à l’abattoir, puis chez le boucher pour découper les carcasses. Aidée d’un paysan-pastier, Claire prépare ensuite les pâtés, cuit les têtes, etc. L'étape de mise en boyaux ainsi que l'étape de mise sous vide d'une partie de la viande fraîche découpée sont réalisées avant de préparer les commandes. Au niveau de la conservation, le couple a fait le choix de ne pas utiliser de conservateurs comme les polyphosphates ou les sels nitrités. De nombreux produits sont fabriqués sur place, mais pas de conserves en raison de la complexité de l’usage de l’autoclave. Les produits sont ensuite commercialisés sur commande en vente directe. Cet atelier de transformation de porcs rapporte 50 000 € par an et Claire atteste que la certification bio les a beaucoup aidés pour cette vente.
Groupe Soufflet : Un moulin dédié
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En mai dernier, à Lozanne, dans le Rhône, le groupe Soufflet a inauguré un moulin dédié au bio. Ce moulin peut fonctionner sept jours sur sept, avec une capacité annuelle de production de 24 000 t. Il est accompagné d'un réseau de stockage interrégional d’une capacité de 15 000 t. En 2018, le groupe a collecté 9 000 t en filière bio et vise 24 000 t en 2022. Ses producteurs ont le choix entre plusieurs types de contrats et différents moyens d’évaluation du prix. Soufflet offre des services comme l’accompagnement technique, la fourniture de semences... et apporte un appui, actuellement, à 90 producteurs en conversion. Soufflet investit aussi la production de malt bio pour répondre à la forte croissance des bières bio.
Un compromis est adopté dans le respect des cycles naturels
BIOFIL, Auteur
Le 11 juillet 2019, s’est réuni le Comité national de l’agriculture bio (Cnab) de l’Inao afin d’adopter les dispositions concernant la production de légumes d’été (courgette, aubergine, poivron, concombre et tomate) sous serre chauffée. Un compromis a été trouvé : le chauffage des serres sera uniquement possible si ces dernières sont chauffées avec des énergies renouvelables (applicable en janvier 2025 pour les exploitations déjà certifiées) et dans le respect des cycles naturels. Au niveau de la commercialisation, cela signifie que les légumes d’été bio ne pourront pas être vendus entre le 21 décembre et le 30 avril. Les productions de plants ne sont pas concernées. L’Inao se félicite du niveau d’exigence atteint par les professionnels français.
Les solutions fertilisantes d’OvinAlp : Les atouts de la biodiversité microbienne
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
OvinAlp, entreprise de solutions fertilisantes des Hautes-Alpes, ne s’approvisionne qu’avec du fumier d’élevages ovins extensifs Label rouge du bassin de Sisteron. Afin d’améliorer la richesse biologique du fumier, le process de compostage est enrichi de pulpes de fruits séchés, raisins et olives, et de déchets de l’abattoir de Sisteron. La majorité des produits de l'entreprise sont utilisables en bio. Dans le but de caractériser l’efficacité de leur solution phare composée du principe actif Ov, l’entreprise a fait appel à un chercheur en microbiologie qui détecte la présence de micro-organismes favorables aux cultures. Ov contient plus de 370 espèces de champignons et 230 espèces de bactéries. Pour Eric Giovale, fondateur et dirigeant de OvinAlp, l'intérêt du principe actif Ov est d’améliorer, voire de reconstruire, la vie des sols.
Vu au Sima 2019
BIOFIL, Auteur
Une dizaine de matériels présentés au Sima 2019 sont décrits dans ce dossier : - Stell Air, le mulcheur à stelles, d'Actisol ; - La bineuse d'Agronomic et son nouveau système de guidage et d’autopilotage ; - La remorque à fourrages connectée, de Beiser Environnement ; - L’interceps Ecorow, de Berti ; - Le pick-up proposé par DCMA-Dario pour la récolte des produits andainés ; - Le prototype de détection et de comptage automatisé des limaces, de De Sangosse ; - Les nouvelles bineuses, de Einböck et de Garford ; - La sonde Javelot qui contrôle la qualité des grains conservés ; - La nouvelle interface de guidage, de Laforge ; - Le collier connecté pour le bien-être des bovins, de Lituus ; - Les interceps polyvalents, de Perrein ; - Le porte-outils semi-autonome, de Reform R ; - Les nouveaux châssis Bio-Dynamic et Turbo, de Rinieri ; - Le rouleau hacheur TSW et le module de réglage automatique de la pression de la herse-étrille TS, de Treffler ; - La bineuse auto-guidée Steketee.
Guide T&B par Biofil
BIOFIL, Auteur
Les 18 et 19 septembre 2019, dans la Drôme, se tient le salon agricole international des techniques bio et alternatives, Tech&Bio, organisé par les Chambres d’Agriculture. Ce guide détaille les conférences du salon, des avant-premières d'exposants présents sur le salon et du contenu de leurs stands et des cahiers techniques des Chambres d’Agriculture.
Ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou : 20 ans de recherches en bio… ; C. Huet, président de la ferme expérimentale de Thorigné-d'Anjou : "Éviter l'improductivité"
Frédéric RIPOCHE, Auteur
La ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou a fêté ses 20 ans. Depuis sa création, elle conduit des travaux de recherche en élevage naisseur-engraisseur de bovins de race limousine en AB. Les recherches menées s'inscrivent dans quelques grands principes : l'expérimentation doit être conduite dans un contexte viable, vivable, et transposable chez des éleveurs et s’axer sur l’autonomie, la sécurité et l’efficiente alimentaire. Ainsi, de nombreux travaux ont été ou sont encore orientés sur les ressources fourragères (prairies à flore variée, associations céréales/protéagineux, par exemple), la conduite du troupeau, la finition des mâles et des femelles, les régimes alimentaires selon les périodes de vêlage…, avec, à chaque fois, une part maximale donnée au pâturage. Aujourd’hui, cette ferme expérimentale s’engage dans de nouveaux axes de travail avec pour objectifs d’abaisser les âges de vêlage de 30 à 24 mois, d’accroître le taux de finition des animaux et de les valoriser tous en AB, d’augmenter la part de l’herbe dans les rations, de diminuer l’âge à l’abattage tout en produisant des viandes de qualité. Dans ce cadre, le choix a été fait d’introduire un taureau Angus dans le troupeau, en lien avec le caractère de précocité de cette race. Christian Huet, président de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, et éleveur laitier en bio depuis 1995, souligne dans une interview que tout ce qui se fait dans cette ferme est reproductible chez les éleveurs. Lui-même s’est notamment inspiré des résultats des études menées sur les prairies à flore variée semées sous couvert d’associations céréales-protéagineux.
En direct de l’Inao : Lien au sol : un principe de base à respecter
Olivier CATROU, Auteur
L’AB est une agriculture liée au sol et ce principe fondamental induit de nombreux points de la réglementation. Ainsi, le sol est le premier objet de conversion, avec un délai de 2 à 3 ans selon les productions végétales. Ce lien implique que les cultures ou l’élevage hors-sol sont interdits et cela explique pourquoi le prochain règlement de 2021 interdira les systèmes de culture en carrés délimités, encore pratiqués en Finlande par exemple, à l'horizon 2030. Le lien au sol est aussi en relation avec l'obligation d'épandre les effluents d’élevages bio sur les terres de l’éleveur bio ou sur d’autres terres en AB. C’est encore cette logique qui fait qu’une partie de l’alimentation en élevage doit être produite sur l’exploitation : 60 % pour les herbivores et 20 % pour les monogastriques, pourcentages qui passeront respectivement à 70 et 30 avec le prochain règlement. Ce lien au sol induit aussi l’exigence de parcours extérieurs et l’interdiction du zéro pâturage. Ce principe fondamental est lié à la nécessité en AB d’avoir une approche cohérente et globale du système sol-végétaux-animaux, cohérence qui explique l’adaptation des règles de conversion avec, par exemple, la possibilité de conversion simultanée animaux et terre en deux ans.
Génétique bovine : En viande : un cycle plus court ; Bovins laitiers : La force du croisement 3 voies
Frédéric RIPOCHE, Auteur
La question du croisement et de la sélection génétique est récurrente en AB, les éleveurs cherchant des animaux en adéquation avec leur système et leurs pratiques. C’est ce qu’illustrent ces deux articles. Le premier présente le programme de recherche Salamix, piloté par l’INRA, dans le Puy de Dôme, et qui expérimente, en AB, le croisement entre Salers et Angus dans le but d’optimiser l’engraissement à l’herbe en zone de montagne et de produire des animaux mâles finis autres que des bœufs. En effet, la race Angus se caractérise par sa précocité et sa capacité à engraisser à l’herbe. Le second article porte sur le croisement 3 voies développé par des éleveurs bovins lait du Finistère, aujourd’hui quasi tous en AB. Ces producteurs cherchent à valoriser au mieux le pâturage, à réduire au plus bas les concentrés, tout en produisant un lait de qualité. Après dix ans, deux schémas de croisement ressortent. Le premier, mère Holstein, père Jersiais et vache fille croisée avec un père Rouge scandinave, semble particulièrement adapté pour des vêlages très groupés et la recherche de taux de matières utiles très élevés. Le second (Holstein – Rouge scandinave - Montbéliarde) semble plus adapté pour des élevages moins groupés et qui recherchent la possibilité de « faire un peu de viande ». En bénéficiant de l’effet hétérosis des croisements et en augmentant le nombre de lactations par vache, avec un taux de renouvellement moindre pour réduire le nombre d’animaux non productifs sur la ferme, ces éleveurs ont renforcé leurs résultats économiques et se sont appropriés la génétique pour répondre à leurs objectifs propres.
Dossier : Transmettre sa ferme : Les conditions de la réussite
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur ;
Cécile MARCUS, Auteur
La question de la transmission des exploitations est un enjeu majeur pour l’AB. Ainsi, en Bretagne, 24 % des fermes laitières bio seront à transmettre d’ici 5 ans et, en Ile de France, 27 % des producteurs bio ont aujourd’hui plus de 55 ans. Malgré l’absence de données nationales précises, ces chiffres illustrent bien l’enjeu auquel il faut faire face, en tenant compte aussi du nombre croissant de candidats à la reprise qui sont hors cadre familial (2016 : à l'échelle nationale, 47 % des personnes passées au Point accueil installation étaient dans ce cas). Or, transmettre son exploitation nécessite du temps, d’en demander un prix juste, à la fois pour le cédant et le repreneur, ou encore de favoriser le transfert de savoirs et d’expérience entre ces derniers. Ce dossier dresse un état des lieux de la situation, des moyens actuels et en cours de développement pour favoriser les transmissions et présente trois exemples de transmissions réussies illustrant la diversité des situations rencontrées sur le terrain. Pour faire face à cet enjeu, en particulier en bio, il faudrait plus de moyens, favoriser le conseil individuel ou encore innover. Ce point est d’autant plus important qu’il faut communiquer de façon plus élargie que par le passé, vu le nombre croissant de porteurs de projets non issus du monde agricole. Ainsi, selon les territoires, diverses initiatives voient le jour : journées portes-ouvertes sur des fermes en recherche de repreneur, vidéos pour renforcer la communication via les réseaux sociaux, démarches filières ou territoriales avec l’implication de collectivités territoriales. Pour Nadou Masson, secrétaire nationale « Installation-Transmission » pour le réseau FNAB, « il faut créer une vraie dynamique innovante autour de cet enjeu vital pour l’avenir de la bio ».