- Titre :
- TECHNI BIO, N° 84 - Septembre 2019 - Bulletin N° 84
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/09/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Effluents industriels en bio : que dit la nouvelle réglementation ?
Cécile BROUILLARD, Auteur ;
Stéphane HANQUEZ, Auteur
En décembre 2018, l'utilisation d'effluents industriels issus d'élevages en caillebottis intégral et d'élevages de poules pondeuses en cages avait été interdit lors de l'évolution du guide de lecture AB. La commission bio de lINAO sest réunie mi-juillet 2019 et a décidé dassouplir, de manière temporaire, cette décision. LINAO a ajouté un critère à linterdiction : la taille de lélevage. Ainsi, à partir du 1er janvier 2021, les effluents interdits concernent ceux issus délevages en système de caillebotis, grilles ou cages intégrales ; et dépassant 85 000 emplacements de poulets, 60 000 de poules, 3 000 de porcs de plus de 30 kg, et 900 emplacements de truies. Il faut savoir que les espèces non citées (canards, lapins, veaux de boucherie
) ne sont pas visées par linterdiction européenne. Si certains des produits prochainement interdits sont utilisés en 2020, les organismes certificateurs le notifieront, sans sanction. À partir du 1er juillet 2022, les critères européens sur les effluents industriels sappliqueront (le lien avec la taille des élevages ne sera plus pris en compte). Un bilan sera réalisé en 2021 pour évaluer la faisabilité de la date du 1er juillet 2022.


Lait de chèvre : les conversions progressent
Mélanie GOUJON, Auteur
Après 2012, en France, les conversions à lagriculture biologique avaient ralenti dans les élevages caprins et avaient chuté à 40-50 conversions par an. Depuis, la dynamique des conversions a repris : 147 exploitations se sont engagées en 2017 (+ 40 % par rapport à lannée précédente). Cette augmentation semble tirée par une consommation nationale de lait de chèvre bio très dynamique. Bien que la majorité des élevages caprins bio transforment et vendent leur production en direct, la filière longue progresse : la collecte de lait de chèvre bio a bondi de +53 % entre 2016 et 2017, pour atteindre 8,8 millions de litres. Les élevages qui vendent leur lait en circuit long ont augmenté de +89 % en cinq ans. Plus de 70 % de ces volumes proviennent de trois régions : Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Occitanie. Les troupeaux de ces "nouveaux livreurs" sont souvent plus importants (150 têtes/exploitation contre 66 en moyenne nationale) et le lait est moins bien valorisé (870 /1000 L contre 2,50 à 3 /L pour les éleveurs-transformateurs).


En direct du SPACE, les « perspectives de développement de la filière lait bio en France »
Brigitte LAMBERT, Auteur
Une conférence sur les perspectives de développement de la filière lait bio en France sest déroulée durant le SPACE 2019. Plusieurs opérateurs de la filière étaient présents (Eurial, Biolait, Les Prés rient Bio et la Sill). Lors de cette conférence, des données statistiques ont été apportées par le CNIEL, lAgence Bio et lIdele. La France est le deuxième producteur de lait bio européen derrière lAllemagne. Ce marché représente 9,7 milliards deuros et 4,2 % de la collecte de lait nationale. Les points de collecte de lait bio ont doublé depuis 2011 et le cheptel a triplé. Quatre opérateurs réalisent les ¾ de la collecte : Biolait 30 % (256 millions de litres), Lactalis 21 % (180 ML), Sodiaal 12 % (100 ML) et Eurial-Agrial 10 % (82 ML). Les « déconversions » ou arrêts de collecte de lait bio sont peu nombreux (0,5 %). Le lait bio liquide reste le produit majoritaire, il représente 25 % des produits laitiers bio, et le beurre arrive juste derrière (19 %). Les fromages et lultra-frais sont en pleine augmentation. Cependant, il est nécessaire que la filière bio poursuive son développement et quelle affirme ses valeurs face à la segmentation du marché, notamment via une bonne communication.


Dossier climat : Lempreinte carbone du lait en agriculture biologique
Charlotte MORIN, Auteur
En France, lagriculture représente 17 % des émissions de gaz à effet de serre, dont 60 % sont dues à lélevage bovin. Le stockage du carbone compense 30 % de ces émissions. Les principaux gaz à effet de serre émis par ces élevages sont le CO2, le CH4 et le N2O (tous sont ramenés en équivalent CO2). Les postes démission sont liés à la fermentation entérique (50 %) et aux achats dintrants, notamment de concentrés (20 %). Loutil CAP2ER permet de mesurer lempreinte carbone des élevages. En moyenne, les élevages laitiers bio ligériens ont des émissions brutes de 0,92 kg éq.CO2/L de lait, ce qui est proche des élevages conventionnels (0,95 kg éq.CO2/L). Le stockage du carbone est par contre bien plus élevé en bio : ils stockent 0,17 kg éq.CO2/L (contre 0,07 en conventionnel) et compensent 18 % de leurs émissions, notamment grâce à leurs rotations des cultures et à une implantation plus longue des prairies. Trois principaux leviers sont identifiés pour réduire l'empreinte carbone dans un élevage : réduire le nombre danimaux improductifs, diminuer lachat de concentrés (via limplantation de légumineuses) ainsi que les consommations de carburant et délectricité. Pour arriver à cela, la Région Pays de la Loire et linterprofession laitière proposent un accompagnement individuel des exploitations, nommé « Parcours Bas Carbone ».


La valorisation de l'arbre dans des conditions d'élevage récompensée par le projet INNO4GRASS
Stéphanie GUIBERT, Auteur
Inno4grass est un projet européen H2020 qui a pour objectif de partager des innovations pour une production durable des prairies en Europe. Il regroupe 20 partenaires de 8 pays européens et rassemble différents acteurs (agriculteurs, chercheurs, conseillers, enseignants). Ce projet a notamment permis de recenser des pratiques innovantes. En France, 30 exploitations ont été identifiées. Lune dentre elles a été récompensée à Hanovre (Allemagne) le 12 juin dernier, en même temps que 7 autres agriculteurs de pays partenaires. Il sagit de Dominique et Béatrice Bordeau, installés sur une exploitation laitière bio, dans le sud de la Mayenne, avec 55 VL et 42 ha. Lors de leur installation, ils avaient replanté des haies autour des parcelles pour le bien-être animal, laspect paysager et pour limiter lérosion. Depuis sept ans, ils ont également développé lagroforesterie intra-parcellaire : 30 à 50 arbres/ha ont été plantés et seront valorisés en bois duvre. Ils aident au positionnement des fils de séparation des paddocks, fournissent de lombre et évitent la concentration des animaux, ce qui engendre une meilleure répartition des déjections. Dominique et Béatrice ont dû se former, notamment pour la taille, et passent environ 10 h/an à la taille de formation.


Drosophila Suzukii : Comment lutter contre un ravageur émergent en culture de petits fruits
Maureen HARVOI, Auteur ;
Cécile SALPIN, Auteur
LARELPAL (station régionale des Pays de la Loire) a déposé le projet REPROLEG pour trouver des solutions de détection et de lutte efficaces contre le développement de la Drosophila suzukii sur fraisiers remontants. Ce projet a débuté en 2017 et se clôture cette année. Lheure est au bilan. Avant de mettre en place une stratégie de lutte, il est très important de connaître l'environnement de l'exploitation et didentifier les plantes hôtes de la drosophile, que ce soit des cultures (fraise, cassis, cerise
) ou des espèces sauvages (lierre, ronce, arbousier, prunelier
). Lobjectif étant dimplanter les cultures sensibles loin de ces espèces sauvages. Dautres méthodes prophylactiques peuvent être mises en place : récoltes rapprochées (tous les 2-3 jours), solarisation des déchets de cultures, création dun environnement peu favorable à la drosophile (effeuillage, enherbement bas, taille des haies). Il est toutefois important de trouver un équilibre entre la lutte et la préservation de la biodiversité. Les filets insect-proof (maille de 0,22 mm) ont également fait leurs preuves. Dautres moyens de lutte sont encore à létude : lâchers de Trichopria drosophilae, recours à des plantes de services (ail, menthe, coriandre).