- Titre :
- REUSSIR FRUITS ET LEGUMES, N° 399 - Novembre 2019 - Bulletin N° 399
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Bretagne : Répondre aux attentes des maraîchers diversifiés
Véronique BARGAIN, Auteur
La Station expérimentale de Bretagne Sud, basée à Auray (Morbihan), est dédiée au maraîchage diversifié, bio et conventionnel. Elle est pilotée par la Chambre dagriculture de Bretagne. Fin septembre 2019, près de 250 maraîchers ont participé à sa porte ouverte. À cette occasion, les résultats de plusieurs essais ont pu être présentés. Certains portaient sur la conservation des potimarrons : la meilleure période de récolte pour assurer à la fois la qualité gustative et la bonne conservation du produit semble être la mi-août. Les essais portant sur la culture de patates douces, en plein champ et sous abri, ont aussi été abordés : variétés, densité de plantation, paillage, fertilisation à base de luzerne fraîche. Enfin, un essai portant sur lamélioration des conditions de travail a été présenté. Trois conduites en maraîchage bio ont été comparées : une témoin, une robotisée (Oz), et une assistée (Toutilo). Les résultats montrent le gain de confort et la polyvalence de Toutilo, mais ce dernier présente un certain coût.


Pays de la Loire : Des films photovoltaïques en test
Catherine PERROT, Auteur
Lindustriel Armor a investi plus de 100 millions deuros pour développer des panneaux photovoltaïques de « 3ème génération ». Ils sont transparents (jusquà 30 %), fins, légers (450 g/m2), souples et 100 % revalorisables. Ces films photovoltaïques, baptisés Asca®, sont "imprimés" avec des polymères organiques, sans composantes rares et toxiques, et sans silicium. Ils peuvent être collés et décollés sur des vitres, ou être repliés en accordéon. Ils sont actuellement testés par le groupe maraîcher Olivier, qui compte 19 ha de serres (production de tomates et de concombres) dans la région nantaise. En termes de production dénergie, 1 m2 de film Asca® a actuellement une puissance de 40 Wc. Lobjectif dArmor est daller à 140 Wc pour se rapprocher de la puissance des panneaux photovoltaïques classiques. Le prix de ces films est, pour linstant, bien supérieur aux autres panneaux, mais leur coût devrait drastiquement diminuer à mesure que la production augmentera.


Nouvelle-Aquitaine : Violine, une prune et une histoire
Guy DUBON, Auteur
Dans le Lot-et-Garonne, la coopérative Prayssica produit une nouvelle variété de prune nommée Violine. Cette dernière ressemble à une mirabelle violette, avec un fruit de petit calibre, légèrement allongé, et une chair très sucrée (entre 22 et 35° brix). Violine est issue de la variété Datil, une ancienne variété de la région déjà cultivée par les Romains du côté dAgen. Cette variété a été sauvegardée et relancée. Les premières plantations ont débuté il y a cinq ans. Actuellement, sept hectares de prunes Violine sont cultivés. Cent tonnes de prunes ont été produites pour leur première année de commercialisation, et Prayssica compte doubler les surfaces et les volumes dici trois ans. Prayssica a dailleurs fait le choix de produire Violine exclusivement en bio.


Provence-Alpes-Côte dAzur : Le Grab co-construit l'avenir
RÉUSSIR FRUITS ET LÉGUMES, Auteur
Le Groupe de recherche en agriculture biologique (Grab), basé à Avignon, célèbre ses 40 ans de recherches. Celles-ci sont menées sur trois niveaux différents : des approches directes, localisées et avec des effets à court terme (ex : tester lefficacité de produits naturels compatibles avec le cahier des charges bio, tester lefficacité des filets AltCarpo
) ; des approches indirectes avec des effets à moyen terme (ex : tester différents types de fertilisants, dengrais verts, de semis sous couverts végétaux, daménagements paysagers pour favoriser la biodiversité fonctionnelle
) ; des approches « système », cest-à-dire des approches plus globales, qui ne se positionnent pas à léchelle de la parcelle mais à léchelle de lexploitation, voire dun paysage (ex : redéfinir des itinéraires techniques pour éviter les nématodes à galles en maraîchage bio sous abris, établir des références sur lagroforesterie
). Le Grab se donne sept mois pour co-construire son prochain programme de recherche bio et débattre des besoins, en termes de recherche, avec des agriculteurs et avec ses partenaires.


Le piégeage connecté émerge ; Faciliter le travail dépidémio-surveillance
Adrien LASNIER, Auteur ;
Cécile DELAMARRE, Auteur ;
UNILET, Auteur
Depuis trois ans, les pièges connectés se développent, mais ils manquent encore de fiabilité. Ces pièges assurent un suivi en temps réel des insectes volants présents dans une parcelle. Ils présentent lavantage déviter le déplacement dans la parcelle dun opérateur, de permettre aux agriculteurs dêtre plus réactifs lorsque les populations de ravageurs augmentent, et de pouvoir alimenter les réseaux dépidémio-surveillance dun territoire (Bulletins de santé du végétal). Les différents pièges connectés reposent globalement sur le même principe : les insectes mâles sont piégés à laide de phéromones et dénombrés à laide dun capteur optique (ou un système de comptage) combiné à un logiciel danalyse dimages. Trois modèles (E-Gleek dAdvansee, Trapview dEfos et CapTrap, de Cap 2020) sont plus amplement détaillés dans larticle, ainsi que les différentes expérimentations mises en place pour les tester. Un encadré est réservé aux tests réalisés dans le cadre du réseau Dephy Ferme de Vendée : des pièges connectés Cap Vision, de Cap 2020, ont été utilisés chez un producteur de tomates biologiques pour effectuer un suivi de population de Tuta absoluta.


Vu par la spécialiste : « Biocontrôle et impact environnemental »
Mélina RAMOS, Auteur
Certaines références manquent sur les produits de biocontrôle, notamment au niveau de leur efficacité technique et de leur profil écotoxicologique. Le projet Palvip (Protection alternative des productions végétales interrégionales pyrénéennes) a pour objectif dévaluer des produits de biocontrôle en développement chez des PME locales et partenaires : efficacité, impact environnemental et effet sur les plantes traitées. Ce projet associe des universités et des structures techniques basées en Catalogne et en Roussillon. LUniversité de Perpignan Via Domitia (UPVD) est chargée détudier les impacts environnementaux. Pour cela, lapproche EMF (Environmental Metabolic Footprinting, ou encore Empreinte Métabolique Environnementale) est utilisée. Cette étude cinétique de tous les métabolites du produit de biocontrôle permet de définir le temps de résilience du produit, cest-à-dire le temps nécessaire à sa dissipation, ainsi quà la dissipation de ses effets. Le temps zéro résidu (plus aucun résidu) peut également être déterminé. Pour linstant, lUPVD se focalise sur deux produits de biocontrôle utilisés en vigne contre loïdium (Akivi et Bestcure®) et un stimulateur de défenses naturelles (Bacillus UdG).


Des plantes contre la tavelure
Maude LE CORRE, Auteur
La station expérimentale de La Morinière (Indre-et-Loire) teste, depuis deux ans, des PNPP (Préparations Naturelles Peu Préoccupantes) contre la tavelure et les pucerons en verger de pommiers. En 2018, les PNPP suivantes ont été testées contre la tavelure : un mélange dhuiles essentielles dorigan et de clou de girofle ; une décoction de racines dortie ; une infusion dun mélange de feuilles de serpolet, de feuilles de sureau et de clous de girofle ; une décoction de prêle. En 2019, après avoir analysé les résultats obtenus, les tests ont été reconduits pour le mélange dhuiles essentielles dorigan et de clou de girofle, et pour linfusion serpolet-sureau-clou de girofle. De nouvelles PNPP ont aussi été testées : une macération à froid décorce de chêne et le produit Kanne Brottrunk® (produit à base de bactéries lactiques, obtenu par la fermentation en cuve de pain complet durant huit mois). À chaque fois, ces produits ont été testés avec des demi-doses de cuivre et de soufre, et comparés à la référence cuivre+soufre. Les comptages en verger ont montré que le mélange dhuiles essentielles, la macération décorce et le Kanne Brottrunk® semblent augmenter lefficacité des traitements fongiques. En laboratoire, le mélange dhuiles essentielles est aussi ressorti. Ce travail exploratoire va continuer durant les prochaines années.


Quassia amara passe le test
Adrien LASNIER, Auteur
Lhoplocampe est un ravageur secondaire des pommiers mais qui est en recrudescence depuis quelques années. En cas de forte pression, il peut causer de graves dégâts dans les vergers. Face à lefficacité limitée des produits homologués en AB, des essais ont été menés depuis 2013 par la station expérimentale de La Morinière (Indre-et-Loire) afin de tester leffet de la quassine, une substance extraite de la plante tropicale Quassia amara. Le Quassol, un produit tiré de la quassine, a été élaboré pour ces tests. Les résultats montrent systématiquement une réduction des dégâts avec ce produit. En 2014, la parcelle ayant reçu une application de Quassol (320 g/ha, soit 16 g/ha de quassine) a présenté 3,3 % de fruits atteints par lhoplocampe, contre 37 % pour le témoin non traité et 12,8 % pour le spinosad (Success 4, à 0,2 l/ha). En 2015, les essais ont révélé que, pour une meilleure efficacité, il était préférable de réaliser deux applications de 16 g/ha de quassine en fin de floraison (stade G-H). Des essais en laboratoire ont également démontré leffet larvicide de cette substance sur lhoplocampe. La limite pour l'utilisation de cette substance est avant tout réglementaire : aucun produit commercial à base dextrait de Quassia amara nest homologué actuellement en France, contrairement à dautres pays européens.


Le virus de la granulose trouve sa place
Adrien LASNIER, Auteur
La protection contre le carpocapse des vergers de pommiers bio repose sur une combinaison de méthodes : confusion sexuelle, filets de protection, « bioinsecticides » à base de Bacillus thuringiensis (Bt) ou à base de virus de la granulose. Le groupe Dephy ferme arbo du Tarn-et-Garonne travaille sur cette thématique. Il est composé de douze arboriculteurs, dont onze dentre eux possèdent un atelier bio. Bien que la lutte en AB contre les lépidoptères (dont le carpocapse) repose principalement sur des préparations à base de Bacillus thuringiensis, tous les ateliers bio du groupe utilisent en plus le virus de la granulose, ainsi que la confusion sexuelle. Le nombre dapplications du virus de la granulose varie de 1 à 13 selon les exploitations (6 en moyenne). En conventionnel, la lutte seffectue majoritairement avec la confusion sexuelle et des insecticides de synthèse. Toutefois, six producteurs conventionnels du groupe utilisent le virus de la granulose (entre 1 et 3 applications, avec en moyenne 1 application). L'utilisation du virus de la granulose, combinée à dautres leviers, a contribué à faire baisser lIFT de ce groupe Dephy ferme de 33,5 en 2012 à 28 en 2017.


Une retenue collinaire pour sécuriser ses revenus
Claudine GALBRUN, Auteur
Didier Lagrave est installé en Corrèze depuis une vingtaine dannées. Cet arboriculteur (8,5 ha de pommiers, dont 2 ha en bio) et éleveur (80 vaches allaitantes) est inquiet vis-à-vis du changement climatique. Lors des deux sécheresses consécutives qui ont sévi en 2018 et 2019, il a notamment vu pour la première fois ses pommiers de vingt ans jaunir et donner des fruits de très petit calibre malgré un fort éclaircissage. Cependant, il réfléchissait déjà depuis plusieurs années à créer sa propre retenue collinaire et avait fini par se lancer, lobjectif étant dirriguer son verger et de ne plus avoir à apporter de leau à ses vaches. Une retenue collinaire de 37 000 m3 a ainsi été aménagée sur son exploitation. Elle recouvre 1,2 ha. Le montage du dossier a duré deux ans pour obtenir les autorisations et larrêté préfectoral nécessaires. Linvestissement sest élevé à 100 000 pour la création de la retenue, la station de pompage et le réseau primaire. Didier Lagrave a perçu 60 % de subventions de la Région Nouvelle-Aquitaine et de lUnion Européenne (fonds Feader). Pour obtenir ces aides, il devait répondre à deux conditions : être certifié HVE niveau 3 et être en conversion bio. Il doit néanmoins encore investir dans du matériel dirrigation au goutte-à-goutte. Pour cela, il peut compter sur une aide du Conseil départemental égale à 35 % du montant et limitée à 15 800 .