- Titre :
- BIOFIL, N° 126 - Novembre / Décembre 2019 - Bulletin N° 126
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Tech&Bio dans la Drôme : Deux jours d'ébullition record
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En 2019, le salon international Tech&Bio, organisé tous les deux ans dans la Drôme, a attiré plus de 20 000 visiteurs, dont 60 % d'agriculteurs conventionnels ! Ces chiffres records sont révélateurs de l'importance des transferts de techniques et d'innovations entre l'agriculture biologique et l'ensemble des autres modes de production. Ces transferts peuvent en effet être un réel moteur de la transition écologique, comme le souligne Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture présent sur le salon. Aussi, biodiversité et innovation étaient au cur de ces deux journées : biodiversité végétale et animale, sauvage et cultivée, et dont le déclin est alarmant ; et innovations mises à l'honneur par les six lauréats du concours Technovations et les 15 Talents, agriculteurs et agricultrices sélectionnés pour leur savoir-faire, leurs actions en faveur de la biodiversité et leurs résultats technico-économiques. Parmi les 350 exposants et les 60 partenaires des filières présents, figuraient des acteurs phares de la recherche, du développement et des filières, comme l'Inra, le Grab, ou encore Coop de France, qui présentent leurs actions en lien avec l'AB dans cet article.


Dossier : L'enherbement au vignoble : Jusqu'où l'envisager ?
Frédérique ROSE, Auteur
La gestion de l'enherbement dans les vignobles est l'objet d'une multitude de pratiques, dépendantes notamment des objectifs propres du vigneron. Les enjeux à avoir en tête sont présentés dans ce dossier par Christophe Gaviglio, de l'IFV Sud-Ouest. Il s'agit notamment, pour les viticulteurs, de trouver le meilleur compromis entre temps de travail et efficacité. Cela peut passer, par exemple, par une simplification des outils utilisés (outils polyvalents, guidage des tracteurs
). De nombreux essais portent par ailleurs sur le choix de couverts végétaux pour l'enherbement les plus adaptés possible, avec des espèces concurrentielles pour les adventices mais pas pour la vigne. Les essais menés avec différents types de couverts et un enherbement total montrent une baisse de vigueur de la vigne, avec cependant un objectif de rendement atteint dans 70 % des cas, en lien probablement avec une concurrence azotée trop forte. A l'ATV 49, des espèces couvrantes ont également été mises à l'essai : plantain corne de cerf, piloselle, saponaire des rochers, thym longicaulis... Si certaines sont intéressantes, les essais nécessitent d'être poursuivis, et le paillage du rang, par exemple avec de la paille de blé et de miscanthus, représente aussi une alternative à creuser. Trois vignerons, en Alsace, Gironde et Maine-et-Loire, présentent leurs différentes stratégies et pratiques.


Claude Barbet, dans l'Ain : La technique, pour assurer le revenu
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Claude Barbet est céréalier dans l'Ain. Son exploitation, convertie en agriculture biologique au début des années 2000, compte 165 hectares, dont 140 sont irrigables. Le principal objectif de l'agriculteur est de "dégager du revenu en misant sur la technique". Cela passe par la mise en place d'une rotation courte, principalement constituée de cultures d'été : soja-maïs-maïs-soja-blé. Deux intercultures longues composées d'espèces gélives assurent la couverture du sol entre les cultures, de même que la luzerne, mise en place sur l'exploitation depuis quelques années et pour des durées de deux ans. Contre les adventices, "bête noire" du céréalier, un panel complet d'outils est utilisé : herse étrille, houe rotative, écimeuse et bineuse. Du côté du travail du sol, Claude Barbet a fait le choix du labour "agronomique", qui consiste à agir à une profondeur de 18 à 20 cm, sans rasettes. Cette modalité est d'ailleurs comparée à un labour traditionnel (30 cm), à un travail du sol réduit sans retournement et à un travail du sol très superficiel ou semis direct sous couvert végétal, dans le cadre d'une expérimentation pilotée par l'Isara et menée depuis 2004, sur l'exploitation de Claude Barbet.


Cultures d'hiver sous abris dans les Hautes-Pyrénées : S'organiser et optimiser l'espace
Manuel DELAFOULHOUZE, Auteur
Dans les Hautes-Pyrénées, l'exploitation maraîchère de Christian Duboé a peu à peu évolué : d'une dizaine de légumes en agriculture conventionnelle pour le demi-gros, elle est passée à une quarantaine de légumes en agriculture biologique, vendus en Amap, sur un marché et à quelques restaurants. Dans cet article, le maraîcher témoigne de ses pratiques lors de la période délicate entre cultures d'été et cultures d'hiver sous abris. Cette période de transition est en effet cruciale, les cultures d'hiver prenant peu à peu la place libérée par celles d'été, et implique des ajustements techniques permanents, par exemple en matière d'irrigation. Pour la réussite des cultures d'hiver, la maîtrise des maladies et des ravageurs est également un point clé, avec beaucoup moins d'auxiliaires présents naturellement. Christian Duboé mise alors sur la prévention, avec la valorisation des résistances variétales ou en limitant les excès d'humidité.


Nutrition animale : L'envol des pondeuses dope les volumes
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le production daliments bio pour animaux a plus que doublé entre 2011 et 2018. Elle atteint 480 639 tonnes en 2018, soit 2,4 % de la production nationale. Partout en France, les taux de progression sont supérieurs à 15 %, excepté dans le Centre-Ouest (+ 12,7 %). Les plus fortes augmentations concernent lEst et le Sud-Ouest (+ 33 %). Elles sexpliquent par un accroissement de lactivité des usines et par la création de nouvelles unités de fabrication daliments. Ces installations vont de pair avec la construction de poulaillers de poules pondeuses, le marché de luf bio étant tiré vers le haut par les GMS. La production avicole représente près de 77 % du marché de laliment bio pour animaux (+ 25 % par rapport à 2017). Les ateliers de poules pondeuses sont les plus gourmands et consomment 70 % du volume des aliments volailles bio. La consommation des poulets de chair est de 27 % et celle des autres espèces avicoles est marginales. Laliment caprin a aussi fortement crû (+ 69 %), signe du regain d'activité important pour cette production en 2018. La fabrication daliments pour porcs et pour bovins (principalement pour les VL) a également augmenté.


Hauts-de-France : Terreau Bio fait pousser les projets
Annie RIGAULT, Auteur
La seconde journée Terreau Bio a été organisée le 12 septembre 2019, dans lOise, par Bio en Hauts-de-France. Elle a réuni plus de 750 visiteurs, bio ou conventionnels, et plus de 60 exposants. Entre démonstrations, conférences et échanges, cette journée a été loccasion deffectuer un état des lieux sur certaines filières bio des Hauts-de-France. Cet article se concentre sur trois dentre elles. La première concerne la filière bio betteraves sucrières. Ce projet a été initié en 2016. Du sucre liquide a pu être proposé à plusieurs distributeurs et transformateurs à partir de la récolte 2018. Lobjectif, à terme, est de construire une micro-sucrerie dans les Hauts-de-France afin de valoriser les betteraves selon un cahier des charges commerce équitable. La deuxième filière traite de la valorisation des céréales en deuxième année de conversion (C2). Lenvol des conversions pose problème pour la rémunération des produits obtenus au cours de cette période. Certains ont été vendus au prix du conventionnel et cela risque de durer. Enfin, le dernier point concerne le stockage des productions afin de ne pas engorger les marchés. Lobjectif était de sensibiliser tous les acteurs à la nécessité dutiliser un outil de gestion prévisionnelle des volumes.


Bretagne : Fédérer les éleveurs bretons
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Un nouveau stand était présent au Space 2019, celui de lUnebb : Union des éleveurs bio de Bretagne. Cette association sest créée en janvier 2019. Elle compte une cinquantaine dadhérents (tous des éleveurs bio). Elle assure la commercialisation et les échanges entre les éleveurs, les GMS locales et les magasins de producteurs (son objectif, à terme, est de développer une filière régionale). Elle emploie, pour cela, deux salariés-acheteurs. Elle est également actionnaire de lUnebio, ce qui permet aux éleveurs de participer aux commissions filières. Un autre acteur de la filière élevage bio breton est en pleine évolution stratégique : la Sica Bretagne Viande Bio (BVB), née en 1991. Elle compte 500 adhérents, dont une trentaine de boucheries, 3 transformateurs, 40 points de vente et 12 salariés. Elle connaît une forte croissance depuis quelques années, et ses éleveurs comptent bien garder la main dessus : ils ont renforcé leur gouvernance en créant un directoire, ainsi quun conseil de surveillance, tout en réfléchissant à une structure juridique plus adaptée. BVB se bat pour une bio équitable et a mis en place des chartes de qualité portant aussi bien sur lautonomie alimentaire des élevages, que sur leur taille, et sur lapprovisionnement régional.


Natexpo : priorité au local et à léquitable
BIOFIL, Auteur
Natexpo est un salon exclusivement bio dédié à lagroalimentaire, aux cosmétiques, aux produits dhygiène
Lédition 2019 sest tenue au parc des expositions de Villepinte, à Paris, du 20 au 22 octobre, et a dépassé les 17 600 visiteurs. Mille exposants, dont 500 nouveaux, étaient présents. Les deux tiers sont des fournisseurs alimentaires. Les agriculteurs bio - transformateurs ou en groupements - y sont de plus en plus présents. Afin de soutenir les initiatives agroalimentaires biologiques, qui sont de plus en plus nombreuses, Natexbio (la fédération propriétaire du salon) va mettre en place la 2ème édition du Natexbio Challenge. La 1ère édition avait récompensé trois projets. Le lauréat, nommé Intelligence culinaire, valorise en crakers des coproduits des processus de transformation (drêches issues de la fabrication de bière, marc de pomme issu du cidre, okara issu de lait végétal). Les deux fondatrices avaient ainsi, en 2018, collecté cinq tonnes de drêches et fabriqué huit tonnes de crackers.


Sommet de l'Élevage, dans le Puy-de-Dôme : La protéine bio très recherchée
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Même si lautonomie est souvent recherchée par les producteurs bio, les achats de concentrés restent la plupart du temps indispensables, aussi bien en monogastriques quen ruminants. Le 1er janvier 2021, lautorisation davoir 5 % dingrédients agricoles non bio dans les formulations daliments bio va être supprimée. Cette mesure a déjà été reportée plusieurs fois et, selon le projet Secalibio de lItab, passer au 100 % bio va entraîner une hausse dutilisation de 40 à 50 % du tourteau de soja. Ce dernier est souvent importé de loin (Chine et Inde). Certains fabricants, comme Cizeron Bio, cherchent à relocaliser leurs matières premières. Cette entreprise a dailleurs été nommée lauréat du prix spécial bio des Sommets dOr (concours organisé par le Sommet de lÉlevage), grâce à ses noyaux protéiques. Ce sont des concentrés déléments techniques (vitamines, oligo-éléments, enzymes) et protéiques, fabriqués à partir dune multitude de graines, dont 86 % sont cultivées en France. Selon Jean-Charles Cizeron, le dirigeant de lentreprise, pour sortir du diktat du soja (qui ne possède pas tous les nutriments et contient des phytostrogènes), il est nécessaire de varier au maximum lorigine des protéines. Son objectif est de fabriquer des aliments contenant moins de protéines mais de meilleure qualité. Cest un véritable projet de filière.


Bovins laitiers en Auvergne-Rhône-Alpes : Clés de la réussite : la maîtrise des charges
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lors du Sommet de lÉlevage, Cerfrance Synergie Sud-Est a présenté les résultats dune analyse économique quil a menée sur la santé des fermes laitières bio en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle a porté sur les résultats 2017 de 86 exploitations laitières et a révélé une grande diversité dans leurs performances économiques. Globalement, la moyenne des résultats est correcte et les charges opérationnelles sont bien maîtrisées. La marge dorientation est par contre trop faible : elle représente en moyenne 7 % de lEBE, alors que Cerfrance recommande au moins 10 % pour les exploitations bio. Il faut rappeler que cette marge correspond aux ressources économiques destinées à préparer lavenir de la ferme (notamment la mise en place de nouveaux projets) ou à consolider la trésorerie. Concernant les écarts de performance, ils sexpliquent surtout par la gestion des coûts alimentaires : en bio, le coût de laliment est 2 à 2,5 fois supérieur au conventionnel alors que le prix du lait nest que de 1 à 1,5 fois plus élevé.


Le point avec Bureau Veritas : Évolutions du guide de lecture
Gilles BILLON, Auteur
Suite au Comité national de lagriculture biologique (Cnab) du 11 juillet 2019, lInao a mis à jour le guide de lecture du cahier des charges bio (la version de juillet 2019 remplace et annule celle davril 2019). Ces modifications concernent : des restrictions sur lutilisation du chauffage dans les serres ; des précisions sur lutilisation de certains engrais et amendements, avec linterdiction réaffirmée demployer des boues dindustries agroalimentaires ainsi que des effluents délevages industriels (avec l'adoption d'une définition pour ces élevages) ; des nouveautés concernant les biostimulants puisque lextraction et la dissolution de substances naturelles dans de lalcool sont maintenant possibles ; la possibilité de certifier la plante Stevia (mais pas lédulcorant glucoside de steviol) ; des précisions sur les paillages autorisés en maraîchage. Cet article aborde également la demande dintégration de la production de cailles pondeuses bio dans le cahier des charges français.


En direct de l'Inao : Élevage industriel : Clarifier les règles
Sandrine THOMAS, Auteur
Le règlement européen interdit lusage damendements et dengrais issus délevages industriels, sans définir précisément ce que sont ces élevages industriels. Les États membres sont ainsi libres dappliquer leur propre définition. En France, bien quune réflexion soit menée sur le sujet depuis une dizaine dannées, aucune définition navait fait consensus. Labsence de données sur les besoins et les disponibilités en matières organiques freinait la prise de décision. Les débats ont cependant fait ressortir un risque de pénurie. Le Comité national de lagriculture biologique (Cnab) vient de trancher et de donner une définition précise de la notion délevage industriel. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2021. Elle prend en compte deux critères cumulatifs : 1 - les systèmes délevage sur caillebotis ou grilles en intégral ou en cages, 2 - qui dépassent les seuils définis en annexe I de la directive n°2011/92/UE, soit : 85 000 emplacements pour les poulets, 60 000 pour les poules, 3 000 pour les porcs de plus de 30 kg, 900 pour les truies. La prochaine étape consistera, en 2022, à évaluer lapplication concrète de ces critères via des remontées du terrain. Dici là, des réflexions devront être menées pour accroître la disponibilité en matière organique utilisable en bio.


Polyculture-élevage dans la Drôme : « Rester maître de mes débouchés »
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
À 29 ans, Léo Girard est lauréat des Talents de Tech&Bio 2019. Il sest installé (hors cadre familial) en 2013, en bio, et est maintenant à la tête dun système polyculture-élevage diversifié, qui emploie trois salariés à plein temps et un apprenti. Son objectif est de valoriser ses productions au maximum grâce à la transformation et à la vente directe, en travaillant le plus possible sur son autonomie et en économie circulaire. Sa ferme, Dessine-moi une brebis, est composée de 30 ha et de quatre ateliers : un atelier ovin lait dune centaine de brebis, dont le lait est transformé sur place (fetas, faisselles, fromages aux herbes
) ; un atelier naisseur-engraisseur bovin viande avec 15 mères Aubrac ; un atelier dengraissement de 60 porcs ; et un atelier dail de semences (culture à forte valeur ajoutée). Les animaux sont abattus à Romans-sur-Isère, à 30 km de la ferme, à raison dun cochon de 6 mois (120 kg de PV), toutes les semaines ; de cinq agneaux âgés dun mois, de février à avril ; et d'un broutard de 14 mois, tous les deux mois (210 à 220 kg de viande après découpe). Bien que Léo Girard vise lautonomie alimentaire, il doit tout de même acheter une partie des fourrages et des concentrés. Il lui faudrait 50 à 60 ha de SAU pour être autonome, mais le coût des terres agricoles est prohibitif et ne cesse daugmenter. Pour linstant, le jeune entrepreneur ne soctroie que 500 de revenu et continue dinvestir dans sa ferme.


Maîtrise du couvert permanent dans une culture : Une approche nouvelle
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Le semis sous couvert permanent présente de nombreux avantages agronomiques, notamment en bio : fourniture dazote, concurrence avec les adventices et réduction de lérosion. Cependant, très peu dagriculteurs se lancent dans cette pratique, souvent en raison dun manque de références et par crainte que le couvert ne prenne le dessus sur la culture. De 2017 à 2019, Arvalis a conduit des essais sur des semis de blé dans un couvert de luzerne. Ces semis ont été conduits en bio, sur une parcelle en limons superficiels située dans le Tarn. Lexpérimentation a démarré en 2016, avec le semis de tournesol. Le même jour, grâce au guidage par GPS-RTK, la luzerne a été semée entre les rangs de tournesol. La sécheresse, conjuguée à la faible profondeur de sol et à la concurrence de la luzerne pour l'eau ont conduit à un rendement de 12 q/ha de tournesol. Du blé a ensuite été semé entre les rangs de luzerne en novembre 2016, à 30 cm dinter-rang, toujours à laide du GPS-RTK. L'expérimenation a été reconduite 3 années de suite (2017, 2018, et 2019). Pour limiter la compétition entre le blé et la luzerne, cette dernière est broyée après le semis du blé et au printemps. Pour réaliser cette étape, Arvalis avait demandé à des constructeurs de concevoir une tondeuse inter-rang adéquate. Eco-Mulch y a répondu en proposant plusieurs prototypes. Avec cette méthode, les rendements en blé et leurs taux de protéines sont encourageants, mais les interrogations restent nombreuses, dont notamment le devenir de la technique en printemps humide.


Projet Greenresilient : Concevoir des systèmes sous abris résilients
Frédérique ROSE, Auteur
Le projet européen Greenresilient a pour objectif de développer des itinéraires techniques innovants sous serre : plus écologiques, moins intensifs et peu dépendants des intrants extérieurs. Le Grab dAvignon est le partenaire français de ce projet. Il a choisi de tester trois leviers dans deux tunnels : un tunnel avec bandes fleuries et lautre sans ; à lintérieur de chaque tunnel, une culture seule et la même culture en association ; et, au sein des associations, une partie recouverte dun mulch et lautre dun paillage plastique. En 2018, la tomate a été testée, en association ou non avec du concombre (un pied sur deux), et avec un paillage de foin de luzerne de 8 cm dépaisseur. Les résultats montrent une plus forte proportion dauxiliaires dans les tunnels avec les bandes fleuries. Un retard de culture de 10 jours a été observé avec le mulch, qui réchauffe moins le sol que le paillage plastique, mais qui libère très rapidement de lazote. Concernant lassociation de cultures, très peu de concurrence a été observée. En 2019, cest lassociation aubergine-poivron qui a été testée, avec le même paillage. Pour ce dernier, les résultats rejoignent ceux de 2018 : un relargage dazote est observé mais avec un retard des cultures.


Mulcher avec du bois vert criblé : Économiser leau au verger
Frédérique ROSE, Auteur
Le Civam bio 66 a testé le mulch de bois vert criblé (BVC) sur plusieurs parcelles de vergers en 2017 et 2018. Les BVC sont des déchets verts, broyés et criblés en déchetterie. Lobjectif était de comparer des rangs recouverts de mulch de BVC avec des rangs en sol nu, afin dévaluer les potentielles économies deau. Létat hydrique du sol a été mesuré de mai à septembre, avec deux paires de sondes tensiométriques, lune à 25 cm de profondeur et lautre à 50 cm. En 2017, les tests ont été conduits sur six parcelles (abricotiers, kakis, pêchers, oliviers et grenadiers). Les résultats montrent que les rangs mulchés ont une meilleure capacité à retenir leau : le mulch réduit lévaporation et limite les écarts dhumidité. Le mulch a ainsi permis aux arbres dêtre dans leur zone de confort hydrique, ce qui nétait pas le cas en sol nu. Le mulch présente néanmoins quelques inconvénients : son installation peut être compliquée si larboriculteur ne possède pas dépandeur à fumier ; il peut savérer inefficace contre les adventices si celles-ci sont déjà bien installées ; il peut rendre difficile lapport dengrais et apporter certaines fois des bouts de plastique. En 2018, lessai sest poursuivi sur deux parcelles dabricotiers irriguées. Le mulch a alors permis déconomiser 315 m3 deau entre le 5 juillet et le 30 août, sur une parcelle dun hectare contenant 416 arbres.


Olivier Sabathié, arboriculteur : « Ne pas stresser les jeunes vergers ! »
Frédérique ROSE, Auteur
Olivier Sabathié, arboriculteur biologique installé depuis 2002 dans le Tarn-et-Garonne, a accueilli les participants de la journée Innovagri, organisée par les Chambres dagriculture dOccitanie. Il a axé sa visite sur la gestion de lherbe, plus particulièrement dans les jeunes vergers. À ses débuts, il avait fait lerreur deffectuer des passages trop fréquents et trop profonds de disques ouvrants ou de fraises, ce qui a stressé ses jeunes vergers et a retardé leur croissance. Maintenant, il travaille beaucoup avec des brosses, en commençant les passages très tôt dans la saison (février-mars) afin de sattaquer à des plantules et déviter un enherbement important. Pour pouvoir passer la brosse, il faut que le sol soit ressuyé et légèrement frais, mais pas trop sec. Si les conditions ne permettent pas son utilisation, Olivier Sabathié recourt à des lames ou à la fraise, mais pas trop profondément. Il utilise aussi des bineuses à doigts Kress, quil combine ou non à des houes rotatives, afin de travailler au plus près des troncs. Le principal inconvénient de ces différents outils est leur lenteur dexécution : 1,5 à 2,5 km/h. Cet arboriculteur est par contre plus souple avec ses vergers adultes : il travaille des bandes de 50 cm de part et dautre du rang, sans chercher à aller entre les arbres. Si des vivaces prennent le dessus, il passe lépampreuse une fois par an.


Des pâtes à la ferme : Tester pour avancer !
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Mathieu Mallet est paysan et producteur de pâtes bio dans les Deux-Sèvres. Cet ancien animateur Civam a obtenu son BPREA en 2014. Il a alors débuté un parrainage chez un voisin, durant lequel il a cultivé 2 ha de blé dur bio et a investi dans sa première machine afin de produire des pâtes fermières sans ufs. En 2016, il sest installé de son côté. Il cultive actuellement 20 ha : 4 ha de blé dur, 2 ha de petit épeautre, 2 ha de sarrasin et 1 ha de seigle et prairies. Après la moisson, le grain est trié une première fois à laide d'un nettoyeur-séparateur, puis il est stocké. Avant dêtre transformé, il est de nouveau trié et nettoyé grâce à un trieur alvéolaire et à une brosse. Il est ensuite moulu à laide dun moulin type Astrié. La farine obtenue est mélangée à une proportion exacte deau dans une extrudeuse, puis le mélange est compressé contre un moule à laide dune vis sans fin afin dobtenir la forme des pâtes. Ces dernières sont ensuite séchées au soleil ou dans un séchoir, pour descendre en dessous de 12% dhumidité. Il faut savoir que la dénomination « pâte » concerne uniquement les produits issus de blé dur. Ceux fabriqués à partir dautres farines doivent être nommés autrement. Mathieu Mallet consacre deux jours à la fabrication par semaine et fabrique 6 t/an de pâtes, soit 120 kg/semaine. Comme les références sont rares, il a dû effectuer de nombreux essais avant de parvenir à un résultat satisfaisant.


Vu au salon Tech&Bio 2019 ; Vu sur autres salons ; Vu au Space ; Vu au salon Sommet de lÉlevage
Jean-Martial POUPEAU, Auteur ;
Frédérique ROSE, Auteur ;
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Cet article décrit plusieurs innovations exposées à l'occasion des éditions 2019 de divers salons : Tech&Bio (Drôme), Space (Ille-et-Vilaine), Sommet de lÉlevage (Puy-de-Dôme) et autres salons. Il présente : 1 - différents outils de travail du sol, de désherbage (mécanique, électrique) et de guidage GPS ; 2 - divers équipements agricoles : un bâtiment déplaçable pour volailles et pondeuses, une centrale photovoltaïque produisant de lélectricité, des filets paragrêles pour le vignoble, un drone pour pulvériser des traitements dans les vignes, une sonde de température pour matières fermentescibles, un trieur séparateur, aérodynamique, un boîtier à variateur autorégulé sur un fertiliseur ; 3 d'autres innovations plus spécifiques à lélevage : des aliments dallaitement multi-espèces, des aliments minéraux, des produits utilisés en médecines alternatives (homéopathie, phytothérapie, aromathérapie), de la mélasse de betterave bio, un soin pour animaux à base dargile, une gamme de produits permettant de mieux valoriser les fumiers, et un produit naturel de post-trempage pour les vaches laitières.


Filière lait bio au Space : Entre réjouissance et prudence
Frédéric RIPOCHE, Auteur
La collecte de lait biologique augmente et devrait atteindre, mi 2020, la barre symbolique du milliard de litres collectés sur les douze mois. La demande est forte, avec des marges de progrès notamment en ultra-frais, mais aussi sur les fromages ou encore avec la restauration collective. Pourtant, prudents, les acteurs de la filière mettent en avant limportance de veiller à léquilibre offre/demande. Par ailleurs, accompagner les conversions, travailler sur la question de la transmission des fermes déjà en bio, s'adapter au changement climatique ou répondre aux attentes sociétales en matière de qualité des produits ou de bien-être animal sont autant denjeux majeurs pour la filière. Aussi, dans un tel contexte, les actions pour sécuriser les producteurs (aides à linstallation, à la reprise, engagement pluriannuel sur les prix
) ou/et pour renforcer la qualité des produits laitiers bio (engagement sur lalimentation des animaux, leur bien-être...) se multiplient, à limage de la démarche « Bio engagé », portée par Lactalis et lOP bio Seine et Loire, dont laccord-cadre a été signé à loccasion du dernier Space en septembre 2009.


Engraissement et finition en bovin viande : Ferme des Bordes : optimiser le pâturage ; Kevin Redondaud, éleveur de Charolaises : Finir à l'herbe malgré la sécheresse
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Dans un contexte daléas climatiques de plus en plus marqués, notamment de sécheresses, produire de la viande bovine biologique en valorisant au maximum le pâturage est à la fois une nécessité et un défi. Cet article illustre ce point à travers la présentation de deux fermes qui finissent tous leurs animaux et vendent en filières longues biologiques. La première, la Ferme expérimentale des Bordes, dans lIndre, compte un troupeau de 25 Limousines et finit tous ses animaux entre 36 et 38 mois, à partir dun système fourrager de 51.5 ha de prairies et de 12 h de mélanges céréales-protéagineux. La seconde, dans lAllier, est celle de Kevin Redondaud, qui conduit un troupeau dune soixantaine de vaches Charolaises, sur 155 ha, dont 70 ha de prairies permanentes, 45 à 60 ha de prairies temporaires, une vingtaine dhectares de cultures (méteil). Kevin a semé, cette année, 18 ha de sorgho, distribué au champ avec un complément de paille. Pour léleveur, cest cette culture qui lui a permis de faire face à la sécheresse de cette année, tout en préservant lessentiel de son stock de fourrage pour lhiver. Pour chacun de ces deux élevages, les points clés des itinéraires dengraissement et de finition sont présentés. Néanmoins, si chacun a ses spécificités, on peut noter des points communs : une optimisation du pâturage, la recherche de lautonomie alimentaire et la volonté de jouer sur la génétique, notamment pour produire des animaux finis plus jeunes, à 30 mois, avec des carcasses de 320 kg pour la Ferme des Bordes.