- Titre :
- LA LUCIOLE, N° 25 - Automne 2019 - Bulletin N° 25
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 23/09/2019
- Année de publication :
- 2019
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Voyage d'études : Découverte des vergers du Sud de la Vallée du Rhône pour sadapter au changement climatique
Pauline BONHOMME, Auteur
Un groupe de neuf arboriculteurs bio (ou en conversion), installés dans le Rhône, la Loire, lArdèche ou lIsère, sest déplacé avec lARDAB dans le Sud de la Vallée du Rhône à la rencontre dautres producteurs. Suite à ces visites, cet article réalise deux focus. Le premier concerne la conduite des figuiers. Il sappuie, pour cela, sur le retour dexpériences de deux fermes basées dans le Vaucluse (les Jardins de Gaïa et le Mas des Grands Cyprès). Le second sintéresse à lintroduction danimaux dans un verger. Il se base sur les conseils de Pierre Clerc (lun des associés du Mas des Grands Cyprès) qui fait pâturer son verger de pommiers bio (15 ha) par des brebis mérinos depuis 2005.


Témoignage : Le semis de blé sous couvert de luzerne
Clément ROUSSEAU, Auteur
Vincent Gerenton est paysan-boulanger et éleveur bio en Haute-Loire. Pour assurer lautonomie fourragère de son troupeau tout en produisant des céréales panifiables, il réalise un semis de blé population sous couvert de luzerne. La luzerne est une légumineuse bien adaptée aux terres argileuses et profondes de sa ferme, et elle résiste au climat de plus en plus sec. Lassociation blé-luzerne présente plusieurs avantages : elle permet à Vincent de nourrir son cheptel (il réalise 3 à 4 coupes de luzerne par an), elle apporte de lazote dans le sol et permet à Vincent de ne plus épandre de fumier (le fumier de la ferme, qui contient des graines dadventices, est épandu uniquement sur les prairies permanentes), et elle couvre la parcelle en permanence, ce qui limite le développement des adventices et garde lhumidité. Ainsi, cette association permet déviter plusieurs interventions (pas dapport damendement, ni de désherbage mécanique, ni de labour). Vincent utilise des blés population car ils produisent une paille longue et vont plus facilement pouvoir dépasser la luzerne. Ils ont aussi de plus faibles besoins en azote que les variétés modernes et une teneur en protéines plus élevée. Vincent cultive, deux années de suite, des céréales sous couvert de luzerne, puis casse la luzerne au bout de 5 à 6 ans.


Homéopathie : Des éleveurs, des vaches et des granulés
Lise FABRIÈS, Auteur ;
Hubert HIRON, Auteur
Hubert Hiron, vétérinaire au sein du GIE Zone Verte, est venu initier les éleveurs bio du Cantal à lhoméopathie. Cette médecine alternative sert à redresser les déséquilibres dun troupeau ou dun individu. Elle peut être utilisée pour résoudre aussi bien des pathologies aiguës que chroniques. Il reste néanmoins nécessaire de travailler en amont sur lenvironnement global du cheptel (bâtiment, alimentation, écosystème microbien
). Il existe près de 2 000 remèdes homéopathiques, dont 600 sont prescrits régulièrement. Lobservation et lidentification des symptômes sont deux étapes importantes pour déduire le remède homéopathique à utiliser. Franck Jaulhac, éleveur laitier bio basé dans le Cantal, partage son expérience en la matière. Il a effectué une formation dinitiation à lhoméopathie sur deux journées, puis la mise en pratique sur son troupeau. Il détaille deux cas concrets : un où il a réussi à soigner sa vache du premier coup, et un autre, où il sest tout dabord trompé (il na pas administré le bon traitement homéopathique et a dû soigner sa vache à laide de traitements allopathiques), avant de trouver le bon traitement homéopathique lors dune rechute. Depuis, lors dun échec, il ne se dit pas que lhoméopathie ne fonctionne pas, mais plutôt quil na pas administré le bon remède et il continue alors à chercher.


Fourrages : Besoin de fourrages ? Consommer la végétation diversifiée !
Catherine VENINEAUX, Auteur
Vincent Gilbert est éleveur dovins et de caprins bio, en Isère, depuis 2010. Il exploite 50 ha de SAU et détient un cheptel de 60 brebis allaitantes, 60 brebis laitières et 20 chèvres. Son troupeau valorise toutes sortes de ressources fourragères, y compris des broussailles et de la végétation diversifiée. Vincent pilote le pâturage de ses animaux en les observant et en regardant le volume de lait produit. Il est également incollable sur la dynamique de la pousse de lherbe dans ses pâtures. Il a acquis ces connaissances en participant à un projet destiné à optimiser le pâturage des prairies permanentes des Préalpes. Actuellement, lobjectif de Vincent nest pas forcément de gagner du terrain sur les broussailles mais plutôt de maintenir lexistant en effectuant une certaine pression de pâturage et plusieurs retours à la parcelle. Pour cela, il quadrille ses parcelles pour constituer des parcs où les brebis passeront 4 à 10 jours, et utilise la méthode du fil avant. La pose des clôtures nécessite du temps, mais Vincent améliore son circuit chaque année. Il veille également à apprendre à son troupeau à consommer des ressources fourragères diversifiées dès le plus jeune âge.


Auxiliaires de culture : Biodiversité fonctionnelle en maraîchage
Pauline BONHOMME, Auteur ;
Rémi COLOMB, Auteur ;
Samuel L'ORPHELIN, Auteur
Les auxiliaires naturels sont nombreux en maraîchage : mammifères (hérissons, chauve-souris), oiseaux (rapaces, mésanges), arachnides, insectes, nématodes, champignons et bactéries. Les insectes auxiliaires peuvent être favorisés par la présence de bandes fleuries, des plantes relais et des techniques de transfert. La composition des bandes fleuries doit offrir aux auxiliaires du pollen et du nectar tout au long de lannée. Elles doivent contenir des espèces végétales attractives, précoces, à floraison longue, qui font de la concurrence aux adventices et dont les graines sont disponibles. Les établissements semenciers proposent des mélanges prêts à lemploi, mais il est également possible de créer son propre mélange, notamment en saidant dun tableau récapitulatif réalisé dans le cadre du projet Muscari. Pour maintenir la population dinsectes en période froide, des plantes relais peuvent être utilisées. Pour augmenter le nombre dauxiliaires à certains endroits (ex : dans les serres), il est possible de générer des transferts dauxiliaires, via différentes techniques : arrachage des bandes fleuries, dépôt des plantes coupées


Pépinière : Portrait dune pépiniériste de lAin : AroMary plants
Arnaud FURET, Auteur
Bien que les installations en PPAM se multiplient, très peu de producteurs se lancent dans lamont de la filière : la production de plants. Mary fait partie de ces rares pépiniéristes. Elle sest installée dans lAin en 2013. Sa ferme de 4 ha est conduite en agriculture biologique. Elle cultive des arbres fruitiers, des petits fruits, des PPAM et des plants hors sol sur 800 m2. Le chiffre daffaires de latelier de production de plants est de 53 000 . Elle produit environ 22 500 plants par an : 7 000 plants de PPAM, 14 000 plants maraîchers, 390 plants de petits fruits et 1 000 plants de plantes ornementales. Cette large gamme lui permet davoir de multiples débouchés, mais présente linconvénient dêtre très chronophage et son système de production est peu mécanisable. La clientèle est constituée à 30 % de professionnels et à 70 % de particuliers. Pour lapprovisionnement des professionnels, Mary sorganise avec eux en amont : ils passent leurs commandes avant une date butoir et elle organise son planning de production en fonction. Mary a avant tout réfléchi son modèle dentreprise comme un service de proximité.


Éco-pâturage : Les brebis, l'éco solution à la gestion de lenherbement des cultures
Arnaud FURET, Auteur
Julia Chardon est installée en Isère. Elle cultive 13 ha en agriculture biologique : 1,75 ha de PPAM, 6,75 ha de prairies et 1,5 ha de noyers. Peu après son installation, un berger (double actif) est arrivé sur sa commune. Julia lui propose de faire pâturer ses parcelles de noyers par les brebis. Ils mettent alors en place un écopâturage en morcelant les parcelles de noyers en petites sections, à laide de filets mobiles. Plus tard, lors dune journée technique, Julia rencontre un producteur drômois de PPAM qui fait pâturer des brebis sur sa production. Elle en discute avec le berger de son village et ils commencent à expérimenter cette méthode en 2018. Il faut alors trouver une organisation de travail compatible avec leurs contraintes respectives. Après plusieurs expérimentations, ils optent pour le partage des parcelles de PPAM en parcs de 5 000 m2 sur lesquels les brebis restent une semaine. Ainsi, en mars-avril, les brebis pâturent les parcelles de thym, puis les parcelles de lavandin et de romarin. Durant lété, elles sont sous les noyers. Elles retournent ensuite dans les PPAM à lautomne. Ceci permet à Julia de ne quasiment plus utiliser le gyrobroyeur et la débroussailleuse.


Organisations économiques de producteurs : Les plateformes de producteurs bio : historique, fonctionnement & perspectives
Alexandra MERCUZOT, Auteur ;
Anne HUGUES, Auteur
La part des produits bio dans la restauration hors domicile ne cesse daugmenter. Cette progression va encore sûrement saccentuer avec la loi Egalim qui fixe à 20 % minimum la part de produits issus de lAB ou en conversion dans la restauration collective dici 2022. En Auvergne-Rhône-Alpes, il existe déjà cinq plateformes qui regroupent loffre bio disponible sur leur territoire : Manger Bio Isère, Bio À Pro (Rhône, Loire), La Bio dIci (Savoie, Haute-Savoie, Ain), Agri-court (Drôme, Ardèche) et Auvergne Bio Distribution. A l'échelle nationale, ces plateformes adhèrent au réseau MBIM (Manger Bio Ici et Maintenant), excepté Agri-court qui nest pas 100 % bio. Les restaurants collectifs approvisionnés par les plateformes du réseau MBIM sont majoritairement des restaurant scolaires (84 %) et des restaurants dentreprises (12 %). Les exigences liées à ce débouché (par le biais des plateformes) et la plus faible rémunération des producteurs peuvent être perçues comme des inconvénients, mais ces plateformes permettent de vendre de gros volumes, de gagner du temps de commercialisation, et souvent de mettre en place une contractualisation. Selon Éric Grunewald, coordinateur du MBIM, ce débouché ne doit pas dépasser plus de 30 % du chiffre daffaires dune exploitation. Linterview de Céline Manzanares sur le fonctionnement de Bio À Pro complète cet article.