- Titre :
- BIOFIL, N° 127 - Janvier / Février 2020 - Bulletin N° 127
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/01/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Bio en restauration collective : La dynamique est enclenchée
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Selon l’enquête annuelle de l’Observatoire de l’Agence Bio, les produits bio commencent sérieusement à s’implanter dans les restaurants collectifs (établissements scolaires, hospitaliers, maisons de retraite, restaurants d’entreprises…). La loi Egalim (novembre 2018) oblige, d’ici 2022, à atteindre 50 % de produits durables et locaux dans les assiettes des restaurants collectifs, dont 20 % de produits bio ou en conversion. En 2018, le marché de la restauration collective bio était de 320 millions d’euros selon l’Agence Bio, ce qui représente 4,5 % du marché de la restauration collective français, et une croissance de 28 % par rapport à 2017. Les repas entièrement bio progressent grâce à une gamme de produits plus large et à la meilleure valorisation de cette démarche en termes de communication. Il reste cependant quelques freins, comme la difficulté à identifier les fournisseurs ou encore le surcoût (estimé en moyenne à 20 %). 49 % des établissements interrogés arrivent à ne pas répercuter ce surcoût sur leurs clients, en luttant contre le gaspillage, en achetant des produits bruts et en proposant des plats végétariens.
Occitanie : Gers : 28 % de bio dans les cantines des collèges
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le Gers est le premier département français en nombre de producteurs bio et de surface en bio ou en conversion (20% de la SAU). Le pourcentage de produits bio dans les cantines scolaires est également très élevé : les collèges proposent 28 % de bio dans leurs repas, dont 37 % d’origine locale. Plus de 200 producteurs gersois approvisionnent ces cantines. Les vingt collèges du département sont évalués dans le cadre de la démarche « En Cuisine » d’Ecocert : 11 sont labellisés niveau 2 (au minimum 30 % de produits bio), et 9 en niveau 1 (10 % minimum). L’objectif est que tous arrivent au niveau 2, voire au niveau 3 (50 % minimum) d’ici 2020. Pour favoriser cette démarche, le Conseil départemental verse une aide de 150 000 € à l’ensemble de ces établissements (soit 0,20 à 0,30 €/repas, pour un coût minimum de 2,10 € en denrées alimentaires et un tarif à 3,25 €). Avec la mise en place d’un PAT (Projet alimentaire territorial), cette démarche s’étend à d’autres structures (écoles, hôpitaux, crèches…) en créant des partenariats avec des producteurs locaux. Cinq rencontres territoriales entre producteurs bio, gestionnaires de restauration collective et élus ont été organisées, fin 2019. Un annuaire en ligne est également en train d’être finalisé pour répertorier les fournisseurs afin de faciliter les commandes.
Pays de la Loire : Les semis à l'épreuve de la météo
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Entre septembre et novembre 2019, plus du double de la pluviométrie habituelle est tombé sur l’Ouest de la France. La Bretagne et les Pays de la Loire ont été particulièrement impactés : les récoltes (maïs grain) traînent et les semis sont à l’arrêt. Quatre agriculteurs bio en TCS expliquent comment ils comptent s’adapter face à cette météo difficile. Au 26 novembre, Frédéric Barbot (basé en Indre-et-Loire) n’a rien pu semer sur ses 160 ha prévus en cultures d’automne. Il attend une période plus favorable pour intervenir. Il compte les semer derrière ses cultures de légumineuses (trèfle et luzerne), et non à la suite de ses cultures d’été comme il le prévoyait, pour obtenir une meilleure portance. Benoît Careil, basé en Vendée, a également 60 ha de cultures d’automne non emblavés. Il ne s’inquiète pas pour les variétés alternatives (triticale Bikini, féverole Irena) qui pourront être semées plus tard. Il remplacera par contre sa variété d’orge typée hiver par une culture de printemps. Bertrand Gautron, basé en Loire-Atlantique, est lui aussi en retard. Il va sûrement reprendre la charrue tant l’horizon de surface est humide et les levées d’adventices sont importantes. Johan Lejeau, basé en Vendée, est dans la même situation. De manière générale, un regain d’utilisation du blé de printemps est attendu pour 2020, à condition de trouver les semences nécessaires.
Les Assises de la bio : La bio entre valeur et prix juste
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lors de l'édition 2019 des Assises de la Bio, la question du prix et de la valeur du bio était au cœur des échanges et débats auxquels étaient conviés divers acteurs de la filière : représentants des producteurs, d'enseignes de grande distribution, de magasins spécialisés, etc. Aujourd'hui, même si la bio semble sortir de son marché de niche, sa démocratisation auprès du grand public rencontre encore des freins, le prix étant le premier d'entre eux. Tout l'enjeu est de permettre la croissance de ce marché tout en assurant une juste rémunération des producteurs bio et en facilitant l'accès aux produits bio pour le plus grand nombre. Parmi les pistes et propositions évoquées lors des Assises, apparaît notamment le principe d'économie de la fonctionnalité et de la coopération, ou comment rémunérer les externalités positives de la bio. Les distributeurs, de leur côté, veulent être co-acteurs de la transition à travers différentes démarches, comme la contractualisation pluri-annuelle, ou la signature de contrats tripartites, etc. Avec la loi Egalim, la construction des prix devra davantage être basée sur les coûts de production.
L'Itab en plan de redressement : les mesures en place
ITAB, Auteur
L’Itab était en redressement judiciaire ainsi qu’en période d’observation pour une durée de six mois depuis le 13 juin 2019. Son plan de redressement a été accepté fin novembre par le tribunal de grande instance de Paris. Entre temps, un nouveau modèle économique et une réorganisation de la structure ont été élaborés. Un nouveau directeur a aussi été nommé : Arthur Thomas. Il va coordonner la mutation de l’Itab aux côtés de Xavier Niaux (président) et de Sandrine Bonnot (trésorière). Par ailleurs, l’Itab a dû réduire ses effectifs : il s’est séparé de six salariés (4,4 ETP) sur 28 postes. Ces salariés travaillaient en grandes cultures, viticulture, fertilisation, qualité et communication.
Congrès mondial de la bio à Rennes : J-9 mois
BIOFIL, Auteur
Du 21 au 27 septembre 2020, Rennes va accueillir la 20ème édition du congrès mondial de la bio (OWC 2020). Près de 2 400 participants venant du monde entier sont attendus : chercheurs, producteurs, transformateurs, distributeurs, grand public… Les appels à contributions sont clôturés et affichent près de 800 propositions d’interventions. Pour cette édition 2020, de nouveaux forums vont être mis en place (comme « Cultures et Éducation » ou « Multi-acteurs »), afin d’ouvrir le congrès aux enseignants, aux techniciens et aux animateurs. Des visites sont aussi en cours d’organisation sur le thème « Voyage en terre bio ». Les préinscriptions à cet évènement sont possibles jusqu’au 25 mars. De plus, un financement participatif a été mis en ligne sur le site d’OWC afin de récolter des fonds pour apporter un soutien financier aux paysans et intervenants venant de pays en voie de développement.
La bio équitable au salon Natexpo : Biopartenaire prend ses marques
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Les labels équitables fleurissent et sont de plus en plus présents sur les produits bio. Parmi ces labels, Biopartenaire est l’un des seuls à conjuguer commerce équitable et bio dans un seul et même concept. Il affiche un chiffre d’affaires de plus de 75 millions d’euros et a connu une croissance de 38 % ces cinq dernières années. Ce label intègre tous les maillons de la filière (producteurs, organismes stockeurs, grossistes, transformateurs…). Des contrôles sont ainsi réalisés par un organisme tiers à tous les niveaux. Sur les 60 filières certifiées (soit 700 références), 16 d’entre elles sont des filières nord-nord (300 références), et le tiers des ventes est issu de filières françaises. La dynamique s’accélère d’ailleurs pour les projets de filières françaises puisque de nouvelles structures sont intéressées, notamment pour relocaliser leurs productions sur leur territoire. C’est le cas de Biodéal, un transformateur laitier de l’Est de la France, dont l’exemple est plus amplement détaillé dans l’article. Afin d’être plus visible sur le marché, Biopartenaire a signé, en 2019, une convention avec Synadis Bio (le syndicat des distributeurs spécialisés) : elle les engage à travailler ensemble et elle permet de développer des contrats tripartites entre producteurs, transformateurs et distributeurs spécialisés engagés.
Retour sur les rendez-vous d'automne : L’élevage mise sur l’innovation
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Les salons agricoles (Space, Sommet de l’Élevage, Tech&Bio) sont l’occasion de s'informer sur les nouveautés d’une filière. Concernant l’élevage biologique, certains acteurs n’hésitent pas à innover pour relever des défis économiques, environnementaux et sociétaux. Cet article décrit quatre d’entre eux. Dans la Drôme, Val Soleil soutient la production d’œufs bio. Cette coopérative a investi, en 2018, dans un centre de conditionnement afin de limiter les intermédiaires et de récupérer les marges. En Bretagne, la PME Valorex est spécialisée dans la valorisation nutritionnelle des graines d’oléo-protéagineux par traitements thermo-mécaniques. Elle ne cesse d’investir dans la recherche et le développement, et vient de signer une convention-cadre avec l’INRA et Bleu-Blanc-Cœur, afin de renforcer leur collaboration sur l’amélioration de la qualité de la viande et sur la diminution des émissions de méthane. Du côté de Nantes, la PME Dietaxion travaille sur l’hygiène et la nutrition animale et végétale. Elle a intégré Via Végétale (société dédiée à la nutrition azotée des plantes) dans son groupe Teraxion afin de compléter les savoir-faire de l'entreprise. Enfin, dans le Cantal, la coopérative Altitude a développé une collecte de lait bio, à la demande de ses adhérents (cette collecte représente cinq millions de litres). Le groupe a également acquis l’abattoir Biovie, à Brioude, afin de créer des débouchés pour ses adhérents bio.
4e Forum international de la robotique agricole : Toujours plus d’innovations
Frédérique ROSE, Auteur
La quatrième édition du Fira (Forum international de la robotique agricole) s’est tenue les 10 et 11 décembre 2019, à Toulouse. Elle a été organisée, pour la première fois, par Gofar, l’association qui regroupe Naïo technologies, Axema et Robagri. Ce forum a rassemblé près de 850 participants, originaires de 42 pays, ainsi qu’une vingtaine de fabricants et autant de fournisseurs. Bien que les besoins diffèrent suivant les pays et les filières, le monde agricole semble être prêt à accepter la robotique. La bio peut bénéficier de certaines des innovations, présentées à cette occasion. Quatre d’entre elles sont plus amplement détaillées dans l'article : Reflet du Monde a créé un drone qui réalise des lâchers de trichogrammes, des semis de couverts végétaux et la pulvérisation de traitements ; Elatec s’est associé avec Rhoban System pour concevoir e-Tract, la version robot du tracteur électrique Tract’elect ; Naïo technologies s’est associé à Greenshield pour perfectionner son robot de désherbage (Dino) et développe la technique laser pour lutter contre les ravageurs ; Meropy a conçu SentiV, un robot capable de déceler et de cartographier les bioagresseurs et les besoins en azote des céréales. Un encart est réservé au projet européen Romi : il consiste à développer un robot de désherbage à faible coût (5 000 €) dont les plans seront en open source.
Le point avec Certipaq : Quels semences et matériel de reproduction végétative ?
Gwénaël LEREBOURS, Auteur
La réglementation bio impose l’usage de semences et de matériel de reproduction végétative biologiques. En cas de non-disponibilité en bio, des dérogations peuvent être accordées. Des semences et du matériel de reproduction végétative C2 peuvent être utilisés, à condition de prouver leur non-disponibilité en bio. À défaut de disponibilité en bio et en C2, et dans certains cas (espèces particulières, mélanges de semences fourragères...), l’usage de matériel conventionnel est autorisé mais les semences ne doivent pas être traitées. La base de données du site www.semences-biologiques.org recense les disponibilités en semences et matériel de reproduction végétative bio. C’est également sur ce site qu’un producteur peut obtenir une dérogation. 24 espèces sont classées hors dérogation : leurs choix en variétés et leurs quantités en bio sont considérés comme suffisants. Pour les cas spéciaux et les espèces non listées, il faut vérifier la disponibilité sur les catalogues des fournisseurs. Concernant les mélanges de semences fourragères, ils doivent comporter au moins 70 % de bio (des dérogations sont possibles). Concernant l’autoproduction de semences, les semences fermières C1 peuvent être semées en C1 ou en C2, et les C2 peuvent être implantées en C1, en C2 et en bio.
Légumineuses sous couvert de tournesol : Deux techniques, plus ou moins abouties
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Dans le Sud-Ouest, en AB, le tournesol est souvent suivi d’un blé tendre. Avec cette succession culturale, très peu d’azote est disponible pour le blé, ce qui limite son rendement et sa teneur en protéines. Pour pallier ce manque, il est possible de recourir à des légumineuses. Ces dernières doivent être implantées sous couvert de tournesol afin qu’elles aient le temps de se développer et de fixer de l’azote. De 2015 à 2017, Terres Inovia a effectué des essais en Haute-Garonne, en implantant du trèfle, de la vesce et de la luzerne (seuls ou en mélange), semés à la volée en même temps que le tournesol. Aucun effet bénéfique n’a été observé : contre les adventices, le pouvoir concurrentiel des légumineuses est moins efficace qu’un binage, et l’association de cultures entraîne une diminution de 7 à 15 q/ha de tournesol. Néanmoins, il existe d’autres méthodes. Notamment celle d’Antoine Henrion, céréalier bio en Moselle : il sème la légumineuse (du fenugrec) sur le rang, en même temps que le tournesol. Le fenugrec limite ainsi le salissement sur le rang et facilite le guidage du premier passage de bineuse puisqu’il lève plus rapidement que le tournesol. Pour la récolte, Antoine Henrion commence par le tournesol (18 à 20 q/ha), puis le fenugrec (2 à 4 q/ha) qu’il utilise ensuite comme plante compagne pour le colza ou comme couvert hivernal.
Synergie entre arbres et légumes : Bien concevoir son verger maraîcher
Marion COISNE, Auteur
Associer légumes et arbres fruitiers permet de diversifier son revenu tout en bénéficiant de synergies agronomiques. Toutefois, concevoir et gérer un verger maraîcher ne s’improvise pas. Jean-Luc Petit, fondateur d’Arbo Bio Infos, consultant en agriculture biologique et biodynamique, et expert sur ce sujet, a été invité, le 14 octobre 2019, au forum arboriculture et maraîchage organisé par le Gab Ile-de-France, afin de présenter les bases de ce système. Il est avant tout recommandé de bien prendre en compte la charge de travail, et notamment de faire attention au chevauchement des récoltes. Le projet Smart, sur l’agroforesterie maraîchère, a d’ailleurs publié un guide « Associer légumes et arbres fruitiers en agroforesterie » afin d’aider à la réflexion sur le choix des espèces et l’organisation du travail. Il est également recommandé de se former en arboriculture, car, contrairement au maraîchage (production à cycle court), la gestion des années passées a des répercussions sur la production fruitière future. Cet article est accompagné de deux encarts, chacun étant réservé au témoignage d’un producteur bio en verger maraîcher.
Stratégies face à la sécheresse : Combiner les leviers
Marion COISNE, Auteur
Suite aux deux années consécutives de sécheresse, le Gab Ile-de-France a organisé une table-ronde sur les différents leviers pour faire face au manque d’eau en maraîchage. Elle s’est tenue le 14 octobre 2019, à l’occasion du premier forum francilien sur le maraîchage et l’arboriculture bio. Mélanie Castelle, animatrice maraîchage et arboriculture au Gab Ile-de-France, conseille de couvrir le sol (couvert végétal, film plastique ou paillage) afin de diminuer les apports en eau. Nicolas Galand, écologue et maraîcher bio installé depuis un an, travaille beaucoup sur le milieu (implantation de haies, d’arbres, de bandes enherbées…) afin de favoriser les auxiliaires qui, eux aussi, souffrent de la sécheresse. Aux Jardins de Cocagne, Ernest Hung a cherché à optimiser l’efficience de l’irrigation à l’aide de programmateurs. Il a ainsi gagné du temps et a arrosé en fonction de l’évapotranspiration, ce qui lui a permis de limiter les pertes en eau. Daniel Evain, maraîcher bio diversifié en Essonne, va plus loin en essayant de se passer d’irrigation pour certaines espèces (courges, oignons, échalotes…). Il mise, pour cela, sur la sélection de semences paysannes. Enfin, un encart est réservé à la stratégie déployée par Lukasz Gburzynski (employé aux Jardins de Courances, en Seine-et-Marne), qui repose sur des couverts végétaux et sur un travail du sol simplifié.
Se protéger de l'hoplocampe du pommier : Les huiles essentielles en test
Marion COISNE, Auteur ;
Frédérique ROSE, Auteur
En bio, il n’existe pas d’insecticide homologué contre l’hoplocampe du pommier. Cependant, même si tel était le cas, ce ravageur est présent lorsque les pollinisateurs sont actifs, ce qui rend la lutte directe par insecticide d’autant plus délicate. Dans le cadre du programme européen Api-Tree (2017-2020), porté par l’INRA, le Grab a effectué des essais pour évaluer l’intérêt de trois huiles essentielles comme répulsifs : celle d’achillée millefeuille, une étude canadienne ayant montré son efficacité en 2017, celle d’ylang-ylang et celle d’estragon, car elles contiennent respectivement de l'alpha-farnesene et de la beta-ocimene (molécules synthétisées par les pommes déjà affectées par une larve d’hoplocampe). En 2018, des tubes diffusant ces huiles essentielles ont été disposés dans des vergers. Aucune différence significative n’a été observée avec les témoins. En 2019, l’huile essentielle d’achillée millefeuille et un mélange d’alpha-farnesene et de beta-ocimene ont chacun été associés à une pâte biodégradable et déposés dans les vergers. Là non plus, aucune différence significative n’a été observée. Le piégeage massif reste le moyen de lutte le plus efficace en bio. Un encart est d’ailleurs réservé à une étude menée par le Centre de Recherche Agronomique de Wallonie (CRA-W) sur le piégeage massif : faisabilité, pénibilité et rentabilité de la technique.
Gestion de l'herbe : Des moutons à la rescousse
Frédérique ROSE, Auteur
Dans les vignes, la gestion de l’herbe en hiver par le pâturage de moutons redevient d’actualité. En 2019, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire a mené un essai de pâturage sur 70 ares, dans le Muscadet, sur un domaine en première année de conversion bio. L’objectif était que le pâturage permette au vigneron de décaler, voire de supprimer le premier passage d’entretien du sol. Pour cela, huit brebis de race Ouessant (appartenant à un prestataire de services), ont été introduites à partir du 22 février. Malgré la préférence des brebis pour certaines espèces, la parcelle a été bien pâturée (rang et inter-rang), et le premier travail du sol a été décalé de 10-15 jours. Dans le Var, cette technique traditionnelle a décliné à partir des années 60. Actuellement, 23 éleveurs font pâturer leurs brebis sur 4 500 ha de vignes. La vigne couvre en moyenne 40 % des besoins d’un troupeau sur la période hivernale, ce qui implique d’avoir d’autres ressources fourragères à côté. En 2016, la Chambre d’agriculture du Var s’est associée avec le Cerpam pour déposer le projet Vitipasto. Son objectif était de mettre en évidence la résilience des systèmes agro-pastoraux, de recréer un dialogue entre éleveurs et vignerons, et de proposer des outils d’accompagnement, tout en répondant aux questions juridiques et réglementaires.
Vu au Sitevi
Alex SICILIANO, Auteur
Cet article détaille deux innovations vues au Sitevi (salon international des équipements et savoir-faire pour les productions vigne-vin, olive, fruits-légumes). La première est une machine de protection des vignes à base d’UV, conçue par la start-up UV boosting. Certains UV stimulent les défenses naturelles des plantes. Les lampes de la machine sont calibrées sur ces longueurs d’onde, ce qui déclenche la production de marqueurs de réaction de défense par les feuilles de la vigne. Cette réaction hormonale prépare la plante à l’attaque d’un champignon dans les heures et les jours qui suivent le passage. Sur mildiou, les résultats obtenus par la modalité UV plus fongicide conventionnel à demi-dose a obtenu les mêmes résultats que la modalité fongicide conventionnel à pleine dose. L’adaptabilité de cette machine à UV avec le cahier des charges bio reste à confirmer. La deuxième innovation est Emisol, un outil d’entretien sur le rang. Il a été conçu par Adrien Boisnier, un mécanicien qui assure la réparation et l’entretien de matériels de producteurs en Charente. Son objectif était de créer un outil plus rapide : Emisol peut aller 2,5 fois plus vite que les outils habituels. En 2019, cet outil a assuré l’entretien de 400 ha de vignes et sa production devrait s’industrialiser.
Première pression à froid des huiles à la ferme : Préserver les vertus des huiles !
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Dans le Tarn, Véronique et Bernard Barrieu ont choisi de valoriser leurs productions de céréales et d'oléoprotéagineux bio en les transformant. La ferme des Bouviers consacre notamment 24 ha de cultures à la production d’huile (8 ha de tournesol linoléique, 7 ha de tournesol oléique, 4 ha de cameline et 5 ha de colza). Une pièce de 6 m2 accueille la presse et une autre pièce de 4 m2 est dédiée au conditionnement et au stockage de l’huile. La ferme produit ainsi 4 100 L d’huile par an, dont 1 900 de colza, 1 400 de tournesol oléique, 600 de tournesol linoléique et 200 de cameline. Les huiles sont obtenues par une première pression à froid, afin de garantir leur qualité. Les grains sont récoltés avec un taux d’humidité inférieur à 7%, ils sont ensuite triés à l’aide d’un séparateur à plat et stockés dans des cellules régulièrement ventilées pour maintenir une humidité à 6 % et une température entre 5 et 8 °C. Les grains sont ensuite pressés, puis l’huile brute décante naturellement avant d’être filtrée par gravité à l’aide d’un filtre en coton. Le chiffre d’affaires de la production d’huile s’élève à 26 000 €, soit 12 % du chiffre d’affaires de la ferme.
L'Ufab inaugure un nouveau silo : Sécuriser et développer la collecte
Frédéric RIPOCHE, Auteur
L’Ufab est un fabricant d’aliments bio pour animaux. Il est basé en Ille-et-Vilaine et produit près de 95 000 tonnes d’aliments par an, principalement pour poules pondeuses, porcs et ruminants. Depuis trois ans, sa croissance annuelle est de 15 %. Comme son silo de 6 000 tonnes arrivait à saturation, l’Ufab a investi 7 millions d’euros dans un nouveau silo (dont 1,5 million subventionné par la Région et l’Europe, dans le cadre des fonds Feader). Ce dernier a une capacité de 12 000 tonnes, ce qui correspond à un potentiel de 4 000 hectares. Ce silo est automatisé et est géré par deux salariés. Il a été conçu pour stocker une multitude de matières premières biologiques et en C2. Il possède vingt cellules à fond plat et cinq boisseaux de travail ventilés qui servent de stockage temporaire. La détection d’insectes (type charançon) est un motif de refus. Toutefois, ce site a été conçu pour gérer de manière indépendante d’éventuels lots infectés grâce à sa tour de séchage. Ces lots peuvent ainsi être nettoyés, puis stockés (s’ils deviennent conformes) sans contaminer le reste du site. Pour autant, le nettoyage par les agriculteurs reste indispensable.
Vu au Space ; Vu au Tech&Bio ; Vu au Tech&Bio et Sitevi
Frédéric RIPOCHE, Auteur ;
Frédérique ROSE, Auteur ;
Alex SICILIANO, Auteur
Cet article décrit plusieurs innovations utilisables en bio et exposées à l'occasion des éditions 2019 de divers salons. Les treize premières nouveautés présentées ont été observées au Space ou à Tech&Bio : gamme d’aliments et compléments pour animaux d'élevage, biostimulants, conservateurs pour l’ensilage, équipements pour les FAF, extrudeur de lin, asséchants pour litière, attrape-mouche pour salle de traite. Les neuf autres nouveautés décrites ont été observées au Sitevi, ainsi qu’à Tech&Bio. Elles concernent des cultures spécialisées, et plus particulièrement la viticulture : pose de confusion sexuelle par drone dans les vergers, lutte contre le gel dans les vignes (chaufferette antigel, câble antigel et piquet connecté), ondes sonores pour protéger la vigne, bâtiment viticole (chai semi-enterré), tracteurs (pont avant suspendu, quatre roues directionnelles), station météo, cuve pour la fermentation.
Sival à Angers du 14 au 16 janvier 2020 : Le salon continue de grandir ; Les nominés et lauréats du Sival Innovations sélectionnés par Biofil ; À découvrir sur les stands
BIOFIL, Auteur
Ce dossier est dédié à l’édition 2020 du Sival. Elle se déroulera du 14 au 16 janvier à Angers. Afin d’accueillir de nouveaux exposants, 4 000 m2 supplémentaires sont prévus pour cette 34ème édition. Comme chaque année, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire et Interbio Pays de la Loire vont s’associer pour répondre aux différentes questions liées à la bio (filières, techniques, installations, conversions…). Les stands bio sont facilement repérables à l’aide d’un macaron spécifique. Ce dossier contient : 1- le planning des conférences et forums sélectionnes par Biofil ; 2- la présentation des nominés et lauréats du Sival Innovations sélectionnés par Biofil (catégories : innovation variétles ; conditionnement et mise en marché ; démarche collective ; intrants, protections des cultures et fertilisation ; machinisme et automatisme ; services et logiciels ; solutions pour la production) ; 3 – des vingt-quatre entreprises qui auront stands au Sival et qui proposent des produits ou des services en lien avec l’agriculture biologique.
En direct de l'INAO : Nettoyage et désinfection en production bio
Olivier CATROU, Auteur ;
Lucile ROUSSEL, Auteur ;
Sandrine THOMAS, Auteur
Selon les espèces et les stades de production, les produits de nettoyage (comme les détergents) et les produits de désinfection (ayant une action biocide) utilisables en agriculture biologique dépendent de différents règlements. En plus d'être conformes aux règlementations générales, européenne et nationale, le règlement CE n°834/2007 (sur la production biologique) stipule qu'en production animale, végétale et aquacole, ces produits doivent figurer sur des listes positives. En revanche, il n'existe pas aujourd'hui de liste dans le secteur de la transformation des denrées alimentaires et des levures. Avec le futur règlement bio, une harmonisation à l'échelle européenne, pour tout type de production, est en cours de discussion. Bernard Lignon, président de la commission Produits transformés du Comité National de l'Agriculture Biologique, présente quelques-uns des enjeux de ces discussions.
Dossier : Maladies et ravageurs sous abris : Rechercher l'efficacité
Frédérique ROSE, Auteur ;
Cécile MARCUS, Auteur
A travers ce dossier, chercheurs et agriculteurs font le point sur la protection des cultures maraîchères sous abris en AB. Quels sont les bioagresseurs les plus préoccupants ? Quelles sont les solutions qui fonctionnent ? Quelles sont les dernières innovations ? Comme l'expose Catherine Mazollier, responsable de l'équipe maraîchage du Grab d'Avignon, les maraîchers doivent faire face à de nombreux ravageurs et maladies, comme les pucerons, les acariens, le mildiou... et cela touche de nombreuses cultures. Parmi les moyens de lutte mobilisables, la sélection variétale reste un réel enjeu, mais il faut auparavant s'assurer de la disponibilité des semences souhaitées en bio. La protection des cultures implique généralement de combiner auxiliaires et traitements homologués pour lesquels les références sont encore assez peu nombreuses. Au Grab, plusieurs pistes autour de la biodiversité fonctionnelle sont étudiées. Au Ctifl de Carquefou, c'est l'utilisation de plantes de service avec lâchers précoces d'auxiliaires qui est testée pour lutter contre les pucerons en culture d'aubergines sous abri froid. Les résultats de cette expérimentation, réalisée dans le cadre du programme Reguleg et qui prendra fin en 2020, sont encourageants. Les agriculteurs aussi sont porteurs d'expérimentations et d'innovations, comme Cyril Fournier, en Gironde, et Jacky Schmidt, dans le Haut-Rhin, qui témoignent dans ce dossier.
Deux producteurs témoignent : Quels bilans en fin de 1er cycle rotationnel ?
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Tous les deux convertis à l'agriculture biologique en 2010, Thierry Guérin, céréalier dans l'Essonne, et Jérôme Caille, polyculteur-éleveur dans les Deux-Sèvres, font le point,, dans cet article, au terme de leur premier cycle rotationnel en AB. Dans son contexte favorable de la Beauce, Thierry Guérin a mis en place une rotation de 11 ans, véritable clé de voûte de l'ensemble de son système, qui repose sur trois ans de luzerne en tête de rotation. Malgré un meilleur taux de matières organiques dans ses sols depuis la conversion, l'agriculteur doit porter une attention particulière aux teneurs en potasse et en phosphore, qui ont diminué. La gestion des couverts, implantés plus tardivement en bio, est aussi plus délicate. Toutefois, le revenu de Thierry Guérin s'est nettement amélioré, de même que son intérêt pour le métier. Pour Jérôme Caille, dans les Deux-Sèvres, le contexte pédoclimatique est plus difficile. Sa rotation, sur huit ans, est pensée de façon à minimiser les charges, notamment en matière d'intrants. Tous les deux ont recours au labour, en parallèle à des techniques culturales simplifiées sur les cultures qui le permettent.
Pascal Morice, éleveur de porcs à Pornic : Maternité plein air et gestation en bâtiment ; Porc bio Plein air et bâtiment : Le Point avec Antoine Roinsard de l’Itab
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Coté bâtiment et plein air, les choses bougent en élevage porcin biologique. Avec le nouveau règlement européen de production biologique, à venir en janvier 2021, arrêt de la possibilité d’exception : les bâtiments devront donner accès, à tous les stades de production, à des courettes partiellement couvertes. Cela sous-entend des mises aux normes à prévoir dans nombre d’élevages (ex : en engraissement, la majorité des systèmes sont avec courettes couvertes). Cela demandera de réfléchir au traitement des eaux de pluie et de la paille. A cela, s’ajoutent des questions de biosécurité en lien avec la peste porcine africaine qui rendent obligatoires diverses mesures pour empêcher le contact avec le gibier, avec par exemple, l’obligation de poser des clôtures électrifiées des deux côtés sur des surfaces parfois importantes. Tout cela concourt à augmenter le coût des bâtiments. Dans un tel contexte, les systèmes mixant vie en bâtiment et plein air peuvent être intéressants, comme le montre notamment le témoignage d’un éleveur de porcs à Pornic, qui a fait le choix d’avoir ses truies en bâtiment pendant les ¾ de leur gestation puis la phase de mise bas et de lactation en plein air.
Vers l’aliment 100 % bio en monogastriques : Les pistes de Sécalibio
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Quelles pistes pour une alimentation 100 % bio en 2021 pour les monogastriques ? Le projet Casdar Sécalibio, dont les résultats ont été présentés en juin 2019, a exploré diverses voies et a apporté des réponses sur plusieurs grands thèmes : l’amélioration de la production de protéines biologiques, la caractérisation de matières premières, les conduites alimentaires, l’utilisation des fourrages, ou encore les stratégies de formulations pour les aliments. Le soja reste incontournable et un travail a été conduit sur ses itinéraires de culture dans plusieurs zones de France. Un travail a aussi été lancé sur des cultures innovantes comme le sésame et l’ortie. Le pâturage ou l’apport de luzerne chez les porcs ont aussi été étudiés, avec des résultats intéressants, ainsi que l’intérêt des parcours à haute valeur protéique chez les volailles de chair. Il existe maintenant des tables de valeurs d’une quarantaine de matières premières biologiques et plusieurs pistes de travail ont été testées sur les stratégies de formulation (ex. l’alimentation fractionnée en 5 phases pour le poulet, au lieu des classiques « démarrage, croissance et finition »).