- Titre :
- BIOFIL, N° 128 - Mars / Avril 2020 - Bulletin N° 128
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/03/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Consolidons nos filières ! (Edito du Biofil 128 Mars-avril 2020)
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Cet éditorial revient sur le rapport dinformation du Sénat n° 277 sur les financements publics consacrés à lagriculture biologique. Lauteure signale que de nombreuses erreurs ou approximations y sont présentes, comme la remise en cause de lintérêt des prairies permanentes et des surfaces fourragères ou la soi-disante réduction des périodes de conversion
Elle considère que, contrairement à ce qui est dit dans le rapport, les objectifs du plan Ambition Bio 2022 restent atteignables et elle montre une certaine incompréhension quant à la critique de la fiabilité de certains organismes bio alors que le secteur de lagriculture biologique se développe de façon plutôt harmonieuse en France.


Île-de-France : Une légumerie pour valoriser loffre locale
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La région parisienne représente plus de 12 millions dhabitants et la demande en produits bio explose. La Coopérative Bio dÎle-de-France (Scic), qui regroupe 59 adhérents sociétaires, approvisionne tous azimuts la restauration collective, les magasins spécialisés et dautres clients de cette région, en produits bio et locaux. Pour cela, une première légumerie, Bio Val de Seine, a vu le jour en 2012. Pour faire face à la demande, la construction dune seconde légumerie a été très vite programmée. Inauguré fin janvier 2020, ce nouvel outil de transformation est basé à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne). Lobjectif de ce nouveau site est découler 2 000 à 3 000 tonnes de légumes bio par an, avec une production de légumes de 1ère et 4ème gamme, qui sera complétée courant 2020 par des légumes de 5ème gamme. Pour que le modèle économique choisi fonctionne, il faut très vite que cet outil de production monte en puissance. Pour assurer ce haut niveau de production, les cultures sont planifiées en amont. Ce projet a coûté 3,8 millions deuros. Il a été subventionné à hauteur de 765 454 euros par lAgence de leau Seine-Normandie et est soutenu par la région Île-de-France.


Nouvelle-Aquitaine : Focus sur les légumes dindustrie
Frédérique ROSE, Auteur
Le colloque « Légumes biologiques de transformation, quels facteurs de réussite ? », organisé par Bio Nouvelle-Aquitaine, a réuni plus dune centaine de participants, le 23 janvier 2020, à Sabres, dans les Landes. Il a été loccasion déchanger sur la fertilité des sols, la fertilisation et la gestion des plantes alcaloïdes (notamment le datura et la morelle). Plusieurs acteurs de la filière ont constaté que le marché avait atteint un palier en Nouvelle-Aquitaine, avec moins de demande et plus de concurrence (notamment avec la Bretagne et la Normandie pour la carotte de conservation). Toutefois, la demande reste croissante pour un certain nombre de légumes. Comme les industriels recherchent de plus en plus de produits bio, français et locaux, la Fnab a déposé un nouveau logo de commerce équitable Nord-Nord : le logo bio français équitable. Il repose sur un contrat tripartite (producteurs, industriels et distributeurs) et a été construit en collaboration avec Picard. Il définit le volume à apporter sur plusieurs années et spécifie le prix dachat (qui est basé sur le prix de revient de lagriculteur et qui est révisé annuellement). La sortie dune première gamme est prévue pour mars 2020. Au niveau technique, les acteurs ont également évoqué la difficulté à trouver de la main duvre pour le désherbage, la disponibilité de la fertilisation organique, lincidence de la nouvelle réglementation, ainsi que la volatilité des prix.


Croissance mondiale de lagriculture bio : Records et déséquilibres
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le Fibl et Ifoam ont dévoilé les chiffres de la 21ème édition des données mondiales de la bio, le 12 février 2020, lors du salon Biofach à Nuremberg (Allemagne). Ces chiffres portent sur lannée 2018. 71,5 millions dhectares étaient cultivés en bio dans le monde. La croissance de ces surfaces est de 2,9 % par rapport à 2017. Pour autant, la bio ne représente toujours que 1,5 % de la SAU mondiale. Les chiffres révèlent également des déséquilibres. Par exemple, lAustralie avec ses pâturages extensifs est en tête en matière de surfaces bio, et de loin, mais ses productions et son marché intérieur progressent peu. Loin derrière lAustralie, lArgentine, la Chine, lEspagne, lUruguay et la France se talonnent. Hormis lHexagone, tous ces pays sont tournés vers lexportation. Au total, 2,8 millions de producteurs bio sont recensés, dont presque la moitié en Asie. En 2018, le marché de la bio a dépassé les 100 milliards deuros. Trois principaux pays tirent le marché vers le haut en important des produits bio du monde entier : les USA, lAllemagne et la France. Concernant le budget dédié à lalimentation bio, ce sont les Danois et les Suisses qui dépensent le plus. Le Danemark détient dailleurs la part de bio la plus élevée dans son marché alimentaire (11,5 %).


Pas de ZNT riverains en bio, sauf exception
Marion COISNE, Auteur
Les ZNT (Zones de Non Traitement) « riverains » doivent être respectées depuis le 1er janvier 2020. Ces dernières permettent détablir une distance de sécurité à proximité des habitations. Le texte de loi a suscité beaucoup dinterrogations concernant les produits utilisés en AB : sont-ils exemptés de ZNT ? Après plusieurs semaines dincertitudes, le ministère a levé le doute le 7 février : « les produits de biocontrôle qui figurent sur la liste établie par le ministre chargé de lAgriculture ainsi que les produits autorisés dans le cadre de lagriculture biologique (produits listés dans le Guide des produits de protection des cultures utilisables en Agriculture Biologique de lInao) » sont bel et bien exemptés de ZNT riverains. Cette exemption est valable sauf si lAMM (Autorisation de Mise sur le Marché) du produit mentionne une distance de sécurité à proximité des habitations, si létiquette mentionne un danger spécifique (mentions H300, H310, H330, H331, H334, H340, H350, H350i, H360, H360F, H360D, H360FD, H360Fd, H360Df, H370 et H372), ou encore si le produit est considéré comme un perturbateur endocrinien. Pour linstant, aucun produit utilisable en bio ne répond à lun de ces critères. Les ZNT « aquatiques » sont en revanche toujours en vigueur.


Semences potagères : Vers du matériel hétérogène
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le nouveau règlement européen bio 2018/848 bouscule le monde de la semence. Il stipule que "deux nouveaux types de matériel génétique, caractérisés par une grande diversité génétique et phénotypique pourront être commercialisés : le matériel hétérogène bio, et des variétés adaptées à lagriculture bio" (ce texte de loi a déjà été voté, mais les textes dapplication ne sont pas encore finalisés). Autoriser le matériel végétal hétérogène remet en cause lun des piliers de la sélection végétale : les critères DHS (distinction, homogénéité et stabilité). Lors de lédition 2020 du Sival (Angers), les professionnels de ce secteur ont pu échanger sur ce sujet sensible et stratégique. Afin de mieux comprendre cette petite révolution, cet article commence par retracer un historique de la sélection végétale. Il effectue ensuite un point sur lévolution des attentes qui ont engendré cette autorisation dans la réglementation européenne. Il aborde également les pratiques actuelles (recours à des semences paysannes en partie illégales), ainsi que la notion de variété libre de droits et reproductible par tous. Le travail déjà effectué par certains obtenteurs et semenciers sur des variétés populations et anciennes est également présenté (des encarts détaillent la stratégie et loffre de quatre dentre eux : Bejo, Agrosemens, Graines Voltz et Vitalis). Les impacts de lhétérogénéité sont aussi précisés : rendements moins réguliers, choix de règles minimales à respecter, gestion des fraudes, etc. Enfin, Jacques Gautier, directeur général de Gautier Semences (investi dans le bio depuis 1998), explique comment son entreprise essaie de sadapter aux évolutions de la demande.


Millésime Bio, La Levée de la Loire, Demeter Les vins bio à lassaut des marchés
Frédérique ROSE, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Avec des surfaces viticoles bio en hausse en 2019, les salons professionnels attirent dailleurs de nombreux viticulteurs bio en quête de nouveaux débouchés. Pour sa 27ème édition (janvier 2020), les chiffres de fréquentation du salon international des vins bio (Millésime bio) sont toujours en hausse : 1 300 exposants et 6 850 visiteurs (les visiteurs étrangers sont en hausse de 8 %). Ce salon a dailleurs investi un million deuros dans du nouveau mobilier et une formule 4.0 : plateforme digitale interactive exposant/visiteur pour prendre des rendez-vous, possibilité de récupérer des cartes de visite électroniques, géolocalisation des exposants. Lespace dédié aux autres boissons alcoolisées a aussi été agrandi (un encart est réservé à lune dentre elles : un pétillant à base de sève de bouleau). Deux exposants (Céline Barbaud, Domaine des Favards, et Olivier Martin, président de la cave coopérative dIrouleguy) et un visiteur (Filip De Wit, caviste) expliquent les objectifs de leur participation à ce salon. Dautres salons ont un succès grandissant. Entre La Levée de la Loire, Demeter International, Madavin aux Greniers St-Jean, Les Anonymes, Les Pénitentes, Salon Salon, Vins bio au fil de leau, La Dive Bouteille, plus dun millier de producteurs ont exposé entre le 31 janvier et le 4 février. Un viticulteur, Michel Delhommeau (EARL Les vignes St-Vincent), fidèle à la Levée de la Loire, explique en quoi ce salon est indispensable pour diversifier ses débouchés. Un encart est également réservé à la nouvelle charte Vin méthode Nature.


Betteraves fourragères : La mini-motte, ça les botte !
Marion COISNE, Auteur
La betterave fourragère est intéressante à intégrer dans la ration des vaches laitières car elle est très énergétique. Toutefois, cette culture est difficile à conduire en bio : la fenêtre pour effectuer le semis au bon moment est assez restreinte et sa lenteur de croissance au démarrage la rend vulnérable face aux adventices. Pour réduire ces inconvénients, il est possible de planter des plants en mini-mottes plutôt que deffectuer un semis. Il faut toutefois avoir le matériel et la main duvre nécessaires. Thomas Plants, producteur de plants de betterave, ne cesse de voir la demande augmenter. La coopérative bretonne Triskalia a dailleurs organisé une matinée dinformation chez Pascal Lamoureux (éleveur bio breton). Cette matinée a été loccasion dévoquer litinéraire technique de la betterave fourragère en mini-mottes, son coût de production, son rendement, son intégration dans les rations des vaches laitières, ainsi que son incidence sur la production de lait (pour chacun de ces sujets, des données techniques et chiffrées sont apportées). Cet article est accompagné de deux témoignages déleveurs laitiers bio : Pascal Lamoureux (Morbihan) explique comment il fait pâturer ses betteraves au fil, et Étienne Baland (Meurthe-et-Moselle) détaille comment il sest organisé pour pouvoir mettre en place cette culture.


Matériels et organisation du travail : Réduire la pénibilité, un enjeu central ; Concevoir un nouveau bâtiment : Laide de la MSA et dun ergonome
Marion COISNE, Auteur
La réduction de la pénibilité du travail est lun des enjeux cruciaux en maraîchage biologique. Deux articles abordent cette thématique suite à lorganisation dune table ronde à ce sujet lors du Sival 2020. Le premier article sintéresse à lutilisation dun robot de désherbage (Oz) ou dun cobot, cest-à-dire un robot non autonome (Toutilo). Ces deux matériels ont été testés à la Station expérimentale en maraîchage de Bretagne Sud. Maët Le Lan (responsable de la station) restitue les principaux résultats : Oz évite beaucoup de pénibilité, mais augmente la charge mentale ; quant à Toutilo, il présente de nombreux avantages (notamment une réduction de la pénibilité), mais quelques points doivent être améliorés et il nengendre pas forcément de gain de temps. Ces informations sont complétées par le témoignage de Lucien Laizé (producteur bio dans le Maine-et-Loire) qui utilise le robot Oz depuis 2015. Le second article traite de laide proposée par la MSA pour concevoir les bâtiments de manière plus ergonomique, et ainsi réduire en amont la pénibilité du travail. Nicolas Haezebbrouck, maraîcher bio dans le Maine-et-Loire, apporte son témoignage : suite à laugmentation de sa production, il a investi dans un nouveau bâtiment de stockage comprenant une aire de lavage des légumes. Pour cela, il sest fait accompagner par un ergonome, dont le coût (5 000 ) a été pris en charge par la MSA.


La vague de conversion arrive : Faut-il craindre l'avalanche de pommes bio ?
Marion COISNE, Auteur
Entre 2013 et 2018, les surfaces de pommiers bio ont augmenté de 120%. En 2018, 7 400 ha étaient en cours de conversion. La filière s'interroge sur l'absorption de ces nouveaux volumes. Lors du Sival de janvier 2020, les Interbio de Bretagne, des Pays de la Loire et de Centre-Val de Loire ont organisé une table-ronde sur le sujet. Pour rappel, en 2018, 56 665 tonnes de pommes bio ont été vendues, avec un prix moyen de 3,96 /kg, la vente directe et les primeurs représentent la majorité des circuits de distribution (44%). Pour les producteurs interrogés, la demande est là, avec des consommateurs dont la moyenne d'âge a tendance à baisser. La loi Egalim constitue une opportunité pour le secteur, en augmentant la part de bio dans la restauration collective. Cependant, pour Josselin de Saint-Raymond, directeur de l'Association nationale pommes et poires, ces augmentations de la consommation ne suffiront pas à couvrir la hausse de production de pommes bio. Sylvie Forel, arboricultrice bio, en Ille-et-Vilaine (Bretagne), présente brièvement l'intérêt de Biocoop Restauration dans l'approvisionnement de la restauration collective.


Le point avec Ecocert : Les évolutions du règlement européen
Gaëtan SIRVEN, Auteur
En décembre 2019, des modifications ont été apportées aux annexes I, II, VI et VII du règlement européen sur l'agriculture biologique (RCE 889/08). Pour la production végétale, elles concernent l'annexe I avec l'élargissement des origines autorisées de calcium et de chlorure de sodium, ainsi que l'autorisation, sous certaines conditions, des acides humiques, fulviques et du biochar en tant qu'engrais et amendements du sol. L'annexe II, portant sur les produits phytopharmaceutiques, autorise notamment l'utilisation de 5 nouveaux produits/molécules, dont la maltodextrine, les terpènes et la cerevisante ; et modifie les conditions d'utilisation des composés de cuivre (28 kg/ha sur 7 ans). Pour la production animale, de nouveaux additifs pour l'alimentation des animaux sont utilisables, à condition de palier une fermentation insuffisante de l'ensilage qui serait due aux conditions climatiques (annexe VI).


Paysans-traiteurs-crêpiers en Charente : Des galettes du champ à lassiette
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
En Charente, Lucie Moy et Jonas Handtmann sont paysans, traiteurs et crêpiers : sur leur ferme de 24 ha conduite en bio, ils produisent des farines, des ufs et des légumes quils valorisent dans leur crêperie ambulante. Lucie Moy sest installée avec son compagnon en 2010 sur la ferme familiale. Le couple sest alors lancé dans la production de PPAM, mais na pas souhaité poursuivre son activité dans cette production. Lucie Moy a alors décidé de donner vie à son rêve en devenant paysanne-crêpière. Elle a suivi une formation de crêpière, puis le couple a commencé à cultiver du sarrasin, du blé, du petit épeautre, ainsi que des légumes de plein champ avec de la traction animale (qui servent à garnir les crêpes ou à être transformés en tartinades). Il a aussi commencé l'élevage de poules. Pour cultiver les céréales, ils ont fait appel à un entrepreneur voisin car ils ne souhaitaient pas investir dans du matériel, ni consacrer trop de temps aux cultures. Ils assurent en revanche le triage, le stockage et la transformation en farine. Le couple a également investi dans une roulotte pour pouvoir confectionner et vendre leurs crêpes garnies sur des évènements : Lucie Moy effectue une quarantaine de sorties davril à octobre. Cette activité fonctionne très bien, mais elle est épuisante. A terme, ils aimeraient développer des évènements à la ferme et lactivité traiteur car ces activités sont plus confortables.


Vu au Sival
Frédérique ROSE, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Cet article décrit plusieurs entreprises et leurs produits (ou innovations) vus au Sival en janvier 2020 : Adi Carbures (spécialiste des pièces doutils en carbure de tungstène) présente ses nouvelles pièces résistantes ; Agronutrition a homologué trois nouveaux biofertilisants (solutions bactériennes pour activer la vie du sol) ; Belchim a homologué un nouveau produit contre le botrytis sur vigne ; Boisselet met en avant un nouveau servo-moteur et un porte-outil enjambeur dédiés à la viticulture ; CLM présente un prototype de pulvérisateur confiné ; CMF travaille sur lefficience énergétique des serres et propose des équipements pour gagner jusquà quatre degrés la nuit ; Ecodyn a effectué plusieurs adaptations sur son semoir viticole à engrais verts et ses pulvérisateurs destinés à la viticulture ; If Tech a imaginé un outil pour faciliter la mise en place dufs de chrysopes dans les cultures ; Scatair présente sa gamme de petits matériels pour maraîchers bio, et notamment sa table de distribution surélevée pour semoir multibuses ; La Sellerie Percheronne a conçu des colliers légers, ouvrables et réglables pour la traction animale ; Solemat a adapté son porte-outil pour disques émotteurs utilisé dans la vigne ; Upness présente quatre nouvelles références dintrants naturels pour régénérer les sols ; Vitimeca a conçu trois outils de désherbage mécanique pour la traction asine.


Biocontrôle : Le Bacillus thuringiensis (Bt) en question
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Bacillus thuringiensis (Bt) est un groupe de bactéries, utilisées depuis près de 60 ans en agriculture biologique, notamment sur le chou et le brocoli, pour leur propriété insecticide, contre différentes chenilles. Avec laugmentation des pratiques nutilisant pas ou peu dinsecticides conventionnels, lANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) prévoit une hausse de l'application de ces bactéries et, par mesure de précaution, souhaite mieux étudier les impacts éventuels de Bacillus thuringiensis sur la santé humaine et sur lenvironnement. Une première alerte avait été lancée en 2012, suite à une forte concentration en Bacillus cereus (groupe incluant Bacillus thuringiensis) trouvée sur un lot de persil biologique, traité avec Bt. Deux projets de recherche ont été menés par lITAB, lAdria, lActalia et de nombreux partenaires : le projet Casdar RT BtID et le projet VegExpoBt. Leurs objectifs étaient de mieux caractériser les espèces Bt, de faciliter leur identification en laboratoire et détablir des recommandations dutilisation de ces produits sur les cultures. En effet, un point sensible est la différenciation des souches Bt des souches voisines, appartenant également au groupe Bacillus cereus mais pouvant être pathogènes. La restitution conjointe de ces deux projets sest tenue en janvier 2020 et un outil daide à la décision à destination des transformateurs verra bientôt le jour. Du côté des fabricants dinsecticides, les AMM se complexifient et découragent certains qui ne sy retrouvent plus entre le coût élevé des évaluations demandées et le marché encore trop restreint des produits de biocontrôle.


Lutter contre les insectes et l'enherbement : Des volailles pour protéger les vergers
Marion COISNE, Auteur
Lintroduction de volailles dans les vergers est une pratique apportant de nombreux avantages par rapport à la pression des ravageurs et lenherbement, mais qui nest pas sans inconvénients (charges supplémentaires, possibilité de dégâts sur la récolte). La station dexpérimentation de la Morinière, à Saint-Epain, en Indre-et-Loire, sest intéressée à cette pratique. Dans le cadre dun projet FranceAgriMer, 100 volailles (20 oies et 80 poules) ont été introduites dans un verger de pommiers sur 1,16 hectare. Fanny Le Berre, ingénieure dexpérimentation, présente les résultats obtenus après deux ans : côté ravageurs, une baisse importante est observée (notamment pour les piqûres de punaises phytophages), tout comme du côté de lenherbement. Cependant, la présence de volailles a généré, en moyenne, jusquà 2 T/ha de pertes en volume. Linvestissement de départ était de 4 600 , avec un entretien estimé à 120 HT par mois. Jean-Yves Fillatre, arboriculteur bio dans la Manche, témoigne de son utilisation peu concluante de canards de Barbarie. Quant à Mickaël Pont et à son associé Mathieu Guyomard, installés dans le Finistère en polyculture-élevage bio, ils sont satisfaits de leur système où les poules pondeuses ont accès aux vergers.


Haies, arbres, enherbement, gîtes : Faire le plein de biodiversité
Frédérique ROSE, Auteur
Le projet Viti-Biodiv, porté par la LPO et la CAB des Pays de la Loire, entre 2017 et 2019, sest intéressé à la biodiversité dans les vignes conduites en agriculture bio. Nathalie Dallemagne de la CAB et Benoit Marchadour de la LPO reviennent sur les enseignements des diagnostics agro-écologiques menés. La présence darbres au sein dune vigne permet daugmenter le volume racinaire dans le sol. Les échanges gazeux sen trouvent favorisés, améliorant la fertilité du sol. Lenherbement spontané ou les broussailles constituent des espaces riches en espèces et des corridors pour la biodiversité. Pour en savoir plus, un guide technique est téléchargeable sur www.biopaysdelaloire.fr. Jérémy Ménard, vigneron bio à Rablay-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire, explique ses propres pratiques et sa gestion de lenherbement (roulage de lherbe, broyage, gestion du cavaillon, etc). Il opère une alternance de gestion de linter-rang dans une même parcelle.


Nutrition animale : Caste se lance dans l'aliment bio
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Caste Aliment est une entreprise familiale de fabrication daliments pour les animaux, implantée à Mirandol, dans le Tarn, depuis les années cinquante. Son dirigeant, Grégory Rossignol, présente la montée en puissance prévue pour ses aliments bio, grâce au rachat, en 2019, dun site de production à Naucelle, dans l'Aveyron. Ce dernier, dune capacité de 10 000 à 12 000 tonnes, va être modernisé pour améliorer la traçabilité et lautomatisation. Une formulation 100% bio est en cours de préparation. Pour son approvisionnement en matières premières biologiques, lentreprise travaille en direct avec des agriculteurs dans un rayon de 120 km, ainsi quavec des fournisseurs régionaux. Pour Grégory Rossignol, lancrage dans le territoire et lécoute des besoins des éleveurs sont fondamentaux.


Dossier : A chacun sa méthanisation : De l'énergie et de l'engrais
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur ;
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Pour atteindre les 32 % d'énergies renouvelables fixés pour la France en 2030, plusieurs alternatives existent. La méthanisation en est une et elle se développe rapidement, y compris chez les agriculteurs bio : 7 à 8 % des 500 méthaniseurs français sont sur des fermes bio. A travers ce dossier, plusieurs d'entre eux témoignent, dont Francis Claudepierre, installé en lait bio en Meurthe-et-Moselle et président de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France. Plusieurs objectifs les motivent avec, en premier lieu, une recherche d'autonomie énergétique pour la ferme, voire pour le territoire, et la valorisation des effluents en limitant les émissions de méthane. Toutefois, des points de vigilance - ainsi que certaines critiques - persistent, notamment sur l'augmentation des prix et la concurrence sur les ressources de proximité, ou encore l'évolution de la réglementation.


Faire face au réchauffement climatique : Semences : quelle offre variétale ?
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Pour s'adapter aux effets du changement climatique, les céréaliers peuvent jouer, entre autres leviers, sur leurs choix de variétés. Dans cet article, plusieurs entreprises semencières présentent leurs stratégies pour accompagner les agriculteurs dans cette voie pour les grandes cultures. Sont abordées les thématiques de l'adaptation des variétés proposées à la nouvelle variabilité des conditions climatiques, de l'intégration du réchauffement climatique et de ses manifestations dans les programmes de sélection variétale, des difficultés rencontrées dans cette nouvelle approche et, enfin, du type de sélection choisi par espèces.


Gaec Matringhem, dans la Vienne : Les cultures d'été dominent
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
François et Gilles Matringhem cultivent 330 hectares, en agriculture biologique depuis 2002-2003, dans la Vienne. Sur ces terres hétérogènes, hydromorphes et/ou sensibles à la sécheresse, et qui bénéficient en grande partie de l'irrigation, les cultures d'été sont majoritaires : maïs, soja, haricots secs... La gestion des adventices est problématique, essentiellement en été, mais les deux frères possèdent tout le matériel nécessaire au désherbage mécanique : roto-étrille, herses étrilles, houe rotative, bineuse, écimeuse... Aussi, après un essai en travail simplifié peu concluant, les frères Matringhem sont revenus au labour. Le binage est également pratiqué sur céréales et protéagineux. Ces derniers sont toujours cultivés en association (orge-pois protéagineux, lupin-petit épeautre, lentille-orge de printemps). Ainsi, la rotation-type de l'exploitation s'étale sur 4 à 5 ans. En l'absence de légumineuses pluri-annuelles telles que la luzerne ou le trèfle, peu adaptés aux sols ou aux pratiques, la fertilisation des sols repose essentiellement sur les achats d'engrais organiques du commerce, épandus à deux reprises sur la rotation. Pour assurer une couverture permanente des sols, les repousses spontanées et du précédent sont privilégiées.


Elevage : Choisir l'alimentation lactée des jeunes caprins
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Problèmes sanitaires, coût, travail, nouvelle réglementation
autant de facteurs à prendre en compte pour choisir ses pratiques dallaitement des chevreaux en élevage bio, entre lait maternel, de vache, en poudre, ou encore lait acidifié ou thermisé. En Auvergne-Rhône-Alpes, des travaux ont été conduits de 2016 à 2019 pour étudier plusieurs de ces pratiques, avec un premier résultat-clé : lacidification du lait maternel napporte pas de solution miracle au niveau sanitaire. En effet, cette technique ne permet pas un assainissement pour les virus responsables du Caev et les mycoplasmes. Par contre, cela peut être une solution pour limiter les diarrhées et le travail de distribution, ce lait pouvant être donné en une fois, avec mise à disposition pendant 12h dans un multi-biberon à température ambiante. Pour le lait de vache, lacidification peut le rendre plus digestible, mais il faut pouvoir sapprovisionner facilement et bien sûr en AB. La thermisation du lait maternel reste la meilleure solution pour le volet sanitaire mais le travail peut sen trouver fortement augmenté, en particulier selon le matériel utilisé. Le taxi-cuve est un matériel intéressant mais coûteux. S'il est encore possible, en 2020, en élevage biologique, d'utiliser du lait en poudre conventionnel (pour raison sanitaire), la future législation vise au 100 % bio. Certes, il existe aujourdhui des laits reconstitués bio, mais ils restent chers et la présence dans leur composition de certaines matières grasses végétales pose problème avec le nouveau cahier des charges. Autre pratique : le lait sous la mère mais avec des risques sanitaires. Il nexiste donc pas de solution idéale et les éleveurs, comme le montrent les témoignages repris dans ce document, ont des pratiques diversifiées selon leur système. Par ailleurs, leurs questionnements restent nombreux, en particulier face à la nouvelle législation.


En direct de lInao : Le traitement des manquements : entre pédagogie et sanctions
Olivier CATROU, Auteur
En cas de manquement à la réglementation européenne sur lAB, chaque Etat membre a la charge de mettre en place les mesures et les sanctions à appliquer. Depuis 2014, en France, il existe un catalogue national de traitement des manquements qui définit les types de manquements et les mesures à appliquer. Il distingue notamment les manquements non altérants vis-à-vis du caractère biologique du produit, donnant lieu à une demande daction corrective et parfois à un avertissement, et les manquements altérants. Ces derniers, classés selon leur gravité en irrégularité ou infraction, peuvent donner lieu au déclassement de lots, de parcelles ou danimaux, à la suspension partielle de la certification ou encore à la suspension, voire le retrait, de lhabilitation. Si lInao rédige le catalogue, cest aux organismes certificateurs de lappliquer. Qualisud, organisme certificateur (OC), présente ses procédures pour lapplication du catalogue. Les décisions des OC étant considérées comme des décisions administratives, les recours se font devant les juridictions administratives, sachant quil est possible de solliciter en premier lieu un recours gracieux auprès de son OC. A ce jour, il nexiste pas de catalogue européen sur les mesures à prendre en cas de manquement ; cependant, la Commission Européenne conduit actuellement un travail dharmonisation entre Etats membres sur ce sujet.