- Titre :
- BIOFIL, N° 129 - Mai / Juin 2020 - Bulletin N° 129
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/05/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Collecte de céréales bio : Une croissance record !
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En grandes cultures, lheure est au bilan de la campagne 2019-2020. En agriculture biologique, France Agrimer décompte près de 600 000 tonnes de céréales bio ou en C2, ce qui correspond à un bond de 70 % par rapport à lannée précédente. Cette tendance est le reflet de la hausse du nombre de conversions depuis deux années. Le blé tendre (dont la collecte a augmenté de 82 %), le maïs (+ 42 %), le triticale (+ 104 %) et lorge (+ 118 %) représentent plus de 90 % des volumes récoltés. De lavis de la filière, lépisode Covid-19 modifie peu les estimations de croissance du marché : les ventes en restauration hors domicile se sont effondrées, mais elles ont été compensées par laugmentation des ventes de pains et de farines en sachets (boostées durant le confinement). Les GMS se sont également recentrées sur des approvisionnements français et de proximité. Concernant lalimentation animale, la crise semble avoir dopé les utilisations de céréales (+ 17 % en orge et + 19 % en maïs). Cette tendance est en partie expliquée par le dynamisme des filières ufs et viande bio durant cette période.


Bretagne : La plateforme bio PAIS recherche partenaires
Marie HILARY, Auteur
Lors des 20 ans de la PAIS (Plateforme Agrobiologique dInitiative Bio Bretagne à Suscinio, située sur le lycée agricole de Morlaix et gérée par IBB), une quarantaine dacteurs ont été réunis pour trouver de nouveaux financements et projets et réfléchir aux orientations de la plateforme. Sur les 100 000 euros annuels alloués au fonctionnement de la PAIS, près de 70 % viennent de fonds publics et 30 % de fonds privés. Les difficultés financières de lun des partenaires (lItab) ont des répercussions directes sur le fonctionnement et la pérennité de cette plateforme dexpérimentations légumières. Or, celle-ci est la seule station certifiée 100 % bio en Bretagne et près de 3 200 producteurs bretons sont à la recherche de techniques et de variétés adaptées à la bio. Parmi les nouvelles orientations envisagées, une des pistes proposées est la relocalisation de la production de semences afin de favoriser laccès aux variétés à succès et aux variétés anciennes.


Paca : Grab : un nouvel élan pour ses 40 ans
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le Grab (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique) a été créé en 1979 et est devenu la principale station dexpérimentation dédiée au maraîchage, à larboriculture et à la viticulture bio en France. Il regroupe 50 agriculteurs-expérimentateurs, 70 adhérents et possède deux sites dessais. Son Assemblée Générale sest tenue, le 16 avril 2020 (en visioconférence), sur le thème « Simmerger dans la recherche bio ». Elle a réuni 90 participants. Après 40 ans dexistence, lheure était au bilan (de nombreux résultats de ces quarante années de recherche et dessais sont publiés sur le site internet du Grab). Cependant, cette AG a aussi été loccasion dévoquer lavenir. Un plan stratégique pour lhorizon 2030 a été réfléchi et co-construit durant sept mois. Le but est de multiplier les innovations tout en répondant aux besoins à court et à long termes des producteurs. Pour cela, les leviers identifiés sont nombreux. Tous convergent vers une recherche de productivité et de rentabilité, mais pour des systèmes de production à taille humaine, économes en intrants, diversifiés et qui rendent des services environnementaux.


Aides Pac à la bio : au bon cur des régions !
BIOFIL, Auteur
En France, les Régions proposent des aides à la bio différentes selon leurs volontés politiques et leurs contraintes budgétaires. Les agriculteurs bio ou en conversion peuvent donc être plus ou moins bien lotis en fonction de leur localisation. Concernant laide Cab (Conversion à lAgriculture Biologique), les régions mettent souvent en place un plafond annuel par ferme (avec transparence GAEC), mais ces plafonds ne sont pas partout les mêmes : 12 000 en Auvergne-Rhône-Alpes, 15 000 en Pays de la Loire, Occitanie, Bretagne, PACA et Bourgogne-Franche-Comté ; 18 000 en Normandie et en Nouvelle-Aquitaine
Seuls les Hauts-de-France, lÎle-de-France et la Corse ne plafonnent pas. Concernant laide Mab (Maintien à lAgriculture Biologique), elle a été supprimée dans la majorité des régions. Elle résiste encore en Bretagne et elle est prolongée pour un an en Nouvelle-Aquitaine, Île-de-France et Hauts-de-France. En revanche, plusieurs régions continuent de la restreindre aux zones à enjeu eau (ex : Normandie).


Trophées de l'Excellence Bio 2020 : Primer des initiatives innovantes
Marie HILARY, Auteur
Les Trophées de lExcellence Bio 2020, organisés par lAgence BIO et le Crédit Agricole, ont été remis, le 27 février, lors du Salon de lAgriculture. Le lauréat de la catégorie « Producteurs » est Romain Chemin, un jeune agriculteur breton qui sest lancé, en 2017, dans la culture de houblon bio (onze variétés sur 2,7 ha). Bien que le houblon soit peu développé dans cette région, la demande des brasseurs est forte. Romain a également monté le GIEE Houblon Grand Ouest avec trois autres producteurs. Le lauréat de la catégorie « Associations Entreprises » est France Cake Tradition. Cette entreprise fabrique des gâteaux dans les Hauts-de-France, et elle a souhaité remplacer le sucre de canne de certains de ses gâteaux par du sucre issu de betteraves bio. Ainsi, en 2019, six producteurs des Hauts-de-France se sont lancés dans la culture de la betterave bio, 20 tonnes de sirop ont été produites et France Cake Tradition en a utilisé deux pour sa nouvelle recette de pain dépices bio. Le coup de cur du jury de la catégorie « Producteurs » revient à la SCIC Graines équitables, qui développe lagroécologie et lentraide entre les producteurs depuis 2014 tout en produisant différentes productions, dont des graines à germer. Celui de la catégorie « Associations Entreprises » revient au Grap (Groupement régional alimentaire de proximité) qui a mis en place un système de livraisons mutualisées destiné aux épiceries (qui proposent au moins 80 % de produits bio) afin de promouvoir les circuits courts.


Partenariat Fnab et Picard : Nouveau label : Bio Français Équitable est né
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Un nouveau label, nommé « Bio Français Équitable », a vu le jour en 2020. Il est porté par la Fnab et est le fruit de trois ans de réflexions et de travail. Depuis plusieurs années, la Fnab avait la volonté de pousser lagriculture et les industries agroalimentaires à développer une bio française et équitable. Comme aucun label ne regroupait toutes les valeurs défendues par la Fnab, elle a souhaité développer son propre label. Ce dernier devait prendre en compte certains critères essentiels : certification bio, origine française des ingrédients, transformation effectuée en France, application de la loi sur léconomie sociale et solidaire de 2014, reconnexion de lalimentation avec les territoires (en privilégiant notamment la proximité). La Fnab a alors profité dune demande de Picard (qui souhaitait développer une gamme bio et locale) pour mettre en place ce label. Un premier test est en cours dans le Sud-Ouest : il porte sur la production de carottes, courgettes, haricots verts et maïs bio et surgelés pour Picard. Un contrat tripartite (producteur, transformateur-surgélateur et distributeur) dune durée de trois ans a été signé pour établir les volumes et les prix dachat (qui reposent sur les coûts de production réels de la ferme). Le témoignage dAntoine Proffit, lun des producteurs de carottes bio impliqués dans cette démarche, est retranscrit dans un encart. Un deuxième encart est réservé à une autre démarche, celle de la marque régionale équitable « Bio Sud Ouest France », qui a été créée en 2013.


Filière lait bio : Touchée, mais plutôt épargnée
Frédéric RIPOCHE, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Malgré quelques complications logistiques durant la période Covid-19, la filière lait bio a su sadapter et semble avoir été plutôt épargnée. Selon les prévisions, les prix devraient se maintenir grâce au soutien de certains opérateurs de la filière et à la régulation des volumes. Il faut rappeler que cette crise est survenue au printemps, cest-à-dire en plein pic de production laitière. En avril et mai 2020, 100 millions de litres de lait ont été collectés. Le Cniel (interprofession) a alors préconisé de diminuer les volumes. Au final, le déclassement technique du lait bio en lait conventionnel na pas été beaucoup plus élevé que les autres printemps (le pic de production printanier entraîne souvent des difficultés logistiques qui conduisent à des déclassements vers le conventionnel). Sur le premier trimestre 2020, le prix moyen du lait bio était de 491 /1000 L. Au second trimestre, le prix a baissé entre 60 et 90 . Pour les mois à venir, les opérateurs annoncent plutôt une croissance continue, estimée à 1%. La France se démarque ainsi avec ses volumes et ses prix en hausse, alors que ceux des autres pays européens stagnent ou diminuent. Par ailleurs, la consommation de certains produits laitiers bio (lait liquide, beurre, crème) a été renforcée durant le confinement. En complément de cet article, un encart est consacré à linterview de Théophile Jouve, directeur général de Biolait (principal collecteur de lait bio), qui explique comment cette coopérative a géré la crise Covid-19.


Réseau Ma Boucherie Bio du Coin : Unébio sallie aux boucheries
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Le réseau de boucheries traditionnelles « Ma Boucherie Bio du Coin » est une initiative dUnébio (Union des éleveurs bio). Ce réseau a commencé à se développer dans lOuest. Le premier projet est né à La Baule en 2016 ; puis ce fut Nantes, Guingamp... Actuellement, Unébio a investi dans une quinzaine de boucheries traditionnelles et de nouveaux projets devraient aboutir en 2020. Unébio propose deux modèles : soit il devient actionnaire à 100 % dune boucherie, soit il entre dans le capital dune boucherie (jusquà hauteur de 30 %) si un boucher déjà installé souhaite commercialiser de la viande bio. Tous les bouchers sont formés aux spécificités des viandes bio, ce qui permet de mieux les valoriser. Pour alimenter ce réseau, Unébio sappuie sur son propre outil de transformation et de commercialisation : le Comptoir des Viandes Bio (CVB), basé dans le Maine-et-Loire. Suite à la période Covid-19, louverture de certaines nouvelles boucheries est retardée. Toutefois, la démarche est bien ancrée et les ventes se maintiennent (un encart est réservé aux adaptations mises en place par les boucheries de ce réseau pour faire face à la Covid-19).


Filières viande bio : Léquilibre matière fragilisé
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Selon les espèces et les débouchés, lélevage bio est impacté de différentes manières par la Covid-19. Les structures tournées vers la restauration hors domicile (RHD) sont les plus impactées. Cest le cas par exemple de la SCA Le Pré Vert (coopérative de 280 éleveurs bio, située en Dordogne) qui écoule 25 % de ses volumes en RHD. En plus de la perte de ce débouché, cette coopérative a dû faire face à un autre inconvénient : léquilibre matière pour les carcasses. Alors que la restauration collective favorisait léquilibre matière, les consommateurs achètent beaucoup de viandes à griller ou hachées, ce qui entraîne des déséquilibres. Des veaux rosés ont aussi dû être congelés et des reports dabattage ont été mis en place. Toutefois, cette viande devra sécouler et entrera forcément en collision avec la production. Chez Sicaba, société coopérative basée dans lAllier, les marchés restent déstabilisés et des réajustements quotidiens sont effectués. Toutefois, la perte des débouchés en RHD a été en partie compensée par le bond des ventes en magasins bio et via le e-commerce. Le buf, avec ses morceaux nobles, est le gagnant de cette période alors que les agneaux et les porcs subissent un repli. Concernant la vente directe, il est difficile dévaluer son évolution, mais il est certain que les fermes pratiquant déjà la vente en caissettes ont bénéficié dafflux de commandes.


Salon Biofach de Nuremberg : La bio mondiale en effervescence
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La salon international Biofach sest tenu, du 12 au 15 février 2020, à Nuremberg (Allemagne). Malgré la menace tangible liée à la Covid-19, il a regroupé 3 792 exposants de 110 nationalités et 47 000 visiteurs de 136 pays, preuve de la vitalité du secteur bio. Les conférences ont été très suivies : elles ont enregistré 10 000 participants. Les nationalités les plus présentes sur ce salon sont bien évidement les Allemands, suivi par les Autrichiens, les Italiens, les Français et les Néerlandais. La présence de la France se renforce chaque année avec 222 exposants en 2020, dont 178 en alimentaire et le reste en cosmétique. Biofach reste en effet un salon incontournable pour développer les ventes à lexport ou élargir ses approvisionnements. Lévolution du règlement européen qui encadre lAB a aussi été évoquée, notamment les règles dimportation des produits bio dans lUnion Européenne, encore en pleine négociation. Ces futures règles représentent un élément crucial dans le marché mondialisé de la bio, dautant que les consommateurs européens sont très convoités. Autre point largement discuté : la certification de groupe. Elle permettrait de mutualiser les coûts de certification des petits paysans, notamment dans les pays tiers, mais elle suscite de nombreuses interrogations.


En direct de lInao : Le cuivre : démêler le vrai du faux
Sandrine THOMAS, Auteur
En 2018, lEfsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) a réévalué lutilisation du cuivre en tant que substance active dans les produits de protection des végétaux. Suite à cette réévaluation, lutilisation du cuivre a été limitée à 28 kg par hectare sur sept ans et la réglementation bio laisse le choix aux États membres de fixer (ou non) un taux dapplication maximal annuel de 4 kg/ha de cuivre. Suite à cela, lAnses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a modifié les autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits phytopharmaceutiques à base de cuivre afin de respecter cette dose limite. À ce jour, la majorité des produits cupriques est limitée à 4 kg/ha/an. Cette dose comprend tous les apports de cuivre de la parcelle, cest-à-dire les produits phytopharmaceutiques mais aussi les engrais foliaires. L'article fait ensuite le point sur les ZNT riverains (Zone de Non Traitement) et les possibilités d'application de cuivre.


Homéopathie, isothérapie, vie du sol Une approche globale pour la vitalité de la vigne
Frédérique ROSE, Auteur
La Coordination agrobiologique des Pays de la Loire (Cab) a mis en place un essai pour tester lefficacité de lhoméopathie, de lisothérapie et des poivres (ces trois types de remèdes sont plus précisément définis dans larticle) sur certains ravageurs de la vigne : le mildiou, les cochylis et le cigarier. Pour mener à bien cet essai, cinq vignerons en biodynamie ont mis à disposition une parcelle dun hectare. Sur chacune, trois modalités ont été testées. La modalité Témoin reprend les traitements habituels du vigneron (cuivre, soufre, biodynamie et bio-insecticide si nécessaire). Sur la modalité Vigne, le vigneron effectue ses traitements habituels et ajoute des remèdes disothérapie et des poivres. La modalité Vigne + Sol reprend la modalité Vigne qui est complétée par différents apports destinés au sol (compost, poudre de roche volcanique, bore
). Lobjectif est davoir une approche globale et de voir comment la vigne répond aux soins quand on soccupe aussi du sol. Au cours des cinq années d'essais, de nombreuses mesures ont été effectuées sur le développement des ravageurs, sur la vitalité de la vigne et de nombreuses analyses de sol ont été réalisées. Des résultats encourageants ont été obtenus pour mieux gérer le mildiou, les cochylis et le cigarier avec ces méthodes. Très souvent, les meilleurs résultats étaient observés sur la modalité Vigne + Sol. Les analyses de sol confirment dailleurs les bienfaits des apports réalisés sur cette modalité.


Dossier : Changement climatique : Les leviers pour adapter ses vergers
Marion COISNE, Auteur
En arboriculture, les impacts du changement climatique vont saccentuer ces prochaines années : épisodes climatiques extrêmes, hausse des températures, apparition de nouveaux ravageurs
La filière bio se mobilise pour trouver des adaptations afin de pouvoir continuer à produire. Ce dossier, composé de six articles, apporte le point de vue dexperts sur cette problématique et décrit certains leviers déjà mis en place par des arboriculteurs. Il commence par une interview de Sylvaine Simon et Laurent Brun, deux ingénieurs de recherche à lInrae de Gotheron (Drôme), qui expliquent les impacts actuels et à venir du changement climatique, les particularités de la bio et qui décrivent le verger du futur. Le second article évoque différents dispositifs mis en place pour évaluer les impacts du réchauffement climatique. Il liste également quelques pistes dadaptation : application de kaolinite avant la canicule, gestion de lirrigation, adaptation de la taille, changement de variétés (voire despèces ou de cultures). Larticle suivant est une interview dAudrey Trévisiol (de lAdeme). Elle décrit une méthode danalyse qui permet de définir des stratégies dadaptation à léchelle des filières. Le quatrième article est consacré à lévolution des bioagresseurs : avec lévolution du climat, ces derniers seront probablement plus voraces et virulents. Les arboriculteurs bio devront alors adapter leurs pratiques pour trouver un nouvel équilibre biologique. Enfin, ce dossier est clôturé par deux témoignages darboriculteurs bio. Stéphan Charmasson est basé dans les Bouches-du-Rhône. Il cultive plus de treize espèces (dont certaines peu fréquentes en France : baie de goji, feijoa, grenade
) en prévision de lévolution du climat dans larc méditerranéen. Philippe Sfiligoï, basé dans le Lot-et-Garonne, mise sur de nouvelles variétés et étudie le stockage de leau dans ses sols.


Interdiction des effluents délevages industriels : Des pistes pour sadapter
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
En 2021, la gestion de la fertilisation dans les systèmes AB va être bousculée par la mise en application dune évolution réglementaire qui interdit lutilisation deffluents provenant délevages industriels. Fin janvier 2020, un colloque a été organisé par Bio Centre-Val de Loire sur lautonomie azotée en grandes cultures bio. Lobjectif était de faire le point sur les leviers mobilisables pour sadapter à cette nouvelle règle. À cette occasion, Vincent Moulin, conseiller agronomique à la FDgeda du Cher, a dressé le bilan de trois années dessais sur la fertilisation de blé bio : dans six essais sur onze, lécart de rendement entre les modalités fertilisées (60 unités dazote) et les témoins non fertilisés nétait pas significatif. Charlotte Glachant (de la Chambre dagriculture dIle-de-France) a effectué une synthèse de 121 essais portant sur lapport dengrais organiques sur blé : dans la moitié des situations, le gain de rendement engendré par les apports nétait pas significatif et les adventices nitrophiles étaient favorisées. Les résultats dun essai sur lapport de luzerne fraîche ensilée (comme fertilisant) ont aussi été détaillés : les rendements obtenus sont satisfaisants, mais la logistique nécessaire à la mise en place de cette méthode est assez contraignante. Enfin, les résultats dessais réalisés à la ferme expérimentale de Boigneville (Essone) et à La Saussaye (lycée agricole dEure-et-Loir) sur des systèmes de cultures bio et autonomes (sans apports extérieurs dengrais organiques) ont été présentés : ils ont montré que lautonomie en azote était possible, mais il nen est pas de même pour le phosphore et la potasse.


Diversifier en oléagineux : Lin-graine : le vent en poupe ; Diversifier en oléagineux : Carthame : difficile, mais de nombreux atouts ; Diversifier en oléagineux : Cameline en mélange et chanvre en pur
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Ce dossier regroupe des témoignages d'agriculteurs bio portant sur la production de différents oléagineux : le lin graine, le carthame oléique, la cameline et le chanvre. René Batiot et Patrice Bounet sont deux céréaliers basés dans le Gers. Tous deux ont fait le choix dintroduire du lin dans leur rotation. Ce lin est destiné à la production de graines valorisées en huile ou directement utilisées pour lalimentation humaine. Dans leurs témoignages, chacun décrit son itinéraire technique, apporte quelques données technico-économiques et donne des conseils pour la récolte et le stockage. Vanessa Vialettes est, quant à elle, installée dans le Tarn, sur 170 ha. Depuis cinq ans, elle cultive du carthame dont les graines sont principalement destinées aux huileries. Elle décrit les avantages et les inconvénients agronomiques de cette culture (qui présente notamment lavantage dêtre bien adaptée aux conditions séchantes) et donne quelques repères techniques. David Peschard et Marie-Pierre Boutin sont céréaliers dans la Beauce. Ils produisent de la cameline (en mélange avec de la lentille) et du chanvre (en pur) destinés à la fabrication dhuile alimentaire. Ils décrivent l'itinéraire technique et précisent le rendement pour chacune de ces cultures.


Laurent Mothe, dans le Gers : Un objectif : minimiser les charges
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Laurent Mothe est céréalier bio dans le Gers. Il sest installé, en 1996, sur des terres déjà en bio. Il cultive 103 ha et produit de manière à se dégager un revenu tout en limitant ses charges, notamment de fertilisation et de mécanisation (son objectif est de réaliser 180 000 de chiffre daffaires par an, hors aides PAC). La majorité de ses sols sont constitués de terres argilocalcaires assez profondes et à bon potentiel, le reste est plus superficiel. Trente-trois hectares sont irrigables, mais seulement 20 à 25 ha sont irrigués tous les ans. Laurent Mothe a deux rotations-types, une sur ses parcelles irriguées (deux années de soja, puis oignon ou blé-féverole) et une sur ses terres non irriguées (blé-féverole, lentille, pois chiche, tournesol). Même si ses rotations sont courtes, ce céréalier nobserve pas de problèmes particuliers liés aux maladies ou aux ravageurs. Depuis plusieurs années, il diminue le soja car ses rendements ont chuté (de 30-35 q/ha à 25 q/ha) avec le manque de pluie, même si le nombre de tours deau dirrigation a été augmenté. Concernant la fertilisation des cultures, Laurent Mothe emploie des engrais organiques du commerce, mais il en utilise très peu : seul loignon est fertilisé (soit un apport tous les six ans sur les parcelles irriguées). Néanmoins, lintégralité des résidus de récolte est retournée au sol.


Dégâts sur fraises : Des pistes contre Drosophila suzukii
Marion COISNE, Auteur
En Pays de la Loire, face au manque de solutions pour lutter contre Drosophila suzukii en culture de fraisiers, le CDDL (comité départementale de développement légumier) a étudié plus amplement les caractéristiques de ce ravageur afin de mieux le gérer (projet Reproleg 2017-2019). Les moyens de lutte apparus comme les plus intéressants sont la prophylaxie et les filets, mais ces derniers favorisent dautres ravageurs (pucerons, thrips et acariens) et maladies (botrytis) car ils limitent la ventilation. La prophylaxie repose principalement sur laugmentation de la distance entre les plants de fraisiers, le retrait des vrilles et des feuilles en sénescence, lévacuation des déchets en dehors de la parcelle et une récolte au moins tous les deux jours. Des plantes de services ont également été testées (menthe poivrée, ail et coriandre), mais elles nont pas montré de résultats concluants. Des lâchers dauxiliaires (Trichopria drosophilae) ont aussi été effectués, mais il est difficile de conclure sur leur efficacité (ils ont probablement été affectés par un traitement destiné à lutter contre les thrips). Cet article est complété par deux encarts. Lun deux rapporte le témoignage de Sandra et de Matthieu Gilbert, deux maraîchers bio vendéens qui ont été touchés par ce ravageur. Par ailleurs, un autre encart est dédié à la recherche de parasitoïdes pour lutter contre les pucerons des fraisiers. Sur le terrain, il semble que les parasitoïdes naturellement présents soient plus efficaces contre les pucerons que les parasitoïdes d'élevage.


Mouche mineuse du poireau : Faucher pour lutter
Marion COISNE, Auteur
Des essais ont été menés en Pays de la Loire afin de tester différentes stratégies de lutte contre Phytomyza Gymnostoma, la mouche mineuse du poireau. Ils ont été réalisés de 2017 à 2019, dans le cadre du projet Reproleg, piloté par le CDDL (comité départemental de développement légumier). Pour détecter la présence de cette mouche et enclencher des mesures curatives, il est possible dinstaller des plants de ciboulette (plante très attractive) ou des bols/panneaux jaunes englués. Le spinosad, autorisé contre le thrips, apparaît efficace également contre la mineuse. Linstallation de filets est un autre moyen de lutte efficace, mais elle complique le désherbage, nest pas adaptée à toutes les surfaces et favorise dautres bioagresseurs. Autre moyen testé dans le cadre de ce projet : le fauchage (une à deux fauches réalisées à lautomne, à 15 cm du haut du feuillage). Lobjectif est dempêcher la mineuse de finir son cycle. Les résultats obtenus sont probants. La combinaison dune fauche et dun traitement sest révélée très efficace. En parallèle de cet article, un encart est réservé au témoignage de Jean-Michel Morand, un producteur de légumes de plein champ bio qui a dû faire face à ce ravageur. Un deuxième encart présente une variété population de poireau, nommée Brainois dhiver et développée par Bio Loire Océan.


Pour des vins avec peu dintrants : Rechercher un raisin équilibré
Frédérique ROSE, Auteur
Le congrès du Mouvement de l'Agriculture Bio-Dynamique (MABD) sest déroulé les 10 et 11 mars 2020, à Corte (Corse). À cette occasion, Jacques Fourès, consultant en biodynamie, est revenu sur limportance des pratiques agronomiques et biodynamiques pour produire un raisin équilibré et de qualité. Il a notamment insisté sur l'importance de tenir compte du cycle de lazote pour éviter un déficit azoté dans les moûts et ne pas retarder la maturité. Des apports azotés peuvent être effectués à laide de compost et dengrais verts, à condition de réaliser ces interventions au bon moment et davoir un faible rapport C/N. Les vignerons peuvent également favoriser un développement équilibré de la vigne à laide de préparations, notamment les préparations 500 et 501 (leurs utilisations et leurs effets sont détaillés par Jacques Fourès). Cet agronome sattache aussi à présenter limportance des mycorhizes. Selon lui, dans un sol vivant, les racines peuvent échanger jusquà trois tonnes de sucre par hectare et par an avec des champignons. Elles reçoivent en échange des éléments minéraux, ce qui a pour effet de limiter les carences. Jacques Fourès revient également sur lintérêt de sentourer de forces animales (cheval pour la traction, mouton pour pâturer, compost de fumier
) pour freiner et équilibrer lardeur de la vigne.


Les Graines de Louise, dans lIndre : La courge en prend de la graine !
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
En 2015, Victor Renaudat et Sabrina Bodet ont repris une ferme bio de 212 ha située dans lIndre. Leur objectif initial était de produire des semences et de cultiver diverses céréales, ainsi que des pommes de terre. Comme la demande en semences sest révélée insuffisante, ils ont arrêté den produire en 2018 et se sont lancés dans la production de graines pour lalimentation humaine. Ils se sont notamment tournés vers la production de graines de courges : ils cultivent près de 200 ha de courges et ont créé une société pour transformer leurs graines. Ces dernières sont vendues sur le marché national : 70 % sont vendues à létat brut et 30 % sont transformées (caramélisées, salées, enrobées de chocolat noir
). Au total, le couple a investi 400 000 dans du matériel de culture et 100 000 dans le laboratoire de transformation. Litinéraire technique et le matériel nécessaire à cette production atypique sont présentés, tout comme les étapes de tri, de stockage et de transformation.


Nouveautés : Cultures ; Nouveautés : Élevage
Frédéric RIPOCHE, Auteur ;
Marion COISNE, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Cet article présente de nouveaux matériels et traitements utilisables en agriculture biologique. Cinq de ces nouveautés concernent les productions végétales et une est dédiée à lélevage (vaches laitières) : 1 - Le constructeur Bionalan a optimisé et étendu sa gamme décimeuses ; 2 - La société Terrateck propose un nouveau modèle de porteur polyvalent 100 % électrique ; 3 - La start-up Pochon a intégré un guidage GPS indépendant sur son prototype de robot afin que ce dernier soit indépendant (robot daide à la récolte, au désherbage et au semis) ; 4 - La société Bayer a développé un insecticide à partir de matières actives dorigine végétale à large spectre (certifié AB par Ecocert) afin de lutter contre les insectes dans les stocks de denrées alimentaires ou contre les moustiques (dans ce cas, le produit est destiné aux collectivités) ; 5 - La société Biotest a développé Bluestim®, un osmorégulateur qui permet de lutter contre les nécroses apicales ; 6 - La société SoluNature (qui développe des solutions alternatives aux traitements phyto-pesticides et aux antibiotiques) a lancé DéfiMam, un aliment complémentaire composé doligo-éléments et de plantes (phytothérapie) pour renforcer la santé de la mamelle.


Annuaire Biofil des fournisseurs de lagriculture bio 2020-2021
BIOFIL, Auteur
Dans cette édition 2020-2021 de lannuaire des fournisseurs de lagriculture bio, Biofil répertorie les coordonnées de fournisseurs de : - Matériels (équipements délevage, matériels de culture, matériels de transformation et de stockage, construction/économies dénergie, autres matériels et protections physiques) ; - Agrofournitures (élevage, semences et plants, protection des plantes, fertilisation) ; - Aval/débouchés (collecte et stockage, transformation, groupements de producteurs) ; - Services (organismes de contrôles et marques, laboratoires d'analyses spécialisés, organismes institutionnels et de développement de la bio, instituts techniques, stations dexpérimentations/recherche, interprofessions nationales, conseils indépendants, diffusion, agriculture connectée, banques/assurances, salons/foires/expositions) ; - Formations (initiale par voie scolaire, par apprentissage, pour adultes, dans lenseignement supérieur, autres formations).


En direct de lInao : La nouvelle réglementation bio se précise
Serge JACQUET, Auteur
Après la publication, en 2018, de lacte de base du nouveau règlement européen de production biologique (règlement 2018/848), lacte dexécution a été publié au JOUE, le 31 mars, dernier sous le numéro 2020/464. Dernier élément du nouveau règlement (qui devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain), cet acte apporte diverses précisions, par exemple sur les techniques autorisées pour la transformation des denrées alimentaires et des aliments pour animaux ou encore sur les informations à fournir par les Etats membres sur la disponibilité, sur le marché, de matériel biologique de reproduction des végétaux, danimaux ou de juvéniles en aquaculture. Lacte dexécution amène aussi des précisions sur les règles de production danimaux : la période minimale dallaitement maternel ; la densité délevage et la surface minimale des espaces intérieurs et extérieurs ; les caractéristiques et prescriptions techniques concernant les bâtiments et les espaces de plein air. Si certains points ont ainsi été modifiés en élevage de ruminants ou d'équins, ou en aquaculture, les changements les plus importants concernent les élevages de volailles (ex. : limitation à 3 du nombre détages dans les bâtiments pour les poules, arrêt de la prise en compte des vérandas comme espaces intérieurs ou extérieurs, nouvelles dispositions pour les parcours qui ne pourront plus sétendre au-delà dun rayon de 150 m des trappes, voire 350 m sils disposent dau moins 4 abris par hectare). Pour les élevages qui auront des normes plus restrictives quactuellement, apparaissent des périodes de transition, variables selon les cas, pour permettre aux éleveurs dadapter leurs outils de production. Les lapins ou cervidés sont de nouvelles espèces concernées par le règlement européen.


Ovins viande dans le Massif Central : Optimiser ses performances à lherbe
Frédéric RIPOCHE, Auteur
La question de la valorisation de lherbe pour lengraissement des agneaux est un point-clé dans le Massif Central, important bassin de production de viande ovine, avec des contextes pédoclimatiques très variables et parfois peu productifs, et où la rentabilité des élevages ovins bio nest pas toujours facile. Dans le cadre du projet BioViandes Massif Central, sur sept départements de ce territoire, des élevages ovins biologiques ont été enquêtés. Ces élevages avaient une bonne valorisation de lherbe, étaient économes en concentrés et proposaient une production répondant aux besoins de la filière. Il ressort de l'enquête que ces systèmes mettent en place diverses solutions : un chargement adapté au potentiel du système, des vitesses de croissance différentes avec une production par lot, des agnelages parfois à diverses dates, des agneaux de report, la réalisation de divers croisements ou encore une gestion optimisée de lherbe, avec combinaison de plusieurs ressources fourragères (prairies naturelles, temporaires à flore variée, méteils, parcours
), en particulier pour faire face aux sécheresses de plus en plus nombreuses et marquées. Cette diversité de solutions est illustrée par le témoignage de trois éleveurs bio du Massif Central, issus de Haute-Loire, de lAllier et de lAveyron, et pilotant chacun des systèmes très différents, avec des troupeaux comptant de 90 à 750 brebis, mais tous avec la volonté de valoriser lherbe au mieux, selon les potentiels du système, et avec des questionnements récurrents face aux sécheresses.