- Titre :
- BULLETIN CAB, N° 133 - Juin 2020 - Bulletin N° 133
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/06/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Covid-19 : Quels impacts sur la Bio ?
Anne UZUREAU, Auteur ;
Emmanuelle CHOLLET, Auteur
Globalement, les filières bio ont plutôt bien résisté à la crise de la Covid-19. Le confinement a dailleurs accentué la dynamique de consommation des produits bio, ce qui sest traduit par une augmentation des ventes dans les GMS et dans les magasins spécialisés (cette croissance est toutefois inégale suivant les départements). Ce phénomène a dailleurs pu engendrer quelques difficultés occasionnelles dapprovisionnement en produits bio dans les magasins. Concernant la vente directe, cette crise a occasionné un surplus de travail chez les producteurs. Elle a aussi impacté de différentes manières les filières : la filière viande na pas trop subi de baisse de volume, sauf pour la viande de veau et un peu pour la viande dagneau. Quant à la filière lait, elle a réussi à gérer cet épisode en limitant les volumes produits durant le pic printanier. Luf bio a connu une pénurie et des problèmes dapprovisionnement sont à prévoir pour la farine bio française (la demande est forte et les récoltes sont faibles). Deux filières, la filière vin et la filière bière, ont en revanche directement souffert de cette crise sanitaire (leurs ventes se sont effondrées).


Un système pâturant qui a atteint la neutralité climatique
Olivier SUBILEAU, Auteur
Anthony Vasseur sest installé, en 2018, sur la ferme laitière familiale. Cette dernière, située dans la Sarthe, a une SAU de 64 ha et un cheptel de 35 vaches laitières (production de 114 000 L). Elle est en bio depuis une vingtaine dannées et en système herbager depuis 1994 (les vaches pâturent toute lannée, excepté du 15 décembre au 15 février). Pour valoriser au mieux lherbe, Anthony Vasseur pratique le pâturage tournant dynamique. Lutilisation dassociations despèces lui permet daugmenter la période de pâturage, notamment en implantant un mélange de chicorée-plantain-trèfle qui résiste bien à la période estivale. Lautonomie alimentaire de son troupeau est également assurée par la production dorge, de maïs et de luzerne sur 15 ha. Son système de production est performant à la fois dun point de vue technique, économique et social. Il présente aussi lavantage davoir peu de répercussions sur le climat : il consomme très peu dénergie (7,5 GJ/ha/an) et émet peu de GES (3 t éq. CO2/ha). À terme, cet éleveur souhaiterait simplifier davantage son système en passant en monotraite et en tarissant ses vaches les deux mois dhiver où elles sont en bâtiment. Pour compenser la baisse de production estimée à 15 %, il augmentera son cheptel (cinq vaches supplémentaires) et améliorera ses taux.


Des plantes sauvages pour enrichir son alimentation ou diversifier sa ferme
Amandine GATIEN-TOURNAT, Auteur ;
Frédéric JOUIN, Auteur
Tous les ans, au mois de mai, le GAB 72 organise une formation intitulée « Reconnaître, cueillir et commercialiser des plantes sauvages ». Marie Rué, ethnobotaniste, fait alors découvrir une quarantaine de plantes aux participants. Ces plantes sauvages peuvent être récoltées à des fins personnelles (pour enrichir et varier son alimentation) ou pour diversifier les productions de sa ferme. Il est en effet possible de faire certifier en AB une zone de cueillette sauvage, avec une liste des plantes inscrites à son certificat. Cest notamment ce qua fait la ferme des Millefeuilles, dont 25 % du chiffre daffaires provient de la cueillette de plantes sauvages. Cette ferme est basée à 20 km au sud du Mont-Saint-Michel. Elle allie production maraîchère (Carol Johnson y cultive des légumes sur 1000 m2 de plein champ et 200 m2 de serres), agrotourisme et cueillette de plantes sauvages halophytes sur des prés salés (gérée par Christophe Legal). Ces plantes sont commercialisées sous différentes formes (mescluns, tisanes, chutneys, sirops, confitures, pestos
) et sont vendues à la ferme ou à des restaurants gastronomiques.


Construire ses rotations de cultures en bio avec une cohérence agronomique
Manon RUFFY, Auteur
Le GAEC Ursule est une ferme en polyculture-élevage (vaches laitières et volailles de chair), basée en Vendée. Elle est en bio depuis 1996. Sébastien Schwab, lun des associés de ce GAEC, apporte des conseils pour construire une rotation des cultures. Selon lui, il nexiste pas de rotation type, mais plutôt des principes à respecter pour assurer une cohérence agronomique tout en respectant certains objectifs de production. Il conseille tout dabord de se poser des questions dordre structurel : Comment est mon parcellaire (groupé, morcelé) ? Sur quels types de sol ? Quelle portance ? Ai-je de lélevage ? Si oui, est-ce que je vise lautonomie alimentaire sur ma ferme ?
Deux rotations types sont mises en place sur le GAEC Ursule : une sur 8 ans pour assurer lautonomie alimentaire de lélevage et une sur 15 à 20 ans pour produire des cultures de vente (notamment pour la production dhuiles à la ferme). Sébastien Schwab détaille ensuite cinq grands principes à respecter : 1 Jouer sur lalternance des cultures de printemps et dautomne ; 2 Observer la flore adventice de la parcelle et adapter la culture suivante si nécessaire ; 3 Recourir à lalternance légumineuse / plante gourmande en azote ; 4 Éviter un retour trop fréquent des mêmes familles botaniques (notamment des protéagineux) ; 5 Intégrer trois ans de luzerne en fin ou début de rotation pour « nettoyer » la parcelle.


Irrigation : Changer les systèmes et prioriser lusage de leau
Julien TAUNAY, Auteur
Avec le dérèglement climatique, la question de lirrigation en agriculture devient un véritable enjeu. La Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire (CAB) contribue au débat autour de cet enjeu et défend certaines positions vis-à-vis de lusage de leau et de la création de retenues deau collectives. Elle insiste sur le fait que leau est un bien commun et quil est essentiel de travailler collectivement sur son usage, notamment dans le cadre dun projet alimentaire de territoire. Il devient également important de repenser les pratiques agricoles en fonction des ressources environnementales disponibles et non linverse : il faut adapter les systèmes de production pour quils soient moins dépendants de leau (généraliser les pratiques favorisant la capacité de rétention des sols, adapter les variétés et les pratiques culturales, promouvoir les systèmes autonomes et économes
). Si lirrigation est nécessaire, la CAB recommande de prioriser les usages en réservant cette eau aux cultures à destination de lalimentation humaine. Enfin, la CAB conseille dencadrer les créations de retenues deau collectives en les autorisant sous certaines conditions : 1 - après avoir réalisé une étude dimpact (utilité du projet, solutions alternatives
) ; 2 que ces retenues soient conditionnées à une animation territoriale ; 3 - si ces retenues ont fait lobjet de subventions publiques, de pouvoir les mobiliser (si besoin) pour assurer des missions dintérêt général.