- Titre :
- BIOFIL, N° 131 - Septembre / Octobre 2020 - Bulletin N° 131
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/09/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


La bio dans les régions : Des conversions partout !
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Selon les derniers chiffres de lAgence BIO, comparées à 2018, les conversions en bio auraient un peu diminué en 2019. Au total, 266 970 ha sont passés en première année de conversion en 2019, ce qui représente environ 10 000 ha de moins que lannée précédente. Pour les professionnels, la dynamique reste tout de même très forte en France, même si la répartition des surfaces en bio reste contrastée entre les différentes régions. LOccitanie est toujours la région leader en nombre de conversions, et de loin. Elle atteint 16 % de sa SAU en bio. En Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Bretagne, les surfaces converties enregistrent un léger repli. Les chiffres sont en revanche en hausse et encourageants dans les Hauts-de-France, une région agricole qui a très longtemps été en retard sur la bio : à peine 2,1 % de sa SAU est en AB. Cette région comptait 210 nouvelles fermes bio en 2019. Par ailleurs, les productions biologiques ont créé 6 500 emplois directs sur ce territoire, ce qui représente trois fois plus demplois comparé au reste de lagriculture régionale.


Bourgogne-Franche-Comté : Salon Tech&Bio Elevage : une première édition réussie !
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Malgré la crise sanitaire, l'édition du salon Tech&Bio Elevage a été un succès puisquelle a attiré près de 3 000 visiteurs. Ce salon régional sest tenu les 9 et 10 septembre 2020, en Haute-Saône, sur la ferme dArgirey (des informations sur cette ferme bio en polyculture-élevage sont apportées en fin darticle). Les 3 ha mis à disposition ont accueilli pas moins de 110 exposants, 150 intervenants et 43 structures. De nombreuses conférences, tables-rondes et démonstrations ont également été organisées, ainsi quun concours : le concours régional de lEtable rentable. Ce dernier avait pour objectif de montrer au public que les élevages laitiers bio peuvent être très techniques et obtenir des résultats économiques intéressants. Quatre critères, évalués à travers plusieurs indicateurs, ont été retenus : la production laitière, la qualité du lait, la reproduction et lautonomie de lexploitation. Les éleveurs avaient dailleurs été consultés sur la pertinence des indicateurs choisis. Cest Laurent Dodane, un éleveur basé en Haute-Saône, qui a remporté ce concours.


Centre-Val de Loire : Forte poussée du maraîchage bio
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
La région Centre-Val de Loire est plutôt axée sur les grandes cultures et lélevage. Néanmoins, le maraîchage bio a le vent en poupe sur ce territoire. Des légumes frais bio étaient cultivés sur 2 133 ha en 2019, ce qui représente une hausse de 14 % par rapport à lannée précédente. Face à cet engouement, Bio Centre, le réseau interprofessionnel de la filière bio, se mobilise pour accompagner au mieux les producteurs. Pour cela, trois conseillères spécialisées sont sur le terrain. Ces dernières suivent 167 fermes maraîchères aux profils diversifiés (taille, circuit de commercialisation, niveau de diversification
), et de nouvelles installations sont prévues. Au printemps 2020, le confinement et la crise sanitaire ont augmenté lactivité de cette filière : la demande en légumes a explosé et il a fallu être réactif pour aider les producteurs à adapter leurs débouchés. Lexemple des Paniers Bio du Val de Loire, portés par le groupement Val Bio Centre, est plus amplement détaillé. Ces paniers fédèrent 50 producteurs adhérents et leur fonctionnement a été interrompu durant le confinement car les points de dépôts bénévoles ont été fermés en région parisienne. Cette crise a ainsi fait prendre conscience aux producteurs quil était nécessaire de mieux se structurer et de diversifier leurs circuits de vente.


Inrae : Métabio, le 1er métaprogramme bio
BIOFIL, Auteur
Lannée dernière, lInrae a lancé le métaprogramme « Métabio : Changement déchelle de lagriculture biologique ». Ce dernier, dune durée de 7 à 10 ans, propose dexplorer lhypothèse selon laquelle loffre nationale de produits bio deviendrait majoritaire, dans un contexte de forte demande et de transition agroécologique. Ce programme transversal sarticule autour de quatre axes et étudie les enjeux, les leviers et les conséquences dun tel changement du système agri-alimentaire. Au moins 300 ETP (équivalents temps plein) seront mobilisés à lInrae sur ce métaprogramme.


Label Territoire Bio Engagé : A la conquête de tous les territoires
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le label Territoire Bio Engagé a été créé en 2012 par linterprofession bio dAquitaine. Il a tout dabord été déployé sur la Nouvelle-Aquitaine et lOccitanie et, depuis 2020, il sétend à léchelle nationale avec ladhésion de quatre nouvelles régions : Bretagne, Centre-Val de Loire, Hauts-de-France et Pays de la Loire. Ce label a pour objectif dencourager les collectivités locales à développer la bio de manière pérenne. Il valorise les collectivités territoriales qui atteignent plus de 20 % de produits biologiques dans les repas servis par leurs cantines scolaires et autres établissements de restauration collective (en valeur dachat HT) et/ou les collectivités qui atteignent une part significative de bio au niveau de leurs surfaces agricoles. Le pourcentage minimum de surface bio pour obtenir ce label varie selon les régions (ex : Hauts-de-France 6 %, Pays de la Loire 10 %, Occitanie 15 %...). Il est proposé par linterprofession de la région et doit être supérieur au pourcentage moyen de surfaces bio de ce territoire. Lobjectif est de booster et dencourager le développement de lagriculture biologique. Actuellement, 176 communes et 45 établissements sont labellisés, principalement localisés en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie.


Semis d'automne en céréales à paille : Quelles variétés choisir ?
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Chaque année, lItab, Arvalis-Institut du végétal et les Chambres dagriculture publient une compilation des derniers résultats dessais variétaux bio français sur de multiples céréales à paille : blé tendre, blé dur, triticale, orge dhiver, épeautre
Ce réseau de criblage, lancé il y a près de 20 ans par lItab, a permis de développer une offre variétale adaptée à la bio et diversifiée. Les synthèses des essais 2020 sont en cours de rédaction mais, globalement, en blé tendre, les rendements sont très hétérogènes. Ceci peut notamment sexpliquer par un étalement des dates de semis lié aux conditions climatiques particulières de lautomne 2019. Néanmoins, les grandes lignes du classement variétal changent peu. Une attention particulière est portée aux nouvelles variétés, cest-à-dire les variétés présentes pour la première année dans ces essais. Cest, par exemple, le cas de la variété Gwenn, sélectionnée par lInrae et Agri-Obtention, inscrite en 2020 et qui savère très productive.


En direct de l'Inao : LInao : un maillage territorial fort
Nicolas WEBER, Auteur ;
Olivier CATROU, Auteur
LInstitut national de lorigine et de la qualité (Inao) est un établissement public qui regroupe près de 250 agents. Sa mission est daccompagner les opérateurs qui revendiquent un Signe officiel didentification de lorigine et de la qualité (Siqo) : AOP, IGP, STG, Label rouge et Agriculture Biologique. Concernant plus spécifiquement le label AB, deux services sont rattachés au siège social basé à Montreuil : un pôle national qui coordonne laction des agents et qui assure le secrétariat du Comité national de lagriculture biologique (Cnab), et un service contrôle transversal qui assure la supervision de la certification. Ces services sappuient sur huit délégations territoriales (une par région administrative), dont les agents assurent plusieurs fonctions : les référents bio sont les interlocuteurs des professionnels, les experts apportent leurs connaissances sur des filières et des thématiques spécifiques (algues et aquaculture, apiculture, intrants
), les évaluateurs techniques sont chargés dauditer les organismes certificateurs, et les correspondants sont entre autres chargés dinstruire les demandes de dérogation individuelle. La majorité des agents en charge du suivi du label AB sont en région. Cet article est complété par linterview de Nicolas Weber, référent bio à la Délégation territoriale Occitanie de lInao. Il explique ses différentes activités, ainsi que la manière dont il aborde larrivée du nouveau règlement bio.


Réglementation avec Certipaq : Poulettes : nouvelles règles
Gwénaël LEREBOURS, Auteur
Conformément à la dérogation prévue par larticle 42b) du règlement (CE) n°889/2008, il est possible, jusquau 31 décembre 2020, dintroduire des poulettes non bio de moins de 18 semaines dans les élevages de poules pondeuses biologiques. Néanmoins, à compter du 1er janvier 2021, ces élevages auraient dû sapprovisionner en poulettes bio (règlement UE n°2018/848 et règlement dexécution UE n°2020/464). Toutefois, lentrée en application de ce règlement devrait être reportée au 1er janvier 2022, suite à lavis rendu par la Commission européenne, le 4 septembre 2020. Par ailleurs, comme les règles de production des poulettes en AB constituent une nouveauté, le règlement ouvre la possibilité de mettre en place une période de transition durant huit ans, soit jusquau 1er janvier 2029. Pour en bénéficier, les producteurs de poulettes bio doivent sengager auprès dun organisme certificateur et être notifiés auprès de lAgence Bio avant le 31 décembre 2020. Concernant les règles de production (logement et pratiques délevage), celles proposées par le Synalaf (Syndicat national des labels avicoles de France) ont été approuvées par lInao, le 19 juin 2020. Ces dernières sont plus amplement détaillées dans larticle.


Azadirachtine pour larboriculture : Le dossier est toujours sur le feu
Marion COISNE, Auteur
Actuellement, en AB, les traitements à base dazadirachtine (Neemazal T/S, Oikos et Azatin) sont autorisés uniquement sous abri et seulement sur certaines cultures ornementales et maraîchères. Cette année, face au manque de solutions en arboriculture bio pour lutter contre les pucerons, des discussions entre la profession et le ministère de lAgriculture ont abouti à la mise en place de dérogations pour que les arboriculteurs bio puissent utiliser (sous certaines conditions) du Neemazal T/S et de lOikos dans leurs vergers. Toutefois, le système de dérogation nest que transitoire et beaucoup darboriculteurs se questionnent sur le devenir de lazadirachtine. En 2015, Andermatt, la société qui commercialise le Neemazal T/S, avait demandé une autorisation pour utiliser ce produit en arboriculture bio (en plein champ et contre les pucerons), mais cette dernière avait été refusée par lAnses à cause du peu de données disponibles. Actuellement, Andermatt a réitéré sa demande. Par ailleurs, en France, les produits à base dazadirachtine sont classés H361d « susceptibles de nuire au ftus » (décision prise par lAnses et non appliquée dans les autres pays européens). Andermatt a également déposé une demande de suppression de cette mention pour le Neemazal T/S.


Elevage en bref : ReVABio : des agneaux toute lannée ; Brebis : les aléas climatiques détériorent les résultats ; Bovins : Santé et bien-être des génisses sous nourrices ; 10 projets Casdar lauréats en 2020
Frédéric RIPOCHE, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Cette double page, intitulée « Elevage en bref », est composée de quatre brèves portant chacune sur des projets de recherche-développement en élevage biologique. La première brève est consacrée au Casdar ReVABio Régularité des ventes, clé de développement de lagneau bio , piloté par lIdele et lItab (2020-2023). Ce projet a prévu danalyser : 1- létalement de la production dagneaux bio et son acceptabilité ; 2 - les complémentarités et concurrences des bassins de production ; 3 - les impacts des techniques de finition et détalement sur la qualité de la viande. La seconde brève apporte des informations sur une étude analysant limpact du changement climatique sur les fermes spécialisées en ovins viande bio. Cette étude met en évidence le fait que les sécheresses diminuent les performances des fermes ovines en influençant négativement les ressources fourragères et le parasitisme (elle a été réalisée par le collectif BioRéférences et pilotée par le Pôle Bio Massif Central). La troisième brève est consacrée au programme Sebea Savoirs déleveurs, bien-être animal et santé qui est porté par lInrae de Mirecourt. Ce programme a pour objectif dapprofondir la question du parasitisme, ainsi que de la santé et du bien-être des jeunes génisses en élevage laitier. Il va, pour cela, croiser des expériences déleveurs et des apports scientifiques. Enfin, la dernière brève présente les dix programmes Casdar lauréats de lappel à projets 2020 : Tropicow, Valorage, ErgoTraite, Proverbial, Cocorico, Métha-BioSol, PhosphoBio, Leveab, Simpa et Moca.


Sols vivants : Viser lautonomie en fertilisation
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Certains céréaliers bio ont pour volonté dassurer la fertilité de leurs sols sans intrants extérieurs. Pour cela, ils mobilisent différents leviers : restituer les légumineuses fourragères au sol, maximiser le rôle des couverts, utiliser du compost produit sur la ferme
Cet article revient sur les pratiques de quatre producteurs bio. Armand Gois est céréalier sur 321 ha, dans lYonne. Il implante une luzerne (en association avec du trèfle violet et du trèfle blanc) en tête de rotation, pour deux ans, et restitue lintégralité de cette culture au sol. Ceci lui permet de ne pas utiliser de fertilisant dans la rotation, à lexception dun apport de compost de déchets verts. Samuel Savaton est installé sur une ferme en polyculture-élevage, en Indre-et-Loire, et travaille des terres à façon (en bio). Ses parcelles sont à la troisième répétition du cycle maïs-tournesol-avoine, pois dhiver-blé et pois dhiver, et ce, sans avoir apporté de fertilisants extérieurs. La fertilisation repose uniquement sur les cultures de pois et sur linsertion dun mélange vesce-avoine détruit avant le maïs. Romain Lhopiteau est céréalier en Eure-et-Loir. Pour gérer la fertilité de ses parcelles non irriguées, il implante de la luzerne quil vend à des éleveurs en échange de fumier. Il réalise ensuite son propre compost à partir de ce fumier et de déchets verts. Toutes les cultures, exceptés les protéagineux, en reçoivent 8 à 20 t/ha. Enfin, Bertrand Gautron est polyculteur-éleveur en Loire-Atlantique. Il est en bio depuis 25 ans. Les apports réguliers de matières organiques, la mise en place de couverts et un assolement diversifié sont pour lui les clés pour obtenir un sol vivant. Il épand, une année sur deux, 500 t de fumier de bovins issu de son cheptel. Il arrive ainsi à maintenir la fertilité de ses sols, voire à laméliorer.


Cultiver du colza : Les clés de la réussite
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
La culture du colza est réputée comme difficile en agriculture biologique. Dans cet article, deux producteurs expérimentés témoignent sur leurs pratiques. Bertrand Gautron est polyculteur-éleveur bio en Loire-Atlantique, installé depuis 1992. Il cultive entre 15 et 20 ha de colza et obtient, en moyenne, un rendement de 20 q/ha, avec une variation allant de 13 à 24 q/ha. Il sécurise sa production au travers de trois leviers : un semis précoce (dès le 10 août) derrière une légumineuse, un apport dazote organique (2 t/ha de fientes de volailles qui peuvent être complétées par 10 t/ha de fumier de bovins) et un recours systématique au binage (le semis est effectué à laide dun combiné herse rotative-semoir, avec un inter-rang de 30 cm pour faciliter le binage et, dans les passages de roues, un inter-rang de 60 cm). Il utilise la variété lignée Beluga (3,5 kg/ha), et la sème avec du trèfle dAlexandrie comme plante compagne (1,5 kg/ha). Richard Vilbert est installé dans la Somme, sur 224 ha, et en bio depuis 2009. Chaque année, il implante entre 10 et 20 ha de colza. Pour lui, la réussite de cette culture repose sur deux points : une légumineuse comme précédent cultural (il met en place un trèfle violet un an avant, puis le broie au mois de juin, avant dactiver sa décomposition à laide de ferments) et un semis précoce à faible densité (40 g/m2). Il utilise, pour cela, un semoir monograine avec 50 cm dinter-rang et il mélange 5 à 6 variétés lignées.


Alain Fraysse, dans le Tarn-et-Garonne : Quel bilan à lheure de la retraite ?
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Alain Fraysse sest installé en 1978, dans le Tarn-et-Garonne, sur 60 ha de terres argilo-calcaires et de boulbènes. Riche dune longue carrière agricole, ce céréalier réalise, dans cet article, un inventaire des principales évolutions qui ont transformé son système de production. Il a converti son exploitation en bio en 2000, à la faveur dun CTE (Contrat territorial dexploitation). Au départ, il a cultivé beaucoup de féverole, notamment pour ses importantes restitutions azotées. Mais, après quelques années, suite à de très faibles rendements et au salissement grandissant de ses parcelles, il a abandonné cette culture pour du trèfle violet (semence fermière). Il a alors mis en place la rotation-type : soja - soja-trèfle violet (un ou deux ans) blé tendre dhiver. Les marges dégagées par le soja et le blé lui permettent dimplanter du trèfle sur une longue durée (ce dernier étant entièrement restitué au sol). Le labour nest pratiqué qu'une seule fois dans la rotation, avant le blé, ce qui permet de faciliter la destruction du trèfle. Jusquen 2019, les intercultures nétaient jamais occupées par des couverts végétaux : Alain Fraysse en profitait pour travailler le sol. En 2019, il a implanté, pour la première fois, un mélange phacélie-trèfle de Perce entre deux blés et il compte bien multiplier les essais de couverts végétaux avant sa retraite, prévue en 2022.


Un couvert aux multiples avantages : Du mélilot dans les pommiers
Marion COISNE, Auteur
Camille Rolland, arboriculteur biologique basé dans les Hautes-Alpes, a expérimenté, en 2019, et 2020 un couvert de mélilot officinal associé à du trèfle blanc dans son verger. Ce mélange a été semé dans linter-rang dune parcelle de 1,2 ha, plantée en pommes Golden. Ce test a été réalisé dans le cadre du projet Absolu (2019-2020), financé par Danone et piloté par lItab, dont lobjectif est daméliorer la qualité des sols en arboriculture bio et en cultures légumières bio. Le mélilot, qui est une légumineuse bisanuelle, a été choisi pour répondre à plusieurs buts : améliorer la structure du sol, lutter contre les campagnols (cette plante était autrefois utilisée comme anticoagulant) et être mellifère. Dans cet essai, le mélange mélilot-trèfle blanc a été comparé à un enherbement naturel avec une flore variée. Les différentes observations ont montré que le feuillage était plus vert en présence de mélilot. Ce constat a, par la suite, été confirmé par des mesures réalisées à laide de N-Tester. La vigueur des arbres semble aussi être affectée positivement par la présence de mélilot. Quant à limpact sur le rendement, il nest pas encore possible de conclure car le verger présente une forte alternance. Des essais complémentaires devraient avoir lieu dans le cadre dun projet Absolu 2.


Une maladie de conservation dommageable : Ail : lutter contre la fusariose
Marion COISNE, Auteur
La fusariose de lail, qui est en partie provoquée par Fusarium proliferatum, est discrète dans les champs mais elle engendre dimportants dégâts au cours du stockage (jusquà 50 % de pertes). Actuellement, aucun produit nest homologué contre cette maladie, ni en bio, ni en conventionnel, et elle reste assez mal connue (les connaissances sur un type de fusariose ne sont pas forcément transposables à un autre). En 2019, le CTIFL de Balandran a mené des essais pour mieux connaître la fusariose de lail et pour limiter ses dégâts. Deux composts (Tradivert, à base de déchets verts et FertiRaisin, constitué de marc de raisin) et dun produit de biocontrôle (Asperello T34, utilisable en bio) ont été testés contre cette maladie. Côté résultats, FertiRaisin a entraîné une forte mortalité des plants (la quantité de compost utilisée était sûrement trop importante) ; Tradivert a plutôt favorisé le développement de la fusariose ; Asperello T34 a permis de ralentir le développement de cette maladie et dobtenir des bulbes plus gros (ce produit de biocontrôle induit, à la fois, un effet antagoniste contre la fusariose et un effet stimulateur de croissance racinaire).


Foin de luzerne, paille et compost végétal : Des paillages organiques pour limiter intrants et plastiques
Marion COISNE, Auteur
Depuis 2018, dans le cadre du projet Copreau (Couverts végétaux pour préserver la ressource en eau), le Grab dAvignon mène des essais pour comparer les impacts de plusieurs paillages organiques sur différents légumes, en maraîchage bio diversifié. En 2018 et 2019, les essais ont porté sur la mise en place dun mulch de foin de luzerne en cultures dété sous abris. Les résultats ont montré une maîtrise quasi-totale des adventices. En revanche, le mulch a eu des impacts contrastés sur les rendements des différentes espèces de légumes. Le concombre, qui est une culture précoce, a été le plus pénalisé : avec un paillage organique, le sol se réchauffe moins vite quavec un paillage plastique (les cultures précoces sont donc pénalisées). Dautres espèces, comme la tomate, voient au contraire leur rendement augmenter : la minéralisation du foin de luzerne a compensé le retard des tomates au printemps. En 2020, un autre essai a comparé trois paillages (paille de graminées, foin de luzerne et compost de déchets verts) dans le but de diminuer les apports deau par irrigation. Pour linstant, les résultats ne sont pas encore disponibles. En parallèle, depuis 2019, dans le cadre dun autre projet, le Grab étudie aussi les impacts de deux composts de déchets verts sur la fertilité des sols.


Un nouvel outil au vignoble : Les cépages résistants se multiplient
Arnaud FURET, Auteur
En France, plusieurs programmes de recherche portent sur lenrichissement de loffre variétale en vignes résistantes, comme le programme ResDur (Résistant Durable), débuté dans les années 2000, à lInrae de Colmar. Les travaux se focalisent, pour le moment, sur la résistance au mildiou, à loïdium et un peu au black rot. Lobjectif est de réduire lutilisation de produits phytosanitaires. Certains membres de la filière voient ces nouveaux cépages (ex : artaban, vidoc et floreal) comme un outil supplémentaire mis à la disposition des vignerons, tandis que dautres salarment de la perte de typicité des vins. Garance Marcantoni, conseillère viticole à la Chambre dagriculture du Var, précise que ces cépages ne sont pas forcément à utiliser partout, mais qu'ils peuvent lêtre dans des zones plus sensibles, comme en ZNT riverains ou près de cours deau. Par exemple, Antoine Pignier, vigneron en biodynamie dans le Jura, a planté quelques lignes de pinotin en bordure de parcelle, pour diminuer les traitements près des habitations (même sil sagit de préparations biodynamiques). Il entretient ainsi de bonnes relations avec le voisinage. Globalement, ces nouveaux cépages font encore lobjet dessais par les instituts, mais ils commencent aussi à investir les vignes professionnelles. Cet article est complété par le témoignage de Mickaël Raynal. Ce dernier cultive plus de 30 cépages différents dans le Tarn-et-Garonne et il a observé une nette diminution des traitements sur ses vignes résistantes.


Héliciculture pour plats cuisinés : « Peu dinvestissements mais beaucoup de main-duvre ! »
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Christelle et Gilles Villa élèvent des escargots en agriculture biologique dans la Loire. Christelle est une ancienne aide-soignante qui sest formée à distance à lhéliciculture en 2014. Elle a commencé alors par produire 20 000 escargots par an, dans un parc de 200 m2. Son mari l'a rejointe en 2017. Ils produisent actuellement 100 000 Gros Gris par an (sur quatre parcs de 200 m2 chacun) et les transforment sur place en plats cuisinés : escargots nature, en sauce, en tartinade
Conformément au cahier des charges bio, la reproduction des escargots seffectue à la ferme. Doctobre à janvier, les 3 000 reproducteurs hibernent. De février à mai, ils saccouplent en salle de reproduction et pondent des ufs dans des pots de tourbe. Les ufs éclosent ensuite dans des boîtes de Pétri, puis les jeunes escargots rejoignent des parcs humides (humidifiés via des arroseurs), couverts dun mélange de luzerne-trèfle-colza-plantain. Des filets ombragés et anti-oiseaux ont aussi été installés. Le pic de travail intervient à lautomne, de septembre à décembre : les escargots sont ramassés en fonction de leur taille et de la météo, puis transformés.


Nouveautés : Zoom sur le matériel grandes cultures ; Zoom sur les produits et matériels pour lélevage
BIOFIL, Auteur
Suite à linvitation de Biofil, plusieurs constructeurs et distributeurs de matériels présentent leurs nouveautés ou améliorations techniques. Sur les 21 nouveautés présentées, dix-sept concernent les grandes cultures et quatre lélevage. En grandes cultures, les matériels et produits détaillés sont : des pièces de binage en carbure de tungstène (Adi Carbures) ; des épandeurs à lisier robustes et modulables (Agrimat) ; une option de relevage des éléments sur des bineuses (Agronomic) ; trois modèles de bineuses (Agrosoil, Einböck et Phénix Agrosystem) ; deux matériels destinés au triage des grains (Ateliers Dorez et JK Machinery) ; des charrues mixtes (Demblon) ; un déchaumeur à disques indépendants stable à grande vitesse (Duro-France) ; des presses petites capacités (Farmet) ; un scalpeur-rotor pliable (Lyckegard) ; un système de détection précoce des insectes dans le grain (Systelia Technologie) ; un modèle de centrale solaire photovoltaïque sur bâtiment agricole (Terre et Lac Solaire) ; un thermomètre-hygromètre connecté (Weenat) ; des lentilles anti-limace (Armosa) et un produit biostimulant (Italpollina). En élevage, sont présentés : un complément alimentaire pour améliorer lefficacité ruminale (Denkavit) ; une trousse doutils pour les vêlages (Obione) ; un mélange prairial (Partner&Co) ; un râtelier circulaire anti-gaspillage (Patura).


Dossier : Alimentation 100 % bio des monogastriques : Un défi avec encore des freins à lever
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Pour les monogastriques bio, une alimentation 100 % bio sera bientôt la règle, à lentrée en application du nouveau règlement européen, avec encore une dérogation jusquen 2025 pour les jeunes animaux. Les acteurs de ces filières se sont emparés de cette question depuis longtemps : les avancées sont nombreuses, certains ont même passé le cap du 100 % bio, mais les défis restent nombreux. Quid des performances ? Quels défis techniques ou organisations pour les fabricants ? Quelles sources de protéines et quelle origine géographique pour ces dernières ?... En s'appuyant sur des témoignages de responsables, de fabricants ou encore déleveurs, ce dossier fait le tour de la situation. Les solutions mises en place, ou en cours de test, sont diverses et elles apportent plus de cohérence face aux demandes sociétales. Il faut aussi tenir compte du défi dun approvisionnement local, France tout au moins. Le 100 % bio fait bouger les lignes. Il sous-entend notamment une grande diversité de matières premières bio, en lien avec les assolements, au lieu du seul soja. Il amène aussi à repenser les logiques délevage, notamment en pondeuses : il ne faut peut-être pas chercher à faire comme « avant » et envisager des repères délevage différents (pic de ponte à des âges différents, par exemple, ou des souches de pondeuses plus rustiques), dautant plus quil faudra tenir compte des nouvelles règles du futur cahier des charges en termes daccès à lextérieur et de parcours pour les monogastriques.