- Titre :
- REUSSIR PATRE, N° 678 - Novembre 2020 - Bulletin N° 678
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


La laine, matière première aux mille débouchés
Bérenger MOREL, Auteur
La laine, coproduit de lélevage ovin, est très mal valorisée et encore peu considérée par la réglementation française et européenne. Le premier débouché artisanal reste le textile (habillement, literie, draperie et décoration). Cependant, ce débouché valorise uniquement les toisons de qualité et ne permet pas de valoriser les laines plus grossières. Cest pourquoi, depuis plusieurs années, des associations, des laboratoires et les acteurs de certains territoires se mobilisent pour mieux valoriser les laines impropres au textile. Par exemple, dans lEst, le projet Défi Laine a pour objectif demployer ce type de laine dans lisolation énergétique des bâtiments publics. Dans le Sud, une équipe de chercheurs de Montpellier SupAgro et lassociation PolyBioAid se sont penchées sur des utilisations moins connues de la laine : filtre pour dépolluer lair ou les eaux, amendement pour les terres agricoles ou encore paillage organique pour lutter contre les adventices (laine transformée en film).


Dossier : Les ovins sadaptent au changement climatique
Aurélie MADRID, Auteur ;
Soline SCHETELAT, Auteur ;
Jean-Christophe MOREAU, Auteur ;
ET AL., Auteur
Ce dossier est consacré aux impacts du changement climatique sur les élevages ovins. Ces dernières années ont en effet été fortement marquées par dimportantes sécheresses. Pour faire face, les éleveurs doivent faire évoluer leurs pratiques. Dans le Massif Central, le projet AP3C (adaptation des pratiques culturales au changement climatique) a pour objectif de permettre aux agriculteurs de s'adapter dès à présent aux changements climatiques de 2050 en anticipant les futurs déficits fourragers. Ce projet propose une méthode avec trois approches : climatique (comprendre lévolution du climat du Massif Central), agronomique (mieux appréhender limpact de cette évolution sur les couverts végétaux) et systémique (mieux anticiper les impacts sur le système dexploitation). Dans le Sud-Ouest de la France, dans le cadre du projet européen LiveAdapt (Adaptation des systèmes délevage au changement climatique), le réseau Inosys Ovins viande a mené une enquête, auprès de 22 éleveurs, sur les adaptations quils mettent en uvre dans leurs exploitations. Ces enquêtes ont notamment démontré que, même si les éleveurs déclarent être inquiets face au changement climatique, ils ne sont pas pour autant démunis et combinent une grande diversité de leviers. Au niveau national, des variétés de céréales et de plantes fourragères plus résistantes au manque deau commencent à être implantées pour contrer les sécheresses à répétition (le cas de la chicorée est plus amplement détaillé). Ces différents articles sont complétés par le témoignage de Laurence Pellenard, une éleveuse, basée en Saône-et-Loire, qui sest installée en 2015 avec un objectif de conduite totalement à lherbe (400 brebis et 20 vaches allaitantes pour une SAU de 84 ha). Pour sécuriser son élevage, elle adapte son système fourrager et cherche de nouvelles surfaces à faire pâturer.


Méteils et dérobées estivales pour sécuriser les fourrages
Thiziri SIDI SAÏD, Auteur
Cet article détaille plusieurs pistes pour sécuriser le système fourrager des élevages face aux épisodes récurrents de sécheresse et de canicule. Il est tout dabord possible dimplanter des méteils MPCI (mélanges céréaliers riches en protéagineux immatures) à lautomne, en même temps que les prairies. Ces méteils permettent dassurer de bonnes valeurs alimentaires et un rendement potentiel fin avril de 5 t MS/ha (voire 7 t MS/ha pour une récolte autour du 10-15 mai. Autre piste évoquée : les dérobées estivales, qui peuvent être implantées derrière des fourrages récoltés au printemps (méteil ou prairie dégradée). La période de semis préconisée est mi-mai car, passée cette période, il faut faire attention au manque deau. Enfin, de nouvelles espèces prometteuses, comme le blé égyptien et le teff grass, sont en cours dexpérimentation pour aider à faire face à ces aléas climatiques.


Maison de la transhumance : Qui sont les éleveurs herbassiers de Provence-Alpes-Côte-dAzur ?
Candice VIONNET, Auteur
Les herbassiers sont des éleveurs ovins viande sans terre, situés dans le Sud-Est de la France. Leur accès au foncier repose principalement sur des accords oraux et des contrats pluriannuels pour lentretien despaces aux usages multiples. Leur système délevage pastoral présente de grands intérêts pour lentretien des paysages, la lutte contre les incendies forestiers et le maintien de la biodiversité végétale et animale. Il nécessite peu déquipements et est une voie privilégié par les installations hors cadre familial. Ces systèmes sont toutefois fragilisés par un contexte technique, juridique et politique qui ne prend pas en compte leurs spécificités. Pour soutenir ces éleveurs et faire reconnaître leur contribution à lintérêt général, la Maison de la transhumance sest intéressée à leur travail et la comparé aux bergers sans terre des Pyrénées-Atlantiques et aux pastori vaganti en Italie. Elle a également réalisé des entretiens auprès de quinze dentre eux (trajectoire de vie, fonctionnement technique, difficultés rencontrées). Ces entretiens ont permis de déceler un besoin de communiquer sur les herbassiers auprès des organismes agricoles et des collectivités territoriales. Par ailleurs, la création de GIEE pourrait permettre de consolider les partenariats entre les agriculteurs et les herbassiers.


Le cours élevé de lagneau défavorise les producteurs bio
Alice PEUCELLE, Auteur
Stéphane Ermann, producteur ovin en Moselle, a converti sa ferme en AB en 2015 et, aujourdhui, il est à la tête dun troupeau de 900 brebis sur 180 ha de pâtures. A sa conversion, il avait adapté son système et avait recours aux concentrés pour engraisser 20 % de ses agneaux. Or, avec les sécheresses à répétition, ce sont 70 % des agneaux qui sont aujourdhui complémentés et cela impacte le coût de production. De plus, la crise Covid-19, du fait de la diminution des importations, a boosté le prix de lagneau conventionnel, ce qui fait que cet éleveur a vendu, cet été, ses agneaux moins chers quen conventionnel : « cela ne valorise même pas la qualité de nos agneaux ». Cest un phénomène conjoncturel, précise Unébio, qui commercialise 18 000 agneaux par an et dont la politique est de pratiquer des prix stables, rémunérateurs et déconnectés des cours en conventionnel. De plus, ces prix sont fixés par semestre pour sécuriser les éleveurs, mais aussi pour inciter à produire des agneaux en début dannée, ce qui est plus difficile en AB. Parallèlement, Unébio essaie de sensibiliser les consommateurs à la saisonnalité de lagneau bio et cherche à promouvoir lachat dagneaux dautomne. Malgré la conjoncture actuelle, Unébio nenvisage pas de modifier ses prix et espère que les producteurs vont continuer à jouer le jeu et à planifier leur production pour permettre de consolider la filière bio, sans entrer dans un jeu doffre et de demande. Stéphane Ermann souhaite, lui, que son travail soit rémunérateur.