- Titre :
- SYMBIOSE, N° 262 - Décembre 2020 - Bulletin N° 262
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/12/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
2013-2019 : Des fermes bio de plus en plus spécialisées ?
Sébastien JULLIARD, Auteur
LObservatoire de la production bio en Bretagne est géré par la FRAB. Chaque année, une étude thématique est produite à partir de ses données. En 2020, elle a porté sur lévolution de la bio en Bretagne entre 2013 et 2019, période où la bio a fortement progressé. Historiquement, la Bretagne est une région avec des modèles agricoles très spécialisés. Lanalyse des données montre que les modèles bretons biologiques dérogent un peu à cette règle, même sils néchappent pas à la spécialisation : en 2019, 15 % des fermes bretonnes bio ne sont pas spécialisées (spécialisées au sens de lAgreste, cest-à-dire que 2/3 du chiffre daffaires provient du même atelier). Cette proportion a légèrement augmenté puisque ces systèmes ne représentaient que 10 % des fermes bretonnes bio en 2007. Par ailleurs, le cheptel breton de monogastriques a doublé entre 2013 et 2019, ainsi que le cheptel laitier. Le cheptel moyen des fermes a lui aussi augmenté en poulets de chair (x 2,75), en caprins (+ 60 %) et en porcins (+ 40 %). Les filières qui se sont le moins développées sont les ovins et les bovins allaitants.
Les recycleurs
Antoine BESNARD, Auteur
Dans le Morbihan, Régis Durand et Benjamin Frézel ont repris une ferme laitière conventionnelle en 2019 et lont complètement réadaptée pour mettre en place un système en polyculture-élevage biologique. Leur projet dinstallation reposait sur la production de cultures pour lalimentation humaine. Ils cherchaient donc une ferme avec 80 ha groupés et labourables. Comme la région est principalement composée de fermes laitières, ces deux associés savaient quils avaient de fortes chances de reprendre un système quils allaient devoir réadapter à leurs besoins. Ils ont fini par trouver une ferme avec une SAU de 75 ha et 10 ha de bois. Depuis leur installation, ils cultivent 17 espèces différentes sur 50 ha (céréales, oléagineux, pommes de terre...). Trois productions animales viennent compléter les productions végétales en valorisant les prairies, les bois, ainsi que les coproduits des cultures : 20 bovins à lengraissement, cinq truies (atelier naisseur-engraisseur) et 990 poules pondeuses. Régis Durand et Benjamin Frézel reconnaissent avoir eu de la chance : le cédant de la ferme a très vite accepté lidée que le système de production allait être transformé. Il les a également autorisés à installer un bureau sur site, un an et demi avant leur installation, pour quils puissent préparer leur projet. Il a aussi converti ses terres en bio en 2018, ce qui a permis aux repreneurs de gagner un an sur la conversion et de produire des animaux directement en bio (cheptel acheté).
Circuits courts : Des casiers connectés pour une vente simplifiée
Alexandra LANNUZEL, Auteur ;
Cathy PICHON, Auteur
En 2015, suite à la conversion de sa ferme en agriculture biologique, Paul Canévet a décidé de mieux valoriser sa production en se lançant dans la transformation (huiles, farines, graines décortiquées) et la vente directe. Toutefois, comme cet agriculteur breton est installé seul, il a dû trouver une solution qui ne lui prenait pas trop de temps pour la commercialisation. En 2018, il a acheté un distributeur automatique doté de huit casiers, mais il a très vite décelé plusieurs limites : il navait pas de visibilité sur les stocks, il devait sans cesse vérifier le contenu des casiers, le coût et les délais de maintenance étaient élevés et le système de paiement physique était source de vandalisme. Suite à cette première expérience pas tout à fait convaincante, il a créé son propre système de casiers connectés, nommés « Les casiers du coin ». Ses casiers sont connectés à une application qui gère à la fois les commandes, les stocks et le paiement en ligne. Le client commande ses produits à lavance en fonction de la disponibilité des produits, puis dispose de 10 h pour se rendre au distributeur et débloquer louverture du casier avec son smartphone. Actuellement, Paul Canévet et huit autres producteurs proposent des produits dans 400 casiers sur trois sites différents. Cet agriculteur souhaite maintenant voir son outil essaimer.
Céréales & oléo-protéagineux : Les vendre en direct ? Pas si simple
Yann EVENAT, Auteur
La vente directe est un circuit de commercialisation logique pour un bon nombre dagriculteurs bio. Cette démarche sinscrit même au cur de lagriculture biologique qui prône lancrage local, les échanges et la solidarité entre producteurs. Néanmoins, pour les céréales et les oléo-protéagineux, en France, cette pratique est soumise à une réglementation spécifique qui est encadrée par le Code rural (Livre VI, titre VI, chapitre VI). De manière générale, tout transfert de propriété sur les céréales doit passer par lintermédiaire dun organisme collecteur (OC) agréé par FranceAgriMer. Un producteur a le droit dautoconsommer ses céréales, de les stocker et de les transformer (en se conformant au droit de mouture), mais il na pas le droit de les vendre sans passer par un OC. Il existe cependant des dérogations, sous contrôle dun OC, pour que les producteurs puissent directement livrer, ou faire livrer leur récolte à un utilisateur final. Cet article décrit les règles qui encadrent la vente directe pour les principales espèces de céréales, de protéagineux et doléagineux (ces règles diffèrent suivant les espèces). Il explique également comment devenir un organisme stockeur, puis détaille les différentes taxes pratiquées sur les céréales et les oléo-protéagineux, avant dapporter des informations sur le droit de mouture.
AB favorable à la biodiversité ? Premiers résultats dune étude sur blé tendre dhiver
SYMBIOSE, Auteur
LUMR Ecobio de Rennes 1 et lINRAE ont récemment publié les premiers résultats dune étude initiée en 2019 et comparant la biodiversité présente sur des parcelles de blé tendre dhiver conduites en agriculture biologique (21 parcelles) et en agriculture conventionnelle (21 parcelles). Ces parcelles sont situées au sud de lIlle-et-Vilaine. Les premiers résultats, encore partiels, sont favorables à lagriculture biologique sur plusieurs indicateurs : 1 - une diversité plus importante de la flore adventice en bio ; 2 une plus grande diversité des microorganismes du sol en bio ; 3 une abondance légèrement plus faible en maladies et pucerons dans les parcelles bio (résultats à pondérer par la faible pression en pucerons en 2019) ; 4 un nombre de champignons jouant un rôle important dans la nutrition et la défense du blé un peu plus important dans les parcelles bio. Le projet se poursuit encore sur deux années et va chercher à mieux comprendre le fonctionnement écologique des parcelles et à faire le lien avec la performance des cultures.
Rotations, effluents Le guide de lecture se fait plus précis
SYMBIOSE, Auteur
Alors que le report dun an de lentrée en vigueur du prochain règlement bio européen a été acté le 11 novembre 2020, le guide de lecture français continue dévoluer. Ces évolutions concernent notamment lapparition de la notion de cycle dans les rotations en maraîchage biologique : « En production légumière, le cycle de rotation doit être constitué dau moins 3 espèces différentes », sachant quun cycle comptabilise toutes les espèces cultivées entre deux mêmes espèces. Une autre évolution du guide de lecture concerne les effluents délevage. Les élevages industriels, dont il est interdit dutiliser les effluents en agriculture biologique, ont été définis. Les effluents délevage concernés par l'évolution de la règlementation sont : les fumiers, lisiers, engrais en bouchons, digestats et composts issus délevages industriels. Les sous-produits animaux (ex : plumes, sang
) ne sont pas concernés.
Projet Persyst : Le maraîchage en vert et contre tout
SYMBIOSE, Auteur
Les systèmes en maraîchage biologique diversifié sont complexes en raison de la diversité des cultures quils comportent. Cette diversité entraîne également une utilisation intensive des sols, ainsi quune multiplicité importante des tâches à réaliser. Cest pourquoi la Fédération Régionale des Agrobiologistes de Bretagne (FRAB) a lancé le programme dexpérimentation PERSYST-Maraîchage. Il vise à tester de nouveaux systèmes de culture diversifiés, sur six ans, en Bretagne et en Loire-Atlantique. Son objectif est de faire le lien entre deux enjeux prioritaires : la fertilité des sols et lorganisation du travail. En 2019, PERSYST-Maraîchage a recensé et caractérisé les pratiques innovantes dans lOuest de la France. De 2020 à 2024, il va reposer sur deux actions : 1 le suivi de la mise en place progressive de pratiques innovantes, en lien avec des objectifs agronomiques et ergonomiques sur dix fermes ; 2 lexpérimentation de deux systèmes de culture innovants. Après avoir plus amplement détaillé ce projet, cet article présente les objectifs et les approches développées par deux fermes suivies dans le cadre de ce projet.