- Titre :
- BIOFIL, N° 132 - Novembre / Décembre 2020 - Bulletin N° 132
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Tech&Bio Elevage Bourgogne-Franche-Comté : Les filières s'organisent
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Les 9 et 10 septembre 2020, le RDV Tech&Bio Élevage s'est tenu, pour la première fois, en Bourgogne-Franche-Comté. De nombreux acteurs des filières y étaient présents afin de présenter leurs actions en faveur d'un développement pertinent et durable de l'agriculture biologique. En lait de vache, les deux principales laiteries souhaitent actuellement maîtriser leurs volumes sur la région, en incitant notamment à ralentir le rythme des conversions. L'objectif : ajuster au mieux offre et demande. Les productions issues de la filière allaitante (bufs, veaux, agneaux) et de monogastriques (volailles et porcins) connaissent un essor important mais, là aussi, les enjeux de structuration de filières ne sont pas négligeables pour assurer des débouchés aux éleveurs, tout en valorisant au mieux leurs produits. En caprins et en veaux, l'autre enjeu important est la mise aux normes des élevages suite à l'évolution du cahier des charges bio. Nombreux sont ceux qui vont devoir faire des aménagements sur leurs bâtiments d'élevage. Enfin, deux initiatives sont présentées dans cet article : le toasteur mobile de protéagineux acquis par la Cuma Terr'Eau et la filière poulets de chair 100 % franc-comtois mise en place par cinq agriculteurs bio en Haute-Saône et dans le Jura.


Retour sur le Space avec trois webinaires Biofil : Cerner les enjeux en bovins lait, pondeuses et caprins
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En 2020, le Space, salon international de l'élevage qui se tient habituellement à Rennes, s'est déroulé en version digitale. La revue Biofil a notamment proposé trois webinaires à cette occasion, consacrés respectivement aux filières bovins lait, poules pondeuses et caprins. Cet article propose un résumé de ces trois conférences. En bovins lait, le cap du milliard de litres de lait bio collectés a été dépassé au printemps 2020. 7,6 % des fermes françaises en bovins lait sont désormais certifiées bio. Pour les laiteries, la gestion du pic de collecte à chaque printemps est un enjeu majeur et plusieurs d'entre elles ont mis en place des dispositifs pour inciter les éleveurs à réguler leur production sur cette période de l'année. Luf bio a connu une croissance de +22 % en 2019. Une progression saluée, mais la filière va devoir faire face aux évolutions de la réglementation dans les années à venir. Même chose en caprins, où les pratiques d'allaitement des jeunes sont fortement remises en cause par la nouvelle réglementation.


Bilan de Cebio, association des OC : Les non-conformités en hausse
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lassociation Cebio regroupe les différents organismes certificateurs (OC) qui soccupent de la bio. En 2019, elle fédérait neuf OC (Alpes Contrôles, Biotek agriculture, Bureau Véritas, Certipaq bio, Certis, Certisud, Ecocert, Eurofins, Qualisud) et en comptabilisait trois de plus en 2020 (Afnor Certification, Ocacia et Control Union Inspections France). Lune des principales missions de Cebio est dharmoniser les mesures prises à l'échelle de lUnion Européenne et de la France : interprétations réglementaires, décisions de certification complexes
En 2019, les neuf OC membres de Cebio avaient contrôlé 67 886 opérateurs, ce qui représente 106 649 inspections (les opérateurs se sont tous fait contrôlés une première fois, puis 50 % dentre eux ont été contrôlés une seconde fois de manière aléatoire). Ces contrôles avaient mobilisé 647 salariés. Au total, 59 814 non-conformités ont été relevées : 53 307 mineures (qui naltèrent pas le caractère biologique du produit), 6 334 majeures de type déclassement et 173 majeures de type suspension ou retrait de lhabilitation.


Occitanie : Terreau Bio à lécoute des besoins
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Durant le second semestre 2020, plus dune quinzaine de visites et de rencontres techniques ont été organisées, dans le cadre de Terreau bio, par Bio Occitanie (fédération régionale des associations dagriculteurs bio). Terreau bio a été organisé pour la première fois, sous cette dénomination, en 2017, et a pour objectif de répondre aux besoins des producteurs bio en matière dinformations et déchanges, entre pairs et avec des experts. Ces rencontres peuvent prendre des formes variées : réunions dans les champs, démonstrations de matériels, journées techniques
Les attentes sont grandes, notamment de la part des agriculteurs en conversion. Dans lAveyron, un territoire dominé par lélevage bovin et ovin (lait et allaitant), lune des priorités est de réussir à sadapter au changement climatique. En 2020, Terreau bio a organisé six journées techniques pour présenter des approches innovantes sur ce thème. En Haute-Garonne, des journées ont plutôt été organisées sur les grandes cultures (désherbage mécanique, agroforesterie
), tandis que, dans lAude, lHérault et le Gard, la demande sest plutôt située sur le volet viticole (sélection massale, cépages anciens, complantation, greffage en fente
). Plusieurs rencontres ont dû être annulées en raison du contexte sanitaire.


Bourgogne-Franche-Comté : Les fermes du Ravillon ciblent les circuits courts
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Dans lYonne, quatre fermes biologiques en grandes cultures se lancent ensemble dans la transformation et la vente en circuits courts. Elles étaient déjà regroupées en Cuma intégrale et ont créé, en 2017, la SNC (société en nom collectif) Les Fermes du Ravillon. Si la majeure partie de leurs récoltes reste destinée à la Cocebi (coopérative bio de Bourgogne), une partie est maintenant transformée à la ferme et vendue en direct (huile, farine, pâtes, légumes secs
). Pour cela, des investissements ont été nécessaires : presse à huile, filtreuse, cuves, embouteilleuse, moulin Astrié, machine à fabriquer des pâtes, ensacheuse
Actuellement, les activités de transformation seffectuent sur trois fermes, mais un nouveau projet de bâtiment devrait permettre de regrouper ces activités sur seulement deux sites. Chaque ferme est également équipée pour le stockage et le triage du grain. Les produits sont commercialisés en restauration collective, à Biocoop, en grande distribution, en AMAP et sur place (vente mensuelle à la ferme). Les six associés participent à lactivité de la SNC à hauteur de leurs compétences et de leurs disponibilités (entre 7 et 14 heures chacun par semaine). La répartition du résultat de la SNC est ajustée en fonction de la charge de travail de chaque associé.


Expérimentation bretonne : la PAIS jette léponge
BIOFIL, Auteur
Fin septembre 2020, Initiative Bio Bretagne (IBB) annonçait la fermeture de sa station dexpérimentation bio (la PAIS) au 31 décembre 2020. Cette plateforme, située sur le Lycée agricole de Suscinio, dans le Finistère, venait de fêter ses vingt ans. Elle traversait toutefois un cap difficile : sa fragilité financière sest accentuée ces deux dernières années, notamment suite au redressement judiciaire de lITAB, partenaire pilote sur plusieurs projets. Une journée a été organisée, en mars 2020, pour remobiliser les professionnels bio, mais elle na pas eu leffet escompté. Après avoir étudié toutes les possibilités et échangé avec les institutions régionales, la fermeture définitive a été votée à lunanimité par les administrateurs de la station.


Natexpo à Lyon : Objectif : relocaliser !
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Lédition 2020 de Natexpo (salon national bio réservé au commerce inter-entreprises BtoB) a pu se tenir en présentiel, les 21 et 22 septembre à Lyon, avec des restrictions concernant le nombre de visiteurs présents en même temps sur le site. Ce rendez-vous annuel, dédié aux magasins bio, a accueilli 8 000 visiteurs et 700 exposants, dont la majorité proviennent du secteur alimentaire. Cet évènement a permis de constater que ce secteur est dynamique et boosté par la demande (ex : + 48 % pour les farines). Toutefois, selon les différents syndicats des filières aval de la bio, il ne suffit plus dêtre AB, il faut aller plus loin : authenticité, qualités nutritionnelles, liens avec les territoires et les producteurs, préservation de la biodiversité, bien-être animal
Par ailleurs, même si le premier confinement a augmenté la croissance du marché bio, lenvol des ventes sest atténué au second semestre. En un an, les magasins spécialisés ont connu une hausse de 6 % de leur CA, ce qui se traduit par un ralentissement de leur croissance, tandis que les GMS progressent de 15 %, avec, comme devise, rendre la bio plus accessible. Cet article est complété par deux encarts : lun apporte le témoignage de Cyrille Moulin, un producteur engagé dans le label Bio Équitable en France, et lautre est dédié à lhuilier biologique Émile Noël, dont les ventes connaissent une forte croissance.


Filières Carrefour bio : Multiplier les partenariats
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le géant Carrefour vise un chiffre daffaires liés à la vente de produits biologiques de 5 milliards deuros en 2022 (contre 2,3 milliards en 2019). Pour atteindre cet objectif, il développe des filières et cherche à sapprovisionner le plus possible en France, notamment pour fournir la marque Carrefour bio. Sa première filière boule bio (pain bio) a été créée en 1992. Depuis, le groupe Carrefour ne cesse de multiplier les filières bio et vient dailleurs den créer six nouvelles : pâtes, flocons davoine, farine de blé, quinoa, graines de lin et graines de chia (les filières blé dur/pâtes et avoine blanche sont plus amplement détaillées). Toutes ces filières reposent sur des contrats tripartites (producteur-transformateur-distributeur). Concernant les producteurs, en 2018 et 2019, 500 nouveaux partenariats ont été signés afin daccompagner des conversions ou d'encourager des producteurs à augmenter leurs surfaces contractualisées. Carrefour accompagne ainsi plus de 2 000 producteurs bio français. Par ailleurs, concernant les entreprises, le 21 septembre 2020, à loccasion du salon Natexpo, des contrats tripartites ont été signés avec six coopératives françaises (Fermes Bio, Agribio Union, Bio Sud, Union Bio Sud Est, Coop drômoise de céréales, Cavac) et trois industriels (Alpina Savoie pour le blé dur, Celnat pour lavoine et Cavac pour le pois chiche). Un encart décrit également le rachat de la chaîne Bio cBon par Carrefour.


MedAgri et Tech&Bio Cultures méditerranéennes : Un salon et des conférences bio en ligne
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Du 13 au 15 octobre 2020, le salon MedAgri et le Rendez-Vous Tech&Bio Cultures méditerranéennes se sont tenus en version digitale. Ils devaient normalement se tenir à Avignon mais nont pas pu avoir lieu en présentiel en raison de la crise sanitaire. Le salon virtuel a permis aux visiteurs en ligne de dialoguer avec des exposants, en particulier sur leurs produits. En parallèle, une trentaine de conférences ont été organisées (dont une dizaine spécifiques à la bio) sur des sujets variés liés à lactualité agricole dans le Sud-Est ou à lavenir de lagriculture sur ce territoire dans le contexte dune évolution climatique perturbante. Deux présentations ont notamment été dédiées à limportance de la biodiversité dans les écosystèmes agricoles. Animées par Natacha Sautereau de lItab, elles ont abordé ce sujet sous langle de la recherche et de lexpérimentation à travers les travaux de lUMT Si Bio. Lobjectif de cette UMT est délaborer des itinéraires techniques novateurs pour rendre les systèmes bio plus durables et réduire leurs IFT. Plusieurs leviers sont mobilisés : la biodiversité cultivée (associations despèces et de cultures), la diversification (à léchelle de la parcelle, ainsi quà léchelle paysagère) et la biodiversité fonctionnelle (aménagements et infrastructures agroécologiques).


Le point avec Ecocert : Guide de lecture : ce qui change
Gaëtan SIRVEN, Auteur
Cet article liste les principales décisions prises par le Comité national de lagriculture biologique (Cnab) le 30 septembre 2020. Lordre du jour traité par le Comité était important puisque la précédente réunion avait eu lieu en janvier 2020. Les modifications évoquées en productions végétales portent sur : les auxiliaires technologiques utilisables dans les méthaniseurs ; lusage du cuivre en tant que produit phytopharmaceutique (max. 28 Kg/Ha sur 7 ans...) ; lautorisation de substances à effets de barrières physiques ; lautorisation de produits post-récolte ; les rotations pour les cultures de légumes. En productions animales, les modifications ont concerné : les boucles nasales pour les porcs élevés en plein air intégral ; le marquage des animaux ; les conditions de logement pour les volailles (hauteur des marches au niveau des trappes daccès aux parcours) ; la définition des herbes et épices non bio utilisables en alimentation animale. Toutes ces modifications sont disponibles et plus grandement détaillées dans le Guide de lecture.


Profil de sol à la fourche bêche : Savoir le réaliser et linterpréter
Frédérique ROSE, Auteur
Le diagnostic à la fourche bêche est un outil simple et rapide pour évaluer la qualité et le fonctionnement de son sol. Vincent Masson, de la société de conseil et de distribution Biodynamie Services, décrit les grands principes de ce diagnostic et présente quelques questions fondamentales à se poser lorsque lon étudie un sol. Avant de se concentrer sur le sol lui-même, il est nécessaire dobserver la parcelle (diversité du couvert végétal...). Il est ensuite possible dextraire des mottes de terre à laide dune fourche bêche, à la fois dans les passages de roues du tracteur et en dehors de ces passages (il est important de choisir des zones avec des flores comparables). La manière dont les mottes sextraient apporte des informations : résistance pour les racines, bloc compact ou émietté... Les mottes peuvent ensuite être observées selon trois parties : superficielle (0-12 cm), médiane (12-25 cm) et profonde (25-40 cm). Il convient ensuite de faire appel aux sens : regarder la couleur, repérer la présence de vers de terre, de résidus de matière organique, apprécier la structure du sol via la forme des agrégats (aération du sol), évaluer la porosité (en cassant des mottes), la santé du sol (en sentant la terre), sa texture (test du boudin de terre), son humidité
Un encart décrit un autre test : le test bêche. Ce dernier, développé par lIsara, permet ainsi un diagnostic de létat structural du sol.


Castanéiculture dans les Cévennes : 45 ans au cur de sa châtaigneraie fruitière !
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
Dans le Gard, Michel Levesque cultive une châtaigneraie bio depuis 45 ans (la ferme de Valbonne). Il sétait installé avec 750 m2 de châtaigniers et compte actuellement 8,5 ha de châtaigneraies fruitières et 17,5 ha de prairies. Quatre variétés de châtaignes ont principalement été greffées sur les vieilles souches existantes : Maine dAbric, Baumelle, Gêne et Marron dauphine. Michel Levesque produit en moyenne 4 à 5 tonnes de châtaignes par an et les transforme dans son laboratoire agréé bio : confiture de châtaignes, crème de marron, farine de châtaigne, gâteaux sablés
La ferme de Valbonne compte une trentaine de références dans son catalogue et les châtaignes fraîches sont un produit dappel. Par ailleurs, depuis deux ans, ce castanéïculteur a le sentiment que ses arbres sont en train de sadapter au changement climatique : après des rendements en forte baisse depuis une dizaine dannées, ils commencent à remonter. Par sécurité, ce producteur sest également lancé dans la plantation de figuiers. A 65 ans, il pourrait prendre sa retraite, mais sa pension sélèverait à 550 /mois. Il continue donc son activité en attendant de trouver un éventuel repreneur.


Groupe Michel et Biomat : Renforcer le segment bio
Ermeline MOURAUD, Auteur ;
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le Groupe Michel, en Ille-et-Vilaine, est un acteur familial et indépendant qui intervient dans plusieurs filières animales. Il déploie, depuis les années 2000, une stratégie de segmentation qualitative et confirme de plus en plus son engagement dans la bio. Lentreprise a commencé à développer un segment bio en 2010 avec la production de poulettes et la création, en 2016, de la filière MBio qui regroupe 32 producteurs dufs bio (filière longue). En 2018, lentreprise a commencé une activité de porcs bio qui regroupe six éleveurs. Comme le Groupe souhaite atteindre 5 % de son CA en bio, il lance, en 2019, une nouvelle offre de produits et de services (LVDirect) destinée aux producteurs en vente directe dufs bio. Début 2020, le Groupe Michel acquiert Biomat. Cette société, basée en Loire-Atlantique, est lune des sociétés pionnières en France de fournitures spécialisées en agriculture biologique. Cette acquisition permet au Groupe Michel dapporter, aux éleveurs, des solutions durables sur les parties végétales. Cet achat sécurise également lapprovisionnement de sa future usine de fabrication daliments bio, prévue pour 2021 en Ille-et-Vilaine. Infeed, une autre société du Groupe Michel, spécialisée dans le développement de solutions nutritionnelles pour les animaux délevage, cible aussi la bio, comme le montre son nouveau produit (Solubird) qui optimise le démarrage des volailles en AB.


InnovSpace 2020 : Des produits et matériels utilisables en élevage bio ; Vu au rendez-vous Tech&Bio Élevage
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Ces deux articles décrivent des produits, équipements et matériels présentés lors du Space et du Rendez-vous Tech&Bio Elevage. Le premier décrit quelques-unes des 26 innovations primées lors du concours InnovSpace 2020 (sélection des innovations pouvant intéresser les éleveurs bio) : le racleur-convoyeur de fientes, de la société Ar-Tekh ; la base modulaire déviscération pour labattage de volailles, de Bayle ; le nouveau complément alimentaire qui renforce les animaux face aux contaminants, de Biodevas ; la conditionneuse à yaourts, desserts lactés et autres produits liquides ou pâteux, de Condinov ; le désinfectant à lacide lactique destiné aux bâtiments et matériaux délevage, de Farmapro ; la case multifonction pour truie, dI-Tek ; le bras mobile Balance Arm Sac conçu pour limiter la pénibilité de lopération de traite, de SAC France ; le désinfectant bactéricide, virucide et fongicide, à lacide formique et destiné aux élevages, de Theseo France. Le second article détaille des innovations présentées au Rendez-Vous Tech&Bio Élevage : le produit dhygiène post-trempage pour vaches laitières Flora Boost, dActrade ; les mashs floconnés et autres extrudés bio, de CLNA ; ladditif agronomique toutes cultures (dont les prairies) Ferti Humi, de Fertinagro ; le logiciel Ruminal développé par lInrae pour mieux régler les rations des ruminants ; les bâtiments avicoles déplaçables ou fixes, de Séré.


En direct de l'Inao : 2020 : retour sur une année atypique
Olivier CATROU, Auteur
Compte-tenu du contexte sanitaire mondial en 2020, le calendrier de la réglementation bio et des contrôles aura été chamboulé. Début 2020, les deux premiers actes secondaires du règlement ont bien été publiés. Cependant, par la suite, la Commission européenne a décidé, en accord avec les acteurs de la bio, de reporter lapplication du nouveau règlement bio dun an. En ce qui concerne les modalités de contrôle, celles-ci ont été revues (suspension des contrôles sur le terrain pendant le premier confinement avant une reprise le 11 mai
), en concertation entre Cebio et lInao. Une harmonisation a eu lieu ensuite à léchelle européenne. Un encart présente une interview de Patrick Rosset, Certipaq Bio.


Dossier - Désherbage mécanique en grandes cultures et maraîchage : Les outils au service d'une stratégie globale
Stéphanie CAMAZON, Auteur ;
Marion COISNE, Auteur
A travers des témoignages d'experts et d'agriculteurs, ce dossier propose des conseils, des analyses et des partage d'expériences autour de la gestion du salissement en cultures biologiques, et plus particulièrement du désherbage mécanique en grandes cultures et en maraîchage. Une bonne maîtrise des adventices est généralement le fruit d'une stratégie globale combinant diverses techniques choisies pour leur adaptation au contexte pédoclimatique et aux cultures mises en place (sur la parcelle à l'instant t, mais également dans la rotation), ainsi qu'en fonction des objectifs de l'agriculteur. Parmi ces techniques, le désherbage mécanique n'est pas souvent le levier principal mobilisé, mais il présente une solution complémentaire d'autant plus intéressante que les outils disponibles sont de plus en plus nombreux et adaptés à des solutions et pratiques diverses. Ces outils sont aussi de plus en plus prisés par les agriculteurs conventionnels.


Lutter contre le mildiou en raisin de table : Des essais pour réduire les doses de cuivre
Marion COISNE, Auteur
Dans le Tarn-et-Garonne, un groupe d'agriculteurs Dephy et l'animateur technique de Bio Occitanie qui les accompagne réfléchissent ensemble aux manières de diminuer les doses de cuivre qu'ils utilisent sur raisin de table. Pour cette production, les grains doivent en effet être totalement exempts de mildiou. Depuis 2016, chez trois de ces agriculteurs, des stratégies de lutte différentes sont testées. Un premier programme, dit "usuel", vise à réduire la dose de cuivre en réalisant des passages plus fréquents. Un deuxième programme avait pour objectif de remplacer totalement le cuivre par des extraits végétaux (biostimulants) du commerce. Le troisième programme est dit "de substitution" : il associe de faibles doses de cuivre à du talc, du vinaigre, et/ou de l'extrait de pépins de raisins. Pour chacun de ces trois programmes, les agriculteurs ont pu réduire leurs doses de cuivre, avec 12 à 20 traitements par an et de petites doses. Ces essais doivent être reconduits en 2021.


Face aux adventices et bioagresseurs : L'itinéraire technique de la carotte se réinvente
Marion COISNE, Auteur
Cet article propose des solutions et des pistes dactions pour mener à bien une culture de carottes biologiques, culture pour laquelle le désherbage et la lutte contre les maladies et les ravageurs peuvent être complexes. Contre la mouche Psila rosae, par exemple, la seule solution utilisée à ce jour est la mise en place de filets. Sur la station Terre d'essais, dans les Côtes-d'Armor, différents filets sont comparés depuis plusieurs années, avec une efficacité moyenne satisfaisante mais des coûts variables. Des associations de cultures avec de la ciboule ou du haricot coco sont aussi à l'essai, depuis 2020. La question des variétés se pose également pour lutter contre les bioagresseurs, mais les agriculteurs sont alors confrontés à des problèmes de disponibilité des semences bio. Côté gestion des adventices, combiner faux-semis et désherbage thermique permet de réduire le temps de désherbage manuel.


Ruminants bio dans le Massif Central : Alerte sur les baisses de productivité
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Dans le cadre du collectif BioRéférences, une étude globale a été menée sur les performances technico-économiques de 58 fermes bio du Massif Central (16 en bovins lait, 13 en bovins viande, 11 en ovins lait, 10 en ovins viande et 8 en caprins lait), suivies de 2014 à 2018. Ces fermes peuvent être classées selon 3 catégories : les fermes herbagères de taille moyenne, spécialisées et avec une forte autonomie fourragère ; les fermes de plus petite taille, relativement intensives à lhectare, avec un chargement élevé et beaucoup dintrants ; les fermes de plus grande taille, en polyculture-élevage, avec une forte productivité du travail et globalement autonomes au niveau alimentaire avec lutilisation de céréales auto-produites. Si ces exploitations présentent une efficience technico-économique globalement bonne, avec « une valeur ajoutée de 620 euros/ha et une très bonne stabilité de la productivité animale », on note, sur la période étudiée, une hausse des charges totales (+23 %) plus rapide que le produit brut (+ 13 %), doù un revenu disponible en baisse de 25 %. Ceci est à mettre en relation avec un agrandissement observé des systèmes (SAU moyenne passant de 90 à 97 hectares, avec une hausse des UGB totaux de 76 à 82). Or, ceci saccompagne automatiquement dune hausse des charges fixes à lhectare, via notamment plus de frais de mécanisation. Lachat dintrants augmente aussi, notamment l'achat d'aliments, en lien avec les sécheresses (à noter que les systèmes en polyculture élevage sen sortent mieux). Au vu de ces résultats, des réflexions ne devraient-elles pas être engagées sur les stratégies dagrandissement de ces fermes et les adaptations au changement climatique ?


Lapins bio : La nouvelle réglementation suscite des inquiétudes
Françoise FOUCHER, Auteur
Les éleveurs de lapins biologiques français sinterrogent sur les impacts du nouveau cahier des charges bio européen sur leur filière. Parmi les principales évolutions par rapport au cahier des charges français (CCF) jusqualors en vigueur : i) la taille de lélevage nest plus limitée ; ii) quelques changements minimes en matière de densité des animaux en intérieur, mais réduction importante en extérieur (ex. : au moins 2.5 m² pour une lapine avec lapereaux, contre 5 m² dans le CCF) ; iii) un minimum de 70 % d'aliments bio et en conversion provenant de la ferme ou à défaut de la région (soit le territoire national), contre 50 % jusqualors ; iv) pour le logement, les abris mobiles sur prairies à pâturer et les bâtiments fixes avec parcours extérieur végétal sont les seuls autorisés (le semi-plein air nest donc plus possible) ; v) en systèmes dabris mobiles, lobligation de déplacer les abris chaque jour pour renouveler loffre de pâturage disparaît ; vi) tous les logements devront rendre possible la position debout du lapin, oreilles dressées. Nombre de ces mesures, semblant contradictoires parfois, posent question : comment, en réduisant la surface par animal en extérieur, assurer un pâturage suffisant, compatible avec lobjectif exigé de 60 % daliments grossiers, et limiter le parasitisme ? Lévolution des conditions de logement comme laugmentation de la hauteur semble peu conforme avec léthologie de lanimal qui recherche plutôt des abris pour se tapir. De plus, la mise aux normes de ces mêmes logements, qui vont devenir plus lourds à déplacer, va demander des frais importants, à la charge des éleveurs, sans parler du fait que maintenir ces abris à bonne température et hors courant dair sera plus difficile. Autant déléments qui poussent les éleveurs biologiques français à sinterroger sur lavenir de leur filière émergente. Une enquête le montre : le nouveau règlement amène nombre dentre eux ou en passe de le devenir à sinterroger sur leur volonté de travailler sous lagrément bio.


Aliment des porcs : Formuler du 100 % bio et local
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Face au nouveau cahier des charges obligeant à nourrir les animaux en 100 % bio, trois éleveurs de porcs bio qui misent autant que possible sur du local témoignent de leurs pratiques. Philippe Betton, naisseur-engraisseur en plein air en Mayenne, est faffeur et prépare lui-même 5 rations grâce à un logiciel de formulation. Il intègre dans ces rations avant tout les ressources quil produit ou qu'il trouve localement. Il complète, selon les besoins, avec du soja (quil achète extrudé, même sil en produit pour la vente). Ses truies gestantes et ses porcs en finition consomment aussi des fourrages de luzerne et de trèfle violet quil produit (en pâturage et sous forme déshydratée). Benoît Lion, post-sevreur et engraisseur en bâtiment dans lOrne, intègre aussi des fourrages de luzerne dans ses rations. Il a simplifié son alimentation avec 2 formules (2ème âge et charcutier). Il est autonome pour moitié avec ses cultures, quil complète par des achats de triticale, de féverole et de maïs auprès dune voisine. Il achète aussi du soja bio, autant que possible français, voire européen, qui constitue 20 % de la ration 2ème âge et seulement 9 % de la formule croissance. Olivier Héno, naisseur-engraisseur dans le Morbihan, produit lui aussi des mélanges céréales/protéagineux, mais utilise des formules d'aliments réalisées par son vendeur de minéraux. Sa ferme compte 50 ha consacrés à des mélanges céréales/protéagineux. L'éleveur alerte sur la question de la digestibilité de la féverole, qui réduit lintérêt de son utilisation.


Ortie, sésame, soja riches en protéines : De nouvelles perspectives ?
Frédéric RIPOCHE, Auteur
Pour nourrir en 100 % bio les monogastriques, divers projets de recherche (Sécalibio, Secolbio et Valorage) sont menés pour définir les potentiels et des itinéraires de conduite de plantes identifiées comme intéressantes pour répondre aux besoins en protéines et en acides aminés : lortie, le sésame, le colza et le soja. Pour lortie, le premier défi est limplantation. La meilleure solution trouvée est le repiquage de boutures dapex dortie sauvage. A ce jour, les essais nont pas permis de caler ditinéraires culturaux mais ont mis en avant les intérêts de cette plante : la possibilité de faire plusieurs fauches, sachant que la première présente la meilleure valeur alimentaire ; lappétence du fourrage produit ; la biodiversité très complète observée sur des parcelles test. Pour le sésame, les essais réalisés (non poursuivis à ce jour) ont souligné la difficulté à cultiver cette plante, qui demande chaleur et eau. Le sésame serait peut-être à envisager plutôt à petite échelle, en maraîchage. Pour le soja, les essais menés, notamment dans le projet Sécalibio, ont porté sur des associations entre cette plante et la caméline, le trèfle ou encore le sarrasin pour limiter la concurrence avec les adventices. Des essais variétaux sont aussi en cours dans le Sud-Ouest de la France sur la question de la tolérance au stress hydrique. Le projet Secolbio, lancé en août 2020, vise à étudier trois thématiques pour sécuriser limplantation du colza : densité de semis, fertilisation de printemps et association avec des plantes compagnes. Le projet Valorage (2021-2025) va prolonger certaines études, notamment pour étudier la place de certaines plantes dans les parcours ou/et dans les fourrages pour les monogastriques, comme lortie.