- Titre :
- BIOACTUALITÉS, N° 9/20 - Novembre 2020 - Bulletin N° 9/20
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
A Thierrens, le cur dEmmanuel Piot bat pour la pomme de terre ; « Le courage et lesprit pionnier de mon père étaient admirables »
Claire MULLER, Auteur ;
René SCHULTE, Auteur
Ces deux articles sont dédiés à la culture et à la transformation de pommes de terre bio en Suisse. Le premier détaille litinéraire technique mis en uvre par Emmanuel Piot, un agriculteur en bio depuis trois ans. Avec son frère, ils cultivent 17 ha de pommes de terre sur une SAU de 96 ha. Leurs pommes de terre sont destinées à la consommation et à la multiplication. Elles sont positionnées en tête de rotation et reçoivent un engrais du commerce pour couvrir leurs besoins (elles ne reçoivent pas de fumier pour éviter les faims dazote). Emmanuel Piot fait pré-germer lui-même ses plants chaque hiver, ce qui lui permet déconomiser des charges conséquentes et dimplanter plus précocement (mi-avril), ce qui constitue, pour lui, lune des clés du succès en bio. Il veille également à laisser un espace de 95 cm tous les deux rangs de façon à créer des couloirs de ventilation. Il obtient ainsi des rendements allant de 20 à 25 tonnes par hectare. Le second article retranscrit linterview de Christoph Zweifel, le directeur de lentreprise familiale zurichoise Zweifel Pomy-Chips, spécialisée dans la production de chips. Il explique notamment ce que fait son entreprise dans le domaine du bio.
Stratégies versus nouveaux produits
Stéphanie FUCHS, Auteur
La betterave sucrière a été sélectionnée pour obtenir des rendements importants, au détriment de ses capacités de résistance. Les champs de betteraves suisses, tout comme les champs français, souffrent de la jaunisse virale, transmise par un puceron, sans variétés résistantes à ce jour. En Suisse, le cahier des charges bio (Bourgeon) nautorise que très peu de produits de traitement en grandes cultures, et aucun nest autorisé sur betterave. Pour Hansueli Dierauer, responsable du groupe Technique de production Grandes cultures au FiBL, le concept davoir toujours de nouveaux produits pour lutter contre de nouveaux ravageurs ne mène à rien : il est préférable de trouver de nouvelles méthodes de lutte tout en se détachant des intrants. Pour la betterave, le FiBL étudie notamment lutilisation de bandes fleuries qui seraient plus attractives que la betterave pour les pucerons. Selon Hansueli Dierauer, il nest pas non plus envisageable darrêter de produire de la betterave biologique en Suisse car la filière est très jeune, et labandonner, même temporairement, rendrait difficile son redémarrage.
Davantage quune source de nutriments
Claudia FRICK, Auteur
En production végétale, la sélection génétique est principalement orientée vers la recherche de gènes de résistance. Néanmoins, les interactions entre les plantes et les microorganismes du sol (champignons et bactéries) ne sont pas à négliger dans la quête de variétés résistantes. En Suisse, Pierre Hohmann, responsable scientifique du Groupe de Sélection végétale du FiBL, réalise des recherches sur ces interactions. Il les étudie plus particulièrement pour trouver des souches de pois résistantes à la fatigue du sol. Cette maladie, qui touche les légumineuses, est due à plusieurs agents pathogènes du sol du genre Fusarium et Aphanomyces. Au total, 300 souches de pois ont été testées et une dizaine dentre elles se sont avérées tolérantes à la fatigue du sol. Les analyses ont également démontré que les souches peu touchées avaient nettement plus de champignons mycorhiziens sur leurs racines que les souches malades. Une autre expérimentation a consisté à épandre des spores de champignons mycorhiziens sur des parcelles, avec pour résultats une augmentation des rendements. Toutefois, les études sur ce sujet sont encore du domaine de la recherche, notamment fondamentale. Bien que des produits de ce genre soient déjà commercialisés, Marcel van der Heijden, chef de projet à Agroscope et à lUniversité de Zurich, ne les recommande pas sans réserve.
Planifier à temps la ration dhiver
Lara PURTSCHERT, Auteur
Lalimentation des caprins et des ovins demande une attention particulière durant la saison froide. Lors de la transition entre la ration estivale et la ration hivernale, les petits ruminants ne doivent pas subir de changement brusque de fourrages : les microorganismes de leur panse mettent deux semaines à sadapter. Il est donc recommandé de donner des fourrages riches en fibres vers la fin de lautomne. Il est également important dévaluer les besoins des animaux. Cette évaluation peut être réalisée en regardant leur état corporel et leur état de santé global (vitalité, qualité de la laine
). Pour les grands troupeaux, il est ensuite conseillé de former différents lots en fonction des besoins des animaux. Pour les petits élevages, la ration peut être ajustée de manière ciblée. Les rations des deux derniers mois de gestation demandent une vigilance particulière car le ftus réduit le volume de la panse, ce qui diminue la capacité dingestion des chèvres et des brebis. Il faut donc augmenter la part daliments riches en protéines et en énergie. Après la mise-bas, la consommation de fourrages peut augmenter. Les minéraux et les vitamines sont également essentiels. Ils sont apportés en donnant du sel, voire des blocs à lécher ou des mélanges de minéraux.
Vivent les cidres, moûts et verjus
Franz BAMERT, Auteur
Hans Oppikofer est un agriculteur bio suisse. Il a repris la ferme de ses parents en 1999. La ferme Mausacker est composée de onze hectares sur lesquels sont produits des pommes, poires et coings destinés à la transformation pour l'essentiel (jus, cidres, verjus, vinaigres) et des cultures (1,5 ha accueillant la rotation épeautre, soja, blé). Deux bufs et un petit troupeau de moutons sont aussi présents sur la ferme. Un bistrot fermier permet de déguster les jus produits sur la ferme et d'assister à des spectacles. Hans Oppikofer transforme, chaque année, entre 50 et 65 tonnes de fruits en quelque 45 000 L de cidres doux ou fermentés. Il produit une vingtaine de sortes en effectuant des pressages par variété. Il a conservé des variétés de pommes très anciennes qui possèdent des arômes spécifiques (Waldhöfler, Leuenapfel, Buhberger
). Il produit également du vinaigre, ainsi que des verjus (jus issus de pommes non mûres) à utiliser comme du vinaigre ou du jus de citron. Cet arboriculteur effectue beaucoup de tâches à la main et ne produit pas de manière intensive, mais son système de production est rentable puisquil crée de la valeur ajoutée à ses produits.