- Titre :
- SYMBIOSE, N° 265 - Mars 2021 - Bulletin N° 265
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/03/2021
- Année de publication :
- 2021
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Magasin à la ferme : Ils ont fait le choix dune structure commerciale dédiée
Pauline CROS, Auteur
Lorsquune exploitation agricole fait le choix douvrir un magasin à la ferme pour commercialiser ses produits, elle peut conserver le statut juridique de lexploitation ou créer une structure commerciale dédiée à lactivité de magasin (EURL, SARL, micro-entrepreneur). Gilles Simmoneaux, agriculteur, et Odile Gaume Ligot sont co-gérants du magasin à la ferme « Le radis rouge », situé en périphérie de Rennes, sur la ferme bio des Petits Chapelais et ils ont opté pour une structure commerciale indépendante. Comme la ferme des Petits Chapelais sest beaucoup diversifiée (production de pain, de fruits et légumes, de produits laitiers
), les différents ateliers et le magasin ont chacun pris leur indépendance juridique, tout en gardant lesprit du collectif. Pour le magasin, cette nouvelle organisation a permis de lever certaines contraintes que pouvait avoir une structure agricole (achat, revente, dépôt vente) et de vérifier sa rentabilité (avant, les associés ny prêtaient pas forcément attention). Le magasin a ainsi bénéficié dun nouveau nom, logo, site internet, dun numéro de téléphone
, ce qui apporte plus de clarté, notamment pour les clients et les fournisseurs. Des réunions régulières sont toutefois organisées avec les membres du collectif des Petits Chapelais afin de discuter du fonctionnement général du magasin.


Tuta Absoluta : Lennemi public n°1 des tomates
Lucie DROGOU, Auteur
Tuta absoluta, également connue sous le nom de mineuse de la tomate, peut provoquer dimportants dégâts sur les solanacées (tomate, aubergine, pomme de terre, poivron
). Les larves creusent des galeries dans les feuilles, perforent les fruits (ce qui engendre un déclassement immédiat) et peuvent même atteindre les tiges en cas de forte attaque. Pour lutter contre ce ravageur, la prévention par piégeage (piège delta) ou la surveillance par des observations sont de bons leviers à mobiliser. En culture sous abris, il est possible de recourir à la confusion sexuelle (Isonet T3), afin de saturer latmosphère en phéromones et, ainsi, d'éviter les accouplements et lapparition de larves. La mise en place de mesures prophylactiques sur la culture et sur les abords des parcelles est également essentielle : éliminer les premières feuilles touchées, retirer les fruits « juste piqués », éliminer les plantes hôtes
Il est également possible de favoriser les insectes auxiliaires, tels que des punaises prédatrices (Macrolophus pygmaeus qui est favorisée par la présence de soucis). Enfin, en dernier recours, il est possible dutiliser des méthodes curatives (Bacillus thuringiensis, Success4
).


Tri-stockage : Savoir adapter son matériel à son projet
Céline ROLLAND, Auteur
Les installations de tri et de stockage des grains se réfléchissent sur le long terme afin dopter pour le choix le plus adapté à son projet et aux objectifs recherchés (alimentation humaine ou alimentation animale). Cet article présente les retours dexpériences de deux exploitations de Loire-Atlantique. Le GAEC du Rouillon est géré par cinq associés et emploie un salarié. La SAU est de 80 ha, dont 60 ha en grandes cultures (colza, sarrasin, chanvre, maïs, mélange céréalier, blé
) et les agriculteurs élèvent des volailles. Toutes les cultures sont valorisées sur la ferme : elles servent à lalimentation des volailles ou sont transformées et vendues en circuits courts (huiles, graines décortiquées, farines, pains). Afin doptimiser le triage et la transformation des graines, la Cuma Innov 44 a investi dans un trieur optique et une table densimétrique qui sont installés sur le GAEC. Ces équipements permettent, en plus de ceux déjà présents sur la ferme, davoir une chaîne de tri complète et de très haute qualité. La ferme de Vivien dAnjou cherche également à valoriser ses cultures via la commercialisation en vente directe. Dès que les cultures sont récoltées, elles sont triées, puis pré-nettoyées à laide dun trieur cylindrique Marot. Une table densimétrique est ensuite utilisée pour finir de nettoyer le blé et les lentilles. La décortiqueuse est principalement utilisée pour enlever lenveloppe des pois cassés.


Le pré-verger : Une agroforesterie qui mixe élevage et arboriculture
SYMBIOSE, Auteur
Les prés-vergers présentent un double bénéfice : ils permettent de maintenir un équilibre écologique en abritant de multiples espèces et donc de limiter les populations de ravageurs ; et ils présentent une plus forte productivité quun verger et une prairie dissociés. Emmanuel Riat, éleveur de brebis bio et double actif basé à Le Saint, dans le Morbihan, apporte son témoignage. Il élève 30 mères sur 20 ha, dont 5 ha en pré-verger. Il a ainsi planté 800 arbres fruitiers conduits en haute-tige. Il a adapté ses plantations selon le contexte du terrain : les noyers et les variétés précoces de pommiers sont en bordure car la zone est plus ombragée, tandis que les pruniers sont au milieu pour bénéficier dun ensoleillement plus fort. Le choix des porte-greffes et la protection des jeunes plants pour éviter les dégâts causés par les animaux sont également des points importants à ne pas négliger.


Le portrait du mois : Deux fermes en une
Antoine BESNARD, Auteur
Corinne Fesneau, avec son compagnon Jérémy Salmon, sest installée, en mai 2020, en Ille-et-Vilaine, sur la ferme familiale de 30 hectares de SAU : une transmission avec dimportants changements. En effet, la ferme de ses parents était dans un GAEC qui comptait plusieurs productions et accueillait des génisses et un atelier Poulets de Janzé. Avec lapproche de la retraite des parents et le souhait de rester vivre sur la ferme, ce jeune couple, après avoir cherché sa voie, a décidé de rependre la ferme, mais en changeant de production principale (même si latelier volailles est conservé), avec linstallation, en bio, dun atelier de production de lait de chèvre avec transformation et vente directe. Tout cela demandait donc de sortir du GAEC, de trouver des solutions pour le foncier, toutes les terres étant en location, de lancer la conversion, ainsi que les travaux pour accueillir le nouvel atelier et le troupeau caprin. Ce dernier provient dune autre exploitation du même département, dans laquelle Jérémy a travaillé pendant deux ans et dont le propriétaire, Patrick, partait aussi à la retraite mais voulait rester sur sa ferme. Cest ainsi que le troupeau de race alpine a changé dexploitation, alors que Patrick travaillait à transmettre aussi ses débouchés, à savoir trois marchés hebdomadaires et quelques magasins à la ferme. Linstallation de Corinne et de Jérémy est, au final, une double transmission, associée à une conversion. Un vrai challenge rendu plus facile par la volonté des futurs retraités de transmettre et de soutenir le projet de ce couple, qui déjà envisage daccueillir un salarié ou un associé pour faire face à la charge de travail.


Porcs bio : Quelle gestion de léquilibre carcasse ?
Justine FAURE, Auteur ;
Lucile MONTAGNE, Auteur ;
Niels BIZE, Auteur
La question de léquilibre carcasse en porcs bio savère particulièrement complexe. Dans le cadre dune étude visant à caractériser et à schématiser cette filière, une vingtaine dacteurs intervenant en Bretagne, amont et aval, ont été sollicités. Ceci a permis de mettre en avant 2 schémas coexistants de filière porcine biologique en Bretagne. Le 1er, dit de structuration diversifiée, souvent 100 % bio, concerne des élevages en moyenne de moins de 60 truies, surtout en plein air, avec des circuits de commercialisation diversifiés, dominés par les magasins spécialisés bio et la vente directe. Le second schéma est orienté essentiellement vers les circuits longs, associant bio et conventionnels, avec des élevages plus grands, surtout en bâtiment/courette. Autre point mis en avant : laffectation de la carcasse diffère en bio par rapport au conventionnel, avec une valorisation plus importante en viande fraîche (jusquà 40 % de lanimal, contre 25 à 30% en conventionnel). Certaines pièces sont plébiscitées à la vente (en AB et en conventionnel) : lardons, jambons, côtes, saucisses, filets et rôtis. Aussi, les opérateurs enquêtés déploient essentiellement 3 stratégies pour répondre à cet important problème de léquilibre carcasse en AB, afin d'éviter le déclassement des pièces difficilement vendables en bio : ralentissement de la dynamique de production, le temps de développer des débouchés, lexportation (mais il faut trouver les marchés) et le stockage par la congélation, onéreux mais très répandu. Il existe donc un besoin de solutions de long terme. Pour les acteurs enquêtés, le dialogue et la concertation semblent des points-clés pour construire l'avenir, même si des pistes ont déjà été identifiées : la labellisation « BIO + », avec un risque de perte de visibilité, la diversification des marchés et des débouchés (dont la restauration hors domicile), lexport pour certains
Cependant, lexercice est complexe dans un contexte très perturbé pour la filière, entre crise sanitaire et perturbation des comportements dachat, ou encore évolutions réglementaires en AB ou en lien avec la castration.


Bovins : Avec ou sans cornes ? Deux réponses de Normands
Virginie PARRAIN, Auteur
Cet article revient sur la question de lécornage, via des exemples de pratiques différentes observées chez deux éleveurs normands de bovins lait biologiques. En effet, si le règlement bio encadre très strictement lécornage, les éleveurs peuvent demander des dérogations si leur choix est bien justifié. Aussi, on peut observer des pratiques très diverses, selon le contexte et lhistoire de lélevage, les motivations de léleveur ou encore laménagement des bâtiments. Cest ainsi que Baptiste Mercher élève un troupeau laitier de 60 mères avec cornes, dans des bâtiments associant aire paillée et cornadis. Il est attaché à la conservation des cornes, notamment pour la bonne santé des animaux. Pour lui, cest faisable si le contexte est adapté et il veille à cela au travers d'une alimentation bien calée, de cornadis en nombre suffisant, de bâtiments adaptés pour une bonne organisation sociale du troupeau et d'une attention particulière pour lintégration des génisses au troupeau. Damien Olivier, dont le troupeau laitier compte des animaux avec et sans cornes, pratique lébourgeonnage, notamment des veaux, depuis 2018. Cest une solution pour limiter les risques de blessures, notamment aux moments de concentration des animaux dans des espaces restreints (couloir de contention, par ex.) ou de rencontres pour la première fois danimaux en bâtiment. Cependant, il cherche à faire évoluer lespace de vie et la conduite du troupeau pour limiter les confrontations (ex. augmenter la surface disponible par vache), avec lidée de peut-être revenir, à terme, à un troupeau avec cornes.