- Titre :
- VITISBIO, N° 8 - Juillet / Août / Septembre 2020 - Bulletin N° 8
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/07/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Toujours plus de surfaces et de producteurs engagés en bio
VITISBIO, Auteur
Le vignoble bio français (certifié et en conversion) a atteint 112 057 hectares en 2019, ce qui représente une hausse de 23 % par rapport à 2018. Cette augmentation est liée à de nombreuses conversions initiées en 2018 et 2019 avec, entre autres, la conversion de vastes domaines situés dans le Bordelais et le Languedoc. Les dix départements présentant les surfaces viticoles bio les plus importantes restent quasiment les mêmes qu'en 2018. Ces départements sont principalement localisés dans le Sud, avec la Gironde en première position (13 909 ha), suivie par l’Hérault (12 256 ha), puis le Gard (11 952 ha). A l'échelle des régions, l’Occitanie reste la grande championne avec ses 42 424 ha engagés en bio (soit 38 % des vignes bio françaises). Avec PACA (23 012 ha) et Nouvelle-Aquitaine (19 696 ha), ces trois régions regroupent, à elles seules, les trois quarts des surfaces viticoles biologiques françaises.
Laurent Cassy, président des Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine
Frédérique ROSE, Auteur
Laurent Cassy est un viticulteur et un céréalier bio basé en Gironde. En 2019, il a été élu président des Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine. Cette association regroupe 300 adhérents et a pour objectif de défendre les vignerons bio de cette région et de promouvoir leurs vins. Elle a notamment comme missions d’effectuer une veille juridique (notamment sur l’évolution du cahier des charges bio), d’anticiper les marchés en cherchant de nouveaux débouchés stables et de renforcer le conseil technique. Pour ce dernier point, elle réunit plusieurs réseaux : Fnab, Chambres d’agriculture, conseil privé… L'association Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine est également impliquée dans plusieurs programmes de recherche en lien avec la réduction des intrants en œnologie et travaille en collaboration avec l’IFV, l’université de Bordeaux et l’ITAB. Dans cette interview, Laurent Cassy commence par détailler les différentes missions de cette association. Il explique ensuite comment se porte le marché des vins bio en Nouvelle-Aquitaine, apporte des informations sur les marchés à approfondir dans les années à venir et aborde le sujet du cuivre. En complément de cette interview, un encart décrit son exploitation. Cette dernière est composée de 51 ha de vignes et de 24 ha de grandes cultures.
Station météo et outils d’aide à la décision : Réduire les IFT avec Optivitis
Frédérique ROSE, Auteur
De 2016 à 2018, Agrobio Périgord a réalisé des essais sur quatre domaines bio, afin de tester des outils d’aide à la décision (OAD) connectés à des stations météo. Ces essais ont été réalisés en lien avec Promété (un fournisseur de stations météo et d’OAD). Les vignerons participant aux tests avaient en moyenne réussi à baisser leur IFT de 30 %. Suite à ces résultats encourageants, Agrobio Périgord a déposé le projet Optivitis. Ce projet est financé par la région Nouvelle-Aquitaine pour une durée de trois ans. Son objectif est de déployer dix stations météo sur le vignoble de Dordogne et de former 80 viticulteurs à l’utilisation d’OAD connectés à ces stations. Ces dernières fournissent des données météo en temps réel (pluie, vent, température, hygrométrie…), ainsi que des prévisions à 14 jours. En fonction de ces données et des données techniques saisies par le vigneron (mode de conduite, cépage, date et dose de traitement…), l’OAD est capable de prévenir si le vignoble n’est plus couvert par les traitements et propose une fenêtre de temps pour procéder à la pulvérisation. Début 2020, une cinquantaine de vignerons bio et non bio étaient mobilisés sur ce projet. Cependant, Optivitis a pris du retard en raison de la situation sanitaire.
Covid-19 : Quel impact pour la filière vin bio ?
Frédérique ROSE, Auteur
Durant l’été 2020, qui faisait suite àun premier confinement puis à la réouverture des restaurants et de certaines frontières, Vitisbio a fait le tour des vignobles pour faire le point sur l’impact de la crise Covid-19 sur la filière vin bio. Il est difficile de définir précisément les impacts économiques de cette crise car les situations dépendent fortement des circuits de commercialisation des vignerons. Toutefois, comme la majorité des vins bio français sont vendus en direct et en CHR (cafés-hôtels-restaurants), beaucoup de vignerons bio se retrouvent en difficulté. Dans cet article, les témoignages de différents producteurs, installés dans diverses régions viticoles, illustrent la diversité des situations. Un point est également effectué sur les enquêtes réalisées par Loire Vin Bio, Interbio Occitanie et SudVinBio auprès de leurs adhérents. Des initiatives mises en place par des associations de producteurs pour soutenir les vignerons sont également détaillées. Enfin, le plan de distillation de crise est évoqué : il semblerait que la filière vin bio ne réalisera pas de demande spécifique. Cet article est également accompagné d’un encart sur la baisse des rendements en 2020 qui provoque également des difficultés chez les vignerons.
Contaminations fortuites des vins bio : La filière se mobilise sur un dossier délicat
Frédérique ROSE, Auteur
Les vins bio peuvent être contaminés fortuitement par des molécules issues de pesticides de synthèse. Comme les techniques d’analyses sont de plus en plus performantes et que les limites de quantification des molécules gagnent en précision, ces résidus sont de mieux en mieux détectés. Cette présence doit néanmoins rester la plus faible possible et toute la filière bio se mobilise pour accompagner les producteurs. Plusieurs projets de recherche sont notamment en cours pour déterminer plus précisément l’origine de ces résidus. Magali Grinbaum, de l’IFV Rhône-Méditerranée, coordonne plusieurs de ces projets. Elle explique que, pour l’instant, les différents essais n’ont pas permis d’avoir des résultats précis, mais seulement d’écarter certaines pistes. Néanmoins, les explications les plus probantes sont : les contaminations croisées (dérives des parcelles voisines traitées en conventionnel), la rémanence des produits, les contaminations au sein d’ateliers mixtes (matériel insuffisamment nettoyé lors du transport durant les vendanges, durant la filtration, l’élevage, le stockage, la mise en bouteille…), la décomposition de molécules issues d’engrais foliaires ou encore les sous-produits de distillerie utilisés comme amendement (ex : vinasse conventionnelle).
Dossier : Parcours de vignerons
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur ;
Frédérique ROSE, Auteur
Les vignerons biologiques ajustent sans cesse leurs pratiques pour obtenir des raisins de qualité. Ce dossier détaille les pratiques de deux domaines biologiques français. Dans les Bouches-du-Rhône, le Domaine Grand Boise est situé au cœur d’un massif forestier méditerranéen riche en biodiversité. Il est composé de 40 ha (dont 33 plantés en vigne), est géré en biodynamie et associe viticulture, sylviculture, élevage et restauration-hébergement. Jean Simonet est à sa tête depuis 2012. Ses principaux objectifs sont de restructurer le vignoble et de faire face au manque d’eau. Au chai, il essaye d’optimiser la fabrication du rosé et de mettre en avant le rouge de Provence. Il valorise ses vins en AOC côtes-de-provence Sainte-Victoire (80 %) et côtes-de-provence (20 %). Noëlla Morantin est, quant à elle, localisée à Pouillé, dans le Loir-et-Cher. Elle s’est installée en 2009 et a acquis des vignes conduites en bio depuis 1991. Son domaine comprend 6 ha et elle achète les raisins produits par deux voisins bio sur 3 ha. Son domaine est tourné essentiellement vers le blanc : 75 % de sauvignon (du romorantin est en cours de plantation). Elle produit aussi un peu de rouge : gamay et cabernet sauvignon (en cours d’arrachage). Ses crédos sont l’autonomie de son domaine, des vins de qualité et les plus naturels possible. Son système repose sur une bonne gestion de l’herbe, une fertilisation minimale et une taille Guyot Poussard.
Vignerons du monde : Domaine Avondale : Johnathan Grieve : Avondale : Terra est vita
Arnaud FURET, Auteur
Le vignoble bio d’Avondale est situé dans le sud de l’Afrique du Sud, près du Cap-Occidental, au pied de la montagne Klein Drakenstein. Johnathan Grieve et son équipe (50 personnes pour la vigne et 90 personnes à l’échelle de l’exploitation agricole) vivent en communauté et essaient de tirer tout le potentiel de ce terroir austral. La ferme compte 160 ha, dont 80 dédiés à l’élevage (bœufs Black Angus et poulets de chair) et 70 consacrés à la vigne. Des canards sont entraînés pour traquer les escargots. Pas moins de douze cépages y sont cultivés sur treize types de sols. Avec un climat proche de celui de la vallée du Rhône, Johnathan Grieve valorise ces multiples terroirs selon les principes de la biodynamie, avec une irrigation optimisée et une biodiversité originelle et fonctionnelle. Il produit l’équivalent de 300 000 bouteilles par an, qu’il commercialise principalement à l’export (Scandinavie, France, Canada, USA, Japon, Singapour, Brésil…) et un peu en Afrique du Sud (20 %).
Moûts et vins en cours d’élevage : Eviter les déviances avec la bioprotection
Arnaud FURET, Auteur
La diminution du sulfitage et la hausse des pH des moûts peuvent entraîner des déviances dans les vins. Pour éviter cela, des solutions naturelles sont recherchées pour accompagner les vinifications. La bioprotection, en pré-fermentaire et en cours d’élevage, est particulièrement expérimentée. Cet article présente quelques-unes de ces solutions : la levure Metschnikowia pulcherrima ou fructicola offre une protection pré-fermentaire des moûts (elle est commercialisée sous forme de levure sèche active – LSA - sous le nom de Gaïa) ; l’association des levures Torulaspora delbrueckii et Metschnikowia pulcherrima permet de maîtriser l’oxydation, notamment sur les vins blancs ; maintenir les Oenoccocus oeni permet d’éviter le développement des Brettanomyces, notamment sur les vins rouges. D’autres essais en cours portant sur la bioprotection sont présentés, ainsi que le guide « Bioprotection et gestion des fermentations alcooliques en bio », publié par Sudvinbio, l’ICV, l’IFV et Inter Rhône en 2019.
Achillée millefeuille et camomille matricaire : Comprendre ce que les plantes ont à dire
Frédérique ROSE, Auteur
Jean-Michel Florin est botaniste, formateur au Mouvement de l’agriculture biodynamique (MABD) et co-directeur de la section agricole du Goetheanum. Dans cet article, il revient sur l’approche des plantes selon la vision goethéenne développée par Rudolf Steiner. Après avoir expliqué la nécessité de ressentir et d’observer une plante avant de s'intéresser à son fonctionnement, il développe en quoi les caractéristiques de l’achillée millefeuille et de la camomille matricaire peuvent être favorables à la vigne. L’achillée millefeuille peut en effet l’aider à supporter de grandes chaleurs, à mobiliser le soufre et à assimiler la potasse. La camomille matricaire est associée au métabolisme du calcium, à la régulation des processus azotés et peut aider la vigne à supporter une période d’intense luminosité et de sécheresse.