- Titre :
- VITISBIO, N° 9 - Octobre / Novembre / Décembre 2020 - Bulletin N° 9
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/10/2020
- Année de publication :
- 2020
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Caves coopératives de Paca : des arguments pour passer en bio
VITISBIO, Auteur
Au printemps 2020, la Chambre dagriculture du Var et la Coopérative Agricole Sud ont mené des enquêtes auprès des viticulteurs coopérateurs bio de Provence-Alpes-Côte dAzur. Cette région compte 104 caves coopératives. Plus de la moitié dentre elles ont une activité bio et deux sont exclusivement en bio. Les enquêtes menées auprès de 63 vignerons coopérateurs bio ou en conversion ont permis de faire ressortir quelques tendances : la conversion nécessite d'investir dans du matériel (majoritairement entre 10 000 et 20 000 ), la fertilisation est plus coûteuse mais mieux réfléchie, la protection phytosanitaire est également plus coûteuse en bio durant la conversion mais moins coûteuse une fois lexpérience acquise, la majorité des viticulteurs nobservent pas de baisse de rendement. Aucun vigneron coopérateur bio ne ferait machine arrière. Du côté du marché, la majorité des caves ont une demande en vins bio à destination du négoce et de la vente directe. Les vins bio sont en moyenne vendus 15 à 40 % plus cher quen conventionnel (un tableau comparatif apporte des éléments chiffrés).
Pascal Doquet, président de lAssociation des champagnes biologiques
Louise JEAN, Auteur
Pascal Doquet est le président de lAssociation des champagnes biologiques, qui regroupe plus de 100 vignerons et Maisons de champagne. Dans cette interview, il explique lévolution du nombre de conversions chez les producteurs de champagne : après des débuts hésitants, les conversions saccélèrent et les coopératives commencent à rejoindre le mouvement. Pascal Doquet détaille les actions mises en place par lAssociation des champagnes biologiques (en lien avec Bio en Grand Est et avec les Chambres dagriculture), afin daider les vignerons lors de leur passage en bio : rendez-vous conversion, portes-ouvertes chez des producteurs bio, réunions danimation
Il décrit également lorganisation de la filière et limpact que celle-ci a sur les conversions. En effet, les vignerons champenois commercialisent principalement leur production via des Maisons de champagne ou des coopératives. Or, ces dernières ont investi dans des pressoirs de plus en plus gros, ce qui signifie quil faut une quantité suffisante de raisins bio pour que ces Maisons et coopératives acceptent de les presser (ce qui bloque certains viticulteurs). Enfin, Pascal Doquet explique dans quelle direction il faudrait faire évoluer la conduite de la vigne champenoise pour faire face au changement climatique et pour faciliter sa conduite en bio.
Outils d'aide à la décision : Réduire les traitements et les passages
Frédérique ROSE, Auteur
Le 7 juillet 2020, un webinaire a porté sur le thème « Comment les stations météo et les outils daide à la décision contribuent à optimiser les traitements et baisser les IFT ? ». A cette occasion, Eric Maille, conseiller viticole à Agrobio Périgord, a présenté les résultats dune expérimentation portant sur ce thème, qui a été initiée en 2016 et réalisée sur quatre campagnes. Cette expérimentation a comparé trois modalités, sur quatre domaines viticoles du groupe Ecophyto : un témoin non traité, les pratiques habituelles du vigneron et les pratiques selon les préconisations dun outil daide à la décision (OAD) relié à une station météo. Bilan, le recours à lOAD a permis déconomiser entre deux et six traitements suivant les années. Outre léconomie des traitements, la diminution du nombre de passages a permis aux vignerons de se dégager du temps pour soccuper dautres tâches (ex : la commercialisation). Jacques Carroget, vigneron en biodynamie en Loire-Atlantique, fait, quant à lui, partie dun groupe de huit viticulteurs (bio et conventionnels) qui souhaite investir dans trois stations météo au sein dune Cuma.
Bilan des vendanges 2020 : Un millésime qualitatif
Tanguy DHELIN, Auteur
Les rendements des vendanges 2020 sont très hétérogènes selon les régions viticoles. Le gel et la grêle ont impacté certains vignobles mais, globalement, cest la sécheresse de lété qui a affecté les rendements, avec une répartition très inégale des rares pluies, ce qui a engendré de fortes disparités entre les vignobles. Néanmoins, la qualité semble être au rendez-vous pour tout le monde. Cet article effectue un tour dhorizon des caractéristiques des vendanges 2020 des vignobles conduits en agriculture biologique. Pour cela, il sappuie sur les retours de certaines coopératives et associations de producteurs : Sudvinbio, Sud-Est Vin Bio, Association Champagne Biologique, Vignerons bio Nouvelle-Aquitaine, Loire Vin Bio. Un focus est également réalisé sur les dégâts causés par le mildiou en Occitanie et sur les impacts du manque de pluie et des fortes chaleurs sur les pieds de vigne.
Limiter l'usage du cuivre : Deux projets en cours à lItab
Louise JEAN, Auteur
LInstitut de lagriculture biologique et de l'alimentation biologiques (Itab) participe à deux projets sur la réduction du cuivre en viticulture. Lun est français (Ecophyto Basic) et lautre européen (Relacs). Ecophyto Basic (Bas intrant cuivre) est porté par la Fnab. LItab vient en appui méthodologique sur deux volets. Le premier concerne létude de limpact environnemental de lutilisation du cuivre, en conditions réelles dapplication en viticulture biologique, via des collectes et des analyses déchantillons de sol. Le deuxième volet s'intéresse à la caractérisation des systèmes faiblement consommateurs de cuivre et à lidentification de stratégies pour réduire son usage, via des enquêtes auprès de viticulteurs bio et lanalyse de la base de données Dephy Ecophyto. Le projet Relacs (Replacement of Contentious Inputs in Organic Farming Systems) vise à limiter les intrants controversés en bio, et notamment le cuivre. Plusieurs essais sont menés, hors France, pour tester des extraits de réglisse, de mélèze, de styrax et le tagatose. En dehors de ces deux projets, lItab effectue aussi, dans le domaine viticole, des travaux dexpertise en appui à la réglementation nationale et européenne.
Dossier : Parcours de vignerons
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur ;
Arnaud FURET, Auteur
Les vignerons biologiques ajustent sans cesse leurs pratiques pour obtenir des raisins de qualité. Ce dossier détaille les pratiques de deux domaines biologiques français. En Corse, le domaine Clos Culombu, de la famille Suzzoni, sétend sur 64 ha. Il est conduit en biodynamie et bénéficie du micro-climat de la baie de Calvi. Ces dernières années, il doit faire face à deux défis : le manque deau et la minéralisation de ses sols. Pour contrer cela, la famille Suzzoni multiplie les essais : fertilisation, traction animale, porte-greffes et tisanes. Pour la vinification, elle a investi dans un nouveau système gravitaire et a créé un chai enterré à six mètres de profondeur qui offre une bonne inertie thermique. Ses vins sont valorisés en AOC Corse Calvi (production de 500 000 bouteilles par an). A Mérignat, dans lAin, Elie Renardat-Fache cultive un vignoble bio de 12 ha. Ses vignes sont situées sur des terrains escarpés et ce viticulteur s'est adapté pour travailler plus en sécurité. Il cultive du gamay et du poulsard pour produire du cerdon, un vin rosé pétillant produit selon des méthodes ancestrales. Son vin est vendu en AOP Bugey Cerdon et en AOP Bugey (production de 85 000 bouteilles par an).
Vignerons du monde : Chakana : Facundo Bonamaizon : Guidé par la Croix du Sud
Frédérique ROSE, Auteur
Depuis 2010, Facundo Bonamaizon est à la tête du domaine Chakana, situé en Argentine, dans la province de Mendoza. Les 110 ha de ce domaine sont divisés en trois sites : 80 ha à Agrelo et deux sites de 13 et 17 ha du côté de Paraje Altamira. Dans tous les cas, les vignes sont cultivées sur des plaines à pente très faible (moins de 1 %) et sont conduites en bio ou en biodynamie. A son arrivée sur le domaine, Facundo Bonamaizon, ingénieur agronome de formation, a revu entièrement les itinéraires techniques afin de mettre en place une approche plus globale. Ses principales préoccupations sont la gestion de leau (le domaine reçoit seulement 200 à 300 mm de précipitations par an), les fourmis coupeuses de feuilles, lenrichissement des sols et le maintien de la biodiversité. Le domaine Chakana produit, chaque année, 600 000 bouteilles (5 % du raisin vinifié est acheté), dont 80 % sont exportées dans plus de 29 pays. Le reste est vendu en Argentine, principalement via la vente directe en ligne.
Au débourbage ou au levurage : Les colles végétales en test
Louise JEAN, Auteur
Lors de la vinification, les colles sont utilisées pour clarifier les vins, corriger leur couleur, les stabiliser ou rectifier certains mauvais goûts. En bio, la PVPP (polyvinylpolypyrrolidone), produite par synthèse chimique, est interdite. En revanche, les autres colles sont autorisées avec obligation détiquetage pour certains allergènes. Face à la demande croissante en vins végans et sans allergènes, les colles végétales sont de plus en plus plébiscitées. Lautorisation dutiliser, en bio, de la protéine de pomme de terre, des extraits protéiques de levures et du chitosane date toutefois seulement de 2018. Face à la montée en puissance de lutilisation de ces colles végétales, Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine et lIFV ont mené des essais, dès 2018, pour tester lefficacité des colles à base de pois et de pommes de terre sur des moûts issus de sauvignon blanc et de merlot vinifié en rosé. Lobjectif étant de mesurer leur impact sur loxydation et sur la couleur des vins blancs et des vins rosés. Différents effets ont été constatés sur la couleur mais, globalement, la limitation de loxydation de la couleur est davantage marquée lorsque lapport seffectue au levurage, avec la dose testée la plus élevée.
Cristallisation sensible : Etonnant révélateur de la qualité des vins
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
La cristallisation sensible est une méthode danalyse fondée sur linterprétation dimages de cristaux. Cette méthode peut sappliquer à la vigne et aux vins : elle offre de précieuses informations complémentaires aux suivis biologiques et chimiques classiques. Margarethe Chapelle est une spécialiste reconnue dans ce domaine. Elle est nologue morphocristallisatrice et fondatrice du laboratoire Oenocristal. Pour obtenir un cristallogramme, du chlorure de cuivre est mélangé à un échantillon de vin ou de moût, et le mélange est plus ou moins dilué avec de leau distillée. Cette solution est ensuite placée dans une étuve à 28°C, sans aucune vibration, durant 14 heures. Le chlorure de cuivre cristallise ainsi par évaporation ; puis une photographie des cristaux est réalisée. Cette méthode repose sur le principe selon lequel chaque matière vivante est dotée de forces capables de mise en forme. Ainsi, plus un produit est vivant, plus il est capable délaborer des formes complexes. Afin de perfectionner cette méthode, Margarethe Chapelle a comparé, durant une vingtaine dannées, des cristalogrammes de vin avec leurs analyses biologiques et chimiques en laboratoire et a trouvé de nombreuses corrélations. Elle est ainsi capable de comprendre ce qui se passe au niveau de la vigne et dapporter des conseils. Un encart est dédié au témoignage de Paul Barre, un vigneron en biodynamie basé en Gironde, qui collabore avec Margarethe Chapelle.
Première récolte de Robin Euvrard : Chai paré et vendanges lancées
Robin EUVRARD, Auteur
Tous les quinze jours, Vitisbio donne des nouvelles de Robin Euvrard, sur son site internet et à travers une newsletter. Ce jeune ingénieur agronome, non issu du milieu agricole, sest installé, en 2020, sur une parcelle de vigne située dans le Muscadet. Son témoignage permet dillustrer le parcours à linstallation de jeunes sans foncier qui arrivent à trouver des opportunités et à sorganiser pour réaliser leur projet : devenir viticulteur bio. Cet article retranscrit une interview de ce jeune producteur. Elle a été réalisée en septembre 2020, peu de temps après ses premières vendanges. Robin Euvrard explique comment il a réussi à trouver un chai, avec quel matériel il a choisi de léquiper, comment se sont passées ses premières vendanges, et il exprime son ressenti, ainsi que les multiples questions quil se pose pour la vinification.
Le point avec Certipaq Bio : Quelles sont les règles détiquetage en bio ?
François SOULARD, Auteur
Les viticulteurs bio ou en conversion doivent respecter un certain nombre dobligations pour leurs étiquettes. Létiquetage de produits biologiques doit en effet être conforme aux règles décrites dans : le règlement (CE) n°834/2007 modifié du 28 juin 2007 ; le règlement (CE) n°889/2008 modifié du 5 septembre 2008 ; le guide détiquetage des denrées alimentaires biologiques de lInao ; les règles dusage de la marque AB. Cet article présente les principales obligations pour les étiquettes des vins bio et la possibilité, pour les vins en deuxième et troisième années de conversion, de porter lindication « produit en conversion vers lagriculture biologique ». Dans tous les cas, il est recommandé de faire valider les projets détiquettes et autres supports de communication auprès de son organisme certificateur.