- Titre :
- VITISBIO, N° 11 - Avril / Mai / Juin 2021 - Bulletin N° 11
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2021
- Année de publication :
- 2021
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Les vins bio se développent tous circuits confondus
VITISBIO, Auteur
La vente de vins bio augmente depuis dix ans. Entre 2010 et 2019, le marché a quasiment quadruplé : il est passé de 252 millions deuros à 979 millions. Les vins bio représentaient 11,6 % des ventes de vins en France, en 2019. Une partie non négligeable des vins bio est destinée à lexport (43 % des volumes). Les vins bio à destination du marché national sont principalement commercialisés en vente directe et en GMS (le niveau de valorisation pour le producteur est toutefois nettement plus élevé en vente directe quen GMS). De plus faibles volumes sont également commercialisés via la RHD, les cavistes et les magasins bio. Au début de lannée 2020, les ventes de vins tranquilles biologiques en GMS ont augmenté de 7,9 % en volume et de 9,9 % en valeur. Côté vins effervescents biologiques, la croissance est de 34,5 % en volume et de 31 % en valeur, sachant que la bio pèse peu dans les ventes de vins effervescents (1,4 % en volume et 1,6 % en valeur).


Jeanne Fabre, présidente de Millésime Bio
Louise JEAN, Auteur
La famille Fabre produit du vin depuis quatorze générations, avec un engagement historique dans la bio. Elle est à la tête de 350 ha autour de Béziers, Carcassonne et Lézignan (Occitanie). En juillet 2020, Jeanne Fabre est devenue présidente de la commission Millésime Bio (au sein de Sudvinbio), en charge de lorganisation du salon qui porte le même nom. Sa prise de fonction sest effectuée en pleine crise sanitaire. Son objectif était alors de maintenir le salon, afin de proposer une solution pour relancer les ventes de vin, sachant que la filière a énormément souffert de la crise sanitaire (moins de vente directe, fermeture des bars et de la RHD
). La deuxième édition de Millésime Bio sest donc déroulée en digital, les 18 et 19 mars 2021. Plus de 4 000 visiteurs se sont connectés (la moitié en France et la moitié depuis létranger) avec plus de 1 000 exposants (dont 150 nouveaux). Au total, cet évènement a généré 15 000 échanges entre vignerons et visiteurs. Jeanne Fabre espère tout de même que la prochaine édition du salon pourra seffectuer en physique, afin de retrouver un côté convivial et chaleureux et de pouvoir faire déguster les vins en direct.


Ventes en ligne : Les vins bio se démarquent
Louise JEAN, Auteur
Dans le cadre du salon Millésime Bio, Florian Angevin, chargé détude économique filière viti-vinicole chez FranceAgriMer, a présenté les résultats dune enquête sur les ventes de vins en ligne. Globalement, les vins bio sont bien présents sur internet et arrivent à se démarquer avec des caractéristiques différentes de loffre globale. En 2017, les achats de vins en ligne (tous types de vins confondus) ont représenté 9 % de la consommation française en valeur, soit 81,7 milliards deuros. En 2019, parmi les bouteilles proposées, neuf bouteilles sur dix étaient des vins tranquilles (non effervescents) et, parmi elles, 22 % avaient un label, dont le label bio (38 % des bouteilles labellisées) et biodynamie (12 % des bouteilles labellisées). La bio représente ainsi 8 % de loffre de vins en ligne, soit 6 679 références sur 71 662. Les vins blancs sont surreprésentés dans loffre bio, comparée à loffre globale, et la répartition des vins bio selon les vignobles diffère également de loffre globale. Les bouteilles bio sont majoritairement vendues entre 10 et 25 .


Dossier : Parcours de vignerons
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur ;
Arnaud FURET, Auteur
Les vignerons biologiques ajustent sans cesse leurs pratiques pour obtenir des raisins de qualité. Ce dossier détaille les pratiques de deux domaines biologiques français. Jean-Claude Rateau est lun des précurseurs en biodynamie dans les Grands Crus de Bourgogne. Il sest installé en 1979, à Beaune, sur 1,30 ha de vignes familiales, puis sest agrandi petit à petit pour atteindre 9 ha. Il est investi dans des démarches collectives pour analyser les sols, soigner la vigne et tester de nouvelles techniques culturales pour faire face au changement climatique. En 2019, il sest également lancé dans lagroforesterie en plantant onze espèces darbres dans ses vignes et autour de ses parcelles. Sébastien Branger est basé dans le Muscadet (Pays de la Loire). Lorsquil a repris le domaine familial, en 2001, il a fait le choix dune conversion progressive de ses 30 ha, avec le projet de passer en biodynamie. Comme ses vignes sont soumises au climat océanique, avec des entrées marines, il lutte avec vigilance contre le mildiou, loïdium et le botrytis, en adaptant ses traitements, la taille, leffeuillage


Vignerons du monde : Benziger Ranch Chris Benziger : Des vignes face aux feux et canicules
Louise JEAN, Auteur
En Californie, la famille Benziger a été lun des précurseurs de la biodynamie. Laventure a débuté en 1973, lorsque Mike et Mary Benziger ont repris un ranch abandonné depuis une cinquantaine dannées et ont implanté des vignes. Ils commencent alors par les cultiver en conventionnel, mais les conséquences sur le milieu leur posent question et ils doivent très vite faire face à des problèmes dérosion. Ils décident alors de changer radicalement leur manière de produire et optent pour la biodynamie. La famille conduit maintenant quatre domaines, tous en biodynamie. Lenherbement est principalement géré avec des moutons, qui pâturent de janvier à fin mars dans les vignes, et du désherbage mécanique réalisé avec de petits tracteurs car leurs vignes sont cultivées en terrasses. Alors que les vignerons du domaine maîtrisent bien les équilibres de la vigne, ils doivent faire face à de nouveaux défis liés au changement climatique (canicules et incendies). Les vignes ne sont pas irriguées, mais Chris Benziger sinquiète car, en 2020, il a fait plus de 30 jours à 38 °C et les vignes ont connu dimportants risques de brûlure. Au chai, les raisins proviennent des quatre domaines et sont mélangés selon les assemblages souhaités.


Contenants en verre, terre cuite, grès La diversité sinvite dans les chais
Louise JEAN, Auteur
Dans les caves des viticulteurs biologiques et biodynamiques, les contenants pour la vinification ou lélevage des vins se diversifient avec des matières variées (ex : verre, terre cuite
). Dun point de vue réglementaire, la cuverie na pas besoin dêtre différente en bio par rapport au conventionnel, mais ces nouvelles matières séduisent plus les vignerons bio. Selon Stéphane Becquet, ingénieur agronome et vinificateur chez Vignerons bio Nouvelle-Aquitaine, il faut se poser trois questions avant de choisir ses cuves : quel vin veut-on faire ? Quels moyens peut-on mettre ? Quelle est la praticité du contenant ? Il faut également faire attention à la nettoyabilité, surtout dans les chais mixtes. Laspect visuel est également important, car il peut jouer sur le client. Par ailleurs, chaque matière a ses avantages et ses inconvénients. Cet article détaille plus précisément ceux des contenants en verre et en terre cuite. Il présente également le témoignage de Sébastien David, un viticulteur en biodynamie basé à Saint-Nicolas de Bourgueil (Indre-et-Loire), qui vinifie ses vins dans des amphores en grès ou en terre cuite, des foudres en bois 'immenses tonneaux) et des cuves en béton brut.


HVE et bio : Une histoire compliquée
Tanguy DHELIN, Auteur
Le développement de la certification HVE Haute valeur environnementale a entraîné sa comparaison, voire sa confrontation avec la bio. Si certaines voix alertent sur les dangers de confusion pour le consommateur, dautres prônent lapaisement et la complémentarité. La HVE peut, en effet, être vue comme une première marche pour permettre aux producteurs darriver à la certification bio. Néanmoins, en 2021, lattribution de 76 millions deuros de crédit dimpôt à la certification HVE a engendré des tensions. Déjà, en décembre 2020, des syndicats et des ONG avaient tenu une conférence de presse pour dénoncer "lillusion de transition écologique" de la HVE. Certains producteurs bio cumulent les deux certifications. Ils sont notamment intéressés par la dimension biodiversité de la HVE. Pour autant, France Nature Environnement souligne que les critères de la HVE ne vont pas assez loin. De plus, les systèmes biologiques entraînent déjà le développement dune certaine biodiversité. La différence essentielle entre ces deux certifications réside dans la possibilité dutiliser des produits phytosanitaires de synthèse avec la HVE. Les IFT à respecter pour obtenir la certification environnementale font dailleurs débat (pas assez restrictifs), ainsi que la liste des produits de traitement autorisés.


Une préparation clé : Fabriquer sa bouse de corne en collectif
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur
La bouse de corne, dite préparation 500, est fondamentale en biodynamie. Elle a pour rôle de stimuler la vie du sol et lenracinement des plantes. Depuis une quinzaine dannées, des biodynamistes de Dordogne et du Limousin se retrouvent deux fois par an, pour réaliser cette préparation ensemble. La bouse de corne est enterrée à lautomne, après la Saint-Michel (première quinzaine doctobre). Chaque participant apporte un ingrédient, dont une centaine de litres de bouse. Cette dernière doit être fraîche et provenir danimaux en bonne santé et essentiellement nourris à lherbe. Lobtention de corne est plus délicate : à labattoir, il est plus difficile de savoir de quel animal provient la corne. Le groupe de producteurs achète donc 700 cornes de vache à une société de coutellerie, avec la garantie dune certaine qualité (non fêlées, ni ébouillantées ou lavées au karcher
). Ces cornes sont remplies de bouse à laide de cuillères et de bâtonnets (il faut laisser le moins dair possible), puis elles sont enterrées. Elles sont ensuite déterrées au printemps (avril), avant de mettre le contenu dans des pots en grès pour quil puisse finir sa maturation.


En parallèle de la taille : La saison se prépare chez Robin Euvrard
Robin EUVRARD, Auteur
Robin Euvrard est un jeune ingénieur agronome, non issu du milieu agricole, qui sest installé, en 2020, sur une parcelle de vignes située dans le Muscadet. La revue Vitisbio suit son installation et apporte régulièrement de ses nouvelles, afin dillustrer le parcours à linstallation de jeunes sans foncier qui souhaitent devenir viticulteur bio. Robin Euvrard explique sa manière de tailler ses vignes : il cherche à trouver le meilleur équilibre entre la fructification et le développement foliaire. Concernant la gestion des bois de taille, ce jeune vigneron a décidé de changer de pratique en brûlant ses sarments sur place, car son sol est trop fatigué et na pas encore fini de décomposer les bois de lannée précédente. Pour améliorer la connaissance de sa terre, Robin Euvrard va réaliser des analyses de sol, couplées à des analyses de sève régulières afin davoir une idée des équilibres nutritifs de sa vigne. Il compte également mettre en place des couverts végétaux, même sil craint la concurrence hydrique et nutritive, et va apporter du thé de compost, ainsi que des préparations biodynamiques.


Le point avec Certipaq Bio : Cumuler les certifications
François SOULARD, Auteur
De nombreux viticulteurs choisissent de cumuler plusieurs certifications comme, par exemple, la certification biologique et biodynamique. Cet article effectue un point sur les exigences générales de trois certifications : agriculture biologique (réglementation UE bio), Demeter et Haute valeur environnementale (HVE). Pour chacune dentre elles, un tableau récapitule les exigences en matière : de conditions dengagement et de contrôle, dutilisation de différents intrants (herbicides, insecticides, anti-mildiou, anti-oïdium, anti-pourriture grise), de fertilisation, de préservation de la biodiversité, de gestion de leau et de recours aux OGM.