- Titre :
- BIOACTUALITÉS, N° 8/21 - Octobre 2021 - Bulletin N° 8/21
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/10/2021
- Année de publication :
- 2021
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
A la découverte dans la porcherie
Aline LÜSCHER, Auteur
En Suisse, Walter Husy, paysan bio au domaine du Mönchmattenhof, observe avec plaisir ses porcs à l’engraissement s’amuser et se reposer dans leur aire de fouissage. Ses porcs ont également accès à un pâturage sur lequel ils peuvent aller (en général) un jour sur deux. Actuellement, ce producteur a 250 porcs à l’engraissement, en un seul lot. Cet éleveur transmet volontiers son expérience, notamment sur les aires de fouissage : il faut que celles-ci soient protégées des courants d’air (les cochons n’aiment pas le froid), que l’environnement soit calme et que les aires de fouissage soient couvertes (une aire mouillée incite les cochons à y faire leurs besoins). Ces aires de fouissage représentent, néanmoins, du travail supplémentaire pour les agriculteurs et les agricultrices. Il faut absolument qu’elles soient mécanisables afin de pouvoir enlever et remplacer rapidement la litière. Walter Husy a testé différentes matières à fouir avant de trouver la bonne (compost propre et sec). Maximilian Knoll, qui a travaillé sur les aires de fouissage pour son master à l’Université de Wageningen (Pays-Bas), conseille d’utiliser du compost qui a été chauffé à au moins 65 degrés lors du compostage (afin de tuer les germes). Les plaquettes de bois conviennent moins en raison de leur faible capacité d’absorption.
Homme-animal, vers une relation nouvelle
Claire MULLER, Auteur
Du fait notamment de la demande sociétale, la question du bien-être animal est devenue un point-clé en élevage. Globalement, on observe un changement du rapport à l’animal, reconnu comme un être sensible. Le bien-être animal devient une préoccupation de l’éleveur au même titre que les aspects zootechniques. Cela sous-entend aussi un positionnement diffèrent de l’homme vis-à-vis de l’animal, non basé sur la dominance. Ces changements concourent à augmenter les performances des troupeaux, les animaux étant moins stressés, ou encore à réduire les risques d’accidents. Cela peut aussi être la base de nouvelles approches pour soigner, manipuler ou communiquer avec l’animal. Ainsi, l’article revient sur certaines de ces approches alternatives, comme le chuchotement, la communication à l'intuition ou encore le Reiki, méthodes qui souvent demandent aussi de travailler sur soi.
L’Argovie, le paradis des noisetiers
Maya FROMMELT, Auteur
En Suisse, les noisettes bio sont fortement recherchées par l’industrie de la boulangerie et de la confiserie. Andreas Gauch a fait le pari d’en cultiver. Son verger de 1,7 ha est en septième année de production. Avant de planter ses noisetiers, cet autodidacte a voyagé deux ans en mobilhome dans des régions et des pays voisins, afin d’observer les pratiques d'autres producteurs et d’apprendre de leurs réussites, ainsi que de leurs échecs. Il a ainsi pu constater que les noisetiers plantés trop serrés posent problème : cela diminue le rendement et rend la récolte pénible lorsque les noisettes sont tombées à terre. Ce producteur a alors fait le choix de conduire ses noisetiers comme des arbres, et non comme des buissons. Comme porte-greffe, il utilise une variété tolérante aux aléas climatiques, le noisetier de Byzance, sur lequel il greffe diverses autres variétés. Andreas Gauch mise sur des variétés avec de gros fruits et faciles d’entretien. La récolte s’effectue à l’automne, lorsque les fruits tombent par terre. Toutefois, pour éviter que les fruits ne restent trop longtemps au sol, où ils peuvent être contaminés par des maladies, Andreas Gauch a développé son propre système de récolte en lien avec un constructeur de machines agricoles : il tend des filets dans sa plantation, ce qui évite que les noisettes ne touchent directement le sol, puis il les aspire avant de les faire sécher dans une remorque au soleil.
A la Pépinière Jacquet, la reconversion au bio comme défi et opportunité
Claire MULLER, Auteur
La pépinière Jacquet s’étend sur une vingtaine d’hectares, en Suisse, à proximité de Genève. Cette entreprise est notamment spécialisée dans la vente de gros arbres (érables, cèdres, platanes, chênes…) destinés aux particuliers, collectivités, paysagistes... En 2016, cette pépinière a pris un premier virage écologique afin de recevoir un label cantonal suisse. Pour cela, l’entreprise a amélioré la gestion de l’eau, des carburants, de ses déchets, et a redéfini sa stratégie d’achat. Il y a deux ans, elle a franchi un cap supplémentaire en s’engageant dans une conversion à l’agriculture biologique. Cette conversion a engendré des changements, mais ils n’ont pas été insurmontables. Par exemple, les rares désherbants chimiques encore utilisés ont été remplacés par un désherbage manuel, ce qui demande plus de main d’œuvre et une réorganisation du travail. En revanche, l’abandon des traitements contre la cochenille a exigé une remise en question technique du système de production et une recherche de solutions alternatives. Comme toute l’équipe de la pépinière était enthousiaste à l’idée de se passer de produits de synthèse, les nouvelles pratiques ont vite été intégrées : couverts végétaux, BRF, savon noir contre les pucerons, décoction de fenouil contre la rouille du poirier…
Semer l'échange, récolter la durabilité
Karin NOWACK, Auteur
En Suisse, le FiBL, Bio Suisse et SFS (Sustainable Food Systems) ont cherché à examiner la durabilité de certaines filières. Après s’être penchés sur le cas de la filière lait en 2020, ils ont souhaité étudier la durabilité de la filière céréales panifiables bio. Une douzaine de producteurs bio, un moulin et une boulangerie se sont prêtés au jeu. La durabilité de ces diverses entreprises a été analysée avec l’outil SMART (Sustainability Monitoring and Assessment RouTine), développé par le FiBL. Globalement, les divers acteurs ont obtenu de très bons niveaux de durabilité. Ce diagnostic leur a offert un miroir avec une image détaillée de l’entreprise, ce qui permet aussi d’envisager des améliorations. Par exemple, le meunier Urs Brunner envisage de diminuer la quantité de film plastique utilisé pour les emballages tertiaires, de remplacer progressivement les moteurs de ses moulins par d’autres moteurs plus économes et de vérifier la politique des placements financiers de sa banque et de sa caisse de pension. Après cette phase de diagnostics individuels, les résultats ont été discutés en commun, lors d’un atelier. Ceci a permis de créer des liens et des échanges, de s’inspirer mutuellement et d’améliorer ensemble la durabilité de la filière.
Les confitures Ottiger font flirter industriel et fait maison
René SCHULTE, Auteur
L’entreprise Ottiger Spezialitäten est connue dans toute la Suisse pour ses confitures et ses gelées. Cette entreprise a été créée en 1973 et emploie près de 40 personnes. Elle fabrique 180 tonnes de confitures chaque année. Elle présente la particularité de transformer à la fois de gros volumes pour des industriels, et de petites quantités pour répondre à la demande de fermes (des lots de fruits sont acceptés à partir de 30 kg, c’est-à-dire la contenance d’un autocuiseur). Ottiger Spezialitäten a également commencé à confectionner des confitures bio en 2013, et sa gamme bio ne cesse de s’élargir. Toutefois, les fruits sont souvent importés. Par exemple, les abricots bio viennent de Turquie, de Hongrie ou de Bulgarie. L’entreprise est à la recherche de producteurs suisses qui seraient prêts à produire des fruits bio seulement pour l’industrie. L’approvisionnement en sucre pose également question : la quantité de sucre produit à partir de betteraves biologiques suisses est faible, ce qui oblige l’entreprise à s’approvisionner en Allemagne.