- Titre :
- SYMBIOSE, N° 272 - Novembre 2021 - Bulletin N° 272
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2021
- Année de publication :
- 2021
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Le portrait du mois : Rigueur & souplesse
Antoine BESNARD, Auteur
Quentin Guillou, musicien (intermittent du spectacle) et diplômé dun BTS GPN (Gestion et protection de la nature), a racheté la maison familiale, dans les Côtes dArmor, ainsi que huit hectares environnants. Il a alors décidé de sinstaller en maraîchage et a réalisé diverses formations avec le GAB. En 2018, il s'est lancé en tant que double-actif, avec le statut de cotisant solidaire. En 2019, il est devenu chef dexploitation. Au départ, Quentin Guillou voulait un système très diversifié : maraîchage, arboriculture, élevage
Mais, il sest vite rendu compte quil séparpillait et quil perdait en rentabilité. Il a fait un autre constat : il nest pas fait pour travailler seul. Il a choisi alors de spécialiser ses cultures et dembaucher. Il s'est concentré sur des produits à forte demande : gamme « ratatouille » en été et gamme « pot au feu » en hiver, quil agrémente de produits dappel (asperges, fraises, pommes de terre nouvelles
). Il vend tout en circuits courts, via des Biocoop, son magasin à la ferme et des paniers. Deux salariés laident aux champs, sa femme soccupe du magasin, de la réception des commandes des clients, des factures et de la comptabilité. Quentin Guillou a conscience que « sans employés, la ferme ne tourne pas ». Il nhésite donc pas à les responsabiliser et cherche à augmenter leur salaire. A terme, son objectif est de monter à 5 UTH pour la production et de dégager 300 000 de chiffre daffaires.


Banque de travail : Un outil au service des collectifs de vente
Agathe PERRIN, Auteur
Les groupes de commercialisation collective (magasins de producteurs, groupes de vente de paniers multiproduits
) se posent régulièrement des questions sur la répartition du travail. Les questions liées au travail sont complexes et peuvent être sources de tensions. Si certains collectifs se basent sur des fonctionnements informels, dautres ressentent le besoin déquilibrer les temps dinvestissement de chacun. Ceci permet de compenser déventuels déséquilibres et de faciliter lintégration de nouveaux producteurs dans la gestion de loutil de commercialisation. La formalisation du travail peut se faire selon plusieurs critères, qui ont chacun des avantages et des inconvénients : une répartition du travail entre tous, une répartition indexée sur le volume de vente (chiffre daffaires) de chaque ferme, un système mixte (une part fixe et une part variable en fonction des volumes de vente) ou un système de délégation de permanences à un salarié. Pour cela, il existe des outils, tels que loutil « banque de travail », qui permettent de comptabiliser le temps dinvestissement de chacun pour une structure collective. Certains groupes équilibrent les situations en compensant lengagement par des rémunérations (soultes dentraide). Toutefois, il ne faut pas que ces compensations financières soit disproportionnées, sinon, elles peuvent entraîner la requalification en salariat et être soumises aux charges sociales.


Séchage des porte-graines : Le haricot ne se met pas la tête à lenvers
Caroline CHAVRIER, Auteur ;
Manu BUÉ, Auteur
La production de semences de haricots biologiques est peu développée en France : elle sétendait sur 39 ha en 2019 et sur 67 ha en 2020. Les faibles volumes produits, et donc la faible offre commerciale en graines de haricots biologiques, poussent certains producteurs à lautoproduction de semences fermières. Dautant que le haricot passera dans la catégorie « hors dérogation » en 2025. Cest également un moyen, pour les producteurs, de se réapproprier la création variétale. Binable et battable, la production de semences de haricots ne semble a priori pas poser de problème ; mais, il faut toutefois se méfier de la bactériose sur porte-graines, qui provient souvent des semences de base. Le haricot est très peu allogame ; les variétés cultivées sont des variétés population entretenues en lignée pure. Pour éviter les croisements, il vaut mieux séparer les plants porte-graines des autres plants cultivés de quelques mètres. Le semis seffectue dès que le sol est assez chaud, souvent entre mi-mai et mi-juin, avec une dose denviron 25 graines au mètre linéaire. Plusieurs binages seront nécessaires pour maîtriser les adventices, selon les fenêtres météo et les faux semis réalisés auparavant. Un désherbage manuel pourra également être nécessaire. Pour la production de semences, le séchage des graines doit être lent (donc réalisé avec le porte-graines la tête en haut). Il se fera majoritairement au champ, avant récolte, pour les porte-graines cultivés sur de grandes surfaces.


Veaux sous la mère : Boulot simplifié et santé améliorée
Olivia TREMBLAY, Auteur
Lélevage des veaux laitiers sous leur mère, ou sous des vaches nourrices, intéresse de plus en plus déleveurs et déleveuses, notamment en agriculture biologique. La simplification du travail est lune des principales motivations pour la mise en place de cette pratique. La deuxième motivation est lamélioration de la santé des veaux, en limitant les facteurs exogènes pouvant favoriser les maladies infectieuses et digestives (notamment les diarrhées). Cette pratique peut également permettre dêtre en conformité vis-à-vis de lobligation daccès à lextérieur des veaux en agriculture biologique. Selon lobjectif des éleveurs, plusieurs conduites sont pratiquées en bio : 1 - les veaux sont exclusivement élevés sous leur mère jusquà leur vente ou leur sevrage ; 2 les veaux sont élevés sous leur mère durant une période, puis sont regroupés et alimentés au seau jusquà la vente ou le sevrage ; 3 - les veaux sont élevés sous leur mère durant une période, puis sont allaités par une vache nourrice jusquà la vente ou le sevrage. Deux éleveurs bio, basés en Bretagne, apportent leurs témoignages : Jean-Luc Gicquel laisse les veaux mâles avec leur mère jusquà leur vente, tandis que les génisses de renouvellement restent une semaine avec leur mère, avant dêtre allaitées par une vache nourrice ; Christian Guémené laisse tous les veaux avec leur mère jusquà trois semaines, puis les mâles sont vendus et les génisses de renouvellement sont regroupées et nourries au seau.


Houe rotative : Un bon casse-croûte
Yann EVENAT, Auteur
Le revue Symbiose a réalisé une série darticles sur des outils de désherbage mécanique (ces articles ont été écrits dans le cadre du projet Désherbméca). Ce deuxième volet est consacré à la houe rotative. Cette dernière est arrivée en France, il y a une trentaine dannées, et reste assez peu plébiscitée par les agriculteurs français, comparée à dautres matériels de désherbage mécanique. Elle a, néanmoins, des atouts à faire valoir, notamment sa robustesse et son débit de chantier important (il faut travailler au minimum à 16 km/h). Le désherbage se fait grâce à la projection de terre et au décollage des adventices au stade filament blanc (lefficacité diminue de 65 % dès que le stade cotylédon de ladventice est atteint). La houe rotative travaille en « plein » sur la culture et elle peut être passée à des stades de culture très jeunes. Sur maïs, elle peut sutiliser du semis au stade 3 feuilles. En général, deux passages sont effectués. Sur céréales, la houe rotative peut sutiliser du stade trois feuilles au stade début épiaison. Elle peut également être utilisée en hiver pour « écroûter » les céréales et relancer la minéralisation.


Circuits de commercialisation bio : Plus cest long, plus cest bon ?
Margaux WEISS, Auteur
Lagriculture biologique est souvent associée aux circuits courts. Néanmoins, avec le développement de la bio, des mutations peuvent intervenir. En Bretagne, la FRAB a réalisé une étude sur le sujet en 2021. Les retours de 500 producteurs bio ont permis didentifier et de caractériser les circuits de commercialisation utilisés. En 2020, 70 % des producteurs vendent au moins une partie de leur production en circuits courts, alors que 53 % passent par des circuits longs. Cependant, les circuits longs représentent plus de 70 % du chiffre d'affaires des fermes bio bretonnes. Les fermes en circuits longs travaillent, en moyenne, avec 1,5 opérateurs et les ventes sont contractualisées dans 70 % des cas. Les volumes sont souvent fixés par des contrats, et un peu moins de la moitié des contrats prédéfinissent un seuil de prix minimum. Les fermes qui misent sur les circuits courts ont plus de débouchés : elles utilisent, en moyenne, 3,15 circuits de commercialisation différents. Les produits transformés sont majoritairement vendus en circuits courts (simplification de la logistique).