- Titre :
- VITISBIO, N° 15 - Avril / Mai / Juin 2022 - Bulletin N° 15
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2022
- Année de publication :
- 2022
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Vignoble de Bordeaux : de nouveaux volumes de vins à valoriser
VITISBIO, Auteur
En 2020, l’accélération des conversions dans le vignoble bordelais est nette : plus de 6 000 ha de vignes sont en première année de conversion en Gironde et 17 % du vignoble girondin est engagé en bio. Les AOC Bordeaux Rouge et Blaye Côtes de Bordeaux sont les plus concernées par ces nouvelles conversions. Il faudra faire attention à la concurrence potentielle et aux tensions créées sur les marchés en lien avec les volumes supplémentaires. Une enquête, menée auprès des vignerons bio bordelais sur la commercialisation de leurs vins pendant la crise sanitaire, a permis de caractériser trois profils : les domaines viticoles qui ont cherché à diversifier leurs canaux de commercialisation (France et export) avec une part importante de vente directe ; ceux qui ont opté majoritairement pour le négoce (100 % vrac ou vrac et bouteilles) ; et ceux qui exportent majoritairement leurs vins (via différents circuits de commercialisation). La crise sanitaire a impacté tous les circuits de commercialisation et une baisse du chiffre d’affaires a été constatée pour 75 % des vignerons enquêtés. Ces impacts ont, toutefois, été amortis lorsque les vignerons ont sollicité plusieurs canaux de distribution. L’importance de l’autonomie commerciale a également largement été mise en avant par les vignerons.
Eric Giraud-Héraud : directeur de recherche Inrae et directeur scientifique à l’ISVV
Frédérique ROSE, Auteur
Eric Giraud-Héraud est économiste, directeur de recherche Inrae et directeur scientifique à l’ISVV (l’Institut des sciences de la vigne et du vin). Ses recherches portent sur le consentement à payer du consommateur, notamment vis-à-vis du vin. Dans cette interview, il répond aux questions suivantes : Qu’est-ce que le consentement à payer des consommateurs ? Comment l’évaluer ? Les consommateurs sont-ils prêts à payer les vins bio plus chers ? Pouvez-vous présenter quelques résultats de vos travaux ? Identifiez-vous des risques pouvant limiter la croissance du marché des vins bio ? Quelles concurrences sont à craindre ? Est-ce que les consommateurs estiment que la bio ne va pas assez loin ? A travers ses réponses, Eric Giraud-Héraud alerte la filière bio sur quelques points. Il explique également que « la filière bio doit répondre aux effets de halo » (concept marketing) : le consommateur met derrière le label AB beaucoup d’attentes et de croyances, notamment sur l’aspect santé. Il est important que la filière bio les prenne en compte pour ne pas décevoir les consommateurs.
Glu, application du pyrèthre en soirée… De nouvelles pistes pour maîtriser la cicadelle de la flavescence dorée
Frédérique ROSE, Auteur
Depuis plusieurs années, Sudvinbio cherche des solutions utilisables en agriculture biologique pour lutter contre la cicadelle de la flavescence dorée. L’étude du cycle de développement et du comportement de ce ravageur a montré que les larves de cicadelle montent et descendent sur le tronc de la vigne au début de leur vie. En 2021, Sudvinbio a testé des bandes de glu, qui entourent les ceps, pour intercepter les larves lors de leur migration sur le tronc. L’essai est très convaincant, mais cette technique demeure, pour l’instant, chronophage et fatigante au moment de l’installation. Sudvinbio a également cherché à optimiser les traitements au pyrèthre naturel, en jouant sur la qualité de la pulvérisation et le moment de la journée où est réalisé le traitement. Des essais effectués également en 2021 ont montré que les traitements réalisés le soir étaient 25 % plus efficaces que ceux effectués le matin. Des essais en laboratoire ont permis d’analyser la cinétique de dégradation du pyrèthre. Cette cinétique est la même le matin que le soir : la différence d’efficacité n’est donc pas expliquée par la photosensibilité du produit. Cette différence pourrait donc plutôt dépendre du ravageur : est-ce que la sensibilité de la cicadelle au traitement augmenterait le soir ?
Dossier : Parcours de vignerons
Claire KACHKOUCH SOUSSI, Auteur ;
Arnaud FURET, Auteur
Les vignerons biologiques ajustent sans cesse leurs pratiques pour obtenir des raisins de qualité. Ce dossier détaille les pratiques de deux domaines viticoles biologiques français. Le premier, celui du Château de Passavant, est géré par Claire et Olivier Lecomte. Il est composé de 70 ha (55 ha de vigne et 15 ha de prairie) et se situe en Anjou, sur des sols de schiste qui mettent à dure épreuve les outils de travail du sol. Le domaine est certifié bio depuis 2001, et Demeter depuis 2011. De nombreuses préparations biodynamiques sont utilisées pour stimuler le sol et la vigne. Les deux vignerons ont également à cœur de mettre en place des pratiques qui favorisent la biodiversité. Au chai, le recours aux sulfites est de plus en plus réduit, et l’élevage des vins s’effectue majoritairement dans des œufs en béton. Le second domaine est celui de Léon Boesch. Il est composé de 14,8 ha, se situe en Alsace et est géré par Marie et Matthieu Boesch. Ces derniers ont converti le domaine familial en bio en 2000, puis ont élargi leurs pratiques à la biodynamie et ont obtenu la certification Demeter en 2003. Ils favorisent la biodiversité, notamment en plantant des arbres pour recréer des corridors écologiques, et en ne fauchant pas les tournières. Ils ont également autoconstruit une cave en bois et paille, au lieu du béton qu’ils trouvent trop sec. Cette cave est enterrée, écologique et bioclimatique.
Vignerons du monde : Vignoble Pigeon Hill : Manon Rousseau et Kevin Shufelt : Un vignoble dans le froid de la Belle Province
Arnaud FURET, Auteur
Manon Rousseau et Kevin Shufelt ont tout d’abord été polyculteurs-éleveurs au Québec, avant de changer l’orientation de leur ferme, en 2008, en devenant viticulteurs au travers de la plantation de cépages adaptés aux températures extrêmes (variétés hybrides, comme le Frontenac, qui peut résister jusqu’à – 36 °C). Dès le départ, ils ont conduit leur domaine, nommé le vignoble Pigeon Hill, en agriculture biologique avec également des techniques biodynamiques. Ce domaine est maintenant constitué de 5 ha. Afin de favoriser la résistance au froid et aux gelées printanières (en plus du choix variétal), la vigne est conduite selon des méthodes « high cordon » développées dans le nord des États-Unis (plus précisément dans l’État du Vermont et dans l’État de New York). C’est un système en cordon haut, avec une partie en taille courte et une partie en taille longue avec des baguettes. Du fait des variétés plantées, la pression en maladies est faible et la quantité de cuivre utilisée est minime. En revanche, la pression en ravageurs est forte : altises, scarabées des rosiers, scarabées japonais… A l’écoute de la nature, ces vignerons s’inspirent de la biodynamie et de la permaculture pour améliorer leurs pratiques. Comme l’histoire viticole est encore très récente sur ce territoire, ces deux vignerons expérimentent de nouvelles pratiques en permanence.
Le point avec Certipaq Bio : Les démarches d’engagement en bio
Gwénaël LEREBOURS, Auteur
S’engager en bio et obtenir un certificat pour la commercialisation de produits bio nécessitent d’effectuer plusieurs démarches. Dans un premier temps, l’agriculteur doit compléter une demande de certification auprès d’un ou de plusieurs organismes de contrôle (OC). Ceci permettra aux OC de s’assurer de la recevabilité de la demande et de transmettre un devis adapté. Une fois que l’agriculteur a choisi son organisme de contrôle, il doit lui transmettre les documents contractuels (devis et contrat), ainsi que la déclaration d’engagement, après les avoir complétés, datés et signés (cet article apporte plus de détails sur ce que doit contenir la déclaration d’engagement). Parallèlement, et sans attendre, l’agriculteur doit se notifier auprès de l’Agence BIO, via une démarche en ligne sur le site internet de cet organisme. Lorsque ces deux démarches (engagement avec un organisme certificateur et notification auprès de l’Agence BIO) sont effectuées, l’engagement officiel en agriculture biologique est effectif.
Plants de vigne bio : Expérimenter pour lever les blocages
Frédérique ROSE, Auteur
En 2036, les vignerons bio seront obligés de planter des plants de vigne biologiques, et ce, sans dérogation possible. La filière se mobilise pour lever les principaux freins à la production de plants bio, à savoir la lutte contre le mildiou sur les jeunes plants et la lutte contre la flavescence dorée sur les vignes mères de porte-greffes. Cet article évoque plusieurs pistes de recherche pour lever ces deux freins. Il questionne également d’autres points, dont la localisation et le besoin de terres bio des pépinières biologiques. Il faudra, en effet, que les parcelles soient certifiées bio et respectent un certain délai de retour (rotation des cultures). La mixité bio/non bio est envisageable, mais l’Inao préfère éviter l’alternance de systèmes biologique et conventionnel sur une même parcelle. Pour répondre à cette problématique de localisation et de mixité, il est aussi envisageable de faire évoluer le métier de « pépiniériste » en « spécialiste du surgreffage ». Les pépiniéristes pourraient, par exemple, livrer des plants de porte-greffes aux vignerons qui les installeraient dans leurs parcelles. Les pépiniéristes enverraient ensuite leurs équipes pour greffer ces plants directement sur place. Cet article est aussi accompagné d’un encart sur le projet Casdar Pepvitibio (2022-2025), qui est dédié à la production de plants de vigne bio. Les membres du projet travaillent sur : la lutte contre la cicadelle de la flavescence dorée sur les vignes mères de porte-greffes ; les différentes possibilités de gestion du mildiou ; l’amélioration de la pulvérisation en pépinière ; l’utilisation de paraffine (pour le greffage) ; la prévention des problèmes racinaires des porte-greffes ; le désherbage mécanique des plants.
Contaminations croisées en chai mixte : Vigilance sur les matériaux et les techniques
Frédérique ROSE, Auteur
Dans le cadre du projet Qualvinbio, l’IFV et Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine travaillent sur les contaminations des vins bio par des pesticides de synthèse. Ils étudient notamment les risques de contaminations croisées lors de la mise en commun d’équipements dans les caves mixtes (bio et conventionnelles). Dans un premier temps, des expériences en laboratoire ont été réalisées pour tester l’aptitude des résidus à adhérer à différents matériaux (poreux ou absorbants) utilisés au chai, à savoir : l’inox, le bois, l’époxy, le PVC, le polypropylène et le caoutchouc dont des coupons ont été mis dans des vins dopés avec des substances actives. En moyenne, après avoir retiré les coupons, une diminution de 52 % de la concentration en substances actives (résidus) a été enregistrée dans les vins, ce qui laisse présager une absorption des molécules par les matériaux. Des différences entre les matériaux ont été constatées : une plus forte diminution de la concentration a été enregistrée dans le vin en contact avec le caoutchouc et le PVC, puis avec le bois et l’époxy, puis avec le polypropylène. Le relargage de résidus dans des vins bio par ces matériaux « contaminés » a aussi été testé. Des différences entre les matériaux ont, là encore, été constatées : les vins bio qui ont vieilli dans des coupons en PVC et en caoutchouc présentent de plus fortes concentrations en molécules (résidus). Un effet des différentes molécules (utilisées pour mimer les résidus) a également été enregistré. D’autres essais ont été menés au moment de la filtration, du transfert et dans les barriques. Pour évaluer la contamination réelle par les matériaux en chai mixte, 216 molécules actives vont également être analysées sur une trentaine d’échantillons de vins issus d’une dizaine de domaines.
Contenants, étiquettes et obturateurs : se démarquer par le packaging
Louise JEAN, Auteur
Les innovations sur le packaging peuvent apporter un plus aux viticulteurs biologiques, que ce soit pour se démarquer ou pour diminuer l’empreinte carbone de leurs produits. D’après Sudvinbio, l’emballage représente 5 à 25 % de l’impact environnemental global du vin conditionné. Or, les viticulteurs bio sont sensibles à leur empreinte carbone. Le premier levier à actionner est de réduire le poids de la bouteille en verre (ce qui réduit aussi les coûts d’expédition). Toutefois, pour les vins haut de gamme (au-delà de 15 € la bouteille), les clients ont du mal à accepter une bouteille légère. A l’inverse, il est possible de privilégier des bouteilles réutilisables, qui sont plus lourdes (pour éviter la casse) et qui reposent sur un système de consigne. Par exemple, en Pays de la Loire, Bout’ à Bout’ propose des bouteilles qui peuvent être lavées et réemployées jusqu’à 50 fois. En parallèle, des alternatives aux bouteilles en verre émergent. Par exemple, la start-up Green Gen Technologies a mis au point une bouteille en fibres de lin qui pèse seulement 200 g, et la start-up Le Petit Baroudeur a développé un contenant hybride entre bouteille et bag-in-box (poche souple en plastique entourée d’une coquille en forme de bouteille issue de produits recyclés). Un encart est également réservé au domaine biologique du Haut Montlong, en Dordogne, qui a lancé trois types de canettes de vin de 25 cL (en rouge, blanc et rosé).
Vu au Sitevi
VITISBIO, Auteur
Cet article présente huit nouveautés (utilisables en viticulture biologique) vues lors de l’édition 2022 du salon professionnel Sitevi : 1 – Ecopra propose un comburateur pour économiser le carburant ; 2 – New Holland commercialise un désherbeur électrique pour les vignes étroites ; 3 – Vitibot met en avant deux nouvelles options sur son robot Bakus : la pulvérisation confinée (pour les traitements) et des lames d’écimage développées en partenariat avec Provitis ; 4 – Clayver présente trois nouvelles cuves en céramique à base de grès ; 5 – Timac Agro propose des fertilisants et des amendements d'origine viticole en économie circulaire (entreprise basée en Bretagne) ; 6 – Koppert a développé un insecticide à base d’huile paraffinique ; 7 – Weenat commercialise un algorithme qui corrige les prévisions météo (modèles Arome et Asperge de Météo France) pour mieux les adapter à la réalité du terrain, et ainsi mieux prévenir les risques de gel ; 8 – Mecamarc propose une étiqueteuse haute cadence.