- Titre :
- BULLETIN CAB, N° 140 - Avril 2022 - Bulletin N° 140
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2022
- Année de publication :
- 2022
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


Les chiffres de la bio des Pays de la Loire en 2021
Patrick LEMARIE, Auteur
En 2021, la dynamique de développement de l'agriculture biologique en Pays de la Loire s'est poursuivie, avec 388 nouvelles notifications, permettant ainsi de dépasser les 250 000 ha certifiés ou en conversion, soit 12 % de la SAU régionale. Si les systèmes en polyculture-élevage sont toujours prédominants, les grandes cultures bio se développent depuis deux ans. Parmi les nouvelles fermes certifiées, plus de la moitié correspondent à des installations avec conversion, ce qui marque une évolution par rapport aux années précédentes où les conversions d'agriculteurs déjà installés prédominaient. Autre nouveauté : ces nouvelles fermes biologiques sont de plus en plus orientées vers les productions végétales (maraîchage, arboriculture et petits fruits, viticulture...). En productions animales, si les dynamiques se maintiennent malgré un contexte compliqué notamment en bovins lait, le besoin de renouvellement des générations pourrait, à terme, poser problème, de nombreux agriculteurs étant actuellement proches de la retraite.


Bilan carbone : des atouts confirmés pour la bio
Vianney THIN, Auteur ;
Adrien LISEE, Auteur ;
Adèle VERNOUX, Auteur ;
ET AL., Auteur
En Pays de la Loire, 58 fermes laitières bio ont réalisé des diagnostics CAP'2ER avec l'appui de leurs conseillers des GAB 44, GABBAnjou et GAB 85. L'outil CAP'2ER permet d'évaluer les émissions de gaz à effet de serre (GES) et le stockage de carbone sur une exploitation agricole. Les résultats de ces fermes ont été comparés à ceux de 1104 fermes laitières diagnostiquées dans la région. A l'hectare, les fermes bio rejettent beaucoup moins de GES : 4340 kg équivalents CO2/ha, contre 7611 dans les autres fermes. En revanche, avec une productivité moindre en AB, les tendances s'inversent pour les résultats rapportés à l'unité de production : 0,96 kg éq. CO2/litre de lait, contre 0,92. Cependant, la meilleure capacité, en moyenne, des fermes laitières bio à stocker du carbone (plus forte présence de prairies et de haies) leur permet de dégager une meilleure empreinte carbone (émission - stockage : 0,61 kg éq. CO2/litre de lait, contre 0,82 pour les autres fermes).


Grippe aviaire : situation et gestion catastrophiques
Anne UZUREAU, Auteur
Au printemps 2022, la Vendée a connu une brusque flambée des contaminations de grippe aviaire (virus H5N1), alors que les cas ont dhabitude plutôt tendance à se concentrer dans les élevages du Sud-Ouest. Avec les départements limitrophes, près de 6 millions de volailles (canards mulards, canards Pékin, canards de Barbarie, dindes, cailles, faisans, poulets de chair, poules pondeuses
) ont été abattues pour endiguer cette épidémie. Face à cette situation, les services de lÉtat ont vite été débordés. Comme léquarrissage narrivait plus à suivre, certains éleveurs ont dû enfouir plusieurs milliers de tonnes danimaux malades dans leurs fermes, sans équipements de protection appropriés. Dautres directives ont été lancées pour arrêter la ventilation afin de provoquer la mort des animaux par asphyxie, ce qui est un cauchemar pour les éleveurs. Toute la filière est impactée, de lamont (reproducteurs, couvoirs) à laval (abattoirs). Dans ce contexte, des questions plus globales se posent. Même si la faune sauvage est un facteur dintroduction du virus sur le territoire, la forte propagation de celui-ci est surtout due à la densité des élevages, aux déplacements des intervenants et aux transports danimaux vivants. La claustration nest donc pas une solution viable à long terme pour lutter contre ce virus, qui a continué de se propager malgré lenfermement des volailles. De plus, en pleine crise, une tendance semblait se dégager : les petits élevages seraient moins touchés par la grippe aviaire.


Des filières bio en tension mais pas sans solutions !
Emmanuelle CHOLLET, Auteur ;
Anne UZUREAU, Auteur
En 2021, la bio a connu une année compliquée avec des volumes produits plus importants que la demande. Le chiffre daffaires généré par la vente de produits bio en distribution générale est en recul de 3,1 % par rapport à 2020 (sachant que le chiffre daffaires des GMS est globalement en baisse de 1 %). Cependant, par rapport à 2019 (année avant Covid), les ventes de produits bio sont en augmentation de 9,4 % en GMS. Le tassement du marché bio observé en 2021 sexplique par plusieurs éléments, notamment lévolution de lacte dachat (effet confinement en 2020), une communication timide sur la bio et la démultiplication des segments concurrents à la bio (autres labels et marques). Les conversions en bio suivent la même tendance que la consommation : elles sont en baisse par rapport à 2020, mais en hausse par rapport à 2019. Cet article fait également des points spécifiques sur la filière lait, la filière viande bovine et la filière grandes cultures. Il aborde aussi le contexte géopolitique et sanitaire de cette année atypique. Celui-ci entraîne notamment une forte volatilité des prix en grandes cultures (due aux arrêts des exports de céréales, dont des céréales bio, par lUkraine et la Russie), ainsi quune nette augmentation du prix de lénergie et des engrais (y compris des engrais organiques, en raison de la concurrence des prix). La CAB Pays de la Loire alerte dailleurs sur le risque de déstructuration des filières biologiques, si de nombreux producteurs bio quittent des débouchés bio « durables » au profit de débouchés ponctuels plus bénéfiques ponctuellement et non bio.


Optimiser les irrigations en maraîchage : une nécessité
William PARMÉ, Auteur
Les conséquences du changement climatique se font sentir : étés de plus en plus chauds et secs, évolution de la répartition annuelle des pluies... En maraîchage, il devient nécessaire dadapter ses pratiques pour mieux valoriser leau. Pour cela, il faut connaître la réserve utile (RU) de son sol, qui correspond à la réserve deau maximale disponible pour les plantes. Elle varie principalement en fonction de la texture du sol, de sa profondeur et de sa pierrosité. La RU permet de déterminer le volume et la fréquence des irrigations : avec une faible RU, il est nécessaire darroser peu, mais régulièrement, à linverse des sols avec une forte capacité de rétention en eau. Il faut aussi estimer les besoins des cultures, ce qui nest pas forcément aisé en maraîchage diversifié. Globalement, la phase de grossissement du fruit ou des organes de réserve (ex : tubercules) est la plus gourmande en eau. Il est aussi possible de saider de lETP (ÉvapoTranspiration Potentielle), un indicateur climatique fourni par les prévisionnistes. LETP est calculé selon les besoins dun gazon. Pour connaître les besoins en eau dune culture, il faut multiplier cet ETP par un coefficient cultural, qui varie selon la culture et son stade de développement (un tableau fournit les valeurs de ce coefficient pour les principales cultures maraîchères). Il est également nécessaire de choisir un système dirrigation qui permet dapporter leau en bonne quantité et à bonne fréquence. Lutilisation de paillages et le moment de lirrigation (privilégier le soir et le matin) ont également leur importance. Lautomatisation de lirrigation peut faciliter la gestion de la quantité, de la fréquence et du moment de lirrigation.


La transformation laitière : un outil pour la résilience des fermes
Béryl ROULLIER, Auteur ;
Vianney THIN, Auteur
Dans le cadre de son référentiel bovin lait départemental, le GAB 44 a intégré, à sa collecte de données, des exploitations biologiques effectuant de la transformation laitière à la ferme. Lobjectif était ainsi danalyser leurs spécificités et leurs performances économiques par rapport à celles qui vendent leur lait en circuit long. Ces fermes participent aussi au groupe déchange « transfo lait », animé par le GAB 44. La structure des fermes biologiques effectuant de la transformation est similaire à celle des fermes en circuit long : en moyenne, entre 100 et 120 ha de SAU, une soixantaine de vaches laitières et un chargement de 0,92 UGB/ha de SAU. En revanche, elles sont plus intensives en main-duvre : un UTH exploite, en moyenne, 24 ha pour les fermes qui effectuent de la transformation, contre 47 ha en circuit long (les ateliers de transformation absorbent la main-duvre supplémentaire). Les fermes effectuant de la transformation sont aussi moins orientées vers la productivité, avec seulement 3 540 L de lait par vache (contre 5 110 L en filière longue), et la matière utile de leur lait est plus élevée (+ 1,9 point de TB ; + 1,4 point de TP). Leur stratégie alimentaire est aussi nettement plus axée sur lautonomie et la valorisation de lherbe. Leur efficacité économique et lefficacité de leur capital sont comparables à celles des fermes en circuit long. En revanche, elles génèrent, en moyenne, 310 de revenu de plus par hectare. Elles sont aussi moins dépendantes des aides et sont plus résilientes face aux aléas économiques. De plus, comme elles sont plus intensives en main-duvre, leur capital à transmettre par unité de main-duvre (salariés compris) est moins important quen circuit long (malgré un capital dexploitation souvent supérieur).


Variétés de blé : qua-t-on appris après 3 années du projet Qualiblébio ?
BULLETIN CAB, Auteur
Le programme de recherche multipartenarial Qualiblébio a pour objectif de mieux connaître les variétés de blé sous tous leurs aspects. Il est né sous limpulsion de producteurs bio et de la CAB Pays de la Loire, et associe divers partenaires : lITAB, INRAE, la Chambre dagriculture, le GABBAnjou, la Minoterie Suire, lassociation Triptolème et la ferme du Pont de lArche. Différents blés ont été testés sur le plan agronomique (deux plateformes dessais), technologique (tests de panification au levain), organoleptique (tests de dégustation) et nutritionnel (analyses des glutens). Les différentes variétés évaluées appartenaient principalement à deux grandes catégories : des variétés paysannes (variétés anciennes et variétés populations) et des variétés biologiques (issues de sélections classiques, mais dans des conditions et avec des critères spécifiques à lagriculture biologique). Quelques variétés témoins (issues de sélections en conditions conventionnelles, mais assez fréquentes chez les agriculteurs bio), ainsi que quelques variétés paysannes de blé poulard ont été intégrées aux essais. Aucune variété évaluée na répondu parfaitement à lensemble des critères étudiés lors de ce projet. Qualiblébio a, néanmoins, fait ressortir les caractéristiques de certaines dentre elles. Elles sont synthétisées dans cet article et sont plus amplement détaillées dans un guide technique publié par la CAB, intitulé « Blés paysans en Pays de la Loire ».