- Titre :
- BIOFIL, N° 143 - Septembre / Octobre 2022 - Bulletin N° 143
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/09/2022
- Année de publication :
- 2022
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements


La bio dans les régions : La dynamique séquilibre
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En 2021, la bio a continué de sétendre dans les treize régions françaises métropolitaines. Les territoires au nord et à lest de la France, qui étaient en retard en matière de développement de la bio, ont continué leur progression, ce qui rééquilibre le déploiement de lagriculture biologique à léchelle nationale. L'AB représente maintenant 10,3 % de la SAU française, soit 2,8 millions dhectares certifiés bio ou en conversion. Malgré un tassement des conversions et un marché plus compliqué, la croissance sest poursuivie en 2021, portée par des consommateurs sensibilisés et parfois par des politiques volontaristes, avec le soutien des collectivités locales et des agences de leau. La partie sud de la France reste en tête des surfaces bio, avec des départements moteurs et fortement dynamiques : le Gers, le Gard, lAveyron, la Gironde, la Drôme... Les nouvelles surfaces en conversion (1ère année de conversion) sont toutefois en baisse dans plusieurs régions. Ce recul est à comparer avec les forts taux de conversion de 2020. Ils peuvent ainsi être analysés comme un rééquilibrage pour absorber la croissance de la bio. Les arrêts restent faibles et sont dus, pour moitié, à des départs en retraite.


Les instituts techniques réaffirment leur soutien à la bio
BIOFIL, Auteur
LACTA, lassociation coordinatrice des 18 instituts techniques agricoles (ITA), a affirmé, en juillet 2022, son soutien à la bio dans un communiqué de presse. Ce communiqué de presse fait écho au rapport de la Cour des comptes, édité en juin 2022, qui mettait en avant le manque de mobilisation des ITA sur la bio. La Cour des comptes a dénoncé, pour les ITA, une programmation spécifique à la bio « limitée et peu lisible ». LActa explique pourtant que la R&D spécifique à la bio mobilise 120 équivalents temps plein (sur 2 000) et 12,8 millions deuros (sur 200 millions), soit environ 5 % de leurs ressources. Néanmoins, selon la Cour des comptes, cette R&D reste modeste au regard des 10 % de surfaces agricoles désormais cultivées en bio en France.


Prosulfocarbe : sa suspension refusée malgré ses dangers
BIOFIL, Auteur
En mai 2021, les cultures de sarrasin et de chia de quatorze producteurs bio ont été contaminées par un herbicide très utilisé en agriculture conventionnelle : le prosulfocarbe. Ce dernier est le second herbicide le plus utilisé en France, derrière le glyphosate. Cette substance très volatile peut parcourir « plusieurs kilomètres dans les airs », selon une note scientifique de lAnses. Le prosulfocarbe est ainsi retrouvé régulièrement dans des analyses dair et deau. Les analyses effectuées par la coopérative Biocer sur les cultures bio contaminées par cet herbicide, au printemps 2021, ont entraîné la destruction de lensemble des lots pour protéger le consommateur. Soit 100 000 de pertes pour les agriculteurs bio qui ne recevront aucune indemnité. Générations Futures, la Fnab et la coopérative Biocer ont demandé la suspension, en urgence, de lautorisation de mise sur le marché de lun des 19 pesticides contenant du prosulfocarbe avant les traitements dautomne. Laffaire, qui a été portée en justice, sest soldée, le 19 juillet 2022, par un rejet de la requête faute déléments « permettant dapprécier lampleur réelle des conséquences pour les agriculteurs ».


Viandes bio : Interbev vise léquilibre du marché
BIOFIL, Auteur
Dans son rapport sur l'AB, la Cour des comptes avait fait des remarques à Interbev (interprofession de la viande française) en lui reprochant de ne consacrer quune part infime de son budget à la promotion de la bio : 300 000 chaque année sur un montant global de 15 millions deuros par an. En exerçant son droit de réponse, linterprofession rectifie ce chiffre : en 2022, ce budget sélève à 632 500 (en augmentation de 22 % par rapport à 2021), et ce, alors que les ventes de viandes bio ne représentent que 4 % du chiffre daffaires du marché alimentaire bio selon lAgence Bio. Interbev rappelle également quelle est pourvue, depuis 2004, dune commission bio qui a pour objectifs : de travailler sur lobservatoire économique des viandes bio, de mener des actions de communication et de soutenir lAgence Bio. Linterprofession rappelle que lobjectif de doubler les volumes de viandes bio en cinq ans (entre 2015 et 2020) a été atteint. La filière des viandes bio a dailleurs continué sa croissance globale en 2021, avec une hausse des volumes dabattage de 10 %. Par ailleurs, en ces temps de contraction de la demande, Interbev participe à #BioRéflexe (la première campagne collective de promotion de la bio pilotée par lAgence Bio, déployée durant lété et lautomne 2022 pour stimuler le marché).


Occitanie : Priorité à la communication pour stimuler les ventes
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
En Occitanie, la SAU bio est de 19,4%, contre 10,3% pour la France. Un nouveau Plan bio régional 2023-2027 doit être élaboré et les élus dInterbio Occitanie font des propositions. Leur but est de consolider les filières et de développer les productions, en visant 25% de bio en 2027, ce qui paraît un objectif raisonnable. Limportant est aussi de stimuler la consommation, avec une importante campagne de communication, afin dexpliquer ou de rappeler aux consommateurs les avantages et les garanties du label bio. Concernant lélevage, entre valorisation insuffisante et évolution de la réglementation, les élus sont inquiets pour son avenir dans la région.


Île-de-France : Top départ pour les pâtes à base de blé dur régional !
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Une usine de fabrication de pâtes bio, sèches et fraîches, à partir de blé dur cultivé en Île-de-France, a été inaugurée à Villenoy, près de Meaux, en juin 2022. Porté par la société Fraulis, cet établissement sinscrit dans une filière multi-partenariale comprenant des céréaliers, des coopératives et un moulin. La commercialisation des pâtes se fait pour moitié en restauration hors domicile, le reste étant écoulé dans des épiceries et des magasins bio dÎle-de-France. Les membres de cette nouvelle filière équitable ont dû sadapter : sélection de variétés de blé dur pour la région, tri en fonction de la qualité, adaptation de la meunerie aux caractéristiques du blé dur


Le point avec Ecocert : Grippe aviaire : comment gérer les contrôles ?
Gaëtan SIRVEN, Auteur
En cas de grippe aviaire, les autorités peuvent imposer la claustration des volailles ou linterdiction, pour les organismes certificateurs, daller faire des contrôles physiques. Le premier cas est prévu par le règlement bio et, si des fourrages grossiers sont distribués aux volailles sur la période, léleveur nest pas en situation de non-conformité. Dans le second cas, les contrôleurs peuvent venir visiter les autres productions de la ferme, sil en existe, et/ou consulter en visio. Dès que linterdiction est levée, des contrôles physiques sont réalisés. Ainsi, à lhiver 2021-2022, les producteurs ont tous été contrôlés physiquement dans lannée. Par ailleurs, lutilisation dingrédients protéiques conventionnels a été limitée dans le nouveau règlement bio, aussi bien en termes de matières premières autorisées (protéines de pomme de terres, insectes
) quen types danimaux à qui ils peuvent être distribuées (principalement les jeunes).


Bien-être animal : que dit la réglementation bio ?
Olivier CATROU, Auteur
Le bien-être animal est une question complexe et évolutive, car il nest pas toujours évident de définir ce qui est le mieux pour un animal, ni quels sont ses besoins propres. Dans ce domaine, lélevage bio, qui promeut un standard élevé de bien-être animal, est règlementairement plus avancé que lélevage conventionnel (accès à lextérieur, pâturage pour les ruminants, interdiction des hormones, densité dans les bâtiments
). Une interview de Léa Rouzeyrol, de lInao, complète cet article et aborde notamment les dérogations liées à lécornage.


Projet Cosynus : Favoriser la biodiversité fonctionnelle contre les ravageurs
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le projet Ecophyto Cosynus (Conception de système de cultures favorisant la régulation naturelle des organismes nuisibles), piloté par le Grab, a démarré en 2019, pour six ans. Il gère des expérimentations en cultures légumières, sur 3 sites, dont un en bio. Lobjectif est de réduire les impacts des nuisibles, ainsi que le coût des intrants (achats dauxiliaires en particulier), tout en assurant de bonnes performances aux systèmes. Le dispositif comprend notamment des bandes fleuries, le semis de céréales en bordure de serre, la plantation despèces annuelles dans la culture. Les résultats intermédiaires, divulgués lors dune visite du site dessais du Grab, le 14 juin, dans les Bouches-du-Rhône, montrent que le système fonctionne bien, mais avec une augmentation des coûts de main duvre.


Un légume venu d'Asie : Le konjac débarque en France
Marion COISNE, Auteur
La SAS Plant innovation R&D, basée à Angers, a développé une technologie pour produire des plants bio français de konjac, et travaille sur litinéraire technique. Ce tubercule, qui provient principalement de Chine, est utilisé pour produire des nouilles, des éponges, ou encore des gélules minceurs. Sans gluten et avec un indice glycémique très faible, le konjac est un légume tendance. Cependant, en culture, il faut trois ans pour produire des tubercules suffisamment gros pour être commercialisés et la gestion du désherbage est compliquée.


Face aux effets du changement climatique : L'agroforesterie au service des Ppam
Marion COISNE, Auteur
Les plantes à parfum, aromatiques et médicinales sont déjà, et seront encore plus à lavenir, impactées par le changement climatique. Plusieurs projets de recherche explorent des pistes pour construire des systèmes plus résilients, notamment en agroforesterie. Parmi eux, le projet Ppam-Ppam (Projet de recherche participatif en agroforesterie méditerranéenne plantes à parfum, aromatiques et médicinales) va étudier trois parcelles agroforestières bio. Lune des parcelles, constituée damandiers (plantés en 2012) et de sarriette, est gérée par Catherine Legrand, productrice dans le Gard et qui témoigne dans un encart. LIteipmai a aussi travaillé sur limpact de couverts végétaux dans linter-rang de lavandes et de lavandins, mais sans résultats concluants.


Lutte contre les pucerons du pommier : L'atout des interventions à l'automne
Marion COISNE, Auteur
Le cycle biologique du puceron cendré se déroule en partie sur le pommier (hiver et printemps), où il se reproduit, et sur le plantain, où il passe lété avant de retourner sur le pommier à lautomne. Pour lutter contre ce ravageur, différentes stratégies sont comparées à la Station expérimentale de la Pugère, dans les Bouches-du-Rhône : 1) application dhuiles minérales au printemps, complétées par deux passages dazadirachtine ; 2) défoliation à lautomne ; 3) défoliation + huiles minérales + azadirachtine. Les résultats sont intéressants, bien que variables, les meilleurs étant obtenus avec la 3ème modalité. La défoliation précoce du pommier, une fois la récolte terminée, perturbe le cycle du puceron. Elle peut se faire avec du chélate de cuivre et elle est plus adaptée à certaines variétés. Fabien Bono, arboriculteur bio dans les Bouches-du-Rhône, applique la défoliation sur environ 80% de ses pommiers (les variétés Juliet, résistante, et Story, récoltée tardivement, ne sont pas concernées par la défoliation). Le Cefel et la Pugère testent aussi les barrières physiques, avec la meilleure efficacité pour les argiles.


Diversifier ses fruitiers : Les atouts de la grenade
Marion COISNE, Auteur
Portée par son image santé, la grenade sest démocratisée. Elle est consommée en frais et en jus. Planter des grenadiers peut donc être une diversification intéressante pour les arboriculteurs et viticulteurs bio, à condition de trouver des débouchés. Les surfaces destinées à cette production en France (difficiles à estimer) seraient de 1 000 ha, quasiment toutes conduites en bio. Le grenadier est assez souple par rapport aux conditions pédoclimatiques. En revanche, il naime pas les sols très asphyxiants ou trop lourds, ainsi que les gels de printemps. Dans le Gard, Thomas et Christine Saleilles se sont lancés dans la culture de grenades bio en 2010. Ces viticulteurs bio cherchaient une culture de diversification. Ils ont commencé par planter un hectare, et en comptent maintenant quatorze (en plus de leurs 20 ha de vigne). Ils utilisent des variétés spécifiques pour les jus et pour les fruits de bouche : les parcelles à jus sont implantées avec Provence et Wonderfull, tandis quAcco, Fleishman, Seedless et Hermione sont des variétés destinées au marché du frais. La disponibilité en plants de grenadiers reste assez faible, ce qui a poussé Thomas Saleilles à produire ses propres plants. Il a ainsi continué à diversifier la production du domaine en devenant également pépiniériste.


Journées Bio Cultures de la Cocebi : Des essais variétaux pour répondre aux besoins
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
La coopérative Cocebi a organisé sa journée annuelle Bio Cultures, dans lYonne, le 14 juin 2022. Jusque-là dédiée uniquement aux présentation dessais variétaux, le format de la journée a évolué pour répondre aux attentes des producteurs bio : lévènement a accueilli trois ateliers thématiques, un village dexposants et une présentation de matériels de travail du sol et de désherbage mécanique (ces derniers sont présentés dans un encart). Près de 130 personnes ont participé à cette journée. La plateforme dessais variétaux en céréales de la Cocebi et de ses partenaires a plus particulièrement présenté des variétés modernes en post-inscription, ainsi que des variétés hétérogènes de blé tendre (CCP populations croisées composites). Seize variétés de tournesol ont aussi été testées par Terres Inovia, en partenariat avec LG Semences. Les critères de choix, pour les variétés de tournesol, se basent plutôt sur la productivité, la précocité, la régularité, le profil sanitaire, la vigueur de départ et le profil en acides gras. Dans le cadre dun réseau national dessais conduit par Arvalis, la plateforme XP89 a aussi mené, avec plusieurs partenaires, des essais sur les biostimulants. Ces essais ont débuté en 2021. Aucun gain significatif de rendement na, pour linstant, été observé sur blé.


Matériels vus au salon Tech&Bio Île-de-France : Plein phare sur le désherbage mécanique
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
La seconde édition du Rendez-vous Tech&Bio Île-de-France sest tenue le 17 juin 2022, en Seine-et-Marne. Parmi les matériels présentés, trois dentre eux ont particulièrement retenu lattention des producteurs bio : 1 le robot semeur et bineur FarmDroid FD20, proposé par la société Stecomat, qui est guidé par GPS-RTK et est alimenté par des batteries électriques couplées à des panneaux solaires ; 2 une gamme de bineuses autoguidées mécaniquement, développée par la société Agri-Structures (basée dans lEssonne), qui contient volontairement très peu de technologie pour être facilement autoréparable ; 3 lécimeuse-collectrice, développée par Bouillé Concept (une société créée par un jeune agriculteur) et fabriquée en série (sous licence de production) par la société allemande Zürn, sectionne les adventices au moyen de double-lames à section, et stocke les graines dadventices dans sa trémie à laide de tapis convoyeurs.


Claude Chabot, dans lIndre : Un pionnier de la bio en phase de transmission
Jean-Martial POUPEAU, Auteur
Issu dune lignée dagriculteurs, Claude Chabot sest installé en 1981 sur une première ferme (hors cadre familial). Il a ensuite eu loccasion de reprendre les terres familiales en 2000, et a tout passé en bio lannée suivante (2001). Son exploitation est composée de 46 ha groupés, composés de sols favorables aux grandes cultures et avec une bonne portance (ce qui est un atout pour les passages de désherbage mécanique et de fertilisants au printemps). Dès sa conversion, il a souhaité se diversifier avec un atelier délevage reposant sur 100 brebis berrichones de lIndre. Il a alors développé la vente directe dagneaux en caissettes. Sa gamme de produits commercialisés en direct ou en circuits courts (Amap, épiceries...) comprend aussi des légumes secs et des huiles. La vente directe tous ateliers confondus représente dailleurs une part importante de son chiffre daffaires (30 000 ). En 2021, Claude Chabot a choisi de vendre son troupeau pour se dégager du temps et pour pouvoir se consacrer à la production dhuile. A 65 ans, il souhaite prendre sa retraite dici un ou deux ans, et cherche un repreneur en bio. Il est prêt à aider le porteur ou la porteuse de projet, à transmettre son savoir-faire et à faire le lien avec sa clientèle.


La bio chez Eureden : CapAB donne un sens à la filière
Christine RIVRY-FOURNIER, Auteur
Le groupe coopératif breton Eureden est né en 2000, de la fusion des coopératives Triskalia et daucy. Cette fusion classe le groupe coopératif au 3ème rang des groupes alimentaires français. Avec près de 2 000 producteurs biologiques (qui représentent 10 % des coopérateurs), Eureden cherche à se faire une place sur le marché de la bio, en soutenant les filières et en clarifiant son projet bio. La gouvernance de la partie bio dEureden est assurée par une commission spécifique, présidée par David Joubier, administrateur et producteur bio. Limportant, pour Eureden, est de favoriser la contractualisation pour anticiper. Le groupe coopératif mise également sur sa nouvelle marque, CapAB, lancée au printemps 2022, qui rassemble tous les producteurs bio du groupe et les nouveaux convertis. Pour les grandes cultures, CapAB sappuie sur lactivité dAgro Bio Pinault (filiale spécialisée en grain dEureden). Cette nouvelle entité assure la collecte, la mise aux normes et la vente des céréales et oléagineux bretons. En légumes, la croissance de la filière reste soutenue. Les bassins de production du groupe coopératif alimentent les conserveries daucy et les sites de surgélation. Côté productions animales, la filière est moins avancée : la filière porc est en construction, la filière uf repose sur 45 000 poules en partenariat avec le fabricant daliments Moulin du Poher, et la filière lait sest construite en partenariat avec Laïta et Agrial.