- Titre :
- VITISBIO, N° 19 - Avril / Mai / Juin 2023 - Bulletin N° 19
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/04/2023
- Année de publication :
- 2023
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Philippe Gérard, président de France Vin Bio
Frédérique ROSE, Auteur
Depuis novembre 2022, Philippe Gérard, négociant 100 % bio chez Biovidis, est le nouveau président de France Vin Bio. Cette association nationale interprofessionnelle des vins bio regroupe l’Association des Champagnes Biologiques, Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine, Sudvinbio, Sud Est Vin Bio, Loire Vin Bio et Interbio Nouvelle-Aquitaine. Plusieurs thèmes sont abordés, tout au long de l’interview de Philippe Gérard : le travail de communication sur les vins bio mené par France Vin Bio avec l’Agence BIO et le financement de cette campagne de communication (négociation avec les interprofessions régionales) ; le positionnement de France Vin Bio vis-à-vis du label Haute Valeur Environnementale (HVE) ; les projets à lancer au sein de France Vin Bio (fédérer les Bourguignons et les Alsaciens, qui ne sont actuellement pas présents au sein de l’association, et lancer un projet autour du réemploi des bouteilles) ; l’état actuel du marché du vin (consommation de vin – bio et non bio – en baisse) et les leviers pour inciter les consommateurs à faire un arbitrage en faveur des vins bio. En complément de cet article, un encart fait le point sur l’avancée concernant le renouvellement de l’approbation d’utilisation du cuivre pour traiter la vigne, à travers les propos de Stéphane Becquet, conseiller au sein de Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine.
Bretagne et Normandie : Des vignerons bio à l’assaut de nouvelles régions
Louise JEAN, Auteur
Avec le réchauffement climatique et les évolutions réglementaires, des vignerons s’implantent dans des régions où la viticulture n’était traditionnellement pas présente. Des projections montrent, en effet, qu’aux environs de 2100, le climat bordelais se retrouverait en Bretagne. Une étude Inrae montre aussi qu’en 2070-2100, le merlot, cépage du Sud-Ouest, pourrait être cultivé à peu près partout dans l’Hexagone. Parallèlement, d’un point de vue réglementaire, il est désormais possible de s’installer en dehors des zones traditionnelles. Cette conjonction pousse de nouveaux viticulteurs bio à se lancer, comme Édouard Capron, dont le vignoble est basé en Normandie, ou encore Laurent Houzé et Loïc Fourure, qui gèrent chacun un domaine localisé en Bretagne. Ces trois vignerons reviennent sur leur gestion des maladies cryptogamiques et sur les difficultés causées par leur isolement (pas ou peu de possibilités d’échanger entre pairs, pas ou peu de prestataires, de fournisseurs ou d’appui technique localement…). Deux associations ont d’ailleurs vu le jour en Bretagne afin de faciliter les échanges entre les nouveaux vignerons implantés dans ce territoire : l’une pour les amateurs, l’ARVB (Association pour le renouveau des vins de Bretagne), et l’autre pour les professionnels, l’AVB (Association des vignerons bretons).
Vitisbio : Annuaire des fournisseurs des vignerons bio 2023-2024
VITISBIO, Auteur
Dans son Annuaire des fournisseurs des vignerons bio (édition 2023-2024), Vitisbio répertorie les coordonnées des structures qui proposent des matériels, des produits ou des services en lien avec la viticulture biologique. Cet annuaire est composé de plusieurs catégories : 1 – Techniques culturales : plants et pépinières, fertilisation et couverts végétaux, travail du sol et machinisme, autres matériels et protections physiques, protection sanitaire et biocontrôle, logistique et manutention, gestion des effluents, vigne connectée ; 2 – Équipements de chais : construction et aménagement de chais, réception de la vendange / égrappoirs / pressoirs, contenants viticoles et matériels de cuverie, pompes / transfert / procédés physiques, mesure et régulation, intrants œnologiques et gestion des gaz, hygiène du chai, chai connecté ; 3 – Embouteillage et Conditionnement : impression et traçabilité, matériels / process / ingénierie, conditionnement et packaging, bouchons et capsules ; 4 – Services : organismes de développement (organismes nationaux, organismes régionaux, organismes de contrôles et marques, stations d’expérimentations), formations spécialisées, conseil indépendant et autres, salons / foires / expositions.
Millésime Bio : Où en est-on avec le vrac bio ?
Frédérique ROSE, Auteur
À l’occasion de sa 30ème édition, Millésime Bio, le Mondial du vin biologique et des autres boissons alcoolisées bio, s’est ouvert au marché du vrac. Alors que des difficultés économiques touchent ce segment, une conférence a fait le point sur ce marché et sur les pistes pour rebondir. Globalement, le marché du vin connaît des difficultés et, dans ce contexte, le bio est aussi touché. Après deux années de mauvaises récoltes, la récolte 2022 a été bonne, ce qui a engendré une offre de vin bio importante en 2023. De plus, les surfaces converties en bio ces dernières années donnent maintenant tout leur potentiel. L’enjeu pour la filière est donc de réussir à faire le dos rond durant quelques années et à s’organiser collectivement. L’export est le levier ciblé par la plupart des opérateurs. Tous rappellent que la Scandinavie a été l’un des premiers pays à tirer le marché du vin bio. Or, pendant longtemps, faute de volume, les metteurs en marché français n’ont pas répondu à cette demande. L’enjeu est maintenant de se rendre visible, puisque la filière est en capacité d’assurer un approvisionnement régulier. L’Asie, avec la Corée du Sud et la Chine, représente aussi un marché intéressant. Il est préférable, pour les producteurs qui souhaitent aller vers le marché de l’export, de demander conseil aux cabinets de courtage ou aux négociants afin de connaître les clés et les profils de ces marchés. Concernant la certification, il faut aussi obtenir les équivalences : Nop pour les États-Unis, Jas pour le Japon, Bourgeon pour la Suisse… Concernant le marché du vrac, il faut qu’il se professionnalise et qu'il améliore la qualité de ses services.
Parcours de vignerons : Domaine la Fille des Vignes : Aurélie Tailleux
Arnaud FURET, Auteur
Après une expérience dans l’agroalimentaire, Aurélie Tailleux est revenue dans sa Drôme natale, en 2018, pour reprendre, avec son père, le domaine familial, composé de vignes et d’oliviers et certifié bio depuis 2013. Le père et la fille vendent toujours leur récolte à des caves coopératives, mais ces dernières ne valorisent que le Côtes-du-Rhône en bio, mais pas le Côtes-du-Rhône Village. C’est pour cette raison qu’Aurélie Tailleux a créé, en 2019, le domaine la Fille des Vignes. Elle vinifie plusieurs cuvées : une en blanc, une en rosé et deux cuvées en rouge. Le passage en bio du domaine a conduit à davantage d’observation et d’anticipation : être plus attentif à la météo, distinguer les îlots et les cépages pour identifier les stratégies à mettre en œuvre… La plus grosse difficulté a été la gestion du désherbage mécanique : le père d’Aurélie, qui est double-actif, travaillait avec du matériel peu performant. Depuis l’installation de sa fille, ils ont investi dans du matériel et ont gagné en efficacité. Ces viticulteurs essayent de tout mettre en œuvre pour nourrir et protéger leur vigne de manière durable : apports de compost de lavande (qui permettent d’augmenter considérablement la capacité de rétention en eau du sol), implantation d’engrais verts, stratégie sanitaire reposant sur un minimum de traitements réalisés plutôt la nuit pour préserver les auxiliaires… Les arbres sont aussi fortement présents sur leur domaine.
Désherber… enherber ? Toujours une histoire de compromis !
Arnaud FURET, Auteur
Que ce soit pour augmenter la biodiversité fonctionnelle ou pour améliorer la résilience face au changement climatique, l’enherbement a plus que jamais sa place dans les vignes. Certains viticulteurs biologiques préfèrent, néanmoins, désherber mécaniquement. Il faut alors intervenir assez tôt, c’est-à-dire avant que la végétation ne soit bien fixée par son système racinaire, sinon, il faudra travailler plus en profondeur, ce qui est chronophage, énergivore et perturbe plus l’activité biologique des sols. Les matériels de désherbage mécanique ont une sélectivité faible des adventices, mais elle n’est pas nulle. Certains outils peuvent, en effet, favoriser l’implantation de certaines plantes, et notamment entraîner une gestion différenciée des adventices annuelles et vivaces. L’idéal est d’avoir recours à une multiplicité d’outils pour éviter de sélectionner certaines adventices. Il ne faut, toutefois, pas aboutir à un surinvestissement. Le recours à une Cuma est une solution pour utiliser un grand panel d’outils. Concernant les vignerons qui pratiquent l’enherbement, ils souhaitent que l’herbe n’impacte pas la vigne. Il est alors possible de semer un couvert et de le gérer avec la tonte. Les couverts spontanés présentent aussi des atouts, notamment du point de vue de la biodiversité, mais nécessitent un temps d’observation et d’adaptation des pratiques. Par exemple, une fauche trop fréquente peut favoriser les graminées qui deviennent alors très concurrentielles. Par ailleurs, l’écopâturage est intéressant dans la gestion globale de l’enherbement.
Nicolas Despagne : « Pour une biodynamie de fond »
Frédérique ROSE, Auteur
Vigneron à Maison-Blanche (domaine de 40 ha, dont 32 ha de vigne, en Gironde), Nicolas Despagne se définit comme praticien de la biodynamie. Sa priorité est de maintenir les équilibres vivants, à la vigne et au chai. Ceci se traduit par la mise en place de différentes pratiques. Une dynamisation de compost Maria Thun est apportée avant le solstice d’hiver, la préparation 500 est appliquée en début de végétation pour stimuler la pousse de la vigne et la 501 est appliquée autour du solstice d’été pour encourager la fructification. Le domaine ne possède, en revanche, pas les ressources humaines et financières pour préparer et appliquer des tisanes sur leurs 32 ha, ce que regrette Nicolas Despagne, car cela pourrait aider à diminuer les doses de cuivre. Ce viticulteur se donne, toutefois, les moyens de mettre en place une biodynamie de fond, plus que d’intervention. Il cherche à favoriser la biodiversité et à retrouver la présence animale sur le domaine. Quatre kilomètres de haies ont ainsi été plantés. Les animaux trouvent aussi de plus en plus leur place, avec deux bœufs, des volailles, et un troupeau de quinze moutons, l’hiver. À la cave, le vigneron ne s’autorise que des sulfites et à faible dose.
Microbiologique ou pour la clarification : Choisir ou non la filtration
Louise JEAN, Auteur
Filtrer ou ne pas filtrer. Entre les pro-filtrations et les détracteurs, cette technique fait débat dans le milieu du vin. Selon Christian Brault, qui a fondé les établissements Brault (société qui réalise notamment des filtrations et des mises en bouteille chez des vignerons), la filtration est un bel outil, mais il faut qu’elle ait un but. Elle peut répondre à deux objectifs : pallier une forme de sédimentation naturelle qui nécessite du temps dont les vignerons ne disposent pas forcément (il est alors possible de clarifier le vin) ou être utilisée sur les vins avec une fermentation malolactique partielle, ou avec des sucres résiduels (il faut alors une filtration plus poussée). Ce n’est pas une recette systématique. En France, elle est plus ou moins pratiquée dans les domaines, en prestation ou avec des outils en propre. L’enquête 2022 sur les pratiques œnologiques des vignerons bio en France, réalisée par Vignerons Bio Nouvelle-Aquitaine, montre que les trois types de filtration les plus employés sont les filtrations sur plaque, tangentielle et sur terre. La charte Vin méthode nature exclut, quant à elle, cette technique. La filtration peut, en effet, décharner un vin, mais elle présente l’avantage d’apporter de la stabilité microbienne. Jérémie Cébron, œnologue à la Cab Pays de la Loire, apporte des conseils pour que la filtration impacte le moins possible le vin de façon négative. Cet article est accompagné du témoignage de Cyril de Benoist, vigneron bio à Sancerre, qui effectue une filtration lenticulaire.
Matériels et intrants – Vu au Sival
VITISBIO, Auteur
Cet article présente des matériels et des intrants majoritairement destinés à la viticulture et utilisables en agriculture biologique (UAB). Ils ont été exposés lors de l’édition 2023 du Sival (salon dédié aux matériels et aux services pour les productions végétales spécialisées) : 1 – La société Action PIN a développé une gamme de produits contre les stress abiotiques, dont deux sont UAB, à savoir Amalgerol Essence (contre les stress pédologiques) et Syncro-Natural (contre les stress hydriques) ; 2 – Andermatt rappelle les extensions d’usage de son produit Vitisan, un fongicide à base d’hydrogénocarbonate de potassium, qui bénéficie, depuis février 2022, de trente nouveaux usages sur de nombreuses espèces en arboriculture et maraîchage ; 3 – Belhomme met en avant sa tondeuse gyrobroyeuse équipée de deux disques interceps Speedway, qui permet, en un passage, la tonte de l’inter-rang et le désherbage du rang ; 4 – Hippomeca (qui a repris la société Vitimeca) présente sa charrue de buttage de la vigne en traction animale ; 5 – Mycophyto est une start-up, encore au stade de recherche-développement, dont l’objectif est de caractériser et de produire des champignons mycorhiziens arbusculaires indigènes de chaque terroir ; 6 – Naturagriff propose un porte-outil quatre tête pour le désherbage mécanique ; 7 – Solemat présente deux nouveautés : Xosol, un déchaumeur à disques 100 % fabriqué en France, et un vibroculteur V.I.B.S.