- Titre :
- PROFILBIO, N° 20 - Novembre 2023 - Bulletin N° 20
- Type de document :
- Bulletin : Périodique
- Paru le :
- 01/11/2023
- Année de publication :
- 2023
- Langues:
- Français
- Commande possible de photocopies :
- -
- Appartenance :
- ABioDoc
Dépouillements
Élevage herbivore : Prairies : Réparer les dégâts et anticiper sa prochaine saison fourragère ; Le ver blanc : Un ravageur des prairies ; Élevage bovin : Les actualités réglementaires
Marie-Claude MAREAUX, Auteur ;
Marion ANDREAU, Auteur
Ce dossier comprend trois articles sur l'élevage herbivore. 1) Plusieurs options existent en automne pour pallier une mauvaise qualité des prairies, après une sècheresse, par exemple. La technique du sursemis est adaptée à une prairie de qualité encore moyenne, sur laquelle on va semer des espèces agressives à l’implantation. Le semis sous couvert de céréales (avoine, triticale) permet de redémarrer une prairie de zéro. La mise en place de cultures dérobées pourra pallier le déficit fourrager. 2) Le ver blanc (larve du hanneton) est un ravageur polyphage, consommant les racines forestières et prairiales, et pouvant avoir un impact grave, surtout lors des étés secs. Une conduite de prairie adaptée permet de limiter son développement, telle que la fauche tardive qui limite les pontes. Le passage d’outils mécaniques, à disques ou à dents, permet aussi d’éliminer une partie des larves, surtout en été lorsqu’elle se situent dans la couche superficielle du sol. 3) La réglementation concernant l’accès à l’extérieur des ruminants a évolué en 2023. Ils doivent avoir accès aux pâturages, sauf dans certaines conditions, explicitées (météo difficile, sol impropre, soins vétérinaires en cours, etc.). Les veaux doivent avoir accès à une courette extérieure dès 6 semaines, puis aux pâtures dès 6 mois, et quand les conditions le permettent. L’ébourgeonnage et l’écornage des ruminants sont soumis à dérogation, au cas par cas (pas par cheptel). L’ébourgeonnage doit être pratiqué avant un âge limite (2 mois chez les bovins, 2 semaines chez les caprins et ovins). L’analgésie est obligatoire.
Viticulture : Semences et engrais verts : De l’idée à la mise en pratique
Marion POMPIER, Auteur ;
François BALLOUHEY, Auteur ;
Stéphanie FLORES-NAGANT, Auteur ;
ET AL., Auteur
Dans certaines fermes viticoles, les semences d’engrais verts d’inter-rangs sont produites sur place, dans une logique d’autonomie et d’économie financière. N’importe quelle semence libre de droit peut être ressemée. Pour les semences protégées par un C.O.V., seules certaines espèces peuvent être ressemées, contre rémunération à l’obtenteur. Parmi ces espèces, on retrouve plusieurs légumineuses et céréales utilisables en engrais verts. L’EARL des Vignobles Merillier (24) possède 71 ha de vignes et 41 ha de cultures en bio. Sur une petite surface, elle produit des céréales et de la féverole pour en récolter les graines. En automne, deux passages de cover-crop et un amendement à la fiente de poule précèdent le semis ; la récolte en juillet est effectuée par un prestataire ; une partie des graines est revendue à d’autres vignobles. L’itinéraire technique et les coûts associés sont détaillés dans le dossier. Deux autres viticulteurs bio, non céréaliers, présentent leur système d’autoproduction de semences d’engrais verts. Le Château La Verrière (33) utilise 6 ha pour l’avoine et la féverole. Il économise 21,01 €/ha en évitant d’acheter des semences pour ses 80 ha de vignes. Le Château Moulin Caresse (24) cultive de la féverole sur 2,5 ha issus de l’arrachage de vignes non rentables. Il économise 21,78 €/ha sur ses 38,5 ha de vignes. Pour finir, Vincent Vesselle, céréalier et viticulteur en bio au Château la Rayre (24), témoigne de son expérience et donne plusieurs recommandations à destination des viticulteurs néophytes en grandes cultures.
Produire et sélectionner ses semences de maïs : Retours d’expériences et étude de quelques modalités pour le paysan-sélectionneur
Geoffroy ESTINGOY, Auteur ;
Alexandre TRICHEUR, Auteur ;
Laura DUPUY, Auteur
Le maïs population fait partie des semences paysannes conservées par la Maison de la Semence Paysanne d’Agrobio Périgord. Un maïs population est reproductible, contrairement, par exemple, aux maïs hybrides F1. Si l’agriculteur exerce un choix sur les individus de maïs qu’il souhaite ressemer l’année suivante, alors il effectue une forme de sélection paysanne. Les critères de choix sont multiples et, en général, visent à améliorer les caractéristiques agronomiques de la semence (rendement, résistance, qualité du grain, etc.). En Dordogne, des essais en champs, en 2021 et 2022, visaient à améliorer la résistance du maïs population à la sècheresse. Pour cela, on cherche à diminuer la protandrie, c’est-à-dire l’intervalle de temps entre la floraison mâle et la floraison femelle du maïs, qui est un facteur limitant de rendement en cas de stress hydrique. Plusieurs méthodes de sélection sont testées, dont la castration des fleurs mâles précoces et des fleurs femelles tardives. Les grains produits ont été ressemés en 2022 et les maïs obtenus ont été comparés à des cas témoins. Les résultats ne sont, pour l’instant, pas très probants et nécessitent plusieurs saisons pour être solidifiés. A noter que l'objectif n'est pas à créer une variété de maïs unique, mais de développer un protocole de sélection pour que chaque agriculteur puisse ensuite sélectionner lui-même un maïs population adapté à son système.
Micro-fermes maraîchères diversifiées en agriculture biologique : quelles performances, viabilité et durabilité
Cédric HERVOUET, Auteur ;
Nathalie DESCHAMP, Auteur ;
Nastasia MERCERON, Auteur
Le projet Casdar MMBIO (2019-2023), dont l' Itab est chef de file, étudie les micro-fermes biologiques en maraîchage diversifié, afin de consolider les références technico-économiques de ce système, qui représente un grand nombre d’installations bio en France. 60 fermes de 1 ha maximum et avec au moins 15 espèces cultivées ont été analysées. Une première analyse montre que ces systèmes sont très diversifiés, avec des surfaces allant de 4000 à 10 000 m², pour une surface cultivée par ETP de 2000 à 6000 m². Sur le plan économique, les chiffres d’affaires et les charges sont aussi très variables, respectivement entre 20 et 180k€/ha et entre 800 et 9000€/m², les revenus disponibles oscillant ainsi entre 0 et 30k€/an. Certaines grandes tendances se dessinent tout de même, notamment le besoin de main d’œuvre extérieure (bénévole ou salariée) et la vente directe ou en circuit court. Dans un second temps, 4 groupes de fermes ont été analysés, caractérisés par le revenu disponible, afin de proposer une ébauche de facteurs de réussite économique. Investir de manière progressive, avoir de l’ancienneté, cultiver une plus grande surface par ETP, travailler le sol plus souvent ou encore utiliser des plants et des produits de protection des cultures issus du commerce sont des pratiques plus souvent retrouvées chez les fermes avec un plus haut revenu. En perspective, les partenaires du projet continuent leurs réflexions pour considérer les micro-fermes au-delà d’une simple approche économique.
Oiseaux et chauves-souris en vergers : Quels rôles et comment les favoriser ?
Antoine DRAGON, Auteur ;
Séverine CHASTAING, Auteur ;
Julie LETURMY, Auteur
Les chauves-souris et certains oiseaux sont prédateurs des insectes ravageurs du verger. L’ensemble des chauves-souris françaises sont insectivores, une pipistrelle pouvant consommer plus de 3000 insectes par nuit. Une étude du CTIFL montre que les carpocapses et les tordeuses orientales font partie de leur régime alimentaire. Chez les oiseaux insectivores, la mésange est la plus étudiée, notamment pour son régime à base de lépidoptères. Une étude de la LPO montre qu’un couple de mésanges consomme, en moyenne, 7,6% des chenilles présentes dans le verger ; 6 couples en consomment 45,5%. Même s’ils ne font pas l’objet d’études spécifiques, on peut citer d’autres oiseaux insectivores : engoulevent, sitelle, pouillot, etc. Mettre en place des habitats favorables à ces animaux permettra de les installer durablement dans le verger. Les chauves-souris ont besoin d’un espace à température et humidité stables pour hiberner en hiver (cave, arbre creux, souterrain, etc.) et d’un gîte face au soleil en été pour les jeunes, qui peut prendre la forme de plusieurs nichoirs artificiels dans le verger. Pour les oiseaux, on s’attachera à créer des espaces naturels variés dans le verger, notamment des ronciers, des zones enherbées et/ou fleuries, des haies composites, des arbres creux, etc., complétés par des nichoirs (6 à 7/ha). Pour finir, la connexion du verger au milieu naturel avoisinant (corridor écologique) est aussi un facteur d’installation durable des chauves-souris et des oiseaux.
Volailles : Le bien-être animal
Camille DIDIERJEAN, Auteur ;
Quentin BAUDIFFIER, Auteur
Les méthodes d’élevage, et en particulier en volailles, évoluent en faveur du bien-être animal. Au niveau réglementaire (bio et non-bio), le bien-être animal (BEA) est défini, par l’ANSES, comme un état mental et physique positif lié à la satisfaction des besoins physiologiques et comportementaux de l’animal. Un référent BEA est obligatoire sur chaque élevage. Jocelyn Marguerie, référent national BEA, analyse l’élevage bio de volailles : une meilleure prise en compte du BEA dans les exploitations familiales ; un réseau de conseillers conséquent qu’il faut mobiliser au besoin ; un caractère « animalier » (observation régulière des animaux) que l’on retrouve souvent chez les bio ; un besoin d’anticipation en AB qui favorise le bien être-animal, par exemple via les traitements sanitaires préventifs ; etc. Pour ce qui est du bien-être en période de confinement lié à l’influenza par exemple, il préconise une anticipation dans l’aménagement du système d’élevage. Les bâtiments doivent répondre à des exigences de confort thermique, de qualité de l’air, etc. La densité d’élevage peut être réduite. La mise en place d’abris dans le bâtiment et la séparation des mâles et des femelles peuvent être envisagées pour limiter les risques de piquage des congénères. Sylvie Tisserand est éleveuse bio de poules et de poulettes, à la ferme des Safranelles (24). Elle présente certaines des actions favorables au BEA sur sa ferme : les poulettes grandissent à la lumière naturelle ; la présence de coqs limite le stress lié à la prédation ; la densité d’élevage a été baissée suite aux confinements (max 6 pondeuses/m²) ; des bottes de paille et des perchoirs supplémentaires ont été ajoutés dans les poulaillers.